Blog François Brousse
Métaphysique
Extrait
Que le cadavre froid, parmi l’ombre sans bornes,
Sentant glisser les vers dans sa carcasse morne,
Tressaille au souffle de la mort,
Seuls les êtres formés d’atomes la redoutent,
Mais l’âme incorruptible et une, en jaillit toute
Comme un cheval libre du mors !
Karma
Extrait
On traîne après son corps une ombre colossale
Qu’un monstre impitoyable a jadis dessinée.
Dans l’horreur de nos destinées
Le poisson vert foudroie les cryptes abyssales !
L’aurore aux yeux pourprés plane en vain sur nos fronts
Comme un vieux cormoran parmi les rochers lourds.
Nos laticlaves de velours
Cachent mal sur nos chairs la marque des affronts.
Statuette
Extrait
Petite statue d’or tu restes dans mon cœur
Et tu y resteras jusqu’à la fin des mondes,
Nos âmes sont unies par des flammes profondes,
L’amour, force de Dieu, est l’éternel vainqueur.
Deux coeurs qui s’aiment sont toujours l’un près de l’autre
La distance n’est pas, le temps n’existe plus,
Du sourire de Dieu nous sommes les élus,
Archange Amour, de toi nous devenons apôtres.
Profondeur et hauteur
Extrait
Les sauvages secrets de l’antique Solyme
Tombent sur mon front pur, comme l’ombre des cimes
La voix de l’âme emplit l’éther :
Une planète Hercule engloutit Jupiter.
Plongeons au fond des mers pour y cueillir la Perle
L’écume des passions sur mes récifs déferle,
Mais – ô fontaine Baranton ! –
Je bois voluptueusement ta magique chanson !
Évasion
Extrait
Je me souviens de nos amours
Comme d’un palais enchanté
Le paradoxe des contours
S’illumine d’éternité.
Mes ailes battent pour toujours
Dans une rouge intensité.
Veux-tu ?
Extrait
Veux tu, douce Fée, dont le sein frémit,
M’attendre ce soir quand le ciel ami
Aura, d’un baiser scintillant et noir,
Transformé la Ville en pensif manoir ?
Nous écouterons la divine plainte
Dont le rossignol rythmera les brises
Et les astres, sur les eaux qu’ils irisent,
Epanouiront leur corolle sainte.
La fente
Extrait
Lorsque la nuit s’épanche
On dirait que Dieu penche
Son visage vers nous
La gloire se renoue.
Quand la lumière tombe
Il semble que la tombe
Ouvre son esprit pur
Dans l’impalpable azur.
L’oiseau de l’âme
Extrait
L’oiseau de l’Âme et l’oiseau du Soleil
Se sont posés sur des branches lointaines,
L’un a le bleu nacré d’une fontaine,
L’autre flamboie comme un foyer vermeil.
Un grand désert plein de tigres moqueurs
Et de serpents ailés comme la foudre,
Un grand désert où tout vient se dissoudre
Semble un obstacle aux élans de leurs cœurs.
Autre cité
Extrait
Le puissant chevalier,
Qui chasse les démons,
Est le meilleur allié
Du mage Salomon ;
Il choisit pour collier
Les glauques goémons,
Son destin est lié
À la splendeur des monts.
La tour
Extrait
L’inconstant Valéry
Continue son étude,
L’éternité sourit
De telle inquiétude.
Poète, tu créas
C’est tout ce que demande
Le sombre lauréat
Que la tragédie scande.
Le sondeur
Extrait
Mon livre est un escalier
Mon escalier est un livre
À Dieu je suis relié
Mourir c’est toujours revivre.
Comme s’efface le givre
Au soleil humilié
Par de nombreux colliers
La suprématie m’enivre.
Minerve
Extrait
Les dévoreurs de viande
Sont des fous dangereux
Mais notre âme demande
La compassion pour eux.
Prions pour ces errances
Au cerveau déphasé
L’énorme transcendance
Saura bien les briser.
Des planètes entières
Leur offriront l’amour
La connaissance altière
Abaissera leur tour.
Colombelles
Extrait
Elles proviennent du ciel pur
Comme de blanches colombelles,
Comme les perles de l’azur,
Elles proviennent du ciel pur.
L’aurore filtre dans leurs ailes,
Un diamant à l’éclat dur
Fait étinceler leurs prunelles.
L’azur
Extrait
Ils font de leurs os
Le cœur du chaos
Et ne savent pas
Sonder le trépas,
La forêt se rouille
Lorsque les grenouilles
Filent leurs quenouilles.
Tour
Extrait
Sur la tour aux corneilles
Dansent les mers vermeilles
Leurs profonds souvenirs
Évoquent les menhirs
L’ouragan qui frissonne,
Est il une personne ?
Les géants aux trois yeux
Sont les sommets joyeux,
Héritiers
Extrait
Pourquoi rôder dans les sentiers
Portant le poids de ta souffrance ?
Les Français sont les héritiers
De l’hégémonique Byzance.
Sur les sommets les plus altiers
Ils font resplendir l’espérance.
Leurs coeurs s’émeuvent de pitié
Pour tous les peuples en errance.
Chevalier de Dieu
Extrait
Je suis le chevalier de Dieu
Mon glaive brise les tyrans.
Honneur aux paladins errants
Je suis le chevalier de Dieu.
Sur terre en n’importe quel lieu
Quand un dictateur délirant
Entassant défunts et mourants
Se fait adorer comme un feu
Mon verbe devient un torrent
Clefs
Extrait
La clef de sol,
La clef de fa,
La clef des amourettes.
Ô dona Sol
Tes petits pas
Effarent les chouettes
L’œil
Extrait
L’arbre jaillit de l’herbe
Comme un puissant lutin,
Une dernière gerbe
Signera le destin.
Mon voilier brigantin
Jette un éclair superbe.
Poètes
Extrait
Du fond des horizons,
Soyons heureux ! Lisons.
Que de poètes saints
Entonnent les buccins
Aux magismes pareils
Ils sondent les soleils.
Le reflet du ciel
Mettant sur leur coeur noir ses lumineuses mains
Le vieillard au front double éclaire les humains
Tandis que le baiser de l’infini soulève
Du fond des océans la musique des rêves.
Le feu montre sa face errante à l’orient,
La montagne d’or pur n’est qu’un Bouddha géant,
Mais, baignant l’arbre pourpre où l’oiseau bleu embaume
Le ciel s’est reflété sur la terre des hommes.
Accomplissement
Extrait
Glissons sous le frisson des arbres,
Sur la barque de cristal,
Vers les aventureuses mers
Nous y trouverons les naines de l’éclair
Et les géantes de la nuée.
Nuit, arbre ou femme
Dans tes cheveux amers les étoiles de nacreSont comme un vol de colibrisElles vont accrocher au gouffre des feuillagesLeurs symphonies et leurs couleurs. Le réseau de tes nerfs, le réseau de tes veinesForment l’olivier de ton corps.Les deux yeux de la lune ont tes yeux pour prunellesQuand tu passes au fond des soirs. Es tu nuit ? Es tu arbre ? Es tu femme ? Es tu monstre ?Es tu mon rêve qui descend ?Oh ! je voudrais monter sur les chevaux fantômesQui s’enfuient dans l’illimité... François...
Ogmios
Extrait
J’ai d’abord été les ténèbres,
Je suis maintenant la clarté,
Le calme azur illimité.
J’ai d’abord été les ténèbres.
Entendez vous ces noms célèbres
Qui remuent la haute cité ?
Ce sont les Maîtres exaltés,
Ils chassent les serpents funèbres.
Lumière
Quelle lumière fantastique me submerge ?
Les flots de l’océan couvrent les sombres berges,
La neige abonde au fronton blanc des Pyrénées.
La jouissance emplit l’amphore des années.
Sur les fronts les plus hauts tombe souvent la foudre.
D’un saphir infini ma tiare est ornée,
Une âme déchirée veut toujours se recoudre.
Dieu vivant, quand pourrai-je en ton coeur me dissoudre ?
Introspection
Extrait
Je suis pareil à la lumière,
Je suis pareil aux tristes nuits,
Le bien et le mal sans frontières
Pénètrent mes profonds ennuis.
J’aime une muse aventurière,
Mon désir vole à ce qui luit
Le paradoxe et la prière
Sur mon tambour mêlent leur bruit.
Coffre
Extrait
Je lève un couvercle de coffre,
Pensant y trouver un rubis.
Ô déception que je subis
Une perle géante s’offre.
Elle est un condensé de pleurs.
J’espérais l’éclair sans limite…
Le soleil qu’un rubis imite
Montre un visage ensorceleur.
Matin créateur
Extrait
Les chants du matin créateur
Cabriolent dans l’atmosphère,
Ils s’élancent de sphère en sphère,
Les chants du matin créateur.
Nous aspirons d’amples senteurs,
Chacun retourne à ses affaires :
L’abeille au miel exaltateur,
Le rêveur à ses somnifères
Religio
Extrait
Dans l’herbe fleurie du vallon
Passe l’ombre de Fénelon
Elle dit: « Christophe Colomb
« A découvert un hémisphère
« Moi, je ferai mieux encor
« À l’appel joyeux de mon cor
« S’effondrera le vieux décor
« J’apporte une nouvelle sphère.
Les pas
Extrait
D’innombrables sectes
Comme des insectes
Emplissent les joncs
Des tristes donjons.
Libère ton âme
De ce joug infâme !
Les noirs dictateurs
De leurs cris menteurs