François Brousse

Poète, philosophe et écrivain français

(Perpignan, 7 mai 1913 Clamart, 25 oct. 1995)

Natif du Roussillon, François Brousse est une figure marquante du pays. Professeur de philosophie dans le sud de la France, doté d’un esprit encyclopédique, il est l’auteur d’une centaine d’ouvrages : poésies, essais (métaphysiques, astronomiques, historiques, ésotériques), romans, théâtre et contes. Il amorce dès l’âge de dix ans une créativité poétique hors du commun et laisse à la postérité plus de cinq mille poèmes. Le recueil Fantaisies (1999) rassemble ces premières pages lumineuses illustrées de ses dessins. 

Étudiant de philosophie à l’université de Montpellier, il publie son premier recueil Le Poème de la Terre en 1938, à l’âge de 25 ans (trente-cinq sonnets dédiés à la Terre vivante), où sont retranscrites les étapes chaotiques de la genèse de l’univers, puis celles de la naissance de la Terre jusqu’à sa dislocation. François Brousse renouvelle le genre français de l’épopée, reprenant le flambeau, de la chanson de geste jusqu’à Victor Hugo. Ce style épique, puissant, flamboyant est présent tout au long de sa publication. C’est ainsi qu’il adapte les exploits de trois figures emblématiques de la culture universelle : Rama aux yeux de lotus bleu (1952), Orphée au front serein (1984), Le Chant cosmique de Merlin (1995). Suivent en écho trois essais d’investigation : Zoroastre l’apôtre du Soleil (1972), Les Mystères d’Apollon (1986), La Coupe d’Ogmios (1993).

En nov.-déc. 1938, François Brousse rencontre et est initié par Cajzoran Ali à Montpellier puis à Béziers. Les enseignements reçus ont été principalement retranscrits dans son ouvrage Isis-Uranie ou l’Initiation majeure (1976).

Avant la Seconde Guerre mondiale, dans la mouvance des surréalistes, il cherche une nouvelle voie interprétative des rêves, qu’il explique dans son opuscule Par le soupirail du rêve (1935). Il affirme l’existence d’un monde « astral », lié au monde du rêve, qu’il explore dans La Tour de cristal (1939), recueil de poèmes oniriques en vers libres.

L’exploration assidue des quatrains de Nostradamus, des textes hugoliens, des versets de l’Apocalypse de saint Jean l’amène à annoncer en mai 1939, dans Les Tours de la nuit – sous le pseudonyme de Charles Amazan – le paysage du second conflit mondial (1939-1945) et une période critique aux environs de 2015, à plus ou moins quatre ans.

Durant les années de guerre, François Brousse proclame sa révolte contre la débauche de forces destructrices à laquelle il oppose deux réponses : Chants dans le ciel (1940), poèmes où il exalte la beauté de la nature et propose une alternative spirituelle aux tourments de l’homme par une évasion vers l’infini, puis À l’Ombre de l’antéchrist (1945) où il exprime dans ses vers la force des idées humanistes contre la violence.

Au cours de cette même période, François Brousse s’intéresse au prophétisme dans La Chute de l’aigle allemand (1944) et L’Avenir des peuples (1945). Fasciné, défendant l’existence d’une intuition prophétique, il décryptera toute sa vie diverses prophéties : L’Apocalypse de saint Jean (1945), Le Secret des tombes royales (1947), Les Clés de Nostradamus (1965), La Septième Erreur de l’humanité (1975), La Prophétie des papes, Miroir du monde (1981), Nostradamus Ressuscité (3 tomes, 1996-1998).

Précurseur des cafés philosophiques dès 1949, son éclectisme sur toutes les traditions attire un auditoire captivé dans les cafés de Perpignan. En 1950, il fonde avec différents artistes le groupe de la Quatrième Dimension qu’il dote d’un Manifeste, Le Manifeste de la Quatrième Dimension, rédigé en juill. 1950, et publié en 1974 : « Il faut s’arracher au monde cubique pour monter dans l’inexprimable lumière de la supra conscience. » Le poète doit atteindre ce moi idéal qui y rayonne, par le rejet de toute pensée de haine, l’exercice de la raison indépendante et la recherche esthétique.

La poésie de François Brousse devient une quête d’humanité, d’intelligence et de beauté, elle se colore d’idéalisme, de métaphysique et de mystère. Il publie, de 1950 à 1985, Le Rythme d’or, Les Pèlerins de la nuit, L’Enlumineur des mondes, La Harpe aux cordes de lune, L’Éternel Reflet, Hymne à la joie, Voltiges et Vertiges, De l’autre cygne à l’un, Murmures magiques, L’Angélus des rêves, Ivresses et Sommeils, Au royaume des oiseaux et des licornes.

Parallèlement il participe à la fondation du comité Victor Hugo, des revues Agni et Sources Vives. Il y publie, ainsi que dans des journaux locaux, des articles, critiques poétiques et contes fantastiques, parmi lesquels Antoine Orliac poète martiniste (1958), René Espeut biologiste et poète (1979). Homme de culture, il s’initie aux différents savoirs. Il s’intéresse particulièrement à l’astronomie, La Lune fille et mère de la Terre (1957), De Pythagore à Camille Flammarion (1960) et à la kabbale, L’Arbre de vie et d’éternité (1992). 

Il publie quelques essais qui sous l’éclairage d’un universalisme spirituel proposent d’autres développements de la religion judéo-chrétienne, Jean le Second Christ (1954), Ézéchiel mage chaldéen (1955), Michée le prophète (1957), Lamennais et le Christianisme universel (1959), Moïse (1963), Amos pâtre visionnaire (1968), L’Évangile de Philippe de Lyon (1994).

De 1960 à 1995, il dispense plus de quatre cents conférences dans toute la France.

L’épanouissement de l’âme humaine passe par sa rencontre avec la beauté, autre voie de libération, parallèlement avec la sagesse et l’amour : « Je pense que le chemin de l’art et de la poésie nous permet de contempler le visage de Dieu. » (BMP, N°50, oct. 1987, « Réponse à un contradicteur »)

Après 1985, sa poésie, véritable voie initiatique, devient plus éthérée et mystique, avec L’Aigle blanc d’Altaïr (1987), Le Graal d’or aux mille soleils (1989), La Rosée des constellations (1991), Les Transfigurations (1992), Le Baiser de l’archange (1993), Le Frisson de l’aurore (1993), Les Miroitements de l’infini (1994), L’Homme aux semelles de tempête (1995), Rencontre avec l’Être (1995), La Roseraie des fauvettes (1997), L’Idéale Métamorphose (1998), Le Sourire de l’astre (1998), Le Refrain de l’absolu (2000), Le Pas des songes (2001), etc.

Déiste, François Brousse éclaire le parcours humain par l’affirmation d’une âme immortelle qui, de corps en corps, transmigre et prend conscience de ses infinies potentialités, sous la loi souveraine du karma et de la liberté. Sa pensée métaphysique repose sur l’existence d’un Principe infini qu’incarnent des maîtres de sagesse. L’âme humaine est en effet aidée vers son but ultime par des mages, selon l’expression de Victor Hugo, qui sillonnent l’histoire des peuples et qui composent ce que F. Brousse appelle l’Aggartha. 

Esprit soucieux de l’humanité et de son devenir, il fut un homme libre ainsi qu’un libre penseur, et, selon un article qui lui est consacré, « un sage de bonne compagnie ».