Les croyances de l’homme ont pour morne témoin
L’impossibilité d’aller toujours plus loin.

Le nombril d’Eve est l’étoile du genre humain
L’éclat de son regard montre le clair chemin.

La laideur dont le froid fait trembler nos ancêtres,
C’est le beau qui n’est pas et qui aspire à l’être.

Mystère du phénix, jailli du noir tombeau,
Le laid n’est que le manque exaspéré du Beau.

Lorsque l’humain devient un démon ignorant
Le singe le caricature en le mirant

J’étais assis sur un ardent tapis magique
Dont le vol effleurait le haut des monts antiques

Les lavandières de la nuit s’enfuient devant
Le pâle philosophe aux semelles de vent

Quand au souffle insensé tu délivres tes voiles
La tendresse de Dieu sur ton front pur s’étoile

Le poète qui rêve aux marges du réel
Reste toujours branché sur le Verbe éternel.

Mars 1990

François Brousse
Le Sourire de l’astre, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1998, p. 59