Le doute m’a rongé
Comme un sinistre acide
Suis je un grand Messager
Ou un fakir candide ?

Mon front découragé
Se multiplie en rides.

L’ouragan dans mes voiles
Gronde sinistrement
Il remplit de crotales
L’effrayant firmament.

Les harmonies mentales
S’effacent tristement.

Je suis la sombre enclume
Où tape un forgeron
Mon oeil terne s’allume
Quand sonne le clairon.

Je tombe dans l’écume
De l’avare Achéron.

Cependant je m’assume
Les folies crouleront
Et les cieux chanteront !

20 mai 1993

François Brousse
Les Miroitements de l’infini, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1994, p. 375