XI

[…]

Une vierge est couchée au fond de cette tombe.
Elle dort. Ses grands yeux fermés dans la Douleur
Laissent de leurs longs cils couler un vague pleur…
Et l’âme aux plumes de colombe
S’agenouille, accablée, et contemple en rêvant…
La dalle, impénétrable aux yeux de tout vivant
Sous son regard est transparente ;
Au dessus du sépulcre, elle chante une plainte
Qui coule et cesse, au loin, dans la profondeur sainte,
Comme une fontaine mourante… 

 

XII

De même, le génie
Aime souvent pleurer
Et la brise infinie,
Glissant sur la Forêt
Sa dolente harmonie,
Dit : « Soupirez ! »

Je suis agenouillé,
Devant la Poésie,
Sur le gazon mouillé
Qui, de jasmins d’Asie
À corolle choisie,
Est émaillé. […]

François Brousse
Fantaisies, Huitième Livre, La Poésie aurorienne, « Aurorienne ou Chez ma Fée », XI et XII,
Clamart, Éd. La Licorne Ailée,  2000, p. 218- 219