Les immenses rameaux
Sous le couchant tragique
Offraient aux dieux jumeaux
Un chant des Géorgiques.

Invitons le torrent
À remonter sa pente
Un python transparent
Démolit la charpente.

À quoi bon tant d’efforts ?
La matière subsiste.
Les faibles sont les forts,
Le vide seul existe.

L’écrin des diamants
Chatoie dans les prunelles
Un plaintif tournoiement
Flaire la pimprenelle.

Exaltants souvenirs
Errantes alcyones,
Nous entendons hennir
L’azur qui nous passionne.

Ces destriers éclatants
Caracolent dans l’herbe
Ils transcendent le temps
Ils broutent le superbe.

Les porches de Fingal
Vibrent comme des flûtes
C’est un riche régal
D’anis et de volutes.

L’être ne peut mourir
Le pâle néant tombe
Regarde refleurir
Le sourire des tombes

Tu manges du poisson
Le venin te sustente !
Mais un autre horizon
Comblera ton attente

Guillaume de Lorris
Construit l’apothéose.
Contemple au coeur des lys
Le roman de la Rose.

6 juillet 1992

François Brousse
Le Frisson de l’aurore, Clamart, éd. la Licorne Ailée,1993, p. 17-18