On traîne après son corps une ombre colossale
Qu’un monstre impitoyable a jadis dessinée.
Dans l’horreur de nos destinées
Le poisson vert foudroie les cryptes abyssales
L’aurore aux yeux pourprés plane en vain sur nos fronts
Comme un vieux cormoran parmi les rochers lourds.
Nos laticlaves de velours
Cachent mal sur nos chairs la marque des affronts.
Où sont nos regrets noirs et nos remords de flamme ?
Le verbe aux triomphants dictames
Contemple, médecin, notre lente agonie.
Les nuages martyrs éveillent le mensonge
Et leur racine atroce plonge
Aux flots épouvantés de l’angoisse infinie.
François Brousse
De l’autre cygne à l’un, dans Œuvres poétiques, t. II, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1988, p. 364