La Lumière primordiale

Le Soleil des soleils est au centre de notre univers–bulle. Il faut trouver autour de lui des milliers de galaxies avec chacune des milliards de soleils environnés d’un cortège de planètes. La lumière du Soleil des soleils est la lumière kundalinique, on peut considérer l’univers-bulle comme un être vivant, cela en est un. Il y a une épine dorsale le long de laquelle montent et descendent les forces lumineuses de notre cosmos.

Le Soleil des soleils est l’épine dorsale du cosmos. Il est environné d’une lumière prodigieuse composée de deux courants, l’un montant et l’autre descendant, se mêlant autour d’un axe.

François Brousse

« Poésie – Questions-Réponses », Paris, 22 mars 1985

[…] Si prodigieuse que soit cette lumière, elle est une lumière mouvante et en tant que telle, elle est un peu dégradée. 

La véritable lumière est celle qui est en dehors des univers-bulles. C’est la lumière immuable, éternelle, impassible, robe d’or de la divinité pour parler comme les kabbalistes. C’est la Lumière primordiale qui peut se matérialiser et devenir la lumière kundalinique à la suite d’une légère dégradation. Elle se dégrade encore pour devenir la lumière des soleils.

La lumière éblouissante, merveilleuse de notre soleil, n’est que le reflet d’une lumière plus grandiose encore qui est celle du Grand Soleil central dont la lumière n’est que le reflet de celle du Soleil des soleils, elle-même reflet de la Lumière primordiale. C’est une unité à travers des dégradations, un va-et-vient permanent.

Suite à cette descente, il y a ensuite retour vers le centre commun.

  • S’il y a une fin, on peut dire que les planètes rentreront dans le Soleil.
  • Les soleils rentreront dans le Grand Soleil central.
  • Tous les grands soleils centraux rentreront dans le Soleil des soleils.

Le monde disparaîtra momentanément pour ne former qu’un immense atome fondamental qui, traversé par les grandes forces de la haine, éclatera pour former un monde nouveau. 

Ce rythme est la respiration de Brahma. Je vous rappelle le poème de Hugo, tiré du recueil Dieu : 

L’infini sans figure au fond de tout séjourne.

Au-dessus du ciel bleu qui remue et qui tourne,

Où les chars des soleils vont, viennent et s’en vont,

Est le ciel immobile, éternel et profond.

Là, vit Dieu.

La durée, ainsi qu’une couleuvre,

Se roule et se déroule autour de lui. Son œuvre,

C’est le monde ; il la fait. L’œuvre faite, il s’endort.

 

Alors partout s’épand comme une nuit de mort

Où les créations flottent abandonnées.

Après avoir dormi des millions d’années,

L’être incommensurable à qui rien n’est pareil,

Dont l’œil en s’entrouvrant luit comme le soleil,

Se réveille au milieu d’une extase profonde

Et de son premier souffle il crée un nouveau monde,

Création splendide, univers lumineux,

Où l’atome étincelle, où se croisent des feux,

Clair, vivant, traversé par des astres sans nombre

Qui tourbillonne autour de sa bouche dans l’ombre.

Et puis il se rendort, et ce monde s’en va.

Un monde évanoui, qu’importe à Jéhovah ?

Il est. Lui seul existe, et l’homme est fantôme.

Victor Hugo, Dieu L’Océan d’en haut

 

C’est en cela – avec quelques nuances – que l’on peut voir les dégradations des lumières et leurs montées vers la Lumière suprême. 

Héraclite nous a appris qu’il y avait deux forces : la force d’amour et la force de combat ou de haine. L’univers est rempli de l’un et de l’autre : le Yin et le Yang, la force contraignante et la force explosive. D’après Héraclite, ces deux gigantesques énergies n’ont ni commencement, ni fin et le propre de la discorde, du combat et de ce que l’on peut appeler la haine est qu’il éclate, qu’il éloigne ; tandis que le propre de l’amour est de rapprocher. 

L’amour est la fusion vers l’Unité. La haine est la dispersion à tous les vents du cosmos. Selon Héraclite, il y a l’amour ou la haine et la discorde et depuis le commencement des temps, aucun n’a triomphé de l’autre.

D’une manière générale, c’est l’amour qui triomphe et tout devient le sphéros, une immense bulle d’amour à l’intérieur de laquelle la discorde se déchaîne et tout explose dans l’infini. C’est pourquoi on a pu dire que le monde était le Yin et le Yang et l’éclatement en même temps que l’embrassement.

J’ai utilisé le mot haine qui est vrai sans être vrai en ce sens que la haine est l’inverse de l’amour. […] 

À la fin des temps, la haine et l’amour seront dépassés et il n’y aura plus que la sérénité, la joie, la béatitude infinie. 

François Brousse

« Poésie – Questions-Réponses », Paris, 22 mars 1985