Un soir, j’ai suspendu dans l’ombre de ma chambre,
Cette photographie de vierge pâle et brune.
Elle a des cheveux noirs qui semblent moites d’ambre,
Son visage pensif brille comme la lune.

Souvent pendant la nuit, quand tout rêve et repose,
Sauf l’invisible train qui s’enfuit en sifflant
Ou le vent qui gémit dans les arbres, je pose
Ma plume, pour fixer ce visage troublant.

Aux paisibles clartés de la lampe électrique,
Qu’ils sont doux ces regards pleins d’une ombre magique,
Sa fraîche épaule nue, sa bouche au pur dessin…

Et je songe, tandis que des lumières neuves,
Sorties de ses grands yeux vertigineux émeuvent
Une mélancolie étrange dans son sein.

François Brousse
Voltiges et vertiges
Dans Œuvres poétiques, t. 2, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, , 1988, p. 59