Je t’affirme éternelle, ô lumière qu’on nie !

La mort n’est que le seuil rayonnant de la joie
L’éternité, perçant le sépulcre, rougeoie
Comme une grande aurore éveilleuse de nids.

Le corps, forme de boue, rentre au néant des êtres
Le vent reprend l’haleine et la pierre les os,
L’oeillet les yeux, le sang se réunit aux eaux,
Sur la terre des morts les moutons viennent paître

Mais le souffle vital, sublime, essentiel,
L’âme, frisson de flamme, étincelle du ciel,
Immatériel coeur de la Beauté divine,

Splendeur de feu, éclair vivant, Amour Pensée,
Tremble toujours dans l’ombre où l’orage a passé,
Comme une sombre vigne au penchant des ravines !

François Brousse
Voltiges et Vertiges
dans Œuvres poétiques, t. 2, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1988, p. 203