L’âme vitale

Ramakrishna vous dira : « L’essentiel, c’est de prendre conscience du Moi divin qui est en nous. »

Nous avons immédiatement une image de plusieurs « moi » qui sont en nous et qui correspondent effectivement à la réalité. Nous sommes composés non pas d’une âme, mais de quatre âmes. Pour cela Platon, et avant lui les philosophes hindous et chinois, l’avaient déjà dit. Il y a l’âme instinctive, l’âme éthérique, l’âme vitale, qui fait que nous sommes différents non pas des animaux mais des minéraux. Entre un minéral qui est soumis à la fatalité des lois physico-chimiques et la plante et l’être vivant et l’homme à fortiori, il y a une différence, une différence énorme qui est en quelque sorte expliquée par la finalité biologique ; il y a en nous une finalité qui permet aux milliards de cellules de travailler pour le développement, pour la défense et pour la reproduction de l’ensemble de l’organisme. Il y a en nous des phénomènes de direction qui font que le germe d’un chêne donnera naissance à un chêne, et non pas à un cèdre, et que la semence d’un chien donnera naissance à un chien, et non pas à un hippopotame.
Il y a, semble-t-il, toute une série de lois, un développement dans l’embryon qui est très exactement un devenir lancé vers une finalité ; il y a une finalité à l’intérieur de l’embryon, il y a une finalité dans les échanges. Par exemple, vous prenez n’importe quel aliment, c’est une synthèse, vous l’absorbez, elle est détruite, ensuite elle est recomposée à une nouvelle substance, une nouvelle synthèse qui est la chair et le sang, c’est-à-dire la substance même de nos cellules. Il y a dans un phénomène d’alchimie intérieure une sorte de finalité absolument grandiose. Dans la propagation des êtres réside également une finalité. Nous avons en nous un être qui est l’âme mettons instinctive ou l’âme vitale qui donne une forme à tout notre corps. […]

La purification de l’âme vitale.
Elle est très simple. Nous avons en nous une âme vitale qui est à la base de notre appétit, de nos instincts de reproduction comme de l’épanouissement de notre être matériel ; or cette âme vitale se traduit par notre nourriture. C’est le commencement dans tous les Védas comme dans tous les Upanishads et aussi dans les doctrines secrètes de la Grèce antique, avec Pythagore, Apollonius de Tyane et Plotin. Eh bien, si vous voulez commencer sur le sentier de la vérité comme du bonheur, vous devez commencer par supprimer toutes les nourritures impures, c’est-à-dire la nourriture carnée. Il n’y a aucune raison pour que nous fassions souffrir des millions d’êtres et que nous les immolions pour notre gourmandise ou notre satisfaction puisque nous pouvons fort bien vivre justement sans massacrer des animaux innocents, d’autant plus qu’il y a un équilibre. J’aime rappeler la phrase d’Isaïe qui est un prophète un peu brutal et qui déclare : « La vie d’un bœuf vaut la vie d’un homme ». Je pense qu’il exagère, mais il y a quand même un équilibre entre la vie des animaux et la vie des êtres humains. En réalité, si nous souffrons tant et si nous avons tant de meurtres et de crimes, c’est parce que, tous les jours, nous causons par notre nourriture le massacre d’une multitude d’animaux infortunés et qui souffrent. Il semble que ce soit une des bases de la dialectique de la sagesse éternelle.

 

François Brousse

Conférence, Prades, 17 mars 1978, « Les différentes âmes » (Extrait)