Quand les divins coursiers, dont l’or est la crinière,
Courbent les flots vermeils sous leurs ardents sabots,
S’engouffrent lentement, ainsi que des flambeaux,
En creusant dans la mer leur flamboyante ornière,
Quand le char du soleil, sous la vague entraînée,
Laisse un faible reflet parmi le ciel immense,
Lorsque du rossignol la céleste romance
S’évanouit dans l’ombre où Vénus pâle naît,
On aperçoit parfois la Lune svelte et rose
Par les derniers rayons du jour évaporé,
Fleur de la Nuit penchant vers l’horizon doré,
Qui, sur les corps sanglants des nuages, repose…
De même rougissait d’amour et de pudeur
Une charmante vierge, au bord du lit assise,
Car son jeune amoureux, dérangeant sa chemise,
Avait mis sur l’épaule un baiser plein d’ardeur
Et, comme pour chercher la chaleur des caresses,
Elle applique sa joue à l’épaule et frémit
Et son visage heureux sourit à son ami
Qui lui baise, charmé, ses ondoyantes tresses…
Amour, fleur éternelle et jour mystérieux,
Chaîne d’or et d’extase embrassant notre globe,
Jeune dieu du matin, ardent époux de l’Aube,
C’est toi qui règnes seul dans la terre et les cieux.
François Brousse
Fantaisies, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 2000, p. 63