Il meurt, dans l’aboiement des canons inouïs.
Cent peuples abrutis lamentent ce désastre
Il s’éteint dans les airs flamboyants, comme un astre
Qui rentre parmi l’antre ensanglanté des nuits.

Gloire, puissance, orgueil, tout s’est évanoui
Dans la pourpre enflammée les os des morts s’encastrent
Et les vers du tombeau mangent cet épigastre
Où s’engloutit un jour l’univers ébloui.

Maintenant plus de Nietszche et plus d’orgueil sauvage :
Le conquérant est seul dans la mer sans rivage ;
Il est seul face à face avec l’effrayant Dieu !

Où sont ses grands soldats et ses hautains ministres ?
Le vainqueur des nations sent, dans l’horreur des cieux,
Son âme se dissoudre au gré d’un feu sinistre…

 1er mai 1942

François Brousse
À l’Ombre de l’Antéchrist, dans Œuvres poétiques, t. I, Clamart, Éd. La Licorne Ailée,  p. 161