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L’année pyramidale

Article de François Brousse

Le Monde inconnu N°79 – Janvier 1987 

L’année pyramidale

 

Extrait

L’étoile Polaire dont le regard veille intensément sur l’univers, n’est pas immuable comme on le croit : elle se déplace au fil des âges. Située dans le prolongement de l’axe des pôles, elle subit tous les mouvements de la Terre. Or notre globe tourne sur lui-même comme une toupie, et l’axe des pôles décrit un cercle sur lequel est fondée la précession des équinoxes.

Quelle est la durée de cette colossale période ?

Platon et les Babyloniens lui assignent un ruban temporel de 25 920 années, qui se découperait lui-même en 12 mois cosmiques, chaque mois comprenant 2160 ans.

Considérons le nombre mystérieux « 286 », que l’on trouve à chaque instant dans la Grande Pyramide, et qui mesure la hauteur de l’invisible pierre d’angle, allant de la plate-forme supérieure jusqu’au sommet théorique. Cette mesure, exprimée en pouces pyramidaux, semble avoir une importance primordiale.

Si on la multiplie par « 90 », nombre appuyé sur le « 9 » aux nombreux visages, on obtient « 25 740 », qui semble bien le véritable cycle précessionnel. En effet, le mois cosmique du cycle pyramidal est alors de 2 145 années, nombre extraordinaire à cause de ses échos inattendus.

Il est la valeur secrète (on calcule la valeur secrète d’un nombre par la formule suivante : VS = n (n+l)/2) de « 65 », et « 65 » exprime la fréquence de vibration de la note DO, la première de la gamme. Gui d’Arezzo en serait totalement bouleversé. Or « 2 160 », le mois platonicien ne correspond à aucune valeur secrète. Il faut donc privilégier le mois pyramidal qui se relie à la fois au cœur des mathématiques et au chœur de la musique universelle.

Mais ce mois abstrait s’impose-t-il réellement dans les mutations du monde ? C’est ce que nous allons voir. Ce cycle, qui mesure un mois de la grande année pyramidale, est aussi un paramètre soulignant les transformations de l’histoire des peuples et des rois. Il découpe dans le temps des ères correspondantes, qui souvent coïncident, année par année. Mais ces résultats émanent parfois d’une subtilité à la Gongora.

Commençons par l’invasion des Hyksos, dans la vieille et solennelle Égypte. Ils se ruèrent, tuant les hommes, violant les femmes, aux sinistres reflets des villes incendiées. Le pays des pyramides fut assailli par des hordes de barbares. Ces tristes mutations se déroulaient vers 1700 avant Jésus Christ. Ajoutons « 2145 », et nous tombons vers 445 après Jésus Christ, au moment des grandes invasions, dans la ruée des Germains et des Mongols contre l’empire romain. PREMIÈRE ÉCLATANTE CONFIRMATION DU CYCLE PYRAMIDAL.

Continuons par Toutmès III, le conquérant de l’Orient, le Napoléon des brumes antiques. Il mena ses armées victorieuses au delà de l’Euphrate et créa la légende du Sésostris, admiré par les Grecs. La Syrie, la Palestine, la Phénicie, tombèrent dans son ombre colossale. Il a régné de 1483 à 1450. Le cycle cosmique donne comme dates correspondantes : de 662 à 695 après Jésus Christ. Une ère frénétique où galopèrent les cavaliers d’Allah, les conquérants arabes. Sous le règne de Moaviah, les villes de Kaboul, Samarcande et Boukara furent conquises.

Après le Napoléon de l’Antiquité, Toutmès III, en voici le Jésus, l’énigmatique Akhenaton. Ce surhomme au visage souriant adorait Dieu, l’Invisible Roi et son image éblouissante, LE DISQUE SOLAIRE. Il se proclamait le Fils d’Aton, l’Inspiré du Créateur. Plus encore, le pharaon transcendé affirma que seul l’amour peut nous conduire à l’immortalité. Sans doute faisait-il allusion à la doctrine secrète des réincarnations, familière aux initiés d’Hermès Trismégiste.
Mais ces derniers supposaient (quelques-uns d’entre eux) que la magie rituélique suffisait pour arracher l’âme des morts à la fascination des vies successives et des chaînes planétaires. L’Aigle Atonien volait plus haut, et voyait de plus vastes horizons. Il proclamait que l’amour, supérieur à la magie, était seul capable de briser le carcan des réincarnations. Les humains au cœur plein d’amour montaient, après leur trépas, dans la gloire éternelle de Dieu. Énorme révolution que son temps, et peut être le nôtre, sont incapables de comprendre. C’est pourquoi, à l’amour, son disciple Moise substitua la justice, plus proche de l’esprit humain. Ce mage sublime régna dix-huit ans sur la vie bouleversée : de 1370 à 1352 avant l’ère chrétienne.

Faisons couler le sable étincelant du cycle cosmique. Nous aboutissons à une période allant de 775 à 793 après Jésus-Christ. On voit alors surgir une colossale figure de réformateur, cette fois ci dans l’Inde. Égypte et Inde, un pont de lumière joint ces deux nations. La mère de la Kabbale et la mère du Yoga. Ce réformateur géant, penseur, poète, tribun, est Sankaratcharya, le Maître Sankara, prophète du monisme védantique. Par la seule vertu de sa parole, il chassa le bouddhisme de l’Inde énorme, depuis la barrière de l’Himalaya jusqu’au sourire du Cap Comorin. Les interprétations vulgaires du bouddhisme nient l’existence de Dieu et de l’âme éternelle, ces joyaux de l’univers. Sankara démontra, par sa brûlante dialectique, la présence d’un Être suprême dans le cosmos, et d’une substance indestructible dans l’esprit. Il s’éleva plus haut encore, en son vol d’aigle et d’archange. Il montra l’identité des deux réalités fondamentales : DIEU et l’AME, BRAHMAN et ATMAN. L’être humain, pour s’arracher aux chaînes tourbillonnantes de la transmigration, doit prendre conscience de cette sublime substance. Alors le reflet du SOLEIL rentrera dans le SOLEIL. L’étincelle reviendra au feu incommensurable, et l’éphémère se fondra dans l’Éternel. Peut-être faudrait-il ajouter qu’il se fondra sans se confondre. […]

François Brousse

Revue BMP N°3 – août 1983
Publié dans Le Monde inconnu N°79 – Janvier 1987