Dans le désert, où ne chantent plus les sources vives,
J’ai la fontaine de tes yeux.
Dans le désert où nul feuillage ne murmure,
J’ai la forêt de tes cheveux.
Dans le désert où pas une liane ne s’enlace,
J’ai le lien souple de tes mains.
Dans le désert où nulle aile ne circule,
J’ai le vol hardi de tes pieds.
Dans le désert qu’ignorent les coussins splendides,
J’ai le dessin pur de tes seins.
Dans le désert d’où s’éclipsent les liqueurs ardentes,
J’ai le flot brûlant de tes baisers.
Dans le désert qui dévore les mosquées divines,
Tes paroles viennent du ciel !
Fontaine, forêt, lianes, oiseaux, palais, honneurs, mosquées, Ô femme !
Tu me donnes dans la solitude toutes les richesses de la Terre et de la Lune.
Notre amour durera jusqu’à l’heure où le vent d’Allah effacera les montagnes du monde…
François Brousse
De l’autre cygne à l’Un
Dans Œuvres poétiques , t. 2, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, , 1988, p. 307