Rejetons Dieu et le diable
Seul le hasard des atomes
Forge un mal irrémédiable
Sous les formidables dômes.

Le néant et la naissance
Sont un délire bouffon ;
Une stupide inclémence
Emplit l’abîme sans fond.

Tout navire fait naufrage
Toute espérance s’éteint
Mais il nous reste la rage
De railler l’âpre Destin.

L’homme, toujours indomptable,
Lève son front ricaneur
Le taureau dans son étable
Brave la sombre douleur.

Mais le maître des étoiles
Sourit aux pâles humains
Ses tendresses idéales
Vous caresseront demain.

L’âme entrera dans la gloire
Des nirvânâs éternels
L’inconcevable victoire
Flamboie après le tunnel.

Le message des prophètes
Subsiste immortellement
La connaissance parfaite
Deviendra notre élément.

Le large océan des sèves
Baignera notre plaisir
Dieu dépassera les rêves
De nos transcendants désirs.

Un saphir inaltérable
Rachètera les maudits
La joie incommensurable
Sera notre paradis.

23 novembre 1992