Les enfants du Verseau
Nous sommes entrés dans le Verseau depuis la découverte d’Uranus en 1781, maîtresse de ce signe. Elle a brillé sur la naissance des États-Unis d’Amérique dont le poids colossal s’impose à la Terre, et sur la naissance de la Révolution Française qui a transformé et transformera la destinée de tous les peuples de la planète. Kabbalistiquement, la somme théosophique de 1781 (1+7+8+1) donne 17 qui marque l’Étoile des Mages. Ce qui souligne l’importance initiatique de cette date et imprime sa griffe sur l’ère du Verseau.
Toutefois, il ne faut pas oublier que depuis l’époque de Krishna, nous entrons dans une ère de décadence universelle. Chaque période astrologique est pire que la précédente.
Toutes les vérités resplendissent dans la Bhagavad-Gîta. Mais, la sagesse du Bouddha semble ignorer l’immortalité de l’âme personnelle : première chute !
L’Évangile cache soigneusement la réincarnation et la métempsycose : deuxième chute.
Plus tard, troisième chute, Mahomet n’admet plus que l’enfer et le ciel.
La quatrième chute s’appelle Karl Marx et le marxisme, qui le trahit d’ailleurs, impose la dictature des masses et de la matière. Partout se manifeste cette vérité : qu’en entrant dans une « annonciation nouvelle », on pénètre dans une nouvelle décadence. Les chrétiens imaginaient une rénovation par l’amour. Ils rencontrèrent l’Inquisition et les guerres de religion.
Par le jeu des nombres, des dates nouvelles apparaissent : 1817 et 1871.
En 1817 parut le livre fulgurant et sombre de Lamennais, Essai sur l’indifférence en matière de religion. Il fut comme le drapeau d’une décadence nouvelle avec le poids étouffant de l’Église catholique. Lamennais sortira plus tard de ces ténèbres, mais en attendant, elles pesèrent sur les peuples. Hugo qui l’admirait beaucoup avait dit qu’il pensait comme Newton et écrivait comme Bossuet.
1871, c’est évidemment L’Année terrible, soulignée par le livre de Victor Hugo. C’est une défaite sur le plan militaire avec le retour obsédant des théories catholiques et royalistes. Victor Hugo fut à peu près le seul à conserver l’étoile de la liberté et de l’humanité.
Si l’on replonge dans le passé on rencontre la date 1187 qui vit la perte de Jérusalem par les Croisés. Soulignons pourtant que Richard Cœur de Lion, pour consoler son ami Guy de Lusignan, lui donna l’île de Chypre. La croisade vaincue sur la terre ferme renaissait au milieu des flots. Renaissance qui dura des siècles.
Ainsi les dates bondissent comme les balles entre les raquettes. C’est une alternative d’échecs et de succès. Mais l’ombre de l’échec domine comme il sied aux enfants du Verseau. Les enfants du Verseau peuvent constater actuellement que les mœurs sont plus horribles que jamais et que le réveil des nationalités ne peut qu’engendrer de nouveaux massacres. Nous sommes loin des espoirs naïfs formulés, notamment, par Benjamin Crème. Les Maîtres qui le conseillaient l’ont trompé, ou plutôt, il s’est trompé lui-même par des espérances enfantines. Il convient de regarder face à face la réalité des mondes.
Je résume en disant que chaque ère astrologique est pire que l’ère précédente. Je m’élève donc contre les espoirs insensés d’une amélioration soudaine du cosmos. Tous les humains finiront par devenir des dieux, mais ils traverseront des périodes de recul avant de reprendre leur marche en avant et l’ère du Verseau en paraît une. Je me dresse ainsi contre les affirmations de la plupart des ésotéristes célèbres, mais mieux vaut une vérité amère que des espérances frauduleuses qui de toutes manières sèmeront la déception au fond des cœurs.
Il reste pourtant un diamant de joie dans cette ère : c’est le rôle grandissant des femmes qui, je l’espère, réhabilitera l’idéalisme et l’intuition. Cela suffira-t-il pour arrêter la décadence universelle ? On peut en douter légitimement. Toutefois, une aide inattendue depuis 1789 : la Révolution Française réunit les idéaux de la Grèce (Liberté), de Rome (Égalité) et de l’Inde (Fraternité). Nos cœurs peuvent s’ouvrir à l’espérance, mais le poids à soulever est extrêmement lourd.
Comme le dit sombrement Victor Hugo : « Une chose, ô Jésus, en secret m’épouvante / C’est l’écho de ta voix qui va s’affaiblissant ! » Il s’agit évidemment du Jésus théosophe et initiateur.