L’étincelle solaire
Texte manuscrit de François Brousse
Extrait de Orphée au front serein, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1984, p. 18-19
IX – L’ÉTINCELLE SOLAIRE
- Mais les hommes nouveaux, ignorant tout des choses de l’esprit, vivaient au fond des cavernes, et s’habillaient de peaux de bêtes.
- Prométhée, dans son grand cœur, eut pitié de cette race malheureuse.
- Il leur apprit à construire des villes aux palais de marbre, aux murailles de granit, traversées par de grands fleuves purifiants.
- Il leur apprit à tisser des vêtements, à revêtir leur nudité de tissus chauds et précieux.
- Il leur apprit à lancer des navires sur l’océan plein d’orages, pour aller aux confins du monde.
- Il leur donna la parole, par laquelle les intelligences se communiquent et s’exaltent, la parole qui conserve la sagesse des pères et fortifie la sagesse des fils.
- Il leur fit connaître tous les arts et toutes les sciences : la lyre éblouissante, le compas créateur, les vastes secrets de l’univers.
- Enfin, pour compléter son œuvre, il franchit les portes sacrées du Soleil et prit dans le sanctuaire des feux divins une étincelle d’immortalité.
- Grâce à l’étincelle prométhéenne, l’homme inventa les flammes matérielles et les flammes spirituelles.
- Il sut tirer le feu vivant des branches mortes, la chaleur guérissante des rameaux desséchés.
- Mais surtout l’étincelle prométhéenne lui insuffla l’intuition divinatrice, qui lui donna la connaissance de l’âme des choses !
- L’homme, alors, contempla l’âme de la Terre, l’âme du Soleil, l’âme des étoiles, et les appela les Dieux !
- Il vit aussi, dans la profondeur sauvage de l’au‑delà, flotter comme des tourbillons de feuilles les âmes des morts.
- Il sentit enfin l’âme universelle vivre dans le frémissement des forêts énormes comme dans le cri des insectes écrasés.
- Et il comprit aussi que, grâce à l’étincelle solaire qui brûlait dans son cœur, il serait un jour l’égal des Dieux immortels.
François Brousse
Orphée au front serein, Clamart,Éd. La Licorne Ailée, 1984, p. 18-19