Mars est-il habité ? Pourquoi pas ?
Article de Georges Zaclaz (Pseudonyme de François Brousse)
Journal L’Indépendant, Perpignan, 30 novembre 1954
L’habitabilité de la planète Mars paraît d’une probabilité qui confine à la certitude. Mars a de l’eau : nous voyons la neige se condenser aux pôles de la planète pendant l’hiver et fondre pendant l’été.
Si Mars a de l’eau, il a de l’oxygène (eau = hydrogène + oxygène). Quant aux changements saisonniers de coloration, ils impliquent, d’après la plupart des astronomes, l’existence d’une végétation martienne.
C’est notamment l’opinion de l’abbé Moreux qui, dans Les Énigmes de la science, déclare :
Nous pouvons retenir de l’ensemble des travaux récents que la coloration des taches sombres montrent du vert au printemps et du brun à la fin de l’été. Les variations saisonnières de tons militent en faveur de phénomènes d’ordre analogue à notre végétation.
Si, comme on le suppose, Mars possède des plantes, il possède probablement aussi des animaux. Sur la Terre, règne végétal et règne animal sont inextricablement mêlés. L’un et l’autre se forment à partir de cellules identiques. Une évolution animale a très bien pu donner sur Mars naissance à des formes proches de l’homme.
D’après Flammarion, le rôle des plantes est d’offrir aux humanités un théâtre de progression spirituelle. Toutes les planètes sont ou furent ou seront habitées par une race intelligente. La fonction humaine peut avoir des apparences extrêmement différentes.
Dans son Histoire des États et Empires de la Lune et du Soleil, l’admirable esprit que fut Cyrano de Bergerac suppose l’existence d’hommes‑plantes. Il peut y avoir aussi des hommes-insectes, des hommes-oiseaux, des hommes-poissons et d’autres aspects inimaginables.
Les formes infinies de l’univers ont des milliards de visages.
Sur Mars, étant donnée la parenté de cette planète avec la nôtre, on peut faire vivre une humanité comparable à l’humanité terrestre.
D’après le mathématicien Randolph, les habitants de Mars seraient des nains à grosse tête et au torse large. Hypothèse qui rejoindrait certaines observations faites par les Terriens sur les occupants des soucoupes volantes.
Quoi qu’il en soit, si les Martiens existent, ils ont transformé la planète suivant leur génie créateur. Les hypothèses les plus probables font de Mars une planète née avant le globe terrestre : elle serait plus vieille de quelques millions d’années. Une humanité ayant sur la nôtre une avance de plusieurs millions d’années exercerait une prodigieuse maîtrise sur les énergies naturelles.
Les étranges canaux dont le réseau étroit enserre Mars émanerait d’un travail en profondeur réalisé par les ingénieurs martiens.
De nombreux vulgarisateurs, à la suite des travaux d’Antoniadi, se sont trop hâtés d’affirmer que ces canaux relevaient de l’illusion d’optique. La majorité des astronomes américains, à la suite de Lowel, de Pickering et de Silpher, proclament la réalité des canaux et la photographie semble leur donner raison.
La gémination des canaux, curieux phénomène qui, en un temps très court, remplace un canal par deux lignes parallèles que séparent des centaines de kilomètres, ne peut s’expliquer que suivant l’hypothèse de Lowel.
Ce remarquable observateur croyait à l’origine artificielle des canaux et disait que les Martiens, quand l’arrivée de l’eau s’avérait trop abondante, ouvraient les vannes d’un nouveau canal sur les bords duquel se développait une végétation visible pour nos télescopes.
On peut sourire de cette opinion. Elle est pourtant la seule capable d’expliquer les bizarres apparences martiennes.
Ainsi l’existence sur Mars d’une humanité très évoluée s’appuie sur de sérieux arguments d’ordre scientifique. Hypothèse sans doute, mais hypothèse parfaitement valable.
Et il n’est pas déraisonnable d’admettre que les soucoupes volantes, ces engins fantasmagoriques dont le passage est attesté depuis au moins le Moyen Âge, proviennent de Mars la brillante planète dont l’éclat de rubis illumine les hauteurs du ciel.