à Claude Van Dyck

Les anges secouaient leurs six ailes de feu (Louis Bouilhet)

Que le cadavre froid, parmi l’ombre sans bornes,
Sentant glisser les vers dans sa carcasse morne,
Tressaille au souffle de la mort,

Seuls les êtres formés d’atomes la redoutent,
Mais l’âme incorruptible et une, en jaillit toute
Comme un cheval libre du mors !

Le mur des sens mangé par l’insecte et la mousse,
La Vie éclate comme une clémence douce
Qui brûle la nuit des remords,

Et l’Idée pure, dans les voluptés sereines,
Penche sublimement son front de souveraine
Que nul n’outrage, où rien ne mord,
Comme le feu des cieux joint les terrestres flammes
Sur l’aile incorporelle et tremblante des Âmes.

François Brousse
Voltiges et Vertiges
dans Œuvres poétiques, t. 2, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1988, p. 193