Les dieux m’ont oublié !
Je rêve dans mon île.
Mes larges escaliers
Jusqu’au zénith rutilent.

Au loin des cœurs sans nombre
Entrechoquent leur bal.
Pour moi, je reste à l’ombre
D’un aigle sidéral.

Ma chevelure ardente
Danse dans l’ouragan.
J’ai l’œil hagard de Dante
Et l’âme de saint Jean.

Les sirènes de moire,
Les tritons de carmin,
Les pieuvres, viennent boire
Dans le creux de mes mains.

Mais, quand, dans les rafales,
Je chante ma chanson,
La Terre triomphale
Est prise de frissons.

10 juin 1982

François Brousse
Revue BMP, N°216 – novembre 2002Clamart, Éd. La Licorne Ailée