Akhenaton, la gloire solaire

Aménophis IV se fit appeler Akhenaton, la gloire solaire. Il interdit le culte d’Amon, ferma ses temples, fit marteler le nom ennemi dans toutes les inscriptions. Marteler un nom, c’était, par la magie, détruire une existence. Le dieu Amon rentra dans un néant momentané. Le dieu Aton, dieu spécial d’Héliopolis, triompha. Mais il n’était que l’emblème éblouissant de l’Être suprême : « Aton, la face divine, le disque solaire, est l’image visible du Dieu invisible. Révéler aux hommes Celui qui est caché, tout est là. »

Akhenaton répudia la vieille ville de Thèbes et alla fonder une nouvelle capitale, énorme et joyeuse, qu’il appela « l’Horizon d’Aton ». On a retrouvé ses restes à Tell el-Amarna. Qu’elle était belle, la cité de Dieu, l’Horizon d’Aton, avec ses édifices élégants, ses temples à ciel ouvert, ses âmes libres tendues vers le Soleil comme des arbres d’enthousiasme ! Un souffle de sagesse, ouragan par la force, brise par la douceur, transfigurait l’antique Égypte. Akhenaton fit de sa femme Néfertiti la grande prêtresse du Dieu de la lumière visible et invisible. Néfertiti se montra digne de cette confiance. Le couple royal planait sur la terre du Nil comme un cygne aux deux ailes de rayons. Leur parfum enchanté subsistera aux siècles des siècles.

Pendant que l’Empire de la religion métaphysique s’élevait dans la gloire, l’Empire terrestre tombait en ruines. Partout les ennemis de l’Égypte, essentiellement les Hittites, montaient à l’assaut. En Palestine, les Bédouins s’emparaient de Megiddo, puis de Jérusalem. Le pharaon, prophète, logique avec ses doctrines d’amour universel, refusait d’envoyer des troupes pour rétablir un ordre sanguinaire. Mais l’Égypte elle-même restait inviolée. Les Hittites conquirent la Syrie et la Palestine. L’Asie occidentale tremblait sous leurs talons.

Au bout de dix-huit ans de règne, le plus intelligent et le meilleur des pharaons de la XVIIIe dynastie, expira.

François Brousse

Thot Hermès le prince de l’éternité, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 2010, p. 100-104