Je m’enfonce dans le lointain
Avec la divine imprudence
Des conquérants du ciel latin
Envoyés par la providence
Pour briser les sceptres hautains
Et ressusciter l’espérance.

Je ramasse sans y penser
Des bijoux à l’éclat barbare
Que les Atlantes effacés
Laissèrent choir de leur tiare.
Les lions s’enfuient hérissés
Devant les chants de ma cithare.

La quatrième dimension
M’ouvre ses couleurs inconnues
Je dépasse par intuition
Le fronton rugissant des nues
Et d’étranges révélations
M’offrent en riant leurs cornues.

Alchimiste transcendantal
Je fabrique des fleurs nouvelles
Dans mon délire zénithal
Je guide d’âpres caravelles
Mais le soleil occidental
M’a forgé soixante dix ailes.

Leur ombre couvre l’ignoré,
Elle dépasse les comètes,
Je savoure le miel doré
Qu’Athéna sur le mont Hymette
Distille pour les effarés.
Mais devant Dieu, joyeux prophète,
Ma gloire tombe et disparaît.

 

François Brousse
La Rosée des constellations,, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1991, p. 256