Y a‑t‑il une différence entre la mort mystique et la libération à la mort ?

Questions à François Brousse (Extraits)

Q. :  Y a‑t‑il une différence entre la mort mystique et la libération à la mort ?

F.B. : Si nous avons une mort mystique et métaphysique, nous sommes libérés. Par conséquent, il n’y aurait aucune différence. Si vous quittez votre corps dans l’extase mystique, c’est comme si vous étiez libéré. C’est ainsi que l’on est libéré. Quand on abandonne son corps physique, son corps éthérique, son corps astral et son corps mental, pour monter dans le transcendantal, c’est alors que l’on est libéré. Effectivement, il n’y a aucune différence.

Q. :  Que représente, sur le plan spirituel, la mort du maître pour le disciple ?

F.B. : Le disciple sait très bien que le maître est immortel, par conséquent il ne fait que changer de zone. Et pour un disciple, quand le maître meurt, il est encore plus vivant parce qu’il apparaît dans ses songes, dans ses rêves, dans ses visions et dans ses pressentiments. Et le disciple le voit toujours, comme la lumière du jour, lorsqu’il pense, lorsqu’il rêve et lorsqu’il médite. Le maître est toujours là pour le disciple, même après sa mort : « Qui donc passe en clarté le grand aveugle Homère[1] ? », comme disait Hugo.

Q. :  Par quelles étapes doit‑on passer pour l’affirmation de soi ?

F.B. : C’est toujours le même enchaînement. Il faut d’abord supprimer la haine. À tous ceux qui nous ont fait du mal, nous devons envoyer des pensées d’amour. Puis supprimer le doute. Savoir que nous atteindrons, inévitablement, dans cette vie, l’Illumination. Puis supprimer la peur. Ne pas avoir peur du lendemain, ne pas avoir peur de ce que le sort nous réserve, ne pas avoir peur d’avoir peur. Et quand nous aurons effacé toutes ces taches, nous affirmerons d’une manière indestructible l’éternité de notre Moi et de notre être éternel, infini et parfait.

Nous devons savoir que nous sommes éternels, infinis et parfaits. Tant que nous ne le saurons pas, nous ne serons pas entièrement libérés. Nous nous croirons les esclaves de la matière, les esclaves des passions, les esclaves de la destinée, les esclaves du caprice et du hasard. Nous ne sommes rien de tout cela. Nous sommes des dieux qui ignorons que nous sommes des dieux et qui un jour l’apprendrons pour leur joie éternelle.

Q. :  Quel est le côté positif de la lame XVI ?

F.B. : La Tour foudroyée par la foudre : c’est la suppression de toutes les erreurs, suppression de tous les préjugés, suppression de toutes les espérances strictement égoïstes. C’est la suppression et la purification dans la flamme créatrice. Dans le nouveau tarot, le tarot amalécite, la Tour foudroyée est remplacée par une tour resplendissante au sommet de laquelle on voit le roi de Babylone et le grand prêtre d’Égypte brandir, l’un, une lumière rouge et l’autre, une lumière bleue. L’union de ces deux lumières forme la lumière de la huitième couleur, qui brille dans l’Infini et qui illumine tous ceux qui méditent sur ce tarot amalécite.

Q. :  Les âmes, qui provoquèrent la catastrophe de l’Atlantide, sont-elles celles qui s’adonnent actuellement à des expériences sur les animaux ? Seraient-ce les mêmes âmes réincarnées en scientifiques et qui feraient des expériences ?

F.B. : Ce sont les mêmes âmes, mais elles vont subir le karma puisqu’elles sont obligées de s’incarner dans des animaux et d’être, à leur tour, traitées comme elles ont traité les animaux eux‑mêmes. Après une dizaine d’incarnations, je crois qu’ils comprendront. Mais s’ils ne comprennent pas, comme ils sont éternels, ils vont se réincarner toujours dans les animaux persécutés, pendant des milliers de fois, jusqu’à ce qu’ils comprennent. L’enfer n’est pas éternel. Ils finiront par comprendre afin que le souvenir reste au fond même de leur inconscient, donc ils seront sauvés aussi, mais cela peut durer assez longtemps. Ils peuvent être sauvés d’un seul coup s’ils comprennent. S’ils ne comprennent pas, ils seront obligés de repasser des milliers d’existences jusqu’à ce que l’Illumination se fasse enfin au fond de leur être et qu’ils comprennent qu’ils sont des dieux et qu’ils doivent respecter la vie universelle. […]

Q. :  Quelles sont les différentes lignées d’archanges ?

F.B. : Il y a d’abord le premier archange, l’archange d’une nation. Il veille sur la destinée de cette nation. Ensuite, un autre archange, c’est l’archange du Commencement, l’Archée. Il veille sur les hommes exceptionnels qui vont changer la face du monde. Il y a un troisième archange, c’est l’archange de la planète. Il est là pour veiller aux destinées et à l’évolution sublime d’un monde. Il y a aussi l’archange d’un système solaire. Il est là et il donne l’initiation à toutes les âmes des initiés du système solaire.

Q. :  N’est-ce pas l’archange solaire ?

F.B. : C’est l’archange solaire, si l’on veut. Il y a d’autres archanges. Il y a l’archange d’une galaxie et enfin il y a l’archange des archanges qui est l’archange du Soleil des soleils. Il y a, admettons, sept grands plans où les archanges s’élèvent jusqu’au moment où l’archange devient une âme cosmique – c’est‑à‑dire, c’est plus compliqué que cela et encore, ce n’est pas tout à fait cela –, au moment où l’archange n’est plus qu’une âme à l’intérieur d’une énergie et qu’il n’a ni corps ni apparence physique ; il n’a que cela : une âme et une énergie adombrée par cette âme. […]

Q. :  Peux‑tu nous parler du maître du Soleil des soleils ?

F.B. : C’est en quelque sorte la forme la plus parfaite que Dieu puisse prendre lorsqu’il prend une forme. Le maître du Soleil des soleils, c’est le Maître du centre même de tous les mondes qui appartiennent au même monde, c’est‑à‑dire, à l’univers courbe. Il y a un univers courbe qui est en train de se dilater dans l’espace et le centre de cet univers courbe est le Soleil des soleils.

Là, nous pouvons rêver, rêver dans le meilleur sens du terme, et monter jusqu’à ce Soleil des soleils, et devenir Un avec lui par le pouvoir de l’imaginaire. Ce Soleil des soleils subsistera éternellement, mais il n’est pas le seul parce qu’il y a des millions, des millions et des milliards et des milliards d’univers courbes. Et dans chacun de ces univers courbes, il y a un Maître parfait qui est le maître du Soleil des soleils. Et tous ces maîtres finiront par se réunir pour n’aboutir qu’à un seul Maître qui sera Dieu.

Mais Dieu existe toujours et Il existe déjà. Cette évolution prodigieuse s’est déjà produite dans le passé ; car le passé, c’est l’Éternité, et l’avenir, c’est l’Éternité et le présent, c’est l’Infini. Et après tout, tant que nous n’aurons pas absorbé l’Infini et l’Éternité en nous, je ne dirai pas que nous ne pourrons pas être sauvés, mais si nous en avons des idées lointaines, nous pouvons l’être. Nous passerons l’Infini à contempler l’Éternité, ou plutôt, l’Éternité à explorer l’Infini. Et nous irons de monde en monde sans jamais nous arrêter, puisque Dieu n’a aucune limite et que, par conséquent, nous n’arriverons jamais à la fin de l’Infini. De l’Infini, si vous ôtez l’infini, il reste l’Infini. Et cette création est toujours prodigieuse et ne s’arrêtera jamais. […]

Q. :  Comment peut‑on se réaliser de façon absolue par des expériences dans le relatif ?

F.B. :  À force d’expériences, on va se détacher de tous les préjugés, de tous les égotismes et on finira par ne penser qu’à Dieu. Et si vous pensez perpétuellement à Dieu, au dieu véritable des philosophes, pas au dieu des religions, vous êtes sauvés. Il y a des êtres qui peuvent méditer, par exemple, pendant quatre ou cinq heures, ou six ou sept, sur Allah ou sur Jéhovah : ils perdent leur temps. Ils ne le perdent pas complètement puisqu’ils aboutissent à un point de concentration formidable. Mais s’ils arrivent à changer ce point de concentration et s’ils se concentrent sur le dieu des philosophes, alors ils sont sauvés. S’ils se concentrent sur les dieux particuliers d’une religion particulière et décrépite, ils sont perdus. Ils sont obligés de se réincarner je ne sais combien de fois avant d’être libérés de ce carcan de fer qu’ils ont forgé de leurs mains malhabiles et trop habiles aussi.

 

[1] HUGO Victor, La Légende des siècles, Nouvelle série (1877), XVIII, Le Groupe des Idylles, XV, « Shakespeare ».

François Brousse

« Entretien avec François Brousse » (Extraits), Clamart, 19 oct. 1991, dans Revue BMP N°170, nov. 1998