Zoroastre
Le peuple persan a eu un prophète prodigieux qui a apporté au monde la sagesse du soleil
et qui s’appelle Zoroastre.
François Brousse
Le Livre des révélations, t. I, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1992, p. 42-43
Zoroastre, l’apôtre du Soleil
Zarathoustra, que les Grecs appellent Zoroastre, et dont le nom fut brandi tragiquement par Nietzsche, se dresse au lointain de l’histoire comme une tour couronnée de flammes pures. Une atmosphère de violence battit jusqu’au tombeau les peuples inférieurs du dehors, les sectateurs d’Arimane. Il mourut dans l’apothéose d’une victoire.
Mais de nombreux voiles s’épaississent sur sa figure historique. Plusieurs questions se posent immédiatement au chercheur qu’exalte la recherche du vrai. Que signifie le nom de Zoroastre ?
À quelle époque vivait ce prophète ? Certains savants ont osé prétendre que Zarathoustra signifiait « bourreau de chameaux ». Cette étymologie persane s’efface pourtant devant l’étymologie sanscrite : Suryastara, qui veut dire « l’apôtre du soleil ». Toutefois, en vertu de la dualité cosmique, l’une et l’autre significations peuvent se fondre dans une vivante synthèse.
François Brousse
Zoroastre l’apôtre du soleil, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 7
Le conducteur de l’émigration iranienne fut le premier Zoroastre, le plus antique,
celui dont le souvenir se perd dans la nuit des temps.
D’autres vinrent après lui, qui ajoutèrent leurs révélations à sa réforme grandiose.
Le dernier, amoureux d’Ardouizour, la source de lumière, restaura le culte antique de la Pureté flamboyante.
C’est le Zoroastre connu de l’histoire.
François Brousse
La Coupe d’Ogmios, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1993, p. 53
Les Iraniens et le culte du feu
Après les Sémites, naquirent les Iraniens. Conduits par leurs prophètes, dont le plus prestigieux est Zoroastre, ils s’épandirent sur l’Afghanistan et la Perse. Quelques-uns continuèrent jusqu’en Arabie et même jusqu’en Égypte, où ils se mélangèrent aux populations.
Zoroastre restitua le culte du feu dans sa grandiose pureté. Pour célébrer le Dieu suprême, Ormuzd, on allumait sur les montagnes des bûchers sacrés, formés de branches odorantes. Leurs flammes embaumées montaient vers la Lumière, portant vers l’Être Absolu l’hommage d’une race fière et libre.
Les Iraniens vénéraient le roi primitif Yima, le Splendide, le seul mortel possesseur de l’œil solaire. Sous son sceptre, hommes, animaux et plantes vécurent une ère merveilleuse.
On trouve dans le culte iranien d’extraordinaires ressemblances avec la religion hindoue : Indra, dieu hindou, devient un démon iranien ; Mithra, divinité dans l’Inde, devient sur les plateaux de l’Iran l’âme de la lumière et de l’héroïsme. La liqueur d’immortalité, le Haoma zoroastrien, coïncide avec le Soma védique (l). Les mages ressemblent aux brahmes, ils sortent d’une même souche, l’empire de Rama.
(1) – CHALLAYE Félicien, Petite Histoire des grandes religions.
François Brousse
La Coupe d’Ogmios, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1993, p. 32-33
Arimane
Les Touraniens représentaient Arimane sous la forme d’un monstre à tête de lion, au corps écailleux et aux pattes de dragon, à la queue de poisson, mais soulevé par quatre grandes ailes et portant sur la poitrine les douze signes du zodiaque. Car, à son origine, la religion d’Arimane explosait de beauté sombre. Elle avait été fondée par un sage inconnu, que l’on nommait aussi Zoroastre ou Zerdhoust, et qui faisait d’Arimane le Dieu de l’Espace infini. Zerdhoust enseignait aussi qu’Arimane, l’Espace, formait une triade avec Zervan, le Temps sans limite, et Vayu, le Vent cosmique.
Les images du monstre arimanien reflètent cette triplicité. Vayu, le Vent Cosmique, modèle la tête de lion au souffle dévorant ; le Temps marche avec le dragon au torse impitoyable et la queue de poisson s’agite dans l’océan spatial. Quant aux quatre ailes, leur vol se mêle aux quatre éléments dont la croix forme le squelette du monde. Les signes du zodiaque indiquent les douze puissances divines qui règnent sur ces zones astrologiques. Très belle à son aurore, la religion de Zerdhoust mordit au pain amer du déclin.
Ses intuitions méconnues firent place à la magie noire. Les Touraniens cherchaient l’extase spiritualisante dans l’ivresse des boissons, d’un hôma d’abord préparé par de savants alchimistes, ensuite par de vulgaires empiriques. On immolait également des taureaux noirs au dieu des ténèbres ; et l’on égorgeait des loups, dont on mêlait le sang à des herbes pilées.
Zoroastre, de nouveau, reprendra ou combattra ces coutumes, et, de la magie noire, essaiera de faire jaillir une magie lumineuse, conformément à son nom de famille : Spitama, qui signifie la Blanche. Il adoptera le hôma, seulement il lui redonnera son alchimie primordiale, sa vertu de merveilleuse extase. Pour en retrouver la formule, il n’hésitera pas à diriger ses pas de voyageur vers l’Inde, où se conservent tous les secrets de la Terre et du Ciel. Les hindous utilisent la racine de l’arbre « rauwolfia serpentina » pour acquérir une profonde sérénité. En traversant ce pays étrange, Zoroastre observa les adorateurs de la vache, symbole de la fraternité entre l’homme et l’animal. Le prophète en fut bouleversé. Dès son retour, il abolit le sacrifice des taureaux, et se constitua le protecteur du bœuf, dont il fit entendre la plainte, d’une infinie douceur. […] Zoroastre fera du robuste ruminant l’image du travail fécondateur. Son humanité s’étendra même sur les loups, et il défendra qu’on les immole au dieu du néant. Plus tard, ses disciples oublièrent les préceptes du maître…
François Brousse
Zoroastre l’apôtre du soleil, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 8-9
Naissance de Zoroastre
On racontait que sa mère, une jeune fille de quinze ans, prénommée Dogdan, avait été fécondée par un pur rayon de lumière céleste.
À sa naissance, le futur prophète, au lieu de pleurer et de gémir comme les enfants ordinaires, s’épanouit dans un rire de victoire ! Les mages arimaniens se réunirent pour examiner ce phénomène, et leur sombre science reconnut que le nouveau‑né serait le plus redoutable adversaire de leur Dieu. Ils voulurent donc tuer le jeune Zoroastre. Mais quand le chef des mages leva son couteau d’or sur le bébé sans défense, il sentit sa main se sécher comme du bois mort. Un tel miracle n’arrêta pas la détermination des prêtres. Ils jetèrent l’enfant sous le sabot des taureaux sauvages. Mais, avant qu’ils puissent lui causer le moindre dommage, un magnifique taureau surgit, d’une force invincible, qui chassa la harde. Les mages noirs livrèrent alors l’enfant à la férocité des loups. Mais ces derniers allèrent chercher une brebis qui allaita le merveilleux bambin.
Sauvé par les taureaux, sauvé par les loups, Zoroastre, devenu grand, à son tour les sauva également.
François Brousse
Zoroastre l’apôtre du soleil, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 9-10
Zoroastre, 1 000 ans avant notre ère, avait déclaré qu’il renaîtrait sous la forme du fils de la Vierge, précédé par une étoile flamboyante. Ce fut, naturellement, la naissance de Jésus aux environs de l’an 1.
1 000 ans après l’an 1, le même Zoroastre devait renaître sous la forme d’un autre sage, porteur d’un nouveau message. En effet, cette époque a vu s’épanouir, avec une splendeur incomparable, la sagesse albigeoise et cathare qui, 200 ans après, était détruite par la violence de l’Église et la peur des nobles féodaux.
Troisième prédiction de Zoroastre, 1 000 ans après, c’est‑à‑dire vers l’an 2000, le dernier Zoroastre apparaîtra. Il apportera la sagesse suprême, mais il célébrera le dernier sacrifice du feu sur la Terre.
François Brousse
Le Livre des révélations, t. 2, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1992, p. 54
La tentation de Zoroastre
Il existe, dans la vie des initiateurs, un désert terrible, peuplé de visions atroces et lascives, que l’on appelle le désert de la tentation. Toutes les forces enfermées dans l’âme brisent leur porte, et se répandent au dehors avec un bouillonnement farouche. La mer jaillit par‑delà ses rivages.
Freud a distingué dans les profondeurs du psychisme humain deux forces primordiales : l’instinct sexuel et l’instinct de destruction. Ajoutons‑y la poussée métaphysique, l’élan vers l’idéal. Cette troisième force, aussi puissante que les deux autres, peut nourrir des reptiles rongeurs.
De là, normalement, une triple attaque des ténèbres contre l’esprit. La volonté de puissance, fontaine des écrasantes tyrannies. L’attrait sexuel, source d’affaiblissement qui empêche la montée des énergies le long de la colonne vertébrale. Enfin, le doute, qui brise la joie créatrice, et nous jette dans le désespoir devant l’absurdité du monde. Zoroastre, noué aux affres de la solitude, resta dix‑neuf jours sans manger. Quelques gorgées d’eau, à l’aurore, suffisaient à son organisme. Autour de l’ascète roulaient interminablement les sables du désert. Durant le jour, les coups de marteau retentissants du soleil. Mais, la nuit, les étoiles, épanouies en corolles, versaient leur rosée de fraîcheur.
Brusquement, dans le couchant rouge du dix‑neuvième jour, une silhouette énorme se dressa devant le prophète. Le géant, couvert d’armes flamboyantes, allait de l’horizon au zénith, où sa tête dardait des yeux de braise.
Ses bras, croisés puissamment sur sa poitrine, dégageaient une vigueur souveraine. Il regarda, du haut de sa pitié, le pauvre prophète, plus maigre qu’un ibis, et lui dit dédaigneusement : – À quoi te servent ces austérités, malheureux visionnaire ? Au lieu de te consumer dans des rêves inutiles, adore‑moi, et tu seras le maître du monde !
Zoroastre mesura sans peur le colosse énorme penché sur lui comme l’ombre de la mort. Puis, se mettant à rire, il répondit : – Le maître du monde est l’esclave de ses passions Je préfère être libre intérieurement.
Arimane, étonné, regarda cette vermine raisonnante. Mais la vermine ne tremblait pas. Au contraire. Il émanait de l’être squelettique une auréole de force paisible. Le dieu noir reprit la discussion.
– En étant le maître du monde, tu pourras réaliser le règne de la justice sur la Terre.
– Pas en l’adorant, ni en obligeant les autres à t’adorer.
– Tu adores bien ce vieil hypocrite d’Ahoura‑Mazda
– Je l’adore parce qu’il est la Justice et la Vérité. Je te combats, parce que tu es l’Injustice et le Mensonge.
Arimane sentit alors une colère monstrueuse rompre les barrières de son coeur. Il s’écria d’une voix qui fit tressaillir au loin l’immensité du désert, l’immensité des mers et l’immensité des cieux.
– Téméraire ver de terre qui oses m’insulter, tu vas périr ! Je t’écraserai comme un crapaud sous mon talon de fer.
– Si tu en es capable, répondit le prophète, en souriant dans sa barbe.
Arimane, les yeux exorbités, leva son pied colossal qui, pareil à un navire d’ombre, éclipsa les étoiles au‑dessus de Zoroastre. Puis la masse, comme une montagne, s’abattit. Mais l’apôtre du soleil venait de prononcer le nom sacré d’Ahoura‑Mazda… Le membre démoniaque devint diaphane et Zoroastre se trouva brusquement au centre d’un ovoïde de brume. Arimane, transformé en nuage inoffensif, poussa un cri de rage et disparut…
François Brousse
Zoroastre l’apôtre du soleil, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 33-35
Le grand zodiaque des créations
Lorsque Zoroastre, comme un bon constructeur, eût bâti son temple psychique sur l’empire bactrien, quand il eût fait briller partout sur les hauteurs la flamme d’Ahoura‑Mazda, qu’il eût chassé les massacres d’animaux et brandi l’étendard éclatant de la vérité, il voulut se retremper au coeur noueux des solitudes.
Sept jours entiers, il s’enferma dans une caverne, aux flancs des montagnes, dominant un gouffre terrifiant où murmurait une rivière. Le prophète vécut là, sans boire ni manger, sous les haleines de l’infini. Pendant une semaine d’étranges radiations se mirent à jaillir de la montagne, la transformant en une sorte de phare. C’était, effectivement, le phare des nations. Il jetait sur l’ampleur de la planète une splendeur miraculeuse qui se survit encore…
Tous les villages des environs contemplaient avec effarement cette auréole grandiose et les uns croyaient à un orage couronné d’éclairs, les autres à une éruption volcanique. Les âmes intuitives savaient au fond de leur cœur vibrant que la présence d’un prophète expliquait le prodige.
Zoroastre rêvait en regardant l’immensité des cimes qui, pareilles à des vieillards vêtus de robes blanches, se dressaient devant le soleil glorieux ou la lune pâlie. Il entendait souvent le cri des aigles qui volaient autour de sa caverne, le grognement des ours géants qui jouaient dans la neige, et le doux mugissement des vaches au fond des vallées. Une sérénité paradisiaque, telle une sphère de cristal, englobait la méditation du mage. La vie des hauteurs faisait battre dans sa poitrine le rythme de l’extase.
Il entreprit de connaître l’évolution du Cosmos, depuis les temps où il sortit entre les mains brillantes d’Ahoura-Mazda jusqu’aux ères où il rentrera dans l’aurore primordiale. Et le prophète traça puissamment sur les murs de sa caverne un Zodiaque, cette image multiple qui, d’après les Chaldéens, contient les cycles illimités embrassant le double abîme du Temps et de l’Espace. Le Zodiaque étale douze constellations, douze le nombre sacré par excellence ! Il représente, sur le plan métaphysique, l’Homme qui, par le sacrifice, obtient la dignité divine. Le grand Zodiaque comprend en réalité douze milliards d’années et mesure la vie entière d’un système solaire, avec les douze planètes principales tournant autour de l’astre central. Chaque signe zodiacal se rapporte à une planète spéciale, qu’il empreint de ses radiations. La terre se meut dans le signe du Cancer, où elle trouve une abondance d’eaux, de révolutions et de vierges‑mères. […]
Chaque Zodiaque aux douze milliards d’années se décompose en périodes dix fois moindres, contenues comme les rouages dans une montre, jusqu’au cycle de douze mille ans, dont parle Zoroastre. Mais le prophète mêle à son cycle de larges azurs métaphysiques. Il devient le symbole du Temps lui‑même, avec ses respirations démesurées.
L’année zoroastrienne de douze mille ans se répand sur quatre saisons de trois mille ans chacune. Grande tentation d’assimiler ces quatre saisons à celles de l’année humaine, printemps, été, automne, hiver
En effet, elles s’y moulent assez bien. Et c’est l’idée essentielle des vieilles cosmogonies, que l’initié Zoroastre connaissait admirablement.
François Brousse
Zoroastre l’apôtre du soleil, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 39-41
Zoroastre pensait que le Temps‑sans‑Bornes, la première des divinités, avait produit deux formes d’elle‑même : l’éblouissant Ormuzd, maître de la lumière et de l’âme, et le morne Arimane, maître de l’ombre et des corps matériels.
La création est un combat perpétuel des deux principes divins. Dans le monde physique, ils se disputent l’empire de l’espace par le cycle sans fin de l’aurore et de la nuit.
François Brousse
Dans la Lumière ésotérique, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1999, p. 47
Immortels bienfaisants adorables et âmes éternelles
Au printemps du monde, Ahoura‑Mazda, la Lumière omnisciente, agit seul. Il crée la nature céleste, les sphères pures, les formes parfaites. Jaillissent d’abord de ce soleil spirituel, comme autant de rayons, les Amesha‑Spenta, les Immortels Bienfaisants qui sont plutôt des visages que des créatures de Dieu. […]
Les Immortels Bienfaisants ne sont que les vagues impérissables de l’océan infini. D’une splendeur prodigieuse, ils remplissent l’aurore des créations. Leurs noms sacrés brandissent les qualités de l’Être sublime : la Bonté, la Justice, le Pouvoir, la Haute pensée, la Perfection et l’Immortalité ! […]
Zoroastre, comme tous les initiés, savait que l’unité de Dieu se partage en perfections. Chaque Perfection forme comme une entité distincte, capable de vivre individuellement, et cependant rattachée à l’ensemble. C’est la première fissure au sein de l’Indestructible. Cette fissure s’élargira terriblement. Les Perfections à leur tour vont engendrer des reflets vivants d’elles‑mêmes, reflets imparfaits, sans quoi, la perfection se confondant avec la perfection, rien n’existerait. Mais ces imparfaits, directement sortis des Parfaits, possèdent l’infaillibilité. Ils ne peuvent choir dans le mal. Toutefois, débordant de forces ils vont enfanter les Faillibles, doués de ce prodigieux et redoutable pouvoir : le libre arbitre ! Et les Faillibles tomberont ! Pas tous cependant. À côté des mondes matériels, planètes châtiées, existent les mondes psychiques, planètes paradisiaques. Un nombre illimité de paradis se superpose à un nombre illimité d’enfers.
Le soleil spirituel, à force de se réfléchir de miroir en miroir, finit par se transformer en soleil des ténèbres. C’est tout le secret du monde, qui sort de la lumière et remonte vers la lumière, après un nadir d’obscurité. Dans le Faillible déchu, la liberté humaine reflète la toute‑puissance divine.
L’apôtre du soleil connaissait probablement ces arcanes, du moins une partie.
Après le premier reflet, les Amesha‑Spanta, les Immortels Bienfaisants, viennent, deuxième reflet, les Yazata, les Adorables. Combien sont-ils ?
Vingt‑quatre, dit Plutarque, trente‑trois disent les traditions avestiques. Mais ils sont légion et remplissent le ciel. Parmi les Adorables resplendissent – étoiles de première grandeur – Sraosha, Atar, Ashi, Anahita et Mithra le Médiateur, le pont intelligent entre l’homme et l’éternité.
À côté des Immortels Bienfaisants et Adorables, surgissent dans leur incroyable majesté les Férouers ou Fravartis, les Âmes Éternelles. Troisième face de la grande pyramide merveilleuse construite par l’Omniscient dans les millénaires de l’abîme céleste.
François Brousse
Zoroastre l’apôtre du soleil, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 43-45
L’âme éternelle
Zoroastre, élève du yoghisme hindou, donne à tous les êtres une âme éternelle, une Fravarti. Ce surmoi constitue l’essence réelle des êtres et fait qu’ils existent. Ainsi Zoroastre se rapproche de Platon, dont il apparaît le géant précurseur. Notre mission, disent les philosophes occultistes, est de célébrer les épousailles du moi humain et du surmoi divin.
Elles mettront fin à l’errance pénible des consciences qui cheminent dans les ténèbres des planètes et des formes. Zoroastre n’a pas cru devoir révéler aux peuples actifs de l’Iran les augustes vérités de la Transmigration. Mais il proclame vigoureusement l’existence du Surmoi, l’union ultime de l’homme et de sa Fravarti.
Les âmes des morts, bonnes ou mauvaises, passent dans le chemin créé avant le monde. Seuls, les justes peuvent franchir victorieusement le pont du Chinvant, le pont du Rétributeur. Ils se trouvent alors aux confins de la troisième nuit, quand se lève l’aurore, dans un lieu plein de fleurs, où le vent odorant enivre leur pensée… L’âme juste voit venir vers elle sa propre Essence, sous la forme d’une jeune fille au visage resplendissant, et plus belle que la plus belle des créatures. Le mort émerveillé demande ; – Qui es‑tu, ô toi la plus ravissante des vierges ? Et la forme au visage de lumière répond :
– Ô juste de bonne pensée, de bonne parole, de bonne action, toi qui m’as aimée du fond de ton coeur, je suis ta divine essence, je suis ton Moi éternel !
L’illuminatrice transporte l’âme juste par‑delà la montagne sacrée devant les Immortels Bienfaisants. Le gardien du ciel s’écrie : – Comment es‑tu venue vers nous, âme pure, de ce monde de la mort dans cette région immortelle ?
Et l’âme heureuse va s’asseoir sur un trône d’or, parmi les êtres saints, dans le soleil, à côté d’Ahoura‑Mazda. Et la joie du Sauvé se déroule sans fin comme un océan de béatitude…
Ainsi Zoroastre, dans sa caverne débordante de forces triomphales, voyait devant son œil intérieur s’ouvrir le livre de Dieu.
François Brousse
Zoroastre l’apôtre du soleil, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 46-47
Le mal ou le doute de Dieu
Ahoura‑Mazda, malgré les Immortels Bienfaisants, les Adorables et les Ames éternelles, conçut en son être impénétrable une pensée de doute. Cette pensée prit forme, sortit de l’Ineffable comme la nuit sort du jour, et devint l’adversaire : le colossal Arimane. Il commença par créer six Démons, pour s’opposer aux six Immortels Bienfaisants. Et la guerre cosmique commença, cette guerre qui remplit les hauteurs et les profondeurs, pour ne finir qu’avec la vie des mondes.
La guerre s’ouvrit par l’assaut général d’Arimane, soutenu par les six grands Démons, et les innombrables petits, contre les remparts de lumière qui encerclaient le Paradis.
Devant le flux terrifiant des Ténèbres, les remparts se rompirent, et la horde furieuse s’engouffra dans le royaume d’Ahoura‑Mazda. Mais l’invincible Dieu, à la tête des Bienfaisants Immortels, des Adorables et des Âmes Éternelles, repoussa l’invasion. Arimane lui‑même, vaincu, fut lié pour un temps sur la montagne d’ombres.
Ahoura‑Mazda, explosant d’exaltation, se mit à créer l’univers matériel, véritable épanouissement de la puissance divine, comme le poème est la fleur spirituelle du Génie. D’abord le Dieu Tout‑Puissant donna la forme d’une sphère, d’un oeil cosmique, à la possibilité universelle. Puis dans la beauté pure du Globe primordial, il enfanta l’année des étoiles, scintillantes de gloire… Alors l’esprit du mal, Arimane, que les magiciens noirs appellent Angryamanous, s’empressa de forger les planètes, ces enfers errant au milieu des paradis. Ahoura‑Mazda, rêvant la perfection et la splendeur, créa le feu éblouissant, la plus éclatante des vertus. Mais Arimane attacha au feu, la chevelure hideuse des fumées qui se traînent sur terre et ternissent le ciel. Pugilat gigantesque ! À chaque gerbe de bien répondait une gerbe de mal ; à chaque coup du ceste blanc, un coup de ceste noir !
Restait maintenant à peupler la terre, à lâcher le grouillement des vivants sur le vide théâtre des rochers et des ondes. Ahoura‑Mazda condensa un Taureau énorme qui contenait en soi la vie illimitée. Ce Taureau, mystère que Zoroastre révéla aux seuls initiés, était une forme nouvelle de Mithra, le Sauveur éternel, l’émanation sublime de l’Omniscient. Et Mithra‑dieu, par un sacrifice librement consenti, tua Mithra‑taureau sous un couteau de flamme. Le sang riche de la victime coula sur le sol, et de son bouillonnement naquirent les animaux utiles.
De nouveau, Arimane, jusque là stupéfié par la gloire de Mithra solaire, entra dans la lutte. À chaque animal utile s’opposa un animal nuisible. […] Des plaies du Taureau ruisselaient toujours les graines amies, d’où jailliront les bonnes plantes. À cette cascade bienfaisante, Arimane envoya la ruée des graines empoisonnées, d’où monteront les plantes vénéneuses, gonflées de mort et de maladies. Mais, victoire suprême, de la colonne vertébrale du Taureau naquit le blé. Le sang du Taureau dans un dernier bouillonnement créa le vin. Le blé, le vin, repas transfigurateur des mystères !
Restait l’Homme, la tête pensante et parlante de la vie…
François Brousse
Zoroastre l’apôtre du soleil, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 49-51
L’épopée de l’homme primitif
Quand les plantes et les animaux, nobles ou malfaisants, furent créés, il manquait à l’harmonie du monde sa couronne : l’homme. D’après l’enseignement ésotérique de Zoroastre, le Taureau primordial jeta par son épaule droite le premier homme : Gayomart, à la fois mâle et femelle. Par son épaule gauche le Taureau laissa échapper son âme, principe vital de tous les animaux, qui se meuvent dans sa mystérieuse énergie. Tandis que l’âme vitale imprégnait les respirants, Gayomart, beau comme l’aurore, s’épanouissait dans l’émerveillement des êtres.
Arimane, jaloux de cette forme souveraine, voulut lui aussi créer un homme pour l’opposer à Gayomart. Seulement, la puissance mauvaise manqua d’amplitude et ne put créer que le singe, caricature de l’homme. Alors, le grand adversaire, furieux, essaya de pervertir l’Androgyne, de glisser dans son esprit des pensées de destruction. Vainement ! Gayomart, tel un bloc de pureté, repoussa la tentation. Pour le récompenser, Mithra lui envoya, sur l’ordre de l’Omniscient, l’auréole solaire, marque irrécusable des prophètes, qui revêt aussi l’apparence d’un oiseau resplendissant. Devant l’auréole‑oiseau qui planait sur la tête de l’Hermaphrodite victorieux, la rage saisit le dieu du mal. Il créa, dans son délire, le serpent géant à trois têtes dont les plis empoisonnés enlacent toute la création. Et le serpent géant, excité par la pensée d’Arimane, dévora comme une flamme noire, Gayomart, le trop pur…
Quand Gayomart ferma les yeux, les firmaments crièrent de désespoir ; mais de son sperme immortel jaillit une plante bisexuelle, qui, se métamorphosant comme un insecte, finit par engendrer Meschia et Meschiani, le premier couple humain, appelé encore Yama et Yami d’où devaient naître par un terrible péché, toutes les races. Cependant, quand surgirent Yama et Yami, l’auréole solaire les enveloppa de sa gloire. Yami, d’ailleurs, n’était que la Fravarti, l’Essence divine de Yarna. Il devait aimer platoniquement sa compagne incorruptible. Il l’aima platoniquement pendant des siècles, et ce fut l’âge d’or sur la terre, pendant qu’Arimane se terrait, avec le serpent à trois têtes, dans sa caverne. Des amours spirituelles de Yama et de Yami se formèrent les hommes primitifs, les Justes au corps de rayons. D’après l’Avesta, dans le royaume de Yama, nommé le paradis, le jardin ineffable, il n’y avait ni querelle, ni récrimination, ni hostilité, ni pauvreté, ni fourberie, ni taille infime, ni taille courbée, ni dents démesurées, ni corps difformes, ni aucun des stigmates imprimés par Arimane sur la chair des mortels. Une année ne durait qu’un jour dans ce lieu merveilleux, et tous les quarante ans, de chaque couple naissait un couple, et les hommes jouissaient d’une félicité parfaite…
Dans l’Inde, Yama, le premier homme et le maître du ciel où vivent les âmes bienheureuses, a servi de prototype au Yama zoroastrien. Mais l’apôtre du soleil connaissait aussi les Yamas hindouistes, les dix règles d’or de l’homme devant l’univers tangible.
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- Ahimsa : Ne faire souffrir aucun être vivant.
- Satya : Ne jamais mentir.
- Asteya : L’indifférence aux possessions.
- Brahmacharya : La chasteté.
- Dhaya : La bienveillance s’étendant sur l’univers entier, y compris les démons.
- Ardj aya : La maîtrise de soi.
- Kshma : La patience illimitée.
- Dhriti : Le contrôle de la pensée.
- Mitahara : La tempérance.
- Saucham : La purification du corps, de l’âme et de l’esprit.
Les dix Yamas prescrivaient le végétarisme absolu. Mais Zoroastre, devant régenter une race combative, n’osa pas lui ordonner l’alimentation pure. Sans doute, la grande masse n’aurait pas compris cette transfiguration de la vie humaine. Aussi, le prophète, lié par le temps et l’espace, procéda lentement mais sûrement, par étapes, laissant aux futurs missionnaires le soin d’achever la tour morale dont il posait les fondements. Il commença par supprimer les sacrifices d’animaux, et arrêta les torrents de sang que l’on versait en l’honneur des Dieux terribles. La même réforme splendide se retrouve dans l’œuvre du Chinois Fo‑Hi, qui remplaça les chiens immolés par des chiens mannequins, livrés aux flammes. L’harmonieuse Hellénie contempla la même mutation sous l’influence de Pythagore, qui offrit aux Olympiens, non des hécatombes vivantes, mais des figurines de pain. Et le christianisme supprima les boucheries juives pour leur substituer l’hostie. Le symbole de Zoroastre était plus beau encore, puisqu’il donnait à Dieu comme image le feu magnifique, aux millions de formes et de couleurs.
François Brousse
Zoroastre l’apôtre du soleil, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 55-57
Meurtres rituels et nourriture carnée…
Yama commit une faute primordiale qui se divisa en deux étapes : l’union chamelle avec sa Fravarti, et l’introduction des sacrifices impurs. Aimer sexuellement son âme supérieure, constitue en réalité une méthode admirable de tantrisme. Elle s’enveloppe pourtant d’une brume de périls : folie ou déchaînement passionnel. La démence et le déséquilibre affectif tournoyèrent donc sur la première race. Une barrière la préservait encore des totales déchéances, la barrière des frères inférieurs. L’homme et l’animal vivaient dans une fraternité heureuse. L’homme voyait dans les animaux comme des membres indépendants qui agrandissaient démesurément son corps, et l’aidaient à gouverner les choses.
Sous l’influence des forces mauvaise, des Dieux noirs, amis d’Arimane, Yama commit l’énorme erreur de tuer les bœufs pour les offrir en holocauste à l’Omniscient. Puis, le sanglant sacrificateur distribua au peuple les morceaux des victimes. Ainsi deux abominations s’introduisirent dans l’humanité, jusqu’alors innocente : les meurtres rituels et la nourriture carnée… Roulant sur ses gonds avec un bruit de tonnerre, la porte des chutes morales s’ouvrit dans l’abîme. Les douleurs, les maladies, la mort s’abattirent, comme autant de vautours, sur les humains frissonnants.
L’auréole solaire, gloire visible de Yama, quitta sa tête coupable, et, sous la forme d’un oiseau, se réfugia dans les hauteurs métaphysiques du ciel, en attendant un Sauveur.
Des affreuses amours qui unissaient physiquement Yama et sa Fravarti naquirent de nouveaux humains, tandis que s’effaçait la première race… Nous sommes les fruits du crime principal, qui marqua toute la création.
Yama s’enfonça plus avant dans l’erreur et, après avoir créé les hommes imparfaits, il épousa un démon femelle d’où jaillirent en tourbillons sombres ces êtres d’invisible feu que les Arabes, plus tard, nommèrent les Djinns. Les hommes se mirent à vénérer les Djinns, à leur dresser des autels, à égorger en leur honneur des victimes animales. Par une pente fatale, l’ignoble offrande, d’abord dédiée à la Lumière infinie, coula vers les Démons. Et l’humanité, de déchéance en déchéance, atteignit le fond du gouffre.
Des purifications cosmiques s’imposaient, et le Déluge, comme un titan noir, érigea sa tête monstrueuse sur les peuples. Mais Ahoura‑Mazda, plein de pitié, avait averti Yama qui construisit une arche immense et solide, où il enferma un couple de tous les animaux terrestres. Puis il monta sur le navire sauveur, environné des quelques justes qui restaient sur le monde. Quand les élus foulèrent le sol de planches, les flots géants se ruèrent à travers les peuples, escaladèrent les montagnes, noyèrent les forêts, démembrèrent les villes et tissèrent un linceul glauque d’un bout à l’autre de l’univers. Sur ce linceul morne flottait, dans les tempêtes l’arche de vie. Mais le soleil rouge qui se coucha sur l’océan sans plages emmenait avec lui dans l’abîme le souvenir de l’Age d’Or…
Puis quand les eaux colossales se retirèrent, les humains se remirent à pulluler.
Mille ans après la catastrophe, Zoroastre s’incarna sur la terre, et son incarnation marqua le premier triomphe décisif de la lumière. Ainsi songeait Zoroastre dans sa caverne près des étoiles, tandis qu’un serpent sauvage passait, en modulant un doux sifflement sans crainte, non loin du solitaire.
François Brousse
Zoroastre l’apôtre du soleil, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 57-59
La mission de Zoroastre
Le prophète se remémorait, avec une joie enivrante, les signes extraordinaires qui couronnèrent sa mission.
D’abord, ce fut, dans une autre montagne, la descente de l’oiseau solaire, le même oiseau de feu qui avait déserté Yama, et qui attendait, dans les cieux métaphysiques, l’incarnation terrestre d’un nouvel Initiateur. Sur le front de Zoroastre, il se posa, l’oiseau solaire, tout rayonnant du frisson de l’éternel, et devint la haute auréole des mages, cependant que l’Élu sentait pénétrer dans son coeur la pointe des foudres mystiques. Une force surhumaine gronda dans sa poitrine comme un vin écumant. Le grand cri zoroastrien de souffrance et de joie retentit à travers les roches colossales, chassant toute une nuée de vautours. Et le Maître comprit que l’auréole, maintenant invisible, était devenue sa chair et son sang. La mort seule pourrait dissocier l’humain de la lumière…
Un deuxième souvenir monta dans la tête vibrante, comme une autre poussée de fièvre, et fit trembler la colonne vertébrale du prophète. Devant la souffrance humaine qui criait vers lui comme une mer infinie de lamentations, le jeune envoyé se leva dans un geste de titan salvateur. Il hurla à pleins poumons sur les montagnes ! Ce fut une explosion de défi et d’espérance :
– Ô Toi, le sombre Dieu du mal, le monstre des ténèbres, ô maître des tempêtes infernales, écoute‑moi.
Je ne courberai pas mon front devant ta face d’épouvante. Le Dieu de la lumière et de la vérité, l’Éternel Ahoura‑Mazda, surveille mes batailles. Sa force invincible me donnera la victoire !
Voici. Je vais m’élancer à travers le monde, pour instruire les peuples malheureux ! Je les arracherai à leur aveuglement, à leur folie, à leurs douleurs, à ces dieux de superstition et de mensonge, qui volent autour de l’atroce Arimane ! Je ferai connaître aux hommes la lutte prodigieuse qui se livre entre le principe de mort et le principe de vie, et je clamerai partout, d’un pôle à l’autre pôle, le triomphe inévitable de la sagesse resplendissante, du Dieu Omniscient dont le soleil est le visage !
François Brousse
Zoroastre l’apôtre du soleil, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 61-62
La fin des temps
Une autre prédiction jetée par Zoroastre proclame la mort du Serpent à Trois Têtes, ce monstre hideux qui dévora Gayomart, le premier homme. La fin du monde devra recommencer à l’envers la naissance des choses. Gayomart ressuscité sous le nom de Feridûn, détruira le monstrueux reptile. Et la victoire de Gayomart, à la fois sur la mort et le mal, préfigurera la victoire des justes. Ils ressusciteront glorieusement pour la béatitude. Mais, les méchants, que deviendront‑ils ?
Ici, le mazdéisme se montre très supérieur au christianisme. Ce dernier, en effet, sous l’angle catholique ou protestant, condamne les méchants aux souffrances éternelles. Thèse proprement monstrueuse, qui châtie des actes limités par des peines illimitées. Les récentes églises chrétiennes, Témoins de Jéhovah et adventistes, ont bien senti l’horreur d’une pareille solution. Aussi condamnent-elles les méchants à la mort totale, à l’anéantissement. Ils sont, ils ne seront plus. Et la Création, libre de toute impureté, reviendra aux splendeurs premières. Cette théorie semble incomparablement supérieure à la damnation orthodoxe, qui fait de Dieu l’implacable bourreau de l’éternité.
Cependant, le zoroastrisme, avec sa soif de lumière, monte plus haut encore. La régénération parfaite du monde implique, non la mort des méchants, mais leur purification. À la fin des temps, les mauvais, extraits de l’enfer, seront lavés par un flot de feu. Et leur âme, nettoyée dans ce bain transfigurateur, retrouvera le ravissement de l’innocence. Les méchants, redevenus justes, se joindront au concert exalté qui chantera devant la face de la Beauté omnisciente.
Et Arimane, le doute vivant sorti de la Pensée infinie ? De rares textes contradictoires ne permettent pas de saisir toute la doctrine de Zoroastre à ce sujet. Mais la tradition mazdéenne, secrète, nous transmet le profond message de l’Apôtre. Le roi des ténèbres, immortel en son principe, subira lui aussi les purifications flamboyantes. Il connaîtra la mort par la souffrance et la résurrection par l’extase. Ce doute, qui fait l’essence même de son être, deviendra l’Intelligence, image de Dieu.
Après sa transfiguration, Arimane, devenu l’archange intellectuel par excellence, dominera les myriades innombrables d’esprits qui œuvrent par les mondes et paraîtra comme collaborateur du Maître suprême. Autant il a été abaissé au‑dessous des Adorables, autant il sera élevé au-dessus d’eux. Ainsi, l’univers pourra réaliser la perfection totale, et ne laissera pas derrière lui ce boulet affreux d’un archange voué aux éternelles douleurs. Pas la moindre souillure dans la dispensation finale…
Quand le météore géant heurtera la Terre, une énorme conflagration s’étendra sur les montagnes, sur les plaines et sur les océans. Dans la fournaise universelle, les âmes des méchants seront lavées par la souffrance, les âmes des bons resplendiront comme des étincelles de joie. Les morts se relèveront, dans une résurrection glorieuse, qui leur donnera une forme nouvelle, incorruptible. […]
Dans le monde rénové, le peuple lumineux des justes et des purifiés goûtera une existence heureuse pour l’éternité. Une béatitude ravissante baignera leurs fibres, pareilles aux cordes d’une harpe éolienne. Le bonheur, fantôme insaisissable sur la terre des hommes, habitera pour toujours sur la terre de l’Omniscient. Le Paradis primitif revivra, sans fin, dans le Paradis ultime.
François Brousse
Zoroastre l’apôtre du soleil, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 73-75
Initiation mithraïque
Au‑dessus des nuées grouillantes de visages terribles, le prophète fit de Métyomah le premier pontife de l’initiation secrète, l’initiation mithraïque. Elle se transmit à travers les siècles comme se propage un parfum à travers les rues de la cité. La pensée de Zoroastre subsiste encore dans l’enveloppe diaprée des rites, diamant dans sa poche de velours.
Métyomah, soumis à un jeûne préalable d’une semaine, eut les yeux bandés et les mains liées par son Maître. Dans cet appareil, le néophyte traversa un torrent clair comme le ciel, rapide comme l’idée, dont l’écume le recouvrit totalement. Sur la berge, le libérateur le débarrassa de ses liens et de son bandeau, puis l’embrassa tout en disant : – Tu viens de traverser les flots de la mort et de la vie !
Métyomah consacra la nuit à méditer sur le sens profond de cet acte. Il symbolise essentiellement le passage des âmes sur les mondes matériels, où leurs yeux ne voient qu’ignorance, où les mains se tordent dans la faiblesse. Heureusement, l’arrivée d’un mage révèle la vérité divine, et donne la puissance universelle. Le Délivré quitte la sphère du temps, de l’espace, des réincarnations, pour contempler le soleil parfait.
Par la suite, le baptême du torrent fut remplacé par l’égorgement d’un taureau, sur une claie, au‑dessus du néophyte baigné de sang. Mais Zoroastre, lui, n’avait employé que l’eau pure des montagnes, dynamisée par sa présence. Le remplacement de l’eau par le sang marqua la dégénérescence du Mithriacisme. Ainsi, les forces noires se mêlent toujours aux forces blanches, dans une alternance qui rythme la marche des instincts animaux, des intelligences humaines, des atomes et des galaxies.
Après le baptême du torrent, un escalier septenaire déroulait ses marches d’initiations qui montaient lentement vers le point suprême. Le néophyte devenait successivement Corbeau, Silencieux, Guerrier, Lion, Bactrien, Coureur du Soleil, et, degré ultime, Père. Cette hiérarchie énigmatique se conserva, mais Silencieux devint Occulte, et, quand l’empire de Cyrus domina la terre, Perse remplaça Bactrien.
François Brousse
Zoroastre l’apôtre du soleil, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 93-94
Zoroastre n’est pas un nom, mais un grand titre initiatique. Zoroastre signifie le grand bien‑aimé du Soleil. Il y eut quatorze Zoroastre, dont le premier interdit le culte des étoiles, et le dernier initia Pythagore.
François Brousse
Zoroastre l’apôtre du soleil, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 108
Le champ des âmes
Er, le Pamphyllien, dont parle Platon, n’est que le masque de Zoroastre.
Le grand prophète, pendant ses dix jours de mort apparente, visita le champ des âmes, avec ses quatre chemins, deux vers le ciel, deux vers la terre. Le contemplateur observa le châtiment des tyrans, enfermés dans l’abîme, écorchés, cardés sur des genêts épineux, précipités dans des fleuves flamboyants. Zoroastre vit encore la colonne de lumière multicolore, axe des sphères célestes, et il entendit l’harmonie sublime qui s’exhale de leur danse. Il admira le tourbillonnement des âmes qui, avant de s’incarner sur la terre, s’emparent des tablettes de vie exposées sur les genoux de la Moire. Quand les âmes tombent comme des étoiles filantes, une voix les avertit : – Immortelles, vous avez choisi vous‑mêmes votre propre destinée ! N’en rendez pas les dieux responsables !
François Brousse
Zoroastre l’apôtre du soleil, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 110
La respiration mithraïque
Au‑dessus de la tête, imaginez une grande sphère d’or au coeur violet. Puis, tout en maintenant cette image par la force de la pensée, vous respirez selon un rythme binaire.
Pendant l’aspir, vous visualisez un rayon de lumière où vibrent ces mots : Mithra, Zoroastre, Ahoura‑Mazda. Ce rayon chantant traverse le cœur violet de la sphère d’or.
Puis vous expirez le souffle et le rayon retraverse, en sens opposé, le centre violet, faisant vibrer intensément ces trois noms magiques.
Sept fois un aller‑retour du rayon à triple puissance, et vous avez la respiration mithraïque. Le discernement spirituel peut en sortir.
François Brousse
La Trinosophie de l’étoile Polaire, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1990, p. 220
Les Messagers de l’éternité
Nous ne sommes pas un corps‑âme, un monstre hybride, nous sommes une âme enfermée dans un corps, un prisonnier. En prenant conscience de notre prison, nous pourrons en sortir. Nous connaîtrons alors le soleil de la liberté, Jérusalem céleste, Nirvâna, Ciel idéal. Tombent les chaînes de nos incarnations, et les murailles de notre bagne !
C’est pour nous apporter la clef de notre geôle que sont venus les Messagers de l’éternité, Rama, Krishna, Hermès, Zoroastre, Bouddha, Jésus, Manès, Nanak, Hugo, Gandhi, d’autres encore.
François Brousse
La Trinosophie de l’étoile Polaire, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1990, p. 306
COURONNE
Jésus‑Christ, Zoroastre, Orphée
Sont une couronne d’aurore,
Un feu zénithal vous colore,
Jésus‑Christ, Zoroastre, Orphée.
Au son des harpes étouffées,
La fleur des soleils veut éclore.
Son parfum de gloire dévore
Les âmes d’un rayon coiffées.
Élevons d’éternels trophées
Vers celui que le rêve implore.
Jésus‑Christ, Zoroastre, Orphée
Ouvrent les temples de l’aurore.
21 décembre 1989
François Brousse
La Rosée des constellations, Clamart, Éd. la Licorne Ailée, 1991, p. 188