Zoroastre l’apôtre du soleil

Perpignan, Imp. Labau, 1972

Présentation

En hiver 1972, une nouvelle édition est consacrée à Zoroastre l’Apôtre du Soleil. Ce personnage qu’il place parmi les guides de l’humanité, naît en riant et choisit sa mort dans l’apothéose de la foudre, au sommet d’une tour à sept étages. Pour la première fois, Brousse fait office de biographe : on voit Zoroastre à l’enfance tourmentée partir s’abreuver aux connaissances éternelles de l’Inde. À son retour, il convainc, à coups de miracles, le roi de Perse Vishtaspe de tourner son regard vers Ahoura-Mazda, la lumière omnisciente, et d’abandonner les sacrifices sanglants des animaux.

Comme tous les missionnés, il traverse la triple épreuve du pouvoir, de la volupté et du doute avant d’appréhender l’Être suprême dans des hauteurs ineffables. Sa fonction de conseiller du roi ne l’empêche pas d’aider Métyomah, son cousin et disciple, à parcourir les sept étapes jusqu’à la sublime expérience :

La grande intuition métaphysique, dont les ailes couvrent le temps pétrifié dans l’éternel, et la liberté créatrice, en dehors de toutes lois, s’abattit brusquement sur Métyomah le fidèle, avec la pesanteur du ciel des cieux ! Il se fondit en l’infini, comme une goutte de rosée qui retombe dans l’océan. L’homme devint totalement Dieu. Il était le point primordial, sans dimensions, d’où explosent toutes les dimensions. Il était la vie illimitée, le tourbillonnement des galaxies, les cris de l’amante délaissée, la soif du désert, la tendresse de l’enfant, l’orgueil des mers grandioses. Et il était la source intarissable de cette vie sans bornes. Il était, dans l’éclatement d’un titre inouï, le Père ! Père des milliards de soleils et des multitudes effarées qui se nomment les âmes… L’illumination ne dura qu’un fragment de seconde car, prolongée, elle eut brisé le frêle organisme humain. (Zoroastre l’Apôtre du Soleil, 1989, p. 98-99)

Jean-Pierre Wenger
François Brousse l’Enlumineur des mondes, 2005, p.  352

 

Présentation

En hiver 1972, une nouvelle édition est consacrée à Zoroastre l’Apôtre du Soleil. Ce personnage qu’il place parmi les guides de l’humanité, naît en riant et choisit sa mort dans l’apothéose de la foudre, au sommet d’une tour à sept étages. Pour la première fois, Brousse fait office de biographe : on voit Zoroastre à l’enfance tourmentée partir s’abreuver aux connaissances éternelles de l’Inde. À son retour, il convainc, à coups de miracles, le roi de

Perse Vishtaspe de tourner son regard vers Ahoura-Mazda, la lumière omnisciente, et d’abandonner les sacrifices sanglants des animaux.

Comme tous les missionnés, il traverse la triple épreuve du pouvoir, de la volupté et du doute avant d’appréhender l’Être suprême dans des hauteurs ineffables. Sa fonction de conseiller du roi ne l’empêche pas d’aider Métyomah, son cousin et disciple, à parcourir les sept étapes jusqu’à la sublime expérience :

La grande intuition métaphysique, dont les ailes couvrent le temps pétrifié dans l’éternel, et la liberté créatrice, en dehors de toutes lois, s’abattit brusquement sur Métyomah le fidèle, avec la pesanteur du ciel des cieux ! Il se fondit en l’infini, comme une goutte de rosée qui retombe dans l’océan. L’homme devint totalement Dieu. Il était le point primordial, sans dimensions, d’où explosent toutes les dimensions. Il était la vie illimitée, le tourbillonnement des galaxies, les cris de l’amante délaissée, la soif du désert, la tendresse de l’enfant, l’orgueil des mers grandioses. Et il était la source intarissable de cette vie sans bornes. Il était, dans l’éclatement d’un titre inouï, le Père ! Père des milliards de soleils et des multitudes effarées qui se nomment les âmes… L’illumination ne dura qu’un fragment de seconde car, prolongée, elle eut brisé le frêle organisme humain. (Zoroastre l’Apôtre du Soleil, 1989, p. 98-99)

Jean-Pierre Wenger
François Brousse l’Enlumineur des mondes, 2005, p.  352

 

Article de presse

ZOROASTRE, L’APÔTRE DU SOLEIL – UN LIVRE DE FRANÇOIS BROUSSE

L’Indépendant, Perpignan, 27 mai 1972

 

Ce livre de cent pages est d’une condensation prodigieuse. Les idées grouillent en lui comme les oiseaux dans une forêt vierge. François Brousse a réussi le visage éternel d’un chef-d’œuvre, couvrant philosophie, poésie, histoire, toute l’ampleur de la pensée humaine.

 

Suite de l’article

Cet auteur, inconnu d’aujourd’hui, grand flambeau de demain, nous apporte un nouveau message, écrit dans une langue aux scintillements d’étoiles et de météores. On pourrait l’intituler : Zoroastre contre Zarathoustra.

Aux trois idées-forces du génial Nietzsche s’opposent les trois idées-forces de François Brousse, comme à l’armée des démons s’oppose la phalange des dieux. Pour Zarathoustra, le monde est soulevé par une aveugle volonté de puissance, qui suscite la lutte pour la vie, la sélection naturelle et l’écrasement des faibles. Pour Zoroastre, un élan de perfection emporte les êtres, depuis l’amibe jusqu’à l’homme, dans un progrès irrésistible vers plus d’intelligence, de liberté, de sens esthétique et d’amour. Cet élan, qui s’étend sur trois milliards d’années, de l’aube de la vie aux civilisations actuelles, paraît plus cohérent et plus grandiose qu’une aveugle volonté de puissance.

Il nous amène au surhomme brousssien, antithèse du surhomme nietzschéen. L’homme doit être dépassé, mais en s’accomplissant. La chenille doit devenir papillon. Elle ne pourra le faire qu’en développant un nouvel état d’âme, une nouvelle dimension de l’esprit, unifiant dans une formidable synthèse la sagesse, la volonté, le sens esthétique et l’amour. Ces éléments font partie de la nature humaine ; ils sont le trépied sur lequel flamboiera le feu surhumain. Au contraire, Nietzsche nous ramène à l’animal, en remplaçant l’amour, la pitié, la fraternité universelle par un courage impitoyable. Ce n’est qu’une régression insensée vers le tigre ou le python.

Et le troisième aspect de la pensée broussienne touche à l’éternel retour. Pour Nietzsche, les éléments matériels recommencent perpétuellement le même cycle. De l’éternité passée à l’éternité à venir, se répètent inexorablement les mêmes existences. Toujours Jésus reviendra pour se faire crucifier et Nietzsche pour écrire Ainsi parlait Zarathoustra. Vision pessimiste, que rien ne justifie.

Le poète des Pèlerins de la Nuit dresse contre cette conception atroce la théorie de la spirale : les cycles reviennent, mais l’univers est composé d’une droite imprévisible autour de laquelle se déroulent les sinusoïdes. On semble revenir en arrière, mais sur un plan plus haut. Et la spirale cosmique finira par déboucher dans la perfection divine. La vie est d’abord plante, ensuite poisson, après amphibien, puis reptile, oiseau, mammifère, homme. Mais le progrès du passé nous autorise à postuler un progrès futur, surhumain et divin.

Tel est ce livre étrange, Zoroastre, l’apôtre du Soleil, où le foisonnement des légendes multicolores et l’éclat vertigineux de la forme – elle rappelle le lyrisme des grands poèmes de l’Inde – servent de support à une pensée aussi subtile que la musique de César Franck et le mysticisme de Plotin…

Aryane Lecomte

 L’Indépendant, Perpignan, 27 mai 1972

Note : Cet ouvrage, contrairement à ce qu’indique l’article de presse, n’a pas été édité par la revue Sources vives.