L’Angélus des rêves

Paris, 1ère éd., Saint-Germain-des-Prés, 1978

Mon âme, vers l’Ailleurs, dérive doucement ;
Elle boit le nectar des amours immortelles…

François Brousse, L’Angélus des rêves

Avertissement
Matérialisme, scientisme, réalisme, ces monstres mornes menacent de leur masse l’humanité. Ils ont accumulé sur la Terre, depuis un siècle, plus de calamités que toutes les religions précédentes. La mort de Dieu, comme le prophétisait Nietzsche, a ouvert la porte des cataclysmes majeurs. Seulement, Dieu est éternel. Son image religieuse et superstitieuse peut mourir. Son essence ineffable subsiste dans l’infinie lumière. Cette vérité flamboie au cœur du monde tangible comme du monde poétique

Malgré tous les ravages perpétrés à travers l’intelligence par le réalisme, les oiseaux de l’idéal sillonnent toujours l’azur illimité.

Au loin, un clocher de vertige égrène sur le chaos des passions basses et des folies vulgaires, l’angélus des rêves, des enthousiasmes, des aspirations.

Puisse-t-il, comme la picturale musique de Millet, faire songer les têtes courbées sous la naissance des étoiles.

François Brousse
L’Angélus des rêves

Mon âme, vers l’Ailleurs, dérive doucement ;
Elle boit le nectar des amours immortelles…

François Brousse, L’Angélus des rêves

Avertissement
Matérialisme, scientisme, réalisme, ces monstres mornes menacent de leur masse l’humanité. Ils ont accumulé sur la Terre, depuis un siècle, plus de calamités que toutes les religions précédentes. La mort de Dieu, comme le prophétisait Nietzsche, a ouvert la porte des cataclysmes majeurs. Seulement, Dieu est éternel. Son image religieuse et superstitieuse peut mourir. Son essence ineffable subsiste dans l’infinie lumière. Cette vérité flamboie au cœur du monde tangible comme du monde poétique

Malgré tous les ravages perpétrés à travers l’intelligence par le réalisme, les oiseaux de l’idéal sillonnent toujours l’azur illimité.

Au loin, un clocher de vertige égrène sur le chaos des passions basses et des folies vulgaires, l’angélus des rêves, des enthousiasmes, des aspirations.

Puisse-t-il, comme la picturale musique de Millet, faire songer les têtes courbées sous la naissance des étoiles.

François Brousse
L’Angélus des rêves

Table des matières

Poèmes

      Avertissement………………………………………………………7

       Enfant tyran……………………………………………………….. 9

       Nuages et Psychés……………………………………………… 10

       Harpiste…………………………………………………………… 11

       Promenade……………………………………………………….. 12

       Diapason………………………………………………………….. 13

       Le Dormeur………………………………………………………. 14

       Jardin d’Eden……………………………………………………. 15

       Lapins et Ocelots……………………………………………….. 16

       À la Chatte Boiteuse…………………………………………… 17

       Les Livres du secret……………………………………………. 19

       Je tremble…………………………………………………………. 20

       Montagne sacrée………………………………………………… 21

       Couleurs…………………………………………………………… 22

       Fin d’été…………………………………………………………… 23

       Te souvient-il ?………………………………………………….. 24

       Le flibustier………………………………………………………. 25

       Vieux soleils……………………………………………………… 26

       Créations………………………………………………………….. 27

       Fantaisie…………………………………………………………… 28

       Cloche…………………………………………………………….. 30

       Pentaour…………………………………………………………… 31

       L’ample lumière………………………………………………… 32

       Parallèle…………………………………………………………… 33

       Le Ciel Voilé…………………………………………………….. 34

       Nostalgie………………………………………………………….. 35

       En touchant………………………………………………………. 36

       Cristal hiémal……………………………………………………. 37

       Idée………………………………………………………………… 38

       Musique inaudible……………………………………………… 40

       Aile de l’âme…………………………………………………….. 41

       Sous l’aurore qui rentre……………………………………….. 42

       Duo et dualité……………………………………………………. 43

       Eau de neige……………………………………………………… 44

       Échelle…………………………………………………………….. 45

       Drôles d’oiseaux………………………………………………… 46

       Des lumières……………………………………………………… 47

       L’Inconnu………………………………………………………… 48

       Souvenirs…………………………………………………………. 50

       Dans le soleil…………………………………………………….. 52

       Tout passe………………………………………………………… 53

       Vénus……………………………………………………………… 54

       Obscure lueur……………………………………………………. 55

       L’arbre comme un squelette………………………………….. 56

       Floraisons…………………………………………………………. 57

       Roche blanche…………………………………………………… 59

       Mai…………………………………………………………………. 60

       Jardin marin……………………………………………………… 61

       N’être et naître…………………………………………………… 62

       Peinture sur azur………………………………………………… 63

       Effaré………………………………………………………………. 64

       Solitude……………………………………………………………. 65

       Hédoniste…………………………………………………………. 66

       Les Abeilles-mondes…………………………………………… 67

       Le réveil de la femme………………………………………….. 68

       Regards……………………………………………………………. 70

       Vers l’Ailleurs…………………………………………………… 71

       Le titan Esprit……………………………………………………. 72

       Oppositions………………………………………………………. 73

       Ad Astra………………………………………………………….. 74

       Quand ton âme………………………………………………….. 75

       Tous les hommes parfaits…………………………………….. 76

       Isidia……………………………………………………………….. 77

       Vol de démons…………………………………………………… 78

       Balkis……………………………………………………………… 79

       Ombres vaines…………………………………………………… 80

       Désirs……………………………………………………………… 81

       Oiseaux sans nid………………………………………………… 82

       Hirondelles des nuits…………………………………………… 83

       Le météore bleu…………………………………………………. 84

       Passant…………………………………………………………….. 85

       Serpent libre……………………………………………………… 86

       L’Être Double……………………………………………………. 87

       Pour l’Infini………………………………………………………. 88

       La mort d’Héraklès…………………………………………….. 89

       Noire………………………………………………………………. 90

       Égypte…………………………………………………………….. 91

       Oiseau-femme…………………………………………………… 92

       Dormir…………………………………………………………….. 93

       Contraste………………………………………………………….. 94

       Havre………………………………………………………………. 95

       Cri sombre……………………………………………………….. 96

       Nostalgie matinale……………………………………………… 97

       Impromptu……………………………………………………….. 98

       Violon et troubadour…………………………………………… 99

       Découverte……………………………………………………… 100

       Les Mois………………………………………………………… 101

       Espérances……………………………………………………… 102

       Rêveuse………………………………………………………….. 103

       Orchidée et bonheur………………………………………….. 104

       Le Nain………………………………………………………….. 105

       Mirages marins………………………………………………… 106

       Illusoire Néant…………………………………………………. 107

       Mouette et Ame……………………………………………….. 108

       Résurrection……………………………………………………. 109

       Sources………………………………………………………….. 110

       Sylvia…………………………………………………………… ..111

       Jeux et Sphinx…………………………………………………. 113

       Dauphin…………………………………………………………. 114

       Le Pont………………………………………………………….. 115

       Errances…………………………………………………………. 117

       Guzla…………………………………………………………….. 118

       Le Message des étoiles………………………………………. 119

       Printemps……………………………………………………….. 121

       La naissance d’Ossian……………………………………….. 122

       Papillons roux………………………………………………….. 123

       Ô Pensée!……………………………………………………….. 124

       L’arbre du vent………………………………………………… 125

       Le réveil de Merlin……………………………………………. 126

« FRANÇOIS BROUSSE, LE CHEVALIER DE L’IDÉAL »

L’Indépendant, Perpignan, 7 décembre 1978

Ne vous est‑il jamais arrivé, au hasard d’une promenade dans la campagne, dans la juvénile fraîcheur de l’aurore, dans la calme douceur du crépuscule ou dans l’ardeur de midi au cœur de l’été, d’entendre tout à coup le tintement d’une cloche ?

Ne vous êtes‑vous pas arrêté devant une église de campagne aux délicates proportions, tandis que du clocher élancé, un envol de sons de cristal prenait son essor vers le ciel lumineux ? Malgré vous, n’avez‑vous pas baissé la tête, saisi d’un émoi indéfinissable ? Alors la bucolique église est devenue une grandiose cathédrale, immense comme l’infini, l’antichambre d’un palais merveilleux de songes et de fééries… 

Régina Margarita

Suite et fin de l’article

Cette impression je l’ai ressentie à la lecture du beau livre de notre ami : le poète François Brousse. Dans la liste déjà longue des œuvres de ce poète, grand écrivain et grand philoso­phe, cet enfant dernier‑né n’est certes pas le plus amoindri, bien au contraire il rayonne de flammes et pétille de jeunesse.

Le titre déjà évocateur, L’Angélus des rêves, avait déjà ac­croché mon attention et au fur et à mesure de la lecture, chaque mot, chaque phrase, faisaient tinter à mes oreilles les notes harmonieuses d’un angélus de rêves. Oui, des rêves divers dont chacun, même le plus minime, par la proportion bien sûr, est à lui seul un univers fabuleux.

Enveloppé de son « manteau de rêves » au seuil de ce livre comme au seuil d’un temple un guide m’attendait « pèlerin de la nuit » portant entre ses bras « une harpe aux cordes de lune ». Fascinée par la nostalgie de ces « murmures magiques » j’ai cédé aux « vertiges » qui dans ces multiples « voltiges » m’entraînaient dans une ardente chevauchée vers l’éternelle poésie, éternelle comme Dieu. Mes yeux éblouis ont vu le pinceau d’or des mythes fabuleux « enluminer les mondes » de leur chatoyante splendeur. Mon cœur a tressailli devant « l’Hédoniste » qui veut ignorer Dieu et qui peut‑être le cherche dans l’infini d’un amour terrestre.

Penchée sur « le cristal hiémal », j’ai vu « le vieux de la lune » tracer parmi les fabuleux diamants des neiges, le nom des amants éblouis. J’ai souri au « violon malin qui miaule dans le ciel », tandis que de la terre monte le parfum d’un « grand concerto de fleurs blanches ».

Au hasard de cette promenade féérique sous le tintement d’un angélus céleste, que de splendeurs j’ai contemplées ! Que de poétiques fleurs j’ai cueillies au passage :

  • « Le rouet de la nuit est filé par l’étoile » ;
  • « Le cygne des nuits vient de pondre l’œuf flamboyant du soleil » ;
  • « Dieu danse dans le bal aux bras de Lucifer » ;
  • « Mais le bleu lumineux du ciel où tout s’ef­face / Semble un soupir d’amour envolé dans l’espace ».
  • Etc.

Mais je ne veux pas faire de la littérature, d’autres plumes plus autorisées que la mienne pourront le faire avec bonheur, je viens tout simplement vous faire partager mon enthousiasme comme on offre une gerbe embaumée.

Depuis la mort de la « pauvre chatte boiteuse » jusqu’au « Réveil de Merlin », l’enchantement déroule ses phases étincelantes jusqu’à l’extase fi­nale et on voudrait à sa suite s’endormir à ja­mais dans le sein de l’absolu.

Avant de terminer ce modeste exposé, reflet de ma profonde admiration pour ces poèmes infinis, je voudrais, telle une note finale, tel un point d’orgue fulgurant, citer un court poème qui éveille dans mon âme de subtiles et inexpli­cables résonances :

N’ÊTRE ET NAITRE

Le lys vivant jaillit du marbre noir des tombes,
Rendant le corps au feu, l’âme à l’éternité,
La mort nous purifie de nos infirmités,
A l’heure où l’on entend soupirer les colombes.

Ô rêve, n’être plus et n’avoir pas été !

François Brousse, Octobre 1978

Régina Margarita
L’Indépendant, Perpignan, 7 décembre 1978