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À l’ombre de l’Antéchrist
Imprimerie Sinthe & Co, Perpignan, Achevé d’imprimer le 25 janvier 1945
Présentation
De 1930 jusqu’en 1945, de la montée du fascisme jusqu’à son écroulement, il [François Brousse] écrit vingt-quatre poèmes traduisant ses inquiétudes, ses indignations et ses espoirs quant à l’avenir. Ces textes seront publiés en janvier 1945 sous le titre À l’ombre de l’Antéchrist (1), l’Antéchrist étant le principe de violence et de domination. La revue Tramontane commentera ce livret :
« Tout cela est ténébreux et brasillant à la fois, on y retrouve le souffle, l’accent, le vocabulaire et jusqu’au prophétisme hugolien cher à l’auteur et il nous plaît, après l’atroce tourmente et la sanglante nuit, de recueillir avec lui : Les immenses espoirs des peuples qui s’éveillent. » (Tramontane, N° 264-265, août-sept. 1945)
Une densité d’oppression apparaît tout particulièrement dans les textes écrits au printemps 1941. Il engage un dialogue avec une Fée qui l’incite à l’optimisme, le souvenir de Jeanne d’Arc lui infuse du ressort, il s’indigne face à la Collaboration.
– Pourquoi demeures-tu sinistre au bord des flots ?
– Je sens monter en moi l’universel sanglot.
– Vois l’aube nue et blanche en sa couche de moire.
– Je vois rire un squelette aux tombes de l’histoire.
– Tu n’admires donc pas l’orgue bleu des forêts
– J’écoute la rumeur des peuples torturés…
– Regarde: un ruisselet d’argent danse dans l’ombre.
– Mais des fleuves de sang roulent les morts sans nombre.
– Les nuages de pourpre illuminent les monts.
– Les villes enflammées croulent sous les démons.
– L’alouette mêle au Soleil son chant suave.
– L’oiselle est libre encore, les hommes sont esclaves.
– Eh quoi, renonces-tu, barde au front souverain,
À l’espoir, ceint de flamme et cuirassé d’airain ?
Le vent de l’infini emportera nos crimes.
Ne sais-tu pas qu’un Dieu rêve au fond de l’abîme ?
– Je veux croire, je crois au triomphe du jour !
J’attends farouchement d’éblouissants rebours
Mais mon cœur, désolé par le cri de la terre,
Pleure toujours sur notre éternelle misère.
(«Dialogue entre la Fée et le Poète », 1er avr. 1941)
(1) À l’ombre de l’Antéchrist, réédité dans Œuvres poétiques t. I, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1986, p. 135-168
Jean-Pierre Wenger
François Brousse l’Enlumineur des mondes, Saint-Cloud, Danicel production, 2005, p. 134-135
Présentation
De 1930 jusqu’en 1945, de la montée du fascisme jusqu’à son écroulement, il [François Brousse] écrit vingt-quatre poèmes traduisant ses inquiétudes, ses indignations et ses espoirs quant à l’avenir. Ces textes seront publiés en janvier 1945 sous le titre À l’ombre de l’Antéchrist (1), l’Antéchrist étant le principe de violence et de domination. La revue Tramontane commentera ce livret :
« Tout cela est ténébreux et brasillant à la fois, on y retrouve le souffle, l’accent, le vocabulaire et jusqu’au prophétisme hugolien cher à l’auteur et il nous plaît, après l’atroce tourmente et la sanglante nuit, de recueillir avec lui : Les immenses espoirs des peuples qui s’éveillent. » (Tramontane, N° 264-265, août-sept. 1945)
Une densité d’oppression apparaît tout particulièrement dans les textes écrits au printemps 1941. Il engage un dialogue avec une Fée qui l’incite à l’optimisme, le souvenir de Jeanne d’Arc lui infuse du ressort, il s’indigne face à la Collaboration.
– Pourquoi demeures-tu sinistre au bord des flots ?
– Je sens monter en moi l’universel sanglot.
– Vois l’aube nue et blanche en sa couche de moire.
– Je vois rire un squelette aux tombes de l’histoire.
– Tu n’admires donc pas l’orgue bleu des forêts
– J’écoute la rumeur des peuples torturés…
– Regarde: un ruisselet d’argent danse dans l’ombre.
– Mais des fleuves de sang roulent les morts sans nombre.
– Les nuages de pourpre illuminent les monts.
– Les villes enflammées croulent sous les démons.
– L’alouette mêle au Soleil son chant suave.
– L’oiselle est libre encore, les hommes sont esclaves.
– Eh quoi, renonces-tu, barde au front souverain,
À l’espoir, ceint de flamme et cuirassé d’airain ?
Le vent de l’infini emportera nos crimes.
Ne sais-tu pas qu’un Dieu rêve au fond de l’abîme ?
– Je veux croire, je crois au triomphe du jour !
J’attends farouchement d’éblouissants rebours
Mais mon cœur, désolé par le cri de la terre,
Pleure toujours sur notre éternelle misère.
(« Dialogue entre la Fée et le Poète », 1er avr. 1941)
(1) À l’ombre de l’Antéchrist, réédité dans Œuvres poétiques t. I, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1986, p. 135-168
Jean-Pierre Wenger
François Brousse l’Enlumineur des mondes, Saint-Cloud, Danicel production, 2005, p. 134-135
Table des matières
À l’ombre de l’Antéchrist
Le monstre mystique
Espoir
Les croisades
À l’Angleterre
Les réfugiés
Aux étudiants de Paris, martyrs de la tyrannie teutonique
Jérusalem incendiée
La révolution russe
Vision
Dialogue entre la fée et le poète
Les celtes
Jeanne d’Arc
Chant des conquérants
Nos morts
La vérité
À la France
La collaboration
La ressuscitée
Aux lutteurs de l’idée
Le conquérant mort
Au soldat de la providence, le Maréchal Foch
Accablement
Les prisonniers
Mil neuf cent quarante cinq