Chants dans le ciel

Perpignan, 2e ou 3e éd. ?, Imp. Labau, 1957

Liminaire

Je réédite avec délectation Chants dans le ciel, où chatoie le reflet de mon enfance et de ma jeunesse. Cette nouvelle édition épanouit un livre nouveau, car elle s’annexe maints poèmes inédits, puisés aux mêmes sources du passé. Les plus anciens datent de ma quatorzième année, déjà lointaine. Jamais le temps ne suspend son vol, qui roule hommes et soleils dans l’abîme inconnu…

Avec une douce émotion, je contemple mon visage aboli, ô merveilleuse pureté de l’aube ! Sous l’orthodoxie de ces poèmes, fulgu­rent des tourments sombres et clairs, des aspirations divines, une sincérité de blessure et de diamant. Je réclame des lecteurs et des critiques une indulgence plénière pour l’enfant tendre, farouche, en­thousiaste, qui, entre la musique de son âme et la musique des étoiles, écrivit, Chants dans le ciel.

Mais que les esprits pointilleux se rassurent ! La vie n’a rien ôté de mon cœur. Je suis le même enfant enivré d’infini. Formés d’atomes immortels et subtils, les poètes, comme les dieux d’Epicure, vivent joyeux dans les intermondes.

François Brousse

Chants dans le ciel (1957), réédité dans Œuvres poétiques, t. 1, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1986
Ci-dessous, illustration dans l’ouvrage par la peintre espagnole Kitty Pagès

Liminaire

Je réédite avec délectation Chants dans le ciel, où chatoie le reflet de mon enfance et de ma jeunesse. Cette nouvelle édition épanouit un livre nouveau, car elle s’annexe maints poèmes inédits, puisés aux mêmes sources du passé. Les plus anciens datent de ma quatorzième année, déjà lointaine. Jamais le temps ne suspend son vol, qui roule hommes et soleils dans l’abîme inconnu…

Avec une douce émotion, je contemple mon visage aboli, ô merveilleuse pureté de l’aube ! Sous l’orthodoxie de ces poèmes, fulgu­rent des tourments sombres et clairs, des aspirations divines, une sincérité de blessure et de diamant. Je réclame des lecteurs et des critiques une indulgence plénière pour l’enfant tendre, farouche, en­thousiaste, qui, entre la musique de son âme et la musique des étoiles, écrivit, Chants dans le ciel.

Mais que les esprits pointilleux se rassurent ! La vie n’a rien ôté de mon cœur. Je suis le même enfant enivré d’infini. Formés d’atomes immortels et subtils, les poètes, comme les dieux d’Epicure, vivent joyeux dans les intermondes.

François Brousse

Chants dans le ciel (1957), réédité dans Œuvres poétiques, t. 1, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1986
Ci-dessous, illustration dans l’ouvrage par la peintre espagnole Kitty Pagès

 

Presse

UNE NOUVELLE ÉDITION DE « CHANTS DANS LE CIEL » DE FRANÇOIS BROUSSE

Journal inconnu, Lieu inconnu,1957 (date exacte inconnue)

Extrait

Notre compatriote François Brousse, qui a la cruauté de ne pas accorder le moindre repos à sa muse, vient de faire rééditer la plaquette de vers de sa prime jeunesse, Chants dans le ciel, chez Labau, à Perpignan. François Brousse avait quatorze ans lorsqu’il écrivait certains de ses poèmes. Il conserve tous les élans qui caractérisaient « l’en­fant tendre, farouche, enthousias­te qui, entre la musique de son âme et la musique des étoiles, pro­jetait sur le papier ses premières sensations ».

L’homme s’est affirmé, depuis ce temps déjà lointain. Le poète s’est affiné ; il a poussé ses in­vestigations vers ces mondes mer­veilleux et hallucinants où les étoiles, les soleils, les fées et les lutins jouent à cache-cache avec les monstres, les fleurs, les arbres et les monts. […]

Jean Vidal

« Dans le jardin de Candide – Par Charles-Henry Reymont »

Extrait

 

Chants du Ciel , la plaquette de François Brousse, s’ouvre sur un avertissement liminaire de l’auteur : « Je réédite avec délectation : Chants dans le ciel, où chatoie le reflet de mon enfance et de ma jeunesse. Cette nouvelle édition épanouit un livre nouveau, car elle s’annexe maints poèmes inédits, puisés aux mêmes sources du passé. Les plus anciens datent de ma quatorzième année, déjà lointaine. »

À comparer ces poèmes de jeunesse à ceux de l’âge mur – ceux de l’Enlumineur des mondes ou ceux de La Harpe aux cordes de lune – on constate très rapidement que François Brousse est un « idéaliste », plus précisément un poète qui, dès sa jeunesse, ne s’est pas accommodé du monde dans lequel il est contraint de vivre et qui a transmuté dans un « ailleurs » sa soif d’absolu. Et si ces dernières œuvres sont surtout influencées par les romantiques allemands ou les philosophies orientales, en revanche c’est plutôt l’influence des philosophes grecs – Platon singulièrement – qui caractérise ces poèmes de jeunesse.

Le premier poème des Chants du Ciel a pour titre : « Soif d’Éternité. » Il donne le ton de la plaquette et justifie la recherche d’évasion hors du monde, la tentation d’un au-delà qui pourrait apaiser cette soif d’absolu. Dans cet univers, toute chose fuit, tout nous échappe : la nature, les honneurs, la beauté, l’amour, le monde, autant de reflets illusoires du Beau (mythe de la caverne platonicienne). Dès lors, le poète rêve à un « ailleurs » : « Transportez-moi aux sources éternelles où tout est joie, pensée, clarté… »

Ce thème, nous le retrouverons dans tous les poèmes de Brousse : aussi bien est-il le thème-clé de ce poète « blessé d’absolu », pour qui l’aube encore vierge sera le symbole du beau et du vrai. Ainsi se livre le poète : qu’il célèbre ses tourments ou sa soif du divin – passant ainsi du lyrisme à la métaphysique – il nous offre tantôt des chants désolés, tantôt des chants plus clairs… mais toujours avec sincérité et avec amour :

Puisque l’amour flamboie, il n’est rien de sinistre

Et tu vivras serein, si tu donnes ton cœur.

[…]

Charles-Henry Reymont

Coin experts

Chants dans le ciel (1957) – 2e ou 3e édition ?

Jean-Pierre Wenger dans sa biographie François Brousse l’Enlumineur des mondes émet comme hypothèse que la 1ère édition de Chants dans le ciel aurait été publiée en 1940. Il avance comme arguments que « l’année de publication, 1940, figure dans la liste des ouvrages de F. Brousse présente dans L’Ordre de l’étoile Polaire et Celui qui vient (1974), Isis-Uranie (1976), L’Angélus des rêves (1978), Ivresses et Sommeils (1980), La Trinosophie de l’étoile Polaire (1984, p. 20; 1990, p. 20) (1) ».

Or ceci ne prouve pas cela. Une erreur a très bien pu se glisser dans la bibliographie indiquée dans L’Ordre de l’étoile Polaire (1974), reprise ensuite dans les publications ultérieures ci-dessus mentionnées.

D’ailleurs, dans la bibliographie de L’Autre Cygne à l’un (1ère éd. 1973), qui précède celle de L’Ordre de l’étoile Polaire et Celui qui vient (1974), on peut lire que Chants dans le ciel en est à sa deuxième édition, et non à sa troisième. Ce qui signifierait que la première édition serait celle de 1943 (Nîmes, Imp. Nouvelle), la deuxième celle de 1957 (Perpignan, Imp. Labau, « Nouvelle édition considérablement augmentée ») et que celle de 1940 n’existe pas.

D’ailleurs Jean-Pierre Wenger précise bien qu’« aucune trace de cette publication n’a été retrouvée » et que « seules ont été retrouvées les éditions de 1943 et celle enrichie de 1957 » (2).

(1) – WENGER J.-P., François Brousse l’Enlumineur des mondes (2005), p. 536
(2) – ibid.

Matthieu Gany