L’art, chemin de la beauté
L’art, chemin de la beauté
L’art permet de transcender la vie,
l’art créateur dont la plus haute forme est, à mon avis, la poésie.
Pour certains, cela peut être la danse et pour d’autres la peinture […], l’essentiel étant d’arriver à ce qui dure toujours et qui ne meurt jamais,
c’est-à-dire l’infini, l’absolu et l’éternité.
François Brousse
Entretien, Clamart, 18 janv. 1995

C’est à travers le chemin de la beauté suprême que l’on arrive à la libération, par l’exaltation qu’elle nous procure, par la suppression de tout égoïsme.
Lorsque vous avez un adorateur et un adoré, lorsque vous avez un grand artiste d’un côté et un grand admirateur de l’autre, les barrières de l’égoïsme finissent par tomber, il n’y a plus ni envie, ni haine, ni opposition. Alors on se fond dans un soleil radieux et on devient ce soleil lui-même.
C’est un des rares moments où la triste espèce humaine laisse tomber ses barrières, ses préjugés, ses haines, ses vanités, ses orgueils blessés et finit par s’illuminer jusque dans les profondeurs les plus secrètes de son être.
Voilà pourquoi la poésie et l’art ont toujours été associés aux aspirations les plus hautes de l’esprit humain en même temps qu’aux sources les plus claires du génie prophétique et religieux.
François Brousse, Conf., 8 nov. 1977

C’est à travers le chemin de la beauté suprême que l’on arrive à la libération, par l’exaltation qu’elle nous procure, par la suppression de tout égoïsme.
Lorsque vous avez un adorateur et un adoré, lorsque vous avez un grand artiste d’un côté et un grand admirateur de l’autre, les barrières de l’égoïsme finissent par tomber, il n’y a plus ni envie, ni haine, ni opposition. Alors on se fond dans un soleil radieux et on devient ce soleil lui-même.
C’est un des rares moments où la triste espèce humaine laisse tomber ses barrières, ses préjugés, ses haines, ses vanités, ses orgueils blessés et finit par s’illuminer jusque dans les profondeurs les plus secrètes de son être.
Voilà pourquoi la poésie et l’art ont toujours été associés aux aspirations les plus hautes de l’esprit humain en même temps qu’aux sources les plus claires du génie prophétique et religieux.
François Brousse
François Brousse, Conf., 8 nov. 1977
Le chemin de l’art et de la poésie nous permet de contempler le visage de Dieu.
Dans l’admiration, les barrières de l’égoïsme s’effacent, entre l’œuvre divine et le contemplateur, entre un poème de Hugo et le lecteur, entre une symphonie de Beethoven et l’auditeur, les murs de la vanité s’évaporent. On devient Un avec le poète créateur qui est lui‑même un avec Dieu. Si nous passons du côté de l’artiste formateur d’une œuvre nouvelle, il s’identifie au Verbe divin qui a créé les mondes.
Les véritables sauveurs de l’humanité ne sont pas les fondateurs de religion tels Mahomet ou Jésus, mais les grands peintres, les grands architectes, les grands sculpteurs, les grands poètes, les grands musiciens, les grands magiciens. Bref… Tous ceux qui enrichissent le fleuve de gloire esthétique où se baigne l’humanité. En lisant tous les jours un poème transfigurateur qui nous rapproche de l’infini, nous parcourons le chemin de lumière qui monte directement à la Divinité.
François Brousse
« Réponse à un contradicteur » dans Revue BMP N°50, octobre 1987
La Beauté n’est pas un artifice né d’un instant et d’un lieu, comme une balle qui crève. Elle est le reflet éternel du Maître absolu, le rayon d’or qui brille sur le front de l’Être suprême.
Mais cette énergie éternelle a pour visage l’infinité. Le Beau, loin de s’enfermer dans une école, offre à chaque siècle de nouvelles radiations. Il tire de son coffret inépuisable l’art hindou, l’art chinois, l’art maya, l’art égyptien, l’art grec, l’art persan, l’art chaldéen, l’art gothique, l’art classique, l’art romantique, l’art surréaliste, l’art de la Quatrième Dimension, tous les joyaux du gouffre multiforme. Chaque joyau est taillé pour l’éternité, mais le nombre des joyaux n’a pas de limites. On ne dépasse pas Homère, on l’égale dans une autre planète esthétique.
François Brousse
Revue BMP, N°121, avr. 1994
Selon Platon, le beau est la splendeur du vrai et le vrai est éternel.
Si le vrai est éternel, il est aussi universel, et chaque siècle apporte une vision nouvelle de la Beauté. […]
La beauté est un diamant éternel avec des millions de facettes et chaque siècle découvre une facette nouvelle. Mais, en elle-même, elle est l’harmonie qui existe entre l’âme universelle et l’âme individuelle.
Nous nous approchons de Dieu par le chemin de la Beauté, c’est le meilleur moyen, le plus simple et l’un des plus agréables. Par l’adoration des grands maîtres et des grandes œuvres, on arrive presque toujours à être libéré. Ce qui fait que César Franck par exemple, Mozart, Bach et Beethoven sont extrêmement proches de la divinité.
François Brousse
Entretien, Clamart, 26 avr. 1990
L’âme de l’homme est triple comme le trident de Neptune.
Le conscient se tient au centre, dans une auréole de clarté et de volonté, au‑dessous pullule l’inconscient animal, comme une mare pleine de larves férocement titaniques et au zénith plane, dans un large bruit d’ailes, le supraconscient, la sphère de cristal qu’habitent les archanges.
L’erreur de la plupart des esthètes en quête d’Inédit est de confondre la mare visqueuse avec la sphère exaltante, l’inconscient animal avec le supraconscient divin. Ces esthètes font des plongées admirables au fond d’eux‑mêmes et s’ébattent dans un grouillement de météores de boue. Ils font jaillir les fusées du sexe, du scatologique et du vulgaire, et si des étincelles d’or les poignardent, elles proviennent de l’esprit supérieur, qui se meut perpétuellement, comme se meuvent les astres.
Contemplez plutôt Paul Valéry : il respire, salamandre condensée, dans la lucidité des flammes parfaites.
François Brousse
Le Manifeste de la Quatrième Dimension, Vitrolles, Éd. de la Neuvième Licorne, 2008

L’art est le chemin le plus direct pour aller à la métaphysique.
[…] Vous voulez créer dans n’importe quel art, immédiatement vous sentez une flamme s’allumer au fond de votre cœur et cette flamme vous indique que vous êtes sur le chemin de l’impossible et du réel. […] Les grands poètes, les grands musiciens, les grands artistes, les grands architectes, tous doivent atteindre l’illumination, même les danseurs, car la danse est une merveilleuse manière d’aboutir à la connaissance intégrale par la recherche intrépide de la Beauté. […]
On vous dit habituellement qu’il faut traverser des ronces, des horreurs, des tristesses, des souffrances. Pas du tout ! Il faut simplement avoir la joie de créer et consacrer cette joie à la divinité. […]
Tous les arts sont supérieurs, mais, en ce qui me concerne, je préfère la poésie à tous les autres.
La musique fait intervenir l’inconscient et le supra conscient, elle ignore le conscient. La danse peut faire intervenir aussi l’inconscient, mais jamais le conscient. Tandis que tout existe dans la poésie : le conscient, l’inconscient et le supra conscient. C’est l’art définitif par excellence.
Hugo a déclaré : « Craignant d’être emportés sur de trop rudes faîtes, / Les poètes ont peur de devenir prophètes. »
François Brousse
Entretien, 25 avr. 1992


EXTRAIT
Puis-je maintenant vous parler des Artistes ?
Avec plaisir. Les poètes et les artistes sont les enfants turbulents qui gambadent autour du Trône Éternel. Si vous n’êtes pas semblables à ces petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu.
Est-il nécessaire d’être poète ou artiste pour connaître l’ivresse de la Grande Délivrance ?
Absolument. Trois yeux brillent sur le front de Dieu : sagesse, amour, beauté. Pour briser les entraves humaines et ouvrir les ailes de la divinité, nous devons réunir en nous ce triple rayon. Soyons à la fois le Métaphysicien sublime, l’Apôtre serviteur des humains et le Poète illuminé par la suprême splendeur.
Ces trois couronnes sont-elles nécessaires ?
Ces trois couronnes forment la tiare du Libéré. Toutefois on peut les acquérir dans trois existences successives. Soyez Zénon dans une vie, François d’Assise dans la seconde, Musset dans la troisième, et les portes du Paradis s’ouvrent dans un éclat miraculeux !
Certains hauts prédestinés possèdent-ils déjà le triple rayon ?
Ce sont les philosophes surhumains, comme Plotin, les sauveurs comme Jésus, les poètes majeurs comme Dante.
François Brousse
« Réponses de François Brousse à un chéla (IV / IV) (24-05-1977) » dans Revue BMP N°123-124, juin-juillet 1994

Celui qui contemple l’œuvre d’un grand artiste finit par devenir lui‑même un grand artiste. Qui peut comprendre Homère si ce n’est Homère ?
François Brousse
Entretien, 25 avr. 1992
Il s’agit maintenant de purifier l’esprit.
Il est rempli de pensées basses et vulgaires que l’on doit remplacer par des élans d’amour, la contemplation esthétique et la recherche de la vérité.
Platon voyait en Dieu trois vertus éternelles : le Bien, le Beau et le Vrai. Les hindous montrent trois énergies dans l’Être suprême : Vishnou – l’Amour –, Brahma – la Beauté –, et Siva la Sagesse. Ces trois chemins de lumière montent vers la cime de la Divinité.
Habituellement, on ne parle que de l’amour ou de la sagesse, la beauté semble exclue du vocabulaire de certains ésotéristes. Il leur faut la froideur, la rigidité, la précision, le marbre, la pierre. Ils sont les pétrifiés de la théosophie. Sous prétexte qu’il faut rejeter les prestiges de l’astral, ils ignorent l’illumination, l’inspiration, l’intuition et l’imagination créatrice.
Ils ne savent pas que Dieu est le grand poète comme le grand prophète, comme le sage suprême. Ils devraient consulter les livres sacrés de l’humanité. En ce qui concerne simplement la Bible, ils auraient intérêt à sonder les visions exubérantes des quatre grands prophètes, les paraboles de Jésus et les images de lumière et de feu qui soulèvent l’Apocalypse.
L’ouverture de l’esprit par l’imagination créatrice permet à l’homme de connaître Dieu. L’éternel artiste se complaît à des tableaux grandioses dont les lignes sont dessinées par les soleils et les comètes. Pour être sauvé, il faut devenir un sage, un saint et un poète. Par la sagesse, on contemple le Père ; par la sainteté, on s’approche du Fils ; et par l’inspiration, on incarne l’Esprit.
De même qu’il est impossible d’être libéré si l’on n’est pas végétarien, il est impossible de connaître l’absolu si l’on n’ouvre pas les ailes de la poésie visionnaire.
Assimilez-vous aux trois visages de la perfection et vous deviendrez parfait vous-même.
Il suffit d’ailleurs de contempler les maîtres surhumains pour s’apercevoir que leurs enseignements étincellent de symboles et d’allégories. Il ne s’agit pas des torsions du serpent astral, mais de l’envol du phœnix flamboyant qui est le reflet du Feu Créateur sur la Terre.
François Brousse
« Du végétarisme à l’illumination (07-01-1982) » dans Revue BMP N°218-222, janvier-mai 2003
C’est par l’admiration que l’on arrive à atteindre l’éternité.
C’est en aimant et en admirant un être divin que l’on finit par devenir semblable à cet être divin, sans avoir besoin pour cela d’être son esclave, d’être son reflet matériel. On devient lui sans cesser d’être soi-même, mais il faut une admiration totale et un amour absolument désintéressé.
Au-delà de ce maître, de ce masque flamboyant, vous adorez et vous êtes semblable à l’éternelle divinité, comme à la splendeur incommensurable.
C’est une méthode très simple, c’est la méthode de la méditation mais à travers non pas l’adoration mais l’admiration. Elle peut se retrouver spontanément chez les grands sensitifs, ceux qui aiment les poètes, ceux qui aiment les artistes. Il leur arrive effectivement dans certaines illuminations intérieures, dans certaines extases, d’atteindre à l’éternelle identification, par l’admiration et par la splendeur même de la beauté. La beauté est à ce point de vue-là, un reflet de la vérité.
Platon disait que « le beau est la splendeur du vrai », mais il est également vrai que le vrai est la splendeur du beau. C’est-à-dire que la beauté et la vérité sont intimement et indissolublement liées. On peut vivre sans science, on peut vivre sans technique ou avec une technique très primitive, on peut vivre sans philosophie ou avec une philosophie très primitive, mais il est impossible de vivre sans beauté. Et nous voyons par exemple dans les grottes de Lascaux, nous voyons les recherches éperdues de la magie et de la beauté infinie. Il n’existe pas de peuple, quel qu’il soit, qui soit dépourvu de création artistique et poétique. Il existe en revanche des peuples qui ignorent tout de la technique et de la science. Pour la philosophie, ils n’en sont pas complètement dépourvus sous forme de métaphysique, et la philosophie sous l’angle métaphysique est pratiquement indestructible aussi bien que la beauté, et aussi bien que l’ardeur mystique.
François Brousse
« Questions à François Brousse (Prades, 19-12-1976 ») dans Revue BMP N°218-222, janvier-mai 2003
Certains sensitifs sont touchés par les étincelles d’en haut : voyants, prophètes, mages, poètes, artistes, ont le cœur traversé par les coruscations inspiratrices.
La muse, la fée, le daïmon, l’esprit‑guide, l’ange, tombent subitement de la trappe ouverte dans le ciel, et disent aux contemplateurs le message du mystère. Il faut s’arracher au monde cubique pour monter dans l’inexprimable lumière de la supraconscience. Ce n’est pas en dépeignant le cloaque des entrailles humaines que vous transfigurerez les âmes. Montrez‑leur plutôt les chemins du sublime !
Ses chemins se déroulent, ponts fantastiques entre des gouffres bouillant de maléfiques fascinations. Toutes les sorcières de l’abîme tendent leur visage de fleurs et leurs mains crochues. La molle brise qui souffle dans leurs noires écailles a des senteurs de pourriture. Les sorcières cachent le bas de leur corps qui se termine en pattes de grenouille, dont les pentacles palmés écrasent les esprits. Ces montres ont un nom terrible : les Drogues.
Pour s’évader du réel, trop lourd, trop torturant, l’homme ordinaire s’enivre à la source de l’alcool. Les hommes plus subtils boivent aux fontaines ironiques de l’opium, de la coca, de la morphine, et à leurs innombrables sœurs mornes. Mais l’éther des pharmaciens n’est pas l’éther des dieux. L’un procure une saoûlerie mortelle, l’autre est l’océan des ivresses infinies.
Les drogues incontestablement peuvent obtenir d’âpres résultats hallucinatoires. Elles se haussent parfois jusqu’aux cimes de la Quatrième Dimension mais les cœurs qu’elles transportent dans leur houle n’ont pas reçu le baiser du Styx : ils sont vulnérables et les foudres du ciel supérieur les frappent. Folie, désespoir, déchéance, ces trois masques de Satan guettent les imprudents navigateurs.
Satan ne peut triompher que si l’homme jette dans la boue sa propre couronne : la possession de soi. Les énergies internes ont une force illimitée, mais les passions basses ravagent tout comme un torrent de laves, les passions hautes transfigurent tout comme la flamme de Jéhovah. Notre maîtrise consciente consiste à transformer alchimiquement le plomb terrestre en or séraphique.
François Brousse
Le Manifeste de la Quatrième Dimension, Vitrolles, Éd. de la Neuvième Licorne, 2008
En réalité, pour que l’inspiration puisse naître, il faut que vous ayez en vous le dégoût, si l’on peut dire, des choses strictement matérielles et l’amour de la beauté, sous n’importe quelle forme.
Et surtout sous une forme qui ne soit pas strictement réaliste. Il y a toujours le rayon d’en haut qui éclaire tous les objets terrestres et fait de ces objets terrestres des symboles célestes et divins.
Nous pouvons arriver très rapidement vers l’illumination par le chemin de l’art, de la beauté. Si vous parvenez tous les jours à contempler une chose de beauté qui, comme disait Shelley, est un trésor éternel, à ce moment-là, vous êtes à la porte du temple de Dieu.
Voilà pourquoi il y a dans le chemin du yoga un chemin particulier qui est précisément le chemin de l’artiste et du poète. Voilà d’ailleurs aussi pourquoi ceux qui n’arrivent pas à sentir la beauté du monde ou la beauté de l’âme ou la beauté tout simplement, n’arriveront pas dans cette vie ni dans plusieurs autres vies, à atteindre l’illumination. Il leur faudra revenir jusqu’à ce que leur cœur intérieur s’ouvre, car nous avons plusieurs chakras, et ces chakras doivent en principe tous s’ouvrir. Mais il faut que s’ouvrent les chakras supérieurs.
François Brousse
Conférence, Prades, 18-12-1975, « Les illusions ; le supramental » dans Revue BMP N°248, octobre 200
Quel instrument va choisir l’artiste ou le poète pour exprimer les translucidités du monde à quatre dimensions ? La haute inspiration vient évidemment de l’esprit et non de la forme.
S’enfermer dans un idéal typographique semble trop étroit. On peut écrire en vers ou en prose rythmée, ou suivant un moule quelconque. Le poète est l’empereur des figures, il n’est pas leur esclave. Ses mains jonglent avec les cubes, dont il tire des fantasmagories comme le Démiurge jongle avec les planètes. Les alexandrins, entre les mains d’un inspiré, peuvent devenir de profonds ruissellements de merveilles, tandis que la prose rythmée, en dépit de sa prodigieuse souplesse, se transformera, entre les mains d’un ignare, en lourd nasillement d’onagre.
« L’eau qu’ils boivent leur sort du nez en chants d’église », comme dit Hugo.
Donc, l’artiste et le poète sont libres d’employer à leur choix toute la gamme des formes, depuis l’orgue romantique jusqu’au saxophone surréaliste. Qu’importent ces étiquettes ? Pourvu qu’une effrayante harmonie s’élève et que cette harmonie soit l’écho du chant des superastres qui roulent dans l’hyperespace.
François Brousse
Le Manifeste de la Quatrième Dimension, Vitrolles, Éd. de la Neuvième Licorne, 2008
Le temple des poètes a trois portes qui s’ouvrent avec les trois clefs de la purification, de la méditation et de la contemplation.
Purifier son âme des miasmes inférieurs, la soif de l’argent, la peur, la haine. Surtout la haine qui, actuellement, s’infiltre comme une chimie corrosive dans la carcasse du globe prêt à se dissoudre. Si ce mécanisme satanique continue, l’humanité retournera au chaos. Le poète doit conserver un coeur pur comme l’astre du matin. Un grand esprit n’a jamais l’âme basse.
La deuxième porte qui s’ouvre dans un éclat d’or est celle de la méditation.
L’univers sans bornes offre ses tours de Babel aux assauts de la pensée ivre d’absolu. Pas de ténèbres qui ne puissent être dissipées par la torche de la recherche. Les questions pyramidales qui dominent l’homme inquiet : Vie, Âme, Réincarnation, Éternité, Infini, Dieu, veulent être affrontées corps à corps. Une méditation journalière emplit l’âme de sereines profondeurs. Des idées géantes élargissent l’intelligence. L’exploration des bibles angéliques et des grands poèmes humains procure aux penseurs une nourriture d’immortalité. Ainsi se déploient, tourbillon brûlant, les ailes de la Raison indépendante, illuminatrice. Cela permet à notre individualité profonde de pleinement s’épanouir comme une fleur des gouffres. Bien entendu, l’homme soumis à cette haute discipline n’ira jamais se prosterner aux pieds d’une idole extérieure.
La troisième porte du merveilleux Temple est la contemplation.
Elle nous introduit dans le jardin des joies exaltantes et des extases spirituelles. Un des plaisirs les plus aigus de l’âme est la vision de la Beauté. Ce rayon divin brille à travers les êtres depuis le scintillement des cristaux géométriques jusqu’à la fulgurance blanche des avions depuis le septuple pont de l’arc‑en‑ciel éblouissant jusqu’aux prunelles de la femme amoureuse. Le poète doit s’immerger dans la beauté universelle comme un isis gorgonide, plein de flammèches multicolores, dans l’aquarium illimité des mers. La torche parfaite étincelle aussi avec autant de riches grandeurs, dans le coeur des inspirés. Et ces inspirés ont laisse des oeuvres, tableaux, statues, musiques, poèmes, où se trouvent, emprisonnées et frissonnantes, les lueurs les plus vives de l’Au‑delà. En admirant un Rembrandt ou un Michel‑Ange, en écoutant du Beethoven, en lisant Shakespeare, l’homme communique avec la Vie Infinie. La Contemplation nous arrache aux lourdes ténèbres pour nous projeter dans la lumière des joies pures.
Une vie, triplement orchestrée par la Purification, la Méditation et la Contemplation, réveille les forces primitives, endormies comme de légendaires vieillards dans la caverne de notre être. Elles se dressent avec leurs lyres aux cornes d’antilopes, dont l’harmonie fait bondir d’enthousiasme les panthères. Le poète n’a plus qu’à prêter l’oreille au prodige intarissable. Le poète a dompté le monstre hennissant qui vole d’étoile en étoile. Le poète brandit dans sa main droite le glaive logique et dans sa main gauche le diamant intuitif, dont les intenses rayons se répercutent sur la lame. Cette technique d’initiation est‑ce donc l’apologie, l’apothéose des tours d’ivoire ? Certainement pas. L’initié de la Quatrième Dimension lance au monde son message, un message d’amour, d’intelligence et de beauté.
François Brousse
Le Manifeste de la Quatrième Dimension, Vitrolles, Éd. de la Neuvième Licorne, 2008
La voie de la création artistique
Orobanchus est un être prodigieux qui a trouvé le chemin le plus simple pour aller vers l’infini : la voie de la création artistique.
Chaque fois que nous créons quelque chose de nouveau dans le tournoiement invraisemblable des planètes, nous traçons une nouvelle route vers l’absolu, et ceux qui nous suivent sont à peu près sûrs de découvrir l’infini si, au dernier moment, ils pensent au maître qui leur a ouvert les portes triomphales de l’éternité.
C’est au fond une méthode très simple.
François Brousse
« Discours de François Brousse au banquet OOOO », Perpignan, 25-10-1992 dans Revue BMP N°106, décembre 1992
Les horizons sans limites de l’infini
Au lieu de suivre automatiquement les routes rectilignes de la logique et de la technique, comme un métal inerte, nous nous élançons dans les fluides immensités du rêve, de l’inspiration, du risque imaginatif !
À nous, les horizons sans limites de l’infini ! À nous, les ivresses hérétiques, les extases insolites, les sentiments inconnus ! Dans les plis majestueux de l’onde, resplendissent les images du prodige et du délire… Nous côtoyons voluptueusement les poètes, les visionnaires, les vagabonds du secret, les tziganes du mystère, les cormorans du gouffre. Nous regardons en riant disparaître les dures falaises de la science tandis que le flot chanteur nous roule dans le ravissement.
François Brousse
BMP, sept. 2012
Tout paysage implique un spectateur
Les planètes désertes, avec leurs couronnes de montagnes et leurs manteaux de plantes fantastiques, sont les tableaux que contemplent les esprits. Pas la moindre nuance du moindre crépuscule n’est perdue. L’Éternel ne fait rien en vain. Ses toiles de mondes et ses statues d’univers offrent un musée permanent à l’admiration des invisibles. Quand l’homme est absent devant l’œuvre de Dieu, les impalpables sont présents.
Ainsi, jamais l’Artiste suprême ne manque d’admirateurs.
François Brousse
Revue BMP, N°63, déc. 1988-janv. 1989
Par la contemplation de la Beauté éternelle et infinie, l’âme reprend ses ailes et remonte au soleil des perfections !
François Brousse
Revue BMP, avr. 1994
Extrait
Par quelles étapes doit‑on passer pour l’affirmation de soi ?
F.B. : C’est toujours le même enchaînement. Il faut d’abord supprimer la haine. À tous ceux qui nous ont fait du mal, nous devons envoyer des pensées d’amour. Puis supprimer le doute. Savoir que nous atteindrons, inévitablement, dans cette vie, l’Illumination. Puis supprimer la peur. Ne pas avoir peur du lendemain, ne pas avoir peur de ce que le sort nous réserve, ne pas avoir peur d’avoir peur. Et quand nous aurons effacé toutes ces taches, nous affirmerons d’une manière indestructible l’éternité de notre Moi et de notre être éternel, infini et parfait.
Nous devons savoir que nous sommes éternels, infinis et parfaits. Tant que nous ne le saurons pas, nous ne serons pas entièrement libérés. Nous nous croirons les esclaves de la matière, les esclaves des passions, les esclaves de la destinée, les esclaves du caprice et du hasard. Nous ne sommes rien de tout cela. Nous sommes des dieux qui ignorons que nous sommes des dieux et qui un jour l’apprendrons pour leur joie éternelle.
François Brousse
Entretien, Clamart, 19-10-1991 dans Revue BMP N°170, nov. 1998
C’est précisément le propre des poètes, des mages, des artistes, des créateurs de toute espèce d’être touchés par l’illumination permanente.
Je me souviens qu’à un certain moment, j’avais vu une femme extraordinairement divine, en train de toucher l’infini par la beauté de sa danse. C’est exactement ce que nous devons faire : nous devons toucher l’infini par la beauté de notre danse, cette danse qui n’a ni commencement, ni fin, mais qui est en dehors de tout, car elle est parfaite, étant tout, étant Dieu et étant plus que Dieu, si j’ose m’exprimer ainsi. Il faut demander à être plus que Dieu pour devenir enfin un dieu véritable.
François Brousse
Poésie langage de l’âme, Vitrolles, Éd. de la Neuvième Licorne, 2008, p. 153
La science cherche le définitif, mais n’aboutit qu’au fugitif ; l’art prend l’éphémère et lui confère l’éternel.
François Brousse
Revue BMP, N°286, mars 2009
Le Beau ! Le Beau ! Voilà le fluide vital qui emporte les globes fous, les êtres épouvantés, dans sa marée grondante, vers le seuil de l’Incréé ! […]
Le seul acte moral sera de créer la beauté. (BMP, La Licorne Ailée, oct. 1996)
François Brousse
Revue BMP, oct. 1996
DELPHINE
Les rossignols surpris cessèrent leur romance
Quand Delphine aux yeux pers se leva pour danser
Les étoiles s’arrêtèrent dans l’ombre immense
Et l’espace ébloui n’osa plus respirer.
Car l’art humain contient plus que l’éternité.
16 septembre 1989
François Brousse
La Rosée des constellations, Clamart, Éd. la Licorne Ailée, 1991, p. 116
La contemplation de la beauté, la méditation du grand livre de Dieu et des grands livres de l’homme, la joyeuse création de l’art ou de la science, la bienveillance envers tous, cela peut suffire à transformer un cœur de pierre en un cœur de rayons.
François Brousse
Revue BMP, N°79-80, juin-juill. 1990
ABANDON
Les réalistes
Sont des artistes
Trop pessimistes
Il vaudrait mieux
Ouvrir les yeux
Sur les grands cieux,
L’azur nous offre
Les joyeux coffres.
Je vais là-bas
Jusqu’au Sabbat,
Dieu me soulève
Vers les hauts rêves,
L’Art souverain
Est mon parrain,
Le vin mystère
Me désaltère
La frénésie
Des poésies
Me rassasie.
J’embrasse l’ombre
Dans la pénombre
Des rouges nombres,
L’amant de Laure
Défie encore
Le météore,
Je m’abandonne
À la Madone
Des alcyonnes.
10 septembre 1995
François Brousse
Le Pas des songes, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 2001, p. 174-175
Dans un monde où le réalisme paraît être l’idole pachydermique des foules, j’ai voulu ouvrir les portes étoilées de l’idéal.
C’est par cette montée spirituelle que l’on s’agrandit et que l’on se multiplie. La connaissance vient d’en haut et non d’en bas. Quand on a gravi les sommets, le panorama s’élargit de manière vertigineuse. Plus on est haut, plus on voit loin. Et il vaut mieux contempler les constellations que compter les molécules, quoique si l’on compte d’une certaine manière, on retrouve les hauteurs sublimes de la connaissance et de la transcendance.
Le dernier magicien, et le premier aussi, c’est l’Amour, ou bien c’est la Sagesse, qui sont les deux visages de la Beauté. D’ailleurs la magie n’est que la science des choses inconnues et que l’entrée de la chambre de Dieu, le lieu où Il couche et où Il fait des songes merveilleux.
Participer au songe de Dieu, c’est devenir dieu soi‑même.
François Brousse
« Interview de François Brousse à propos de son livre Péhadrita parmi les étoiles » dans Revue BMP N°7, janv. 1984
C’est par le pouvoir de création qu’on arrive à se libérer. On ne peut être heureux que lorsque l’on arrive à créer. Il faut être artiste pour devenir prophète.
Tous les prophètes sont inévitablement de grands artistes.
François Brousse
Entretien, Clamart, 25 mars 1995
XVII. L’Étoile des Mages
Dans le Tarot hindou, c’est une jeune femme nue, debout sur un îlot qu’environnent des eaux transparentes pleines d’une danse de poissons multicolores. De son tétin gauche coule un flot de miel, de son tétin droit flue un filet de lait. Cette double ambroisie tombe dans la vague chantante. Les mains de la déesse lèvent une coupe d’or et une coupe rouge vers l’étoile brasillante, composée d’un tourbillon prismatique, d’un tournoiement de couleurs, au centre desquelles resplendit la couleur inconnue de la Quatrième Dimension, visible aux seuls initiés. À droite et à gauche de la femme divine sortent du fleuve deux fleurs, reflétées dans le miroir des ondes – un lotus que surmonte un papillon chamarré, un lys qui s’ouvre sous les ailes d’une abeille.
Cette lame représente le flamboiement de la Beauté idéale, visage souriant de l’Ineffable. Elle illumine les hautes doctrines esthétiques, notamment celle de Platon, contemplateur des Idées Parfaites dans l’intelligence de l’Être suprême, et de Victor Hugo, granit méditant la hiérarchie des anges et des archanges qui montent vers Dieu.
L’Étoile des Mages nous apprend la venue des surhommes chargés de féconder l’inconscient de l’humanité, comme de donner au désir des hommes un idéal de création et d’admiration. Par l’admiration, l’âme quitte ses limites égoïstes pour plonger dans la gloire de la vie universelle. C’est le plus sûr moyen de conquérir l’absolu, à condition d’admirer les valeurs inaltérables, le Vrai, le Bien, la Beauté radieuse.
Cette lame XVII est sous l’influence de l’étoile Polaire dont l’éclat s’imprime sur tous les poètes et les artistes épris de splendeur surmentale et d’illumination divine. […]
Platon admettait trois principes Dieu, l’Idée et la Matière. L’Idée, substance incorporelle, brille dans l’Intelligence divine et sert de modèle aux formes éphémères du monde sensible. Toutefois, entre Dieu, empereur des Idées éternelles, et la matière changeante, le philosophe athénien place une substance intermédiaire, l’Âme du monde, où se rejoignent le variable et l’invariable, le fini et l’infini. Cette âme du monde, en s’individualisant forme les dieux, les daïmons, les génies et les hommes. Les dieux habitent l’empyrée dans une solitude inaccessible. Mais par l’entremise des daïmons, les hommes et les dieux peuvent communiquer. Les daïmons portent vers la terre les ordres divins et vers le haut les offrandes comme les vœux de l’humanité. Ils président aux oracles, inspirent les divinations, façonnent des prodiges, enfantent les miracles. […]
C’est par l’élan vers la Vérité, la justice et la Beauté, que l’humain s’arrache au cercle de fer des incarnations ou des métempsycoses pour entrer dans la sphère idéale où vivent les Dieux.
Le sens divinatoire de l’Étoile des Mages contient comme éclats : bonheur et joie, tendresse et compassion, candeur et charme, sous le vol souverain de l’espérance.
François Brousse
La Trinosophie de l’étoile Polaire, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1990, page 179-181
Le dharma
Il s’agit de savoir quelle est sa voie, et sa voie, c’est son dharma. Pour le comprendre, il faudrait avoir une connaissance parfaite de ce que nous sommes et de ce que nous avons été. On pourrait, à travers les symboles astrologiques, essayer de le comprendre. Sans sortir des sept planètes fondamentales, savoir quelle est la planète qui nous regarde et à ce moment-là nous pouvons peut-être connaître notre dharma.
Par exemple, le dharma, le devoir, la voie de celui qui est dominé par le Soleil, ce sera la grande création artistique avec une immense vision des vastitudes de l’art grandiose, soit dans la poésie, soit dans la danse, soit dans la peinture, soit dans la sculpture, soit dans n’importe quel art : c’est le côté grandiose qui sera pour lui à travers l’harmonie sa véritable voie.
François Brousse
Commentaires sur les Proverbes de Salomon – t. II, Clamart, éd. La Licorne Ailée, 2015, p. 189
L’intuition est double
C’est encore un de ces phénomènes inattendus. Elle est fondée sur le sixième sens, c’est-à-dire le sens esthétique et aussi sur l’intuition proprement dite. Je veux dire que l’intuition et le sixième sens ne font qu’un en vertu de la loi des binaires créateurs et des binaires de synthèse. Cela veut dire que, pour atteindre l’illumination ou l’inspiration ou l’intuition, il faut l’union du sens esthétique avec le sens prophétique et supérieur. Vous remarquerez que tous les véritables artistes sont intuitifs. Vous n’avez qu’à prendre la vie de tous les grands peintres, de tous les grands poètes, de tous les grands musiciens, et vous verrez que malgré leurs défauts, ils ont une formidable dose d’intuition qui survient parce qu’ils ont le sens esthétique. Je précise que vous n’arriverez à rien ou à pas grand-chose si votre sens esthétique n’est pas développé. Dieu a trois visages qui sont l’amour, la sagesse et la beauté. Or si vous êtes insensible au sens esthétique, vous devrez renaître jusqu’à ce que vous l’obteniez. C’est d’ailleurs la même chose pour les deux autres qualités. Si vous n’arrivez pas à la sagesse, vous renaîtrez inévitablement.
C’est peut-être Rudolf Steiner qui a dit cette phrase : Si vous êtes incapables de comprendre les secrets de Dieu, vous devrez revenir sur Terre.
François Brousse
Philosophies, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 2011, p. 242
Germes de lumière
Les frères inconnus dans toutes les religions et en dehors de toutes les religions, aspirant d’un cœur sincère à leur libération et qui se nourrissent de pensées d’enthousiasme, d’amour et de sagesse, sont très exactement la véritable Église dans le cosmos.
On les rencontre ou on les rencontrera, et même si ce n’est pas le cas, toujours s’établira une communication invisible entre le poète, entre l’artiste, entre le mage et tous ces êtres, ces germes de lumière qui n’attendent qu’un moment pour ouvrir leurs ailes et s’élancer vers le Soleil des soleils.
François Brousse
Poésie langage de l’âme, Vitrolles, Éd. de la Neuvième Licorne, 2008, p. 67

L’inspiration
L’inspiration ne respecte aucune règle. Cet aigle de lumière n’obéit qu’à sa fantaisie. Il peut se poser aussi bien sur le front d’un enfant que sur la tête d’un centenaire. Socrate le savait déjà qui disait des poètes : « Leurs créations sont dues, non à leur savoir, mais à un don naturel, à une inspiration divine analogue à celle des prophètes et des devins. » […]
J’ai remarqué que l’oiseau–fée demande une condition fondamentale : la pureté. […] Comme un jet de lave, la pureté monte vers le Parfait. Elle est aspiration incessante, joie débordante, communion avec la vie universelle. Une nonne, rancie dans sa virginité au fond d’un couvent, peut ne pas être pure. Un Victor Hugo, avec ses mille maîtresses, est inévitablement pur. Au fond de la pureté scintille cette pitié sans bornes pour les vivants que Schopenhauer déclarait être l’essence même du bouddhisme. […] Hommes, animaux, plantes, choses, dieux, tout réclame une gorgée d’amour.
Le poète est celui qui de sa coupe irradiante verse un flot de sympathie aux lèvres avides du cosmos. […] Le poète, quand s’organise au fond de son cœur la strophe, ne calcule pas. Il enregistre une voix surnaturelle qui s’impose à lui du dehors – un dehors qui est aussi un dedans – et couvre de son feuillage la rotation des étoiles.
François Brousse
Revue BMP, La Licorne Ailée, mai 1997