Le Poème de la Terre

Carcassonne, 1ère éd. Imprimerie de Gabelle, 1938

Présentation

Dans Le Poème de la Terre (1938, 35 sonnets dédiés à la Terre vivante) – premier livre publié de François Brousse par lequel il se fait connaître, sa carte de visite –, il explicite les étapes de la la création énorme et son but ultime avec des sonnets comme « Les réincarnations », « Les génies », « L’idée de Dieu. »

L’auteur commente lui-même « Les réincarnations » : « Un tel sonnet renferme les doctrines découvertes par les sages de toutes religions, le minerai pur de la vérité. Transmigration des âmes, loi du Karma qui courbe les univers, enfin progrès infini de la personnalité indestructible dans la vie sans limites … » :


LES RÉINCARNATIONS

Quel souffle, pétrissant l’humanité barbare,
L’entraîne malgré tout vers des buts solennels ?
Quelle main remplaça sur les puissants autels
L’âcre sang du taureau par le doux miel des jarres ?

L’âme, éternel flambeau, revêt des corps mortels
Que la tombe dévore et que le nid prépare ;
Quand leurs pas rebellés dans les ombres s’égarent,
Une lance de feu dompte les criminels.

Nos fautes, franchissant le sépulcre difforme
Dans les nouvelles vies nous suivent âprement,
La douleur nous instruit, la pensée nous transforme,

L’Idéal nous remplit de son vin écumant.
Nous allons, à travers de triomphants désastres,
Gravissant pas à pas le dur sentier des astres. (1)

Jean-Pierre Wenger
François Brousse l’Enlumineur des mondes, Saint-Cloud, Danicel production, 2005, p. 89

(1) Le Poème de la Terre, réédité dans Œuvres poétiques t. I, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1986

Présentation

Dans Le Poème de la Terre (1938, 35 sonnets dédiés à la Terre vivante) – premier livre publié de François Brousse par lequel il se fait connaître, sa carte de visite –, il explicite les étapes de la la création énorme et son but ultime avec des sonnets comme « Les réincarnations », « Les génies », « L’idée de Dieu. »

L’auteur commente lui-même « Les réincarnations » : « Un tel sonnet renferme les doctrines découvertes par les sages de toutes religions, le minerai pur de la vérité. Transmigration des âmes, loi du Karma qui courbe les univers, enfin progrès infini de la personnalité indestructible dans la vie sans limites … » :


LES RÉINCARNATIONS

Quel souffle, pétrissant l’humanité barbare,
L’entraîne malgré tout vers des buts solennels ?
Quelle main remplaça sur les puissants autels
L’âcre sang du taureau par le doux miel des jarres ?

L’âme, éternel flambeau, revêt des corps mortels
Que la tombe dévore et que le nid prépare ;
Quand leurs pas rebellés dans les ombres s’égarent,
Une lance de feu dompte les criminels.

Nos fautes, franchissant le sépulcre difforme
Dans les nouvelles vies nous suivent âprement,
La douleur nous instruit, la pensée nous transforme,

L’Idéal nous remplit de son vin écumant.
Nous allons, à travers de triomphants désastres,
Gravissant pas à pas le dur sentier des astres. (1)

Jean-Pierre Wenger
François Brousse l’Enlumineur des mondes, Saint-Cloud, Danicel production, 2005, p. 89

(1) Le Poème de la Terre, réédité dans Œuvres poétiques t. I, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1986

Article de presse

 

« FRANÇOIS BROUSSE : LE POÈME DE LA TERRE »

Revue  Madeloc, N°37, oct. 1955

Que dire encore sur Le Poème de la Terre ?

 J’entends la voix sonore d’Antoine Orliac qui hier, s’adressant à moi, et posant une main sur l’épaule de François Brousse : « Enfin, voici un vrai poète ! » Et encore, Frédéric Saisset, après avoir lu Le Poème de la Terre me disait également : « François Brousse est surprenant ; si mon regretté ami, J.-H.Rosny vivait, lui qui adorait les livres de préhistoire, serait ravi à la lecture de celui-ci. » Ces appréciations d’écrivains éminents se passent de commentaires.

Albert Janicot

 

François Brousse le poète aux cent visages

Le poète François Brousse, né le 7 mai 1913, sous le soleil du Roussillon, se présente à nous avec une abondante brassée d’œuvres. Il débuta par un coup de maître, Le Poème de la Terre, série de trente-cinq sonnets dédiés « À la Science Secrète, Isis an triple voile illuminé de constellations ». Ce thème, sur les destinées du globe, excita l’enthousiasme de Frédéric Saisset.

René Espeut
François Brousse le poète aux cent visages, 1954, p. 7

Le souffle épique atteint son maximum d’ampleur dans Le Poème de la Terre que d’aucuns ont comparé à De Natura Rerum.

Entreprise unique dans l’histoire littéraire de la France ! Chanter la vie du Globe, les âges géologiques, puis, plonger hardiment les yeux dans l’avenir de l’homme et du cosmos !

Programme immense. Il fallait l’aide de la science, de la philosophie, de la poésie.

Cette rencontre s’est réalisée. Auparavant, Sully Prudhomme avait bien tenté quelque chose d’analogue, mais il échoua. François Brousse, lui, a réussi. Le fin poète du « Vase brisé » ne possédait pas l’imagination débordante que l’on trouve dans Le Poème de la Terre.

Une autre gageure de ce livre étrange, c’est d’enfermer, dans des sonnets impeccables, tout le bouillonnement des forces universel­les, toute la marche de la vie, toute l’apothéose de l’homme. Phénomène de condensation véritablement unique !

Enfin, l’épopée du Globe, vue par François Brousse, fait intervenir l’action des invisibles, des morts, des réincar­nations, des naissances divines. L’attrait du mystère enve­loppe cette œuvre dont la charpente est solidement scien­tifique :

 

SALUT À LA TERRE VIVANTE

Ton dogue lumineux, la Lune, te sourit,
Ô Terre, noir géant qui rôde dans l’espace !
Une vie large et grandiose te pétrit ;
Le feu, sang fulgural, dans ta poitrine passe.

Les ouragans broyant les ormes sont tes cris ;
Les montagnes te font une âpre carapace ;
Le tourbillon des astéroïdes rapaces,
Par ta main monstrueuse, ô vainqueur, est surpris.

L’ombre de ton Esprit resplendit sur les hommes ;
Tes rêves bienveillants suscitent les arômes ;
Les oiseaux ont jailli de ton sursaut vermeil.

Aspirant à grands flots les flammes frémissantes,
Comme un oursin voguant dans la mer nourrissante,
Tu flottes dans l’éther vivifiant du Soleil !

René Espeut
François Brousse le poète aux cent visages, Perpignan, éd. Labau, 1954, p. 7 et 11