Lys funèbres

Paris, 2e éd. La Licorne Ailée, 2023 – 7 euros

Recueil poétique en prose qui évoque, en une vingtaine d’épisodes lyriques, des scènes et des figures célèbres du répertoire mythologique grecque : Eupolis, l’éphèbe agréable aux femmes ; la grandeur d’Hector ; le cyclope Polyphème épris de la nymphe onduleuse Galateia ; Psyché, la vierge éclatante et nue ; les exploits immortels de Phaéton ; le choc des Titans rebelles contre les dieux de l’Olympe… Cet univers peuplé de Faunes, de Nymphes, de Néréïdes, de Nuées incorruptibles, hymne à la Lyre, à la Nature, aux Héros, compose les impérissables diamants qui tressent la couronne du Poète, harmonieux amant des Muses insondables. L’auteur précise en dédicace : « J’offre à l’Hellas, morte éternelle, ces Lys funèbres. »

 

Hymne à la Lyre

Sous ses doigts surhumains les cordes ont frémi. (Leconte de Lisle)

Ô resplendissante lyre, toi qu’animent Apollon à la chevelure de feu et les Muses aux cheveux de ténèbres ; les jeunes vierges mi‑nues, sous leur couronne tressée de roses délicates et de royaux raisins, répondent à tes mille voix ; et, quand sourd le fleuve d’harmonie de tes cordes vibrantes, elles tourbillonnent comme des colombes et comme des courtisanes, dans les flots invisibles qui baignent leurs pieds ailés, leurs jambes pures, leurs hanches lascives, leurs seins palpitants, leurs épaules divines et le languissant miroir de leurs prunelles d’or !

La foudre immortelle qui s’élance des mains de Zeus, roi des tempêtes ; la foudre dont les lézardes flamboyantes fendent la coupole des nuits ; la foudre qui précipite les aigles, cloue les lions, déracine les chênes, ébranle les tours ; la foudre incorruptible comme l’escarboucle, formidable comme le volcan, s’éteint devant la majesté de ta suprême poésie !

L’âpre oiseau du Kronide, le ravisseur dont les ailes épouvantent les cieux, le monstre dont les yeux sont les étoiles sanglantes de la colère du Souverain des Immortels, laisse tomber les pans de son manteau, penche sa tête dans le fluide lumineux de tes incantations, s’endort comme un enfant ivre et fait frémir de plaisir les plumes de son dos redoutable !

Hélios à la chevelure d’abeilles et les grandes Muses au sein fécond savent aussi charmer l’âme innombrable de Déméter, et c’est grâce à toi, ô lyre toute‑puissante, qu’ils font chanter les mers poissonneuses, murmurer les forêts sacrées, et gémir les limpides sources fluviales dans l’ombre des cavernes !

François Brousse
Lys funèbres

 

Recueil poétique en prose qui évoque, en une vingtaine d’épisodes lyriques, des scènes et des figures célèbres du répertoire mythologique grecque :
Eupolis, l’éphèbe agréable aux femmes ; la grandeur d’Hector ; le cyclope Polyphème épris de la nymphe onduleuse Galateia ; Psyché, la vierge éclatante et nue ; les exploits immortels de Phaéton ; le choc des Titans rebelles contre les dieux de l’Olympe… Cet univers peuplé de Faunes, de Nymphes, de Néréïdes, de Nuées incorruptibles, hymne à la Lyre, à la Nature, aux Héros, compose les impérissables diamants qui tressent la couronne du Poète, harmonieux amant des Muses insondables. L’auteur précise en dédicace : « J’offre à l’Hellas, morte éternelle, ces Lys funèbres. »

 

Hymne à la Lyre

Sous ses doigts surhumains les cordes ont frémi. (Leconte de Lisle)

Ô resplendissante lyre, toi qu’animent Apollon à la chevelure de feu et les Muses aux cheveux de ténèbres ; les jeunes vierges mi‑nues, sous leur couronne tressée de roses délicates et de royaux raisins, répondent à tes mille voix ; et, quand sourd le fleuve d’harmonie de tes cordes vibrantes, elles tourbillonnent comme des colombes et comme des courtisanes, dans les flots invisibles qui baignent leurs pieds ailés, leurs jambes pures, leurs hanches lascives, leurs seins palpitants, leurs épaules divines et le languissant miroir de leurs prunelles d’or !

La foudre immortelle qui s’élance des mains de Zeus, roi des tempêtes ; la foudre dont les lézardes flamboyantes fendent la coupole des nuits ; la foudre qui précipite les aigles, cloue les lions, déracine les chênes, ébranle les tours ; la foudre incorruptible comme l’escarboucle, formidable comme le volcan, s’éteint devant la majesté de ta suprême poésie !

L’âpre oiseau du Kronide, le ravisseur dont les ailes épouvantent les cieux, le monstre dont les yeux sont les étoiles sanglantes de la colère du Souverain des Immortels, laisse tomber les pans de son manteau, penche sa tête dans le fluide lumineux de tes incantations, s’endort comme un enfant ivre et fait frémir de plaisir les plumes de son dos redoutable !

Hélios à la chevelure d’abeilles et les grandes Muses au sein fécond savent aussi charmer l’âme innombrable de Déméter, et c’est grâce à toi, ô lyre toute‑puissante, qu’ils font chanter les mers poissonneuses, murmurer les forêts sacrées, et gémir les limpides sources fluviales dans l’ombre des cavernes !

François Brousse
Lys funèbres