Revue Dialogues N°26

Verneuil-sur-Seine, février 1982

Ces hommes

Quels sont ces hommes purs au front prestigieux ?
On ne sait quelle lave ondule dans leurs yeux
Ils font vibrer le cœur des mondes
Leurs gestes sont pareils à des palmes dorées,
Des constellations de flammes inspirées
Joignent leur pur sourire aux vertiges de l’onde.

Ils vont comme des dieux vêtus d’azur vivant
Dont les pieds triomphaux foulent les vastes vents…
Ils vont, la chevelure dénouée.
Les figures de proue comme eux ont les yeux fiers
Quand elles fendent puissamment le bleu des mers
Sous le rugissement sauvage des nuées.

Ils peuvent repétrir ou briser l’univers.
Sont‑ce des conquérants forgés d’ombre et de fer,
Debout sur les peuples qui crèvent ?
D’où vient le flamboiement bondissant de leur cœur ?
Sont‑ce des dieux‑lions, des colosses vainqueurs ?

Non, ce sont les amants de l’Idée et du Rêve.

François Brousse

Revue Dialogues N°26, Verneuil-sur-Seine, février 1982

Poème publié dans De l’autre cygne à l’un, Perpignan, Imp. Labau, 1973 (2e éd. Œuvres poétiques t. II, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1988, p. 357)

Ces hommes

Quels sont ces hommes purs au front prestigieux ?
On ne sait quelle lave ondule dans leurs yeux
Ils font vibrer le cœur des mondes
Leurs gestes sont pareils à des palmes dorées,
Des constellations de flammes inspirées
Joignent leur pur sourire aux vertiges de l’onde.

Ils vont comme des dieux vêtus d’azur vivant
Dont les pieds triomphaux foulent les vastes vents…
Ils vont, la chevelure dénouée.
Les figures de proue comme eux ont les yeux fiers
Quand elles fendent puissamment le bleu des mers
Sous le rugissement sauvage des nuées.

Ils peuvent repétrir ou briser l’univers.
Sont‑ce des conquérants forgés d’ombre et de fer,
Debout sur les peuples qui crèvent ?
D’où vient le flamboiement bondissant de leur cœur ?
Sont‑ce des dieux‑lions, des colosses vainqueurs ?

Non, ce sont les amants de l’Idée et du Rêve.

François Brousse

Revue Dialogues N°26, Verneuil-sur-Seine, février 1982

Poème publié dans De l’autre cygne à l’un, Perpignan, Imp. Labau, 1973 (2e éd. Œuvres poétiques t. II, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1988, p. 357)

 « Du végétarisme à l’illumination »

 

Article de François Brousse

7 janvier 1982

L’homme est libre ! Il est absolument libre ! Et c’est dans son cœur qu’il trouve les secrets de l’éternité. Cet enseignement, je le propage depuis plusieurs dizaines d’années […].

Il suffit d’approfondir ce message pour comprendre l’attitude de l’homme devant le monde. Suivre aveuglément, sans esprit criti­que, les directives d’un chef politique ou religieux ne mène pas à la libération et tous les faux prophètes réclament l’obéissance.

Mais les âmes troublées par l’illusion et les prestiges de la maya ont besoin de guides spirituels qui sont comme autant de lampes ardentes sur les chemins de l’illimité. Tous les ésotéristes devraient savoir que l’homme se compose d’un corps physique, d’une âme et d’un esprit. Ceux qui réduisent l’homme au corps grossier errent dans les ténèbres. Ceux qui voient dans l’humain un corps et une âme marchent dans une demie obscurité, mais les sages distinguent dans l’homme un corps périssable, une âme perfectible et un esprit divin. Toute l’épopée des fils d’Adam va du corps à l’esprit et de la sensation vulgaire à l’illumination. Comment y parvenir ? On y parvient par une triple purification :

Il faut d’abord purifier le corps physique en supprimant toute alimentation carnée (ni viande, ni poisson) car elles nous im­prègnent, du psychisme inférieur des animaux et nous obligent à vivre sur le massacre des bêtes innocentes. Nul ne pourra atteindre la libération s’il n’est auparavant végétarien.

Après la purification du corps, celle de l’âme. Tous les sentiments négatifs – haine, violence, jalousie, envie, colère, ran­cune, rancœur – doivent être supprimés dans le sanctuaire sublime de notre âme car la pensée est une force et les pensées de destruc­tion rongent l’univers. Il faut pratiquer la bienveillance infinie et l’amour universel.

Il s’agit maintenant de purifier l’esprit. Il est rempli de pensées basses et vulgaires ; on doit les remplacer par des élans d’amour, la contemplation esthétique et la recherche de la vérité. Platon voyait en Dieu trois vertus éternelles : le Bien, le Beau et le Vrai. Les hindous montrent trois énergies dans l’Être suprême :

  • Vishnou – l’Amour,
  • Brahma – la Beauté,
  • et Siva – la Sagesse.

Ces trois chemins de lumière montent vers la cime de la divinité.

Habituellement, on ne parle que de l’amour ou de la sagesse, la beauté semble exclue du vocabulaire de certains ésotéristes. Il leur faut la froideur, la rigidité, la précision, le marbre, la pierre ; ils sont les pétrifiés de la théosophie. Sous prétexte qu’il faut rejeter les prestiges de l’astral, ils ignorent l’illumination, l’inspiration, l’intuition et l’imagination créatrice. Ils ne savent pas que Dieu est le grand poète comme le grand prophète, comme le sage suprême. Ils devraient consulter les livres sacrés de l’humani­té. En ce qui concerne simplement la Bible, ils auraient intérêt à sonder les visions exubérantes des quatre grands prophètes, les paraboles de Jésus et les images de lumière et de feu qui soulèvent l’Apocalypse.

L’ouverture de l’esprit par l’imagination créatrice permet à l’homme de connaître Dieu. L’éternel Artiste se complaît à des ta­bleaux grandioses dont les lignes sont dessinées par les soleils et les comètes. Pour être sauvé, il faut devenir un sage, un saint et un poète. Par la sagesse, on contemple le Père ; par la sainteté, on s’approche du Fils et par l’inspiration, on incarne l’Esprit.

De même qu’il est impossible d’être libéré si l’on n’est pas végétarien, il est impossible de connaître l’absolu si l’on n’ouvre pas les ailes de la poésie visionnaire. Assimilez‑vous aux trois visages de la perfection et vous devien­drez parfait vous‑même. Il suffit d’ailleurs de contempler les maîtres surhumains pour s’apercevoir que leurs enseignements étincel­lent de symboles et d’allégories. Il ne s’agit pas des torsions du serpent astral, mais de l’envol du Phénix flamboyant qui est le reflet du Feu créateur sur la Terre.

François Brousse

Revue Dialogues N°26, Verneuil-sur-Seine, février 1982

Article réédité dans le BMP N°218-222, janvier-mai 2003 (Clamart, Éd. La Licorne Ailée)