À la mémoire du poète Albert Janicot (1889-1956)

Directeur-Fondateur de la revue méditerranéenne Madeloc

Perpignan, décembre (?), Imp. Labau, 1956


 À la mémoire du poète Albert Janicot, décembre (?) 1956

Poème réédité dans la revue Sources Vives N°13, Perpignan, Automne 1959

 À la mémoire du poète Albert Janicot, décembre (?) 1956

Poème réédité dans la revue Sources Vives N°13, Perpignan, Automne 1959

« Préface »

Article de René Espeut

Gérard de Nerval traduisant les stances de Goethe, nous dit l’histoire d’un prince sensible qui, demeuré fidèle à la bien-aimée jusqu’aux portes du tombeau, se vit offrir, en souvenir d’elle, une coupe d’or semée de pierres précieuses.

Certes, Albert Janicot n’avait jamais reçu des dieux un ciboire d’argent éclaboussé de gemmes, mais, à l’exemple du roi de Thulé, il n’en pressa pas moins toujours sur son cœur la modeste coupe en bois de hêtre, symbole des troubadours, que la muse bienveillante déposa sur son berceau. Aussi reçoit-il aujourd’hui, des poètes, des écrivains et des artistes, en guise d’offrande suprême, les anémones du présent recueil, en hommage à sa mémoire.

Celle-ci ne laissera pas de hanter la Butte-Saint-Jacques, ce haut-lieu de Perpignan, la ville aux cent fontaines, où, dans l’atmosphère d’une esquisse de Callot, des chats noirs, aux allures de sultanes, lovent leur queue de soie sur leurs pattes de suie.

C’est là qu’un soir je le joignis. La nuit était figée, comme gelée, et pourtant, tiède. C’était une mansarde que le ciel de l’été emplissait d’étain clair, l’heure où la guitare des gitans qui s’assemblent pleure dans les rues torves.

Au loin, un toit d’ardoises portait la Lune sur son dos. Il y avait, dans ce grenier, on ne sait quoi d’occulte, d’artistique, de touchant, qui me faisait penser à Richard Byrd : – Toutes les beautés sont parentes, car toutes émanent de la même substance.

Au sein de ce décor, je revois Albert Janicot, penché sur une table sans histoire et sans âge, élaborer, avec amour, la mise en page de Madeloc et j’entends sa voix me parier et me dire : – Avez-vous lu le dernier François Brousse ? Une merveille : un sonnet à nul autre pareil !

Il me savait l’ami du grand poète. Et sur la page blanche, telle une ballerine diaphane issue des Nuits de Walpurgis, je pouvais discerner, une fois encore, la graphie curviligne de l’auteur du Rythme d’Or.

Pauvre Albert Janicot. Les autans déchaînés, qui tourmentent les mers, n’ont jamais fait chanter le roc dur des falaises, mais on peut entendre gémir l’âme sensible des roseaux, à l’heure où la mort plane, dans le souffle du soir. Madeloc est une cime neigeuse, une vieille tour qui étincelle dans les couchants roussillonnais. Avec sa raison sociale, le troubadour en avait fait l’emblème de son cœur.

D’aucun se demandent à la faveur de quel prodige cet homme sans deniers avait pu créer et maintenir sa Revue, en oubliant, peut-être, qu’Albert Janicot possédait la foi qui soulève les montagnes, et que son intuition littéraire avait su l’entourer d’authentiques poètes et de prosateurs dont les talents ne pouvaient, en aucun cas, être révoqués en doute.

Ainsi s’accomplissait la parabole éternelle : – Voyez le lys des champs : il ne tisse ni ne file, et, pourtant, le roi Salomon, dans toute sa magnificence, ne possède pas de semblable parure.

René Espeut

 À la mémoire du poète Albert Janicot, décembre (?) 1956

Table des matières

« À la mémoire du poète Albert Janicot»

Directeur-Fondateur de la revue Méditerranéenne Madeloc

Perpignan – Décembre ( ?), Imp. Labau,  1956

 

« Pour Albert » – Poème de Jeanne MAURESO-MOURAGUES (en catalan & en français)

Portrait d’Albert Janicot (avec son béret) par Honoré Nicolau

« Préface » – Article de René Espeut

« Le tombeau d’Albert » – Poème de François Brousse  

« À Albert Janicot, official du Carcanet et de la Tramontane » – Poème de Pierre Cusin

« Le songe » – Poème de René Espeut

Poème dédié « Aux cendres mélodieuses du poète Albert JANICOT, amant de la chimère

« Une figure perpignanaise : Albert Janicot » – Article d’Hélène André   

« Albert Janicot Poète du Vallespir et du Grenier de Saint-Jacques » – Article de Claude Barriot

« Albert Janicot » – Article de Gabriel Blanc

« Albert Janicot » – Article de Just Calveyrach

« Nous l’appelions JANI » – Article de Henry Pascot de Pontich

« Un ami : Albert Janicot » – Article de Désiré Ponsaille

« Ultime rencontre » – Article de Lucien Vilar    

« Florilège » – Poèmes d’Albert Janicot

– « Soir catalan » – « Vallespir »

 – « Collioure » – « Pâles lamas »

– « L’espasa d’en Joffre » – « Tristesa » (poèmes en catalan)

– « La Bota de Vi » – « La Canço de l’Istiu »

« Éditions Labau & dépôt légal »

« Les Amis d’Albert Janicot remercient » – Nota sur les obsèques d’Albert Janicot