Revue Sources Vives N°14

Perpignan, hiver 1960

Quatrième de couverture

Quatrième de couverture

« De Pythagore à Camille Flammarion »

François Brousse, 3 mai 1960 (Extrait)

Survol de l’histoire des planètes

[…] Un autre éminent philosophe, Pythagore (né vers 583 av. J.-C.), nous apporte également des connaissances inouïes. Pythagore créa une école de savants illuminés qui prétendaient connaître les derniers secrets des choses par la méditation et l’étude des mathématiques. Dans ce cercle d’initiés transcendants, le savoir astronomique atteignit rapidement une haute valeur. Ils affirmaient que la Terre sphérique tournait sur elle‑même en 24 heures, et autour du Soleil en une année, que les autres planètes sont des mondes comme la Terre et qu’ils évoluent également autour de l’Astre central. Pythagore savait aussi que la révolution de Mars est double de celle de la Terre, et que la révolution de Saturne égale trente fois celle de notre globe.

Aristarque de Samos (310‑230 av. J.-C.), le Copernic de l’Antiquité proclama que les planètes tournent autour du Soleil. Il fut même le premier à le proclamer clairement, car les pythagoriciens antérieurs s’enveloppaient de formes symboliques. Malheureusement, les systèmes pythagoriciens ne prévalurent pas, et l’opinion de la majorité, qui mettait la Terre au centre de l’univers, triompha pendant des siècles. Elle trouva son expression parfaite dans la théorie de Ptolémée (90‑168), très grand astronome malgré son erreur fondamentale. Il affirmait que le Soleil et les planètes circulent autour de notre monde immobile. Ce système défendu avec beaucoup d’ingéniosité rendait compte des mouvements des astres. Il correspondait trop bien aux apparences grossières données par nos sens. Et l’orgueil de l’homme lui a toujours fait supposer qu’il vivait au centre du monde.

Quatorze siècles de ténèbres astronomiques s’écoulèrent, jusqu’à Copernic, qui releva la splendeur de la science éternelle. Copernic (1473‑1543) admirait éperdument Ptolémée, mais il ne tarda pas à s’apercevoir que son système ne cadrait que difficilement avec les nouvelles observations sur la marche des planètes. Copernic se mit donc à méditer le problème du monde et en s’inspirant, comme il le dit lui‑même, des idées du pythagoricien Philolaos et d’Aristarque de Samos, il édifia une nouvelle théorie de l’univers. Le Soleil est au centre du monde, les planètes, Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Jupiter et Saturne, tournent autour de lui.

Malheureusement, Copernic admettait comme Ptolémée un univers limité par la sphère des étoiles fixes, à la manière d’une noix enfermée dans sa coquille. Les successeurs de Copernic brisèrent cette frêle barrière et montrèrent que les étoiles sont autant de soleils épars dans les immensités de l’espace.

 

Ce fut essentiellement l’œuvre de Giordano Bruno, génie rempli d’intuition comme un ciel d’été rempli de rayons solaires. Les pages de ses livres frissonnent au vent de l’Esprit. Giordano Bruno reflète les idées sublimes de la tradition primordiale, qui est en même temps l’universelle évolution.

[…] Sur le plan astronomique, l’univers, nécessairement, ne connaît pas de bornes : chaque étoile est un Soleil qui régente toute une cour scintillante de planètes. Et chaque planète se présente comme un globe palpitant de vie, où l’humanité lève vers les astres ses yeux superbes. Ainsi Giordano Bruno faisait voler en éclats la prison de cristal où Copernic enfermait encore le monde. […]

Après Giordano Bruno, vint Kepler (1571‑1630). Ce savant visionnaire croyait à l’astrologie, au pythagorisme, à la magie. Son imagination fougueuse jetait un torrent d’idées étincelantes à la découverte de l’univers. Il trouva trois lois fondamentales qui immortalisèrent son nom. Le maître de Kepler, l’astrologue Tycho Brahé, surnommé l’astrologue au nez d’argent, car il avait perdu son vrai nez dans un duel, était un observateur émérite. En s’appuyant sur ses observations, et en les corrigeant par les siennes propres, Kepler découvrit que les planètes décrivaient, non pas un cercle parfait comme le croyait Copernic mais une ellipse. Il découvrit aussi qu’une planète va d’autant plus vite qu’elle s’approche du Soleil. Enfin, il donna le moyen de calculer la distance d’une planète en s’appuyant sur la durée de sa révolution. Kepler, en mourant, pouvait se vanter d’avoir dévoilé magnifiquement les harmonies véritables du monde.

Maintenant, voici Galilée (1564‑1643), fondateur de la physique et rénovateur de l’astronomie. Il offrit au système de Copernic les preuves expérimentales qui lui manquaient encore. Galilée perfectionna la lunette astronomique, récemment inventée, et se mit à fouiller, avec cet œil nouveau, les abîmes du ciel. La planète Jupiter lui réservait des choses surprenantes. Il vit que des petits astres, des satellites, tournaient autour de ce grand monde, comme la Lune tourne autour de la Terre. C’était une miniature du système solaire. L’énorme Jupiter possède douze lunes, Galilée découvrit les quatre plus grosses. […]

Galilée, observant également le Soleil, découvrit que cet astre merveilleux et pur avait des taches. Mais à la hardiesse du savant italien se froncèrent les sourcils de la sainte Inquisition. Devant une assemblée d’hommes noirs, le malheureux vieillard fut obligé de maudire et de détester l’hérésie monstrueuse du mouvement de la Terre.

– E pur si move. Et pourtant elle se meut, murmura‑t‑il avec un soupir.

Mais la vérité astronomique s’élançait d’un vol hardi ; les coups conjugués du fanatisme et de la sottise ne l’empêchèrent pas de remporter une nouvelle victoire. Les génies succédaient aux génies pour apporter d’autres révélations.

Après Galilée se dresse Newton (1643‑1727), certainement avec Einstein le savant le plus prodigieux des annales de l’astronomie humaine. […]

François Brousse

De Pythagore à Camille Flammarion, Revue Sources Vives N°14, Perpignan, 1960 (4e éd., La Licorne Ailée, 1991)

Voir 2e éd., Clamart, La Licorne Ailée, 1991

Table des matières

Sources Vives N°14

Comité d’honneur – Conseillers aux arts – Comité de rédaction

« De Pythagore à Camille Flammarion » – par François Brousse

Survol de l’histoire des planètes

La loi du nombre 15 et l’harmonie des planètes