Aurobindo Ghose

 dit Sri Aurobindo

Calcutta, 15 août 1872 – Pondichéry, 5 décembre 1950


 

Il existe des terres prédestinées, des continents et même des civilisations. La civilisation hindoue, la plus antique, a été, à son époque, la plus haute. À travers tous les siècles, depuis que nous la connaissons, elle n’a cessé de produire des hommes exceptionnels, le dernier en date étant Krishnamurti. Gandhi est venu à son heure, Krishnamurti est venu à la sienne et, entre les deux, resplendit un penseur prodigieux, Aurobindo Ghose, qui est également un prophète. L’Inde est une montagne, une série de montagnes étincelantes, avec des sommets, tous plus hauts les uns que les autres. Elle annonce qu’il doit y avoir vingt‑deux grands avatars. Le mot avatar est un mot extrêmement important. Il signifie, dans la langue française qui est une des langues kabbalistiques les plus riches de la Terre, à la fois l’arrivée d’un maître, d’un dieu, d’un prophète, d’un rédempteur et, aussi, d’une catastrophe aux ampleurs infinies. Car, chaque fois qu’un avatar se manifeste, la première chose qu’il fait – et il ne le fait pas exprès –, c’est de bousculer toutes les croyances admises jusqu’à ce jour. Si vous voyez un homme dans la lignée classique des dogmes habituels, vous pouvez être certain qu’il ne s’agit que d’une semblance, et non d’un avatar véritable tel que Gandhi ou Krishnamurti.

François Brousse
Le Livre des révélations – Tome 2, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1992, p. 19

Les trois visages de Dieu

D’après les maîtres de l’Inde, Dieu aurait trois visages : Brahmâ, Vishnou et Siva. De Vishnou sont sortis les grands réformateurs religieux : Rama, Krishna, Bouddha, Jésus, Manès, Mahomet, etc., et tous ceux qui sont ici encore et tous ceux qui viendront par la suite. Comme disent les Hindous, les avatars sont aussi nombreux que les vagues de la mer.

Siva représente une autre lignée de géants, les grands métaphysiciens, les philosophes qui montent sur le haut du cosmos et sont capables de tout comprendre, de tout expliquer et de tout approfondir. C’est Spinoza dans un certain sens, Aurobindo Ghose, Bergson dans un autre, Pythagore, Platon, Plotin, tous les néo-alexandrins, tous ceux qui arrivent par leur puissance magique, par l’ampleur de leur esprit, à comprendre les rouages de l’univers. Ceux-là sont des reflets de Siva. Sankaracharya [788-820], le maître du monisme dans l’Inde, est d’ailleurs considéré comme une incarnation de Siva. Saï Sathya Baba, un autre prophète hindou, prétend également être l’incarnation de Siva. Siva représente dans un certain sens l’esprit universel.

Le troisième visage est Brahmâ ! Brahmâ, lui, s’incarne dans les artistes et les poètes créateurs. Des noms prestigieux surgissent à travers les âges : Valmiki, Vyasa, Homère, Isaïe, Eschyle, Shakespeare, Dante, Hugo et tous ces noms sont en quelque sorte les échos de la bouche de Dieu, les échos de Brahma ! […]

Nous sommes en présence de trois êtres devant lesquels nous devons voir l’image de l’infini, de l’éternité et de l’absolu. Ces trois entités sont les réformateurs religieux, fils de Vishnou, les réformateurs poétiques, fils de Brahma et les réformateurs métaphysiciens, fils de Siva. La contemplation consiste à parcourir les œuvres de ces génies immortels. Un excellent moyen d’atteindre l’infini est de méditer sur les grands livres sacrés et de contempler les grandes œuvres créées par ces génies suréminents. […] On devrait tous les jours lire un grand poème, contempler une grande œuvre et écouter un morceau de musique inspirée.

François Brousse
Poésie langage de l’âme, Vitrolles, Éd. de la Neuvième Licorne,  2008, p. 62-63

 

Deux écoles de yoga

Deux écoles de yoga co‑existent pacifiquement dans l’Inde. La première fait monter la kundalini à partir du muladhara, où elle se trouve lovée comme un serpent dans une caverne. La deuxième école prétend faire descendre le supra mental dans le mental, puis dans l’astral, puis dans le physique : c’est surtout l’école d’Aurobindo Ghose. Je pense que la meilleure manière d’aborder la force divine, c’est de la faire descendre de chakra en chakra jusqu’au moment où elle frappe le muladhara pour réveiller la kundalini. Ensuite on fait monter par la pensée la kundalini jusqu’au brahmarandra.

Ainsi l’esprit de Dieu descend et l’esprit de l’homme monte, c’est une réalisation yoghique de l’étoile de Salomon, c’est également l’union entre l’ancien et le nouveau, la création en somme d’un troisième testament. Le corps subtil de l’homme est ainsi irradié de manière totale.

François Brousse
Revue BMP N°39 – octobre 1986

 

Aurobindo Ghose, réincarnation de Platon

Aurobindo Ghose, le sage de Pondichéry se lève comme incarnation ou comme adombrement du génial philosophe. Il a tenté de faire descendre le supra mental jusqu’aux dernières cellules du corps physique, pour atteindre ainsi l’immortalité corporelle. Aurobindo pensait que toute l’évolution tendait à produire ce fruit incommensurable, l’immortalité tangible. Mais le grand homme aboutit à un échec formidable : sa propre mort. Et celle de la Mère, sa compagne divine, morte aussi ! […] Et quel besoin a‑t‑on de s’enfermer éternellement dans le corps tandis que l’esprit aspire à des métamorphoses infinies ?

François Brousse
« Le mystère des textes druzes (terminé le 31-08-1986) » dans Revue BMP N°42 – janvier 1987

 

Pérégrination

Selon Orphée, Pythagore, Krishna, Taliésin, le vrai Bouddha, le vrai Jésus, Manès, Victor Hugo, Gandhi, Aurobindo Ghose, nous sommes obligés de revenir sur les planètes dans des formes corporelles jusqu’à ce que le moi humain prenne conscience du moi divin.

Comment parvenir à cette conscience ?

La tradition hellénique empreinte du grand Platon, fils d’Apollon, les trois chemins qui s’élèvent au-delà du nombre : la sagesse, l’amour et la beauté.

Il faut pour s’arracher à l’attraction des mondes inférieurs vivre dans la contemplation de la beauté idéale, dans la lucidité de notre moi intégral et dans l’expansion infinie de l’universel amour.

François Brousse
« La personne, instant ou éternité ?  » dans Revue BMP N°194 – décembre 2000

 

Purifier le subconscient

Le deuxième maître du XXe siècle est Aurobindo Ghose. Sa méthode est assez difficile à comprendre. On peut cependant la résumer en trois points.

Premier point : tout ce qui nous arrive extérieurement est le fruit des souhaits et des peurs que nous avons au fond de notre subconscient. Par conséquent, si nous voulons une planète purifiée, harmonisée, divinisée, il faut avant tout aboutir à purifier notre subconscient. Comment y parvenir ? En faisant descendre du fond des abîmes ce qu’il appelle le supra mental. Le supra mental doit descendre dans notre mental et le purifier. Il doit ensuite descendre dans notre astral qu’il purifie encore. Puis, il doit descendre dans notre psychisme qu’il purifie également et jusqu’aux dernières cellules de notre corps. Lorsque c’est effectif, le grand phénomène de l’univers est réalisé.

Le monde a été créé pour former des êtres immortels, des êtres qui seront capables de faire descendre le supra mental jusqu’au fond de leurs cellules. À ce moment-là, une nouvelle race apparaîtra qui ne connaîtra plus toutes les absurdités du subconscient et qui, par conséquent, ne connaîtra ni la guerre, ni la folie, ni les accidents, ni la violence, ni l’ignorance et qui sera purifiée par cela même. D’une manière secondaire, tous ces êtres-là seront immortels, ils ne mourront jamais.

La théorie de Aurobindo Ghose est extrêmement jolie, extrêmement belle. Il n’y a qu’un petit point dangereux : il est mort. Il a prétendu qu’il mourrait parce qu’il n’avait pas réussi à vaincre le subconscient humain ni le subconscient universel. Mais si lui n’a pas réussi, comment supposer que nous puissions y parvenir ? Mère, cette illustre initiée qui l’accompagnait toujours a déclaré qu’elle avait senti au fond d’elle-même une transformation étonnante et qu’elle était persuadée qu’elle allait ressusciter. Malheureusement on ne lui en a pas laissé le temps, elle fut enterrée avant de ressusciter. Je pense que nous avons affaire à une nouvelle mythologie et puisque le grand maître, le super grand maître, n’a pas réussi, je ne crois pas que Mère y soit parvenue. Du reste, il suffit de regarder leurs photographies prises pendant les dernières années de leur vie, malgré la beauté de leur visage, on voit nettement des signes de vieillissement. Ni Aurobindo ni Mère n’ont vaincu l’inconscient universel.

Aurobindo Ghose nous a pourtant apporté deux ou trois méthodes très jolies. Par exemple, concentrez votre esprit entre les deux yeux et en même temps, au-dessus de votre tête. Cela vous conduira à être en contact avec votre supra mental et votre mental et à faire descendre le supra mental dans le mental. Cette méthode est très valable. Aurobindo prétendait être le grand maître capable de créer un pont vers l’infini. Il avait, selon lui, créé quelque chose de nouveau et grâce à cela, l’humanité pourrait passer d’une rive à une autre rive. Il savait très bien ce que sont les pontifes : des constructeurs de ponts. Lui avait essayé de construire un pont entre le supra mental et le mental, entre le mental et le sentimental, entre le sentimental et le psychique. Il n’y est pas arrivé intégralement, mais il fait bien partie de la lignée des pontifes suprêmes.

François Brousse

« Causerie de F. Brousse (Champigny-sur-Marne, 24 juillet 1985) »
dans Revue BMP N°198-199-200-201-202 – mars-avril-mai-juin-juillet 2001

Un très grand métaphysicien

Dans tous les siècles, nous avons un très grand métaphysicien. Je vous en citerai un au XXe siècle, un métaphysicien d’une envergure colossale, il est naturellement hindou, c’est Aurobindo Ghose, et dans ses livres je crois que l’on peut trouver la clef de tous les secrets du présent, du passé et du futur.

François Brousse

Conférence, perpignan, 7 mars 1978, « Les visages de l’Éternel » dans Philosophies, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 2011, p. 53-54

Du côté de l’Inde

En regardant du côté de l’Inde, nous voyons surgir un géant mondial, Aurobindo Ghose qui, dans sa Vie Divine, a jeté de sublimes lueurs, aussi bien dans le monde occulte que dans l’expérience spirituelle.


François Brousse

« La philosophie de la connaissance » dans Revue BMP N°4, septembre 1983