Lettre d’information

Lettre mensuelle – Mars 2022

François Brousse

Un sage de bonne compagnie

Thème du mois : L’ÊTRE INDIVIDUEL

L’État, la religion, le parti, la patrie, la science, idoles aux têtes de feu, mais pleines de fumée. La seule réalité vivante et concrète, c’est l’individu, marchant libre dans la lumière.

Centre solaire, autour duquel tout doit graviter.
  François Brousse
Revue BMP, N°154, mai 1997

Sans doute, l’individu forme la cellule du Grand Être humain, l’humanité, le Dieu vivant étendu dans les lieux et les siècles de la Terre.
Mais le Grand Être humain appelle l’individu par l’amour, la sagesse, la puissance, trèfle de pierreries dont la tige est la liberté.
Toute doctrine qui tend à supprimer la liberté individuelle tend à supprimer l’élan vital qui porte l’homme vers le surhomme, la personne vers le Grand Être humain, la conscience limitée vers la Conscience cosmique.
Quand on se fond dans une collectivité, forcément circonscrite, on trahit le feu divin qui vibre en nous et qui n’a pas de frontières. On prend l’illusoire pour le réel, le chimérique pour le vrai, la souffrance pour la joie, la folie pour la sagesse.

François Brousse
Revue BMP154, mai 1997

Maître à l’honneur ce mois-ci

RAMANUJA

XIe-XIIe siècle (Inde)  

 

Devenir Un avec la divinité n’est pas se fondre dans la divinité de manière à ne plus exister personnellement. Devenir Un avec la divinité, c’est prendre conscience que la divinité est en nous et que nous sommes une des facettes de la divinité.

L’image que j’aime soutenir à ce propos, c’est l’image du diamant cosmique. Chacun de nous est une facette de ce diamant dont le rayonnement remplit les infinis. Mais lorsque nous passons dans la conscience cosmique et dans l’illumination, nous entrons au cœur même du diamant et de là, nous sommes le diamant total et nous rayonnons à travers toutes les facettes du diamant éternel. Il y a donc en quelque sorte un mélange de personnalité et en même temps d’unité. Nous sommes unis à Dieu mais nous ne nous perdons pas en Dieu. C’est une nécessité peut-être que de le savoir et j’ajoute […] qu’il y a deux écoles dans l’hindouisme : l’école de Sankarâchârya et l’école de Ramanuja.
Dans l’école de Sankarâchârya, nous rentrons dans Dieu, nous devenons Dieu et nous perdons totalement notre personnalité. Dans l’école de Ramanuja nous entrons en Dieu, nous devenons Dieu mais nous restons Nous, dans le mystère de l’absolu et nous pouvons à la fois être Dieu et en même temps adorer Dieu. C’est en quelque sorte un mélange éternel d’amour et de contemplation.

François Brousse
Conf. « Les grandes religions et la future religion universelle », Perpignan, 15 déc. 1983

L’homme et Dieu sont identiques

Au fond, le message de tous les mages depuis Hermès jusqu’à Krishnamurti est le même : l’homme et Dieu sont identiques, c’est-à-dire que l’Atman, l’âme individuelle, est pareille au Brahman, l’âme universelle et il faut prendre conscience du fait que l’esprit de Dieu est en nous, que nous sommes tous des dieux et que nous sommes tous des êtres sans commencement et sans fin, et que nous planons en dehors du temps et de l’espace.

Comment y parvenir ?
Je crois qu’on le peut par une quadruple purification : la purification du corps physique, ou si vous préférez, de l’âme vitale ; la purification de l’âme astrale, de l’âme mentale, et enfin, la rencontre avec l’âme divine. […]

François Brousse
Philosophies, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 2011, p. 93-94

La civilisation humaine sera sauvée quand cet arbre merveilleux, depuis les branches élites jusqu’aux racines populaires, propulsera la même sève : respect de la vie universelle, amour des individualistes. Ne faire souffrir personne, ne tuer personne. L’homme, reconnu valeur absolue, deviendra l’inébranlable assise du palais des races.

François Brousse
Revue BMP N°72, nov.1989

Pour que l’homme puisse devenir libre,

il doit être un individu, une personne et non pas une molécule

dans l’immense fleuve social.

Cet appel à l’indépendance et à l’individualisme est le propre de l’ère du Verseau et d’Uranus, la planète maîtresse de l’ère du Verseau. C’est pourquoi lorsqu’on vous dit qu’il faut se fondre dans la masse, dans la race ou dans la patrie, on est dans une erreur effrayante, qui nous fait reculer d’une multitude d’années et probablement de siècles.
Ce qui fait que l’homme est homme, c’est qu’il a une personnalité individuelle et non plus une âme collective qui, comme le dira très bien l’Apocalypse, est le signe de la Bête, car la Bête n’a qu’une âme collective et l’homme a une âme individuelle.

François Brousse
Commentaires sur les Proverbes de Salomon, t. II, Clamart, éd. La Licorne Ailée, 2015, p. 270

Lorsque je rentre dans la divinité, moi ou tout autre, en réalité, mon être physique disparaît, mon être mental disparaît, mon être sentimental disparaît, le moi social disparaît. C’est bien l’anéantissement de mon moi inférieur. Mais le moi supérieur, cette spécificité, cette lucidité, selon les scolastiques, qui fait que je suis différent des autres et qui fait que je suis un être unique qui ne ressemble à aucun autre être, subsiste. Elle devient un avec le grand Un, la grande unité. C’est difficile à comprendre puisque nous sommes dans la dualité. Mais dans la dualité, il y a le relatif et il y a l’absolu. Il y a le bien et le mal. Il y a le fini et l’infini. Dans l’absolu, tout ceci est fondu. Dans l’unité, tout ceci est fondu. Dans la dualité, il y a moi et les autres. Dans l’unité, il n’y a que moi en même temps que les autres. Nous ne pouvons pas dire que nous avons perdu notre personnalité. Au contraire, elle est devenue divine. C’est-à-dire que nous avons pris conscience de notre divinité. Nous avons compris que Lui et moi, nous sommes un. Mais Lui n’a pas tué moi. Nous sommes, Lui et moi, dans l’unité resplendissante et parfaite. Et à ce moment-là, en dehors de toute dualité, je suis, en même temps que moi, tous les autres. II est évident qu’il est très difficile de comprendre cela. Nous pouvons d’ailleurs ne pas le comprendre du tout ; ce sont des mots et ces mots ne font que traduire une réalité qui nous dépasse incommensurablement. […]

François Brousse
Conf. « La nature de l’homme » (Extrait), Prades, 18 déc. 1975, dans Philosophies, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 2011, p. 11-16

 

Je marche dans un rêve, heureux, libre et sans lois ;

Jetant un regard fier sur la pourpre des rois,

Tandis que les démons dans leur sauvage ronde

Menacent d’écrouler ce misérable monde…

Solitaire, je passe au fond obscur des bois,

Et dans mon poing crispé, je tiens l’aurore blonde.

28 novembre 1940

  François Brousse

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Qui est François Brousse ?

François Brousse (1913-1995) amorce dès son plus jeune âge une créativité poétique hors du commun et laisse à la postérité plus de cinq mille poèmes.
Professeur de philosophie dans le Languedoc-Roussillon, il est une figure marquante du pays. Doté d’un esprit encyclopédique, il est l’auteur d’une centaine d’ouvrages : poèmes, romans, contes et essais (exégèse, histoire, astronomie, métaphysique, ésotérisme). Humaniste d’une profonde culture, il montre un intérêt insatiable pour l’art et la philosophie.

Présentation Wikipédia

Professeur de philosophie dans le Languedoc-Roussillon, il est une figure marquante du pays.

Auteur d’une centaine d’ouvrages publiés à partir de 1938 : poésie, essais (métaphysiques, astronomiques, historiques, ésotériques), romans, théâtre et contes. Il est un précurseur des cafés philosophiques qui surgiront un peu partout en France à la fin du XXe siècle.

Poème

CIBOIRE

 

Je vais vous révéler quelques sombres mystères
Un feu d’amour emplit les cieux
Une espérance fabuleuse emplit la terre
L’oiseau de l’infini passe devant nos yeux.
La nudité de l’âme émerveille Cythère
Dieu plane sur le front des dieux
Notre esprit éternel gronde dans les cratères
Des volcans passagers et des soins anxieux.
Jamais ne périront nos célestes egos.
Il suffit d’aimer et de croire
Le sourire de l’invisible est un ciboire.
Ceux qui prêchent l’enfer aux tigres sont égaux
Ils renaîtront parmi les bêtes
Mais la joie insondable enivre les prophètes.
27 janvier 1989

François Brousse

Le Graal d’or aux mille soleils, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 154

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