L’être individuel

 

L’État, la religion, le parti, la patrie, la science, idoles aux têtes de feu, mais pleines de fumée. La seule réalité vivante et concrète, c’est l’individu, marchant libre dans la lumière.

Centre solaire, autour duquel tout doit graviter. […]

François Brousse

Revue BMP 154, mai 1997

Suite

[…] Sans doute, l’individu forme la cellule du Grand Être humain, l’humanité, le Dieu vivant étendu dans les lieux et les siècles de la Terre. Mais le Grand Être humain appelle l’individu par l’amour, la sagesse, la puissance, trèfle de pierreries dont la tige est la liberté.

Toute doctrine qui tend à supprimer la liberté individuelle tend à supprimer l’élan vital qui porte l’homme vers le surhomme, la personne vers le Grand Être humain, la conscience limitée vers la Conscience cosmique.

Quand on se fond dans une collectivité, forcément circonscrite, on trahit le feu divin qui vibre en nous et qui n’a pas de frontières. On prend l’illusoire pour le réel, le chimérique pour le vrai, la souffrance pour la joie, la folie pour la sagesse.

François Brousse

Revue BMP N°154, mai 1997

Suite

[…] Sans doute, l’individu forme la cellule du Grand Être humain, l’humanité, le Dieu vivant étendu dans les lieux et les siècles de la Terre. Mais le Grand Être humain appelle l’individu par l’amour, la sagesse, la puissance, trèfle de pierreries dont la tige est la liberté.

Toute doctrine qui tend à supprimer la liberté individuelle tend à supprimer l’élan vital qui porte l’homme vers le surhomme, la personne vers le Grand Être humain, la conscience limitée vers la Conscience cosmique.

Quand on se fond dans une collectivité, forcément circonscrite, on trahit le feu divin qui vibre en nous et qui n’a pas de frontières. On prend l’illusoire pour le réel, le chimérique pour le vrai, la souffrance pour la joie, la folie pour la sagesse.

François Brousse

Revue BMP154, mai 1997

Uranus donne l’indépendance et l’individualité ;

c’est le signe des enfants du Verseau, qui doivent répudier tous les dogmes et tous les groupes.

 

François Brousse

Revue BMP, N°34, avr. 1986

Extrait 1

Ce signe du Verseau va se caractériser, sous l’influence de la planète Uranus, par une exaltation prodigieuse de l’individualité, c’est-à-dire que tout ce qu’il y a en nous va s’exprimer individuellement. C’en est fini, si l’on peut dire, des époques collectivistes. Je pense que tous ceux qui admettent le collectivisme sont en retard de quatre mille ans environ. Nous sommes entrés dans le Bélier il y a quatre mille ans, puis dans l’ère des Poissons, maintenant nous sommes entrés dans l’ère du Verseau qui verra l’épanouissement de notre personnalité. Cette personnalité existe, elle est le reflet de la divinité en nous et elle se manifeste par le libre arbitre humain.

François Brousse
Banquet OOOO (Paris, 18 oct. 1987) dans Revue BMP N°262-264 – janv.-mars 2007

Extrait 2

Pour que l’homme puisse devenir libre, il doit être un individu, une personne et non pas une molécule dans l’immense fleuve social. Cet appel à l’indépendance et à l’individualisme est le propre de l’ère du Verseau et d’Uranus, la planète maîtresse de l’ère du Verseau. C’est pourquoi lorsqu’on vous dit qu’il faut se fondre dans la masse, dans la race ou dans la patrie, on est dans une erreur effrayante, qui nous fait reculer d’une multitude d’années et probablement de siècles. Ce qui fait que l’homme est homme, c’est qu’il a une personnalité individuelle et non plus une âme collective qui, comme le dira très bien l’Apocalypse, est le signe de la Bête, car la Bête n’a qu’une âme collective et l’homme a une âme individuelle.

François Brousse
Commentaires sur les Proverbes de Salomon – t. II, Clamart, éd. La Licorne Ailée, 2015, p. 270

Extrait 3

L’ère nouvelle du Verseau dominée par la planète Uranus, développera surtout l’individualité, l’intelligence, à l’encontre de l’ère du Poisson, qui engloutissait l’individu dans la masse collective et dans l’obéissance aveugle. Bref, l’inverse de tout ce que nous annoncent les ordres prétendus initiatiques.

En étant individualiste, l’ère nouvelle sera universaliste. Il y aura face à face la personne et l’humanité. Mais les intermédiaires, patries, religions, peut-être même famille tendront à s’effacer. Quant au Pape, ce n’est pas comme l’affirment certains prétendus occultistes, un grand Initié, ce n’est tout au plus qu’un haut fonctionnaire d’une religion limitée.

Il faut le dire et le redire, l’âge du Christianisme est entré dans l’agonie finale. Une religion plus près du cœur de Dieu et du cœur de l’homme la remplacera.

François Brousse
« Charles Amazan contre François Brousse » dans Revue BMP N°53, janv. 1988

Devenir Un avec la divinité n’est pas se fondre dans la divinité de manière à ne plus exister personnellement.

Devenir Un avec la divinité, c’est prendre conscience que la divinité est en nous et que nous sommes une des facettes de la divinité. L’image que j’aime soutenir à ce propos, c’est l’image du diamant cosmique. Chacun de nous est une facette de ce diamant dont le rayonnement remplit les infinis. Mais lorsque nous passons dans la conscience cosmique et dans l’illumination, nous entrons au cœur même du diamant et de là, nous sommes le diamant total et nous rayonnons à travers toutes les facettes du diamant éternel. Il y a donc en quelque sorte un mélange de personnalité et en même temps d’unité. Nous sommes unis à Dieu mais nous ne nous perdons pas en Dieu. C’est une nécessité peut-être que de le savoir et j’ajoute […] qu’il y a deux écoles dans l’hindouisme : l’école de Sankarâchârya et l’école de Ramanuja. Dans l’école de Sankarâchârya, nous rentrons dans Dieu, nous devenons Dieu et nous perdons totalement notre personnalité. Dans l’école de Ramanuja nous entrons en Dieu, nous devenons Dieu mais nous restons Nous, dans le mystère de l’absolu et nous pouvons à la fois être Dieu et en même temps adorer Dieu. C’est en quelque sorte un mélange éternel d’amour et de contemplation.

François Brousse
Conf. « Les grandes religions et la future religion universelle », Perpignan, 15 déc. 1983

La Sagesse consiste à devenir l’infini divin, à être à la fois Dieu et soi. L’erreur consiste à dissoudre son individualité dans une masse inférieure : église, classe, race.

Prendre un pape, un tribun ou un chef pour l’unique chemin du salut, voilà l’épouvantable gouffre qui aspire les âmes. La liberté, flambeau de Dieu, s’y éteint lugubrement.

François Brousse

Commentaires sur l’Apocalypse de saint Jean, t. 1, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 2001, p. 138

Q. : Que penser de la raison d’État ?

F.B. : Depuis que règnent la guerre et l’oppression, il y a toujours eu une raison d’État. Cette raison d’État fait que l’on tue les innocents et que l’on calomnie les justes. Elle est en quelque sorte la dernière raison de Lucifer. Mais, en réalité, ses limites sont les limites même de l’esprit humain. Quand un être, qui pense par lui‑même, affirme son indépendance et en même temps la vérité universelle, la raison d’État s’efface. La raison d’État n’est que l’impuissance des puissants et la folie des prétendus sages. Elle disparaîtra à la fin des âges et il n’y aura plus que la lumière éternelle de la vérité, qui est essentiellement individuelle. L’individu est la seule réalité et la raison d’État est la seule erreur possible. Il y a une lutte permanente entre les deux puissances.

François Brousse
Entretien, Clamart, 14 décembre 1991 dans Revue BMP N°176-177, mai-juin 1999

En quoi le communisme est‑il une aberration sociale ?

F.B. : Parce que l’évolution de l’espèce humaine se fait par des actes individuels et vouloir imposer à des êtres individuels un message collectif, une discipline collective, c’est arrêter leur évolution. C’est les enfermer dans des cachots, les fourrer au fond de l’abîme le plus noir possible et, par conséquent, c’est arrêter l’évolution du genre humain. On ne l’arrête jamais et elle finit par exploser d’une manière terrifiante. Le communisme est faux, fondamentalement faux !

Actuellement, sans que vous vous en doutiez, il y a la lutte entre deux principes : le principe anarchiste et le principe communiste. Or, dans l’absolu, c’est l’anarchisme qui a raison, c’est‑à‑dire le développement personnel de l’individu. Je parle d’un anarchisme non‑violent, bien entendu, et qui ne jette pas des bombes, sauf des bombes intellectuelles. Cet anarchisme‑là prévaudra, ce sera « l’homme libre sous Dieu souverain [1] ». Il n’y aura plus d’entraves sociales, il n’y aura plus que l’homme d’un côté et la connaissance infinie de Dieu de l’autre.

[1] HUGO Victor, William Shakeaspeare (1864), Première partie, Livre II, « Les Génies », II, V

François Brousse
Entretien, Clamart, 27 août 1991 dans Revue BMP N°166, juin 1998

La dictature de l’antéchrist 

La dictature de l’antéchrist est un état d’esprit. C’est l’état d’esprit scientiste qui prévaut de plus en plus et qui aboutira à l’exaltation de la violence, aux dépens de toutes les valeurs spirituelles, à l’anéantissement de la liberté et à l’exaltation du machinisme pur. Cet état d’esprit terrible, qui se répand sur toute la Terre, aboutit inévitablement à l’oppression du faible par le fort : les « purs », les « nobles », les « puissants » doivent jouir de tous les biens de la Terre, et tant pis pour les faibles, les malades, qui seront rapidement éliminés. C’est un état d’esprit qui tend à se répandre de plus en plus et qui devient nettement conscient. […]

On persécutera tous les spiritualistes, uniquement parce qu’ils sont spiritualistes, tous les contestataires, uniquement parce qu’ils sont contestataires, et tous les individualistes, uniquement parce qu’ils ne sont pas dans la norme, dans la hiérarchie et en même temps dans l’obéissance.

François Brousse
Commentaires sur l’Apocalypse de saint Jean, t. 1, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 2001, p.  284-285

L’homme et Dieu sont identiques

Au fond, le message de tous les mages depuis Hermès jusqu’à Krishnamurti est le même : l’homme et Dieu sont identiques, c’est-à-dire que l’Atman, l’âme individuelle, est pareille au Brahman, l’âme universelle et il faut prendre conscience du fait que l’esprit de Dieu est en nous, que nous sommes tous des dieux et que nous sommes tous des êtres sans commencement et sans fin, et que nous planons en dehors du temps et de l’espace.

Comment y parvenir ?

Je crois qu’on le peut par une quadruple purification : la purification du corps physique, ou si vous préférez, de l’âme vitale ; la purification de l’âme astrale, de l’âme mentale, et enfin, la rencontre avec l’âme divine. […]

François Brousse
Philosophies, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 2011, p. 93-94

Les Grands Maîtres

Sur le plan mental, le Soleil est une cité de génies fulgurants, une ruche d’abeilles resplendissantes, un organisme composé de dieux dont chacun conserve sa brûlante individualité. C’est un tourbillon d’archanges liés par des rayons de pen­sée et d’amour.

On trouve parmi leur troupe brillante les Grands Maîtres de l’Humanité : Râma, Krishna, Bouddha, Orphée, Pythagore, Apollonius, Hermès, Osiris, Jésus, Taliésin, Lao ­Tseu, Olympio, d’autres encore…

On y trouve aussi les âmes définitivement libérées du bagne des planètes. Ces âmes ont atteint la conscience de leur moi divin et n’ont plus que le désir de l’absolu. Elles vivent dans la contemplation, la création, la méditation, l’amour universel.

François Brousse
La Trinosophie de l’étoile Polaire, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1990, p.  274

La vérité c’est de se fondre, sur le plan supra mental, avec le supra mental divin. Et le supra mental divin contient à la fois votre être, et il contient également tous les autres êtres.

Nous dépassons le plan du temps, de l’espace, de la causalité, et de l’identité. Lorsque je rentre dans la divinité, moi ou tout autre, en réalité, mon être physique disparaît, mon être mental disparaît, mon être sentimental disparaît, le moi social disparaît. C’est bien l’anéantissement de mon moi inférieur. Mais le moi supérieur, cette spécificité, cette lucidité, selon les scolastiques, qui fait que je suis différent des autres et qui fait que je suis un être unique qui ne ressemble à aucun autre être, subsiste. Elle devient un avec le grand Un, la grande unité. C’est difficile à comprendre puisque nous sommes dans la dualité. Mais dans la dualité, il y a le relatif et il y a l’absolu. Il y a le bien et le mal. Il y a le fini et l’infini. Dans l’absolu, tout ceci est fondu. Dans l’unité, tout ceci est fondu. Dans la dualité, il y a moi et les autres. Dans l’unité, il n’y a que moi en même temps que les autres. Nous ne pouvons pas dire que nous avons perdu notre personnalité. Au contraire, elle est devenue divine. C’est-à-dire que nous avons pris conscience de notre divinité. Nous avons compris que Lui et moi, nous sommes un. Mais Lui n’a pas tué moi. Nous sommes, Lui et moi, dans l’unité resplendissante et parfaite. Et à ce moment-là, en dehors de toute dualité, je suis, en même temps que moi, tous les autres. II est évident qu’il est très difficile de comprendre cela. Nous pouvons d’ailleurs ne pas le comprendre du tout ; ce sont des mots et ces mots ne font que traduire une réalité qui nous dépasse incommensurablement.

François Brousse
Conf. « La nature de l’homme » (Extrait), Prades, 18 déc. 1975, dans Philosophies, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 2011, p. 11-16

Le diable, loin d’être l’ennemi éternel de Dieu, a son rôle immense et bienfaisant dans l’évolution. Il donne aux hommes cette torche : la conscience individuelle. Ils peuvent s’en servir pour mettre le feu au monde, ou bien pour illuminer les ténèbres et marcher vaillamment jusqu’au royaume de l’absolu… Quand tous les hommes seront sauvés, le diable rentrera dans le sein resplendissant de Dieu.

François Brousse

« Les douze apôtres dans le passé et dans l’avenir » dans Revue BMP N°37, juill. 1986

CIBOIRE

Je vais vous révéler quelques sombres mystères
Un feu d’amour emplit les cieux
Une espérance fabuleuse emplit la terre
L’oiseau de l’infini passe devant nos yeux.

La nudité de l’âme émerveille Cythère
Dieu plane sur le front des dieux
Notre esprit éternel gronde dans les cratères
Des volcans passagers et des soins anxieux.

Jamais ne périront nos célestes egos.
Il suffit d’aimer et de croire
Le sourire de l’invisible est un ciboire.

Ceux qui prêchent l’enfer aux tigres sont égaux
Ils renaîtront parmi les bêtes
Mais la joie insondable enivre les prophètes.

27 janvier 1989

François Brousse

Le Graal d’or aux mille soleils, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 154

L’homme est une caverne habitée par deux moi, l’un passager et l’autre éternel.

Le moi passager, surtout d’ordre passionnel, cultive l’égoïsme comme une vénéneuse fleur.

Le moi éternel, planant hors du temps et de l’espace, possède une conscience à la fois humaine et cosmique. Entre les deux moi, s’épaissit la cloison de l’orgueil.

Pour que le moi passager puisse atteindre le moi éternel, dont la puissance ne connaît aucune limite, la cloison de l’orgueil doit tomber en poussière.

Cette cloison – notre nom, notre individualité terrestre, nos passions, nos instincts, nos défauts, nos vices, notre cruauté, nos préjugés, notre caste sociale – a la force que nous voulons bien lui donner. Si nous parvenons à la briser, nous verrons resplendir le Moi suprême, ce soleil de l’esprit.

François Brousse

« La plus impressionnante vision d’Ézéchiel » dans Revue BMP N°130, févr. 1995

Celui qui a rejeté les entraves de la souffrance et de la maladie, des passions et de l’égoïsme, des erreurs et de l’orgueil, celui‑là est véritablement libre. Il voit l’esprit du Seigneur, il lui reste à conquérir la liberté suprême. Briser les murs de son individualité et posséder la Conscience cosmique.

François Brousse

Revue BMP N°126-127, oct.-nov.1994

L’Atlante vivait dans une conscience collective, vaste et vague, comme un morceau de nuage au sein d’une immense nuée. Son moi se confondait avec le moi de la tribu.

L’homme actuel vit dans l’ardente trépidation du moi personnel. Grâce à cette étincelle luciférienne, il sonde le bien et le mal, il mesure l’univers matériel, il existe séparément.

L’homme futur, l’Homo gestalt, aura simultanément la conscience du moi personnel et la conscience du groupe. Nouvel état d’âme qui se soudera en grandiose synthèse.

Les cénacles littéraires, les familles mystiques, les écoles métaphysiques, les ashrams, préfigurent cette attitude de l’esprit, qui finira par devenir surconscience universelle.

François Brousse
Revue BMP N°70-71, sept.-oct. 1989 

LES ÂMES…

Les âmes sont des pensées de Dieu

Voilà pourquoi elles sont toutes éternelles,

Voilà pourquoi elles sont toutes infinies.

Voilà pourquoi elles sont toutes différentes,

Voilà pourquoi elles sont toutes semblables.

Statues diverses taillées dans le même marbre de lumière.

François Brousse

Le Graal d’or aux mille soleils, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 89

La civilisation humaine sera sauvée quand cet arbre merveilleux, depuis les branches élites jusqu’aux racines populaires, propulsera la même sève : respect de la vie universelle, amour des individualistes. Ne faire souffrir personne, ne tuer personne. L’homme, reconnu valeur absolue, deviendra l’inébranlable assise du palais des races.

François Brousse

Revue BMP N°72, nov.1989

 

Je marche dans un rêve, heureux, libre et sans lois ;

Jetant un regard fier sur la pourpre des rois,

Tandis que les démons dans leur sauvage ronde

Menacent d’écrouler ce misérable monde…

Solitaire, je passe au fond obscur des bois,

Et dans mon poing crispé, je tiens l’aurore blonde.

 

28 novembre 1940

 

François Brousse


 Si tu es sage, tu es sage pour toi-même

Si tu es moqueur, tu en porteras seul la peine

                                               Proverbes de Salomon (IX, 12)

 

C’est un appel à la responsabilité personnelle : « Si tu es sage, tu es sage pour toi-même, si tu es moqueur, tu en porteras seul la peine ». C’est le contraire complet de la responsabilité des groupes. Diverses écoles préconisent que l’on ne peut se sauver que dans un groupe, et qu’il faut aboutir à perdre son ego à l’intérieur d’un groupe. Mais pas du tout ! Il a fallu dix-huit millions d’années pour que l’on sorte de l’âme collective de la bête, afin d’entrer dans l’âme individuelle de l’homme. L’homme se sauvera seul et c’est seul qu’il se perdra ! Car il a une liberté absolue qui n’est que le reflet de la toute-puissance de Dieu dont l’homme est en quelque sorte l’image.

Nous avons la possibilité de choisir entre le bien et le mal et nous en sommes to-ta-le-ment res-pon-sa-bles ! C’est terrible, il semble bien que ce soit cela.

Le propre de l’époque actuelle, c’est de croire tout à fait le contraire, de là, la montée des marxismes de là, la montée des nazismes, de là, la montée des fascismes avec toujours l’idée fondamentale que nous n’existons pas individuellement et que nous devons nous fondre dans un groupe, que ce soit la nation, que ce soit la religion, que ce soit le parti : nous perdons notre personnalité et nous n’existons plus qu’en tant que numéro ou vague reflet d’un organisme qui nous dépasse incommensurablement. Là c’est l’erreur fatale du XXe siècle qui est propagée non pas simplement par les leaders politiques mais aussi et surtout, hélas, par ceux qui s’appellent « maîtres spirituels » et qui trahissent – pas tous heureusement – la véritable évolution divine. Ce qui est d’ailleurs normal, nous sommes dans une période très précise, celle du Kali Yuga, et l’on prétend que la seule vertu de l’homme, c’est l’obéissance et la destruction de son ego personnel. Mais si l’ego personnel est détruit, tout l’univers n’est plus qu’une immense raillerie et la vie ne vaut plus la peine d’être vécue : nous sortons du néant divin pour rentrer dans le néant divin, après des milliards et des milliards d’existences où nous avons traversé la folie, la souffrance, l’ignorance, le désespoir, la mort et tout le reste, pour aboutir à quoi ?

À un trou énorme, un abîme de ténèbres composé de néant et d’anéantissement absolu.

C’est, je crois une théorie parfaitement absurde, et, comme nous sommes actuellement dans la période du Kali Yuga, cette théorie est admise par une quantité invraisemblable d’êtres qui se prétendent parfaitement en dehors de l’humanité ordinaire et qui tendent au contraire à plonger aussi bas qu’elle, sinon plus bas encore ! Mussolini le disait : « La seule vertu de l’homme, c’est l’obéissance », c’est clair ! L’homme n’existe pas personnellement, il existe parce qu’il est le serviteur de l’État, c’est tout ! Au moins il a eu l’honnêteté de le dire et c’est la même chose que l’on retrouve dans le nazisme : un peuple, un chef, un führer.

François Brousse
Commentaires sur les Proverbes de Salomon – t. I, Clamart, éd. La Licorne Ailée, 2015, p. 235-236

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 QUESTIONS

– Vous avez dit qu’on pouvait être sauvé en quelques heures je ne suis pas pressé mais s’il y a une recette…

F.B. : Il faudrait en ces quelques heures atteindre à l’illumination intégrale, c’est-à-dire, savoir que tu es Dieu, t’identifier à la divinité, à la divinité consciente et non pas impersonnelle, être tout, être dans tout, et rester dans cet état d’âme pendant toute ta vie jusqu’à l’heure de la mort. À ce moment-là, tu es sauvé, tu es sauvé en quelques heures lorsque tu auras acquis cette formidable sagesse qui demeurera éternellement. Lorsque l’on arrive à cette illumination, on peut dire que le temps n’existe plus, que le temps n’existe plus pendant toute la durée de la vie et nous sommes immédiatement sauvés. C’est évidemment très difficile, d’autant plus que des êtres s’imaginent être sauvés parce qu’ils ont eu une expérience, une, qui a duré une seconde, et qui a bouleversé leur être, cela, je le reconnais. […]

– Victor Hugo a écrit cette phrase : « La liberté, c’est un trouble-fête »

F.B. : Il a bien raison ! Nous sommes béatement enfermés dans le conventionnel, dans le traditionnel, dans l’ordre archaïque et, justement, la liberté ne veut pas être soumise à cette extraordinaire pesanteur, elle ne veut pas être un chiffre dans le chiffre social, elle ne veut pas être un mouton dans le troupeau de l’univers ; elle veut être entièrement personnelle et entièrement autonome. Alors la fête des puissants est toujours troublée et le confort intellectuel, le confort moral dans lequel nous nous complaisons, est également détruit. Il faut aboutir précisément à la destruction de tout ce confort pour comprendre ce que c’est que la liberté qui est la rencontre de la puissance de l’homme avec la puissance de Dieu et, sans liberté, il n’existe aucun progrès intellectuel comme il n’existe aucun progrès social d’ailleurs.

– N’est-elle pas trouble-fête également intérieurement, dans la mesure où le libre arbitre existe et que l’on peut aussi bien aller dans un sens comme dans l’autre ?

F.B. : Intérieurement, oui ! Alors nous sommes bien tranquilles et brusquement, on s’aperçoit que toutes nos certitudes peuvent être brisées par une seule ruade de la liberté. Elle trouble par conséquent nos fêtes habituelles aussi bien intérieures qu’extérieures. Hugo a mille fois raison ! […]

François Brousse
Commentaires sur les Proverbes de Salomon – t. I, Clamart, éd. La Licorne Ailée, 2015, p. 236-238

Dans les races primitives, tous les individus se ressemblent ;

Dans les races supérieures, tous les individus diffèrent ;

Dans les races divines, l’unité se mêlera à la diversité.

François Brousse

Revue BMP N°96-97, janv.-févr.1992

Le point de vue antihumain consiste à placer la source de toute vérité, non plus dans l’individu, mais dans l’espèce.

On fait ainsi de l’homme, vivant, pensant, agissant, une molécule impersonnelle per­due dans le grand courant de la vie collective. Il n’est plus d’image ardente de Dieu, il est un auto­mate animé d’une existence factice. Mais l’âme indi­viduelle proteste contre une telle conception des choses.

Dieu a mis dans le cœur de l’homme la soif de comprendre l’univers. C’est un besoin vital pour lui, au même titre que la respiration. Vouloir briser cet élan intime, vouloir remplacer le jet de l’esprit montant vers la vérité par l’acceptation d’une autorité extérieure, est une chimère. Pour propager les        religions, il faut convaincre l’âme individuelle et non anéantir cette âme devant on ne sait quelle idole de raison générale.

Bergson, bien plus justement, placera la suprême réalité dans l’intuition individuelle. Il dessinera avec précision les limites de la pensée discursive, et montrera dans l’intuition le seul moyen de saisir l’absolu. Il fera appel à la force vivante, interne, de la réalité individuelle. La vérité est un contact direct de l’individu avec l’essence des choses. Bergson conserve et développe magni­fiquement la notion d’activité psychique, Lamennais au contraire fait de l’âme une cire passive recevant l’empreinte d’une tradition externe.

 

BROUSSE François, Lamennais et le christianisme universel, Paris, Éd. du Scorpion,  1963, p. 137

François Brousse
Lamennais et le Christianisme universel
, Paris, Éd. du Scorpion,  1963, p. 135-136

Présentation

Au printemps 1963, François [Brousse] a la joie de voir l’édition de Lamennais et le Christianisme universel à Paris. À peine retouché, cet essai est le Mémoire Raison individuelle et Raison générale chez Lamennais, produit et discuté pour l’obtention de son diplôme d’Études Supérieures de Philosophie à l’Université de Montpellier le 28 mai 1942. De Lamennais, son ami et son confesseur, V. Hugo disait : « Il éclaire comme Pascal, il brûle comme Rousseau, il foudroie comme Bossuet. » La presse salue cette parution avec éloges. […]

Jean-Pierre WENGER
François Brousse l’Enlumineur des mondes, Saint-Cloud, Danicel production, 2005, p. 291


L’âme-groupe

Il existe une âme-groupe pour chaque plante. Par exemple, il y a une âme-groupe pour le chêne qui comprend tous les chênes et, comme il en existe des millions sur la Terre, il se peut très bien qu’elle soit incarnée dans plusieurs millions d’individus. Et puis, il y a l’âme-groupe de la fourmi qui en comporte des millions, voire des milliards, elle est incarnée dans chacune de ces fourmis. Une âme-groupe contrôle des millions et des milliards d’individus. Elle les contrôle, elle les pénètre. En principe, quand on s’approche des animaux supérieurs, l’âme-groupe contrôle moins d’êtres. Dans le règne humain, ce sont surtout des âmes personnelles, mais elles sont pénétrées par une âme-groupe, qui est encore terriblement inférieure. On ne peut pas dire qu’elle soit inférieure, elle est tout à fait différente. L’âme-groupe des humains, si j’ose m’exprimer ainsi, s’incarne dans leur système sexuel. C’est assez mystérieux, et chaque être humain a une personnalité, une individualité qu’il ne découvre qu’à travers de nombreuses incarnations. S’il croit à la fatalité, s’il croit au destin inflexible, s’il croit à la non-liberté, il est à peine émergé de l’animalité. Il faudra qu’il s’incarne jusqu’à ce qu’il sache qui il est. 

François Brousse
Entretien, Clamart, 21 octobre 1992

Famille d’âmes

Les âmes se réincarnent fréquemment par groupes qui possèdent les mêmes vibrations fondamentales, elles gardent néanmoins leur personnalité au milieu de ces groupes. Rien ne peut briser l’axe de notre identité céleste, cela explique pourquoi parmi ceux qui suivent les mêmes croyances s’opposent de puissantes personnalités. Avant qu’on ne parvienne à la sérénité suprême les désirs de domination s’expriment avec vivacité : Mirabeau s’oppose à Lafayette, Lafayette s’oppose à Danton, Danton à Robespierre, etc.

François Brousse
« Questions sur la mort – Interview » dans Revue BMP N°88-89, avr.-mai 1991

L’âme nouvelle

Des milliards de points vivants forment le corps humains, où se loge une âme immatérielle. À leur tour, des milliards de personnalités égoïstes finiront par s’ouvrir aux effluves unificatrices de la conscience collective.

L’esprit de l’animal, concret et réaliste, a connu l’immense mutation abstraite et idéaliste qui est l’essence de l’homme, dans sa noblesse, dans sa royauté. De même, les consciences individuelles se perdront, sans rien abandonner de leur libre dynamisme, dans l’âme du Grand Être. Elles seront à la fois personnelles et multiformes au coeur d’une synthèse où les contraires forgeront l’âme nouvelle, le prince de l’univers.

François Brousse
« La prophétie de Plaisance (fini le 27-11-1967) » dans Revue BMP N°96-97, janv.-févr. 1992

L’obéissance

Les dictateurs et certains « maîtres » réclament l’obéissance aveugle. Ils se trompent de temps ; ils retardent de plusieurs millénaires. Jadis, l’âme humaine n’avait pas encore pris conscience de son autonomie, de son indépendance, de son égoïté. Vivant dans la clairvoyance, elle flottait à la dérive des courants cosmiques. Étant dans un état d’enfance continue, elle demandait la main forte d’un guide. Mais, de nos jours depuis l’entrée de l’humanité dans l’ère des Poissons (aux alenttours de -400), l’esprit a senti jusqu’au tréfonds le tremblement créateur de l’individualité. C’est pourquoi l’obéissance, bonne aux siècles antérieurs, devient une chaîne insupportable et une porte fermée.

On ne doit obéir qu’à l’Être Parfait, et aucun maître actuel ne porte la couronne de perfection. Évidemment, le gourou nous montre le chemin de lumière qui monte vers l’étoile, mais c’est à nous de le parcourir.

François Brousse
« Les mystères de saint Paul » dans Revue BMP N°88-89, avr.-mai 1991

 

ÉTERNITÉ

Je suis la vie universelle,
Le point créateur d’étincelles,
Le fleuve grondant qui ruisselle
Et tombe dans l’illimité,
Je suis la lumière parfaite,
Je suis l’immesurable faîte,
Je suis la tristesse et la fête,
Je suis toute l’humanité,
Je suis l’inépuisable aurore,
Celui qui sait ce qu’on ignore,
Je suis la flamme qui dévore
Les masques de l’obscurité,
Je suis ce qui sera et n’a jamais été,
Je suis l’éternité.

15 juin 1989

François Brousse
La Rosée des constellations, Clamart, Éd. La Licorne Ailée,  1991, p. 49

 


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