L’illusion universelle

Le monde est le sourire de Maya, l’illusion divine,

voilà ce que chantaient les antiques rishis, sous leur voûte de feuilles, au bord du Gange harmonieux dont l’immensité de lumière s’élançait vers l’océan sans bornes. Mais, quand les étoiles ouvraient leurs prunelles dans le violet de ces nuits vertigineusement arquées sur l’Inde, les sages murmuraient aussi :

Maya, l’illusion, est l’épouse de Brahma, l’esprit éternel et indestructible.

Dualité plus vaste que les cieux !

Elle tient la clef de l’homme et du cosmos.

 François Brousse

« L’illusions de l’illusion », Dans la lumière ésotérique, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1999, p. 42

L’illusion de l’illusion

[… ] L’illusion universelle implique une réalité percevant cette illusion. Réalité qui se nomme l’esprit. En face de l’océan des choses s’érige, phare indestructible, le moi supérieur.

Toutes les techniques yogiques consistent à prendre conscience de ce moi divin qui brille au‑dessus de notre moi humain, comme le soleil surplombant la Terre. Alors on s’aperçoit que le temps, l’espace, la causalité passent comme des bulles d’illusion autour de notre être éternel. Mais l’illusion universelle a une sorte de réalité inférieure, sans quoi elle ne serait pas perçue par notre conscience.

 

Maya n’est pas un pur néant, elle est la création de l’esprit dans les cadres de l’espace‑temps, cadres eux‑mêmes créés par l’esprit. Ce que l’esprit a créé, il peut le détruire. Dans la plupart des cas, de nombreuses existences, des transmigrations et des transmutations, seront nécessaires à ce travail immense. Dans certains cas, il se fera dans une seule existence, par l’illumination spirituelle, non pas un éclair d’extase, mais la force et la joie et l’amour et la sagesse permanents. État suprême atteint par Krishna, Bouddha, le Christ, pour ne citer que les plus grands. Il consiste à remplacer notre moi humain par notre Surmoi divin. Il ne s’agit pas de répéter sur le plan intellectuel (avec un doute informulé) : « Je suis Lui », Soham ! Il s’agit d’obtenir sentimentalement, intuitivement, dans les moindres fibres matérielles, astrales, mentales de notre personne cette transfiguration. Alors, et alors seulement, nous serons délivrés du poids des réincarnations qui nous promènent de monde en monde. Citons les magnifiques paroles de la Bhagavad Gîta :

Tu portes en toi‑même un ami sublime que tu ne connais pas. Car Dieu réside dans l’intérieur de tout homme, mais peu savent le trouver. L’homme qui fait le sacrifice de ses désirs et de ses œuvres à l’Être d’où procèdent les principes de toute chose et par qui l’univers a été formé, obtient par ce sacrifice la perfection. Car celui qui trouve en lui‑même son bonheur, sa joie, et en lui‑même aussi, sa lumière, est un avec Dieu. Or, sache‑le, l’âme qui a trouvé Dieu est délivrée de la renaissance et de la mort, de la vieillesse et de la douleur, et boit l’eau de l’immortalité.

François Brousse

« L’illusions de l’illusion », Dans la lumière ésotérique, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1999, p. 41-42

L’illusion de l’illusion

[… ] L’illusion universelle implique une réalité percevant cette illusion. Réalité qui se nomme l’esprit. En face de l’océan des choses s’érige, phare indestructible, le moi supérieur.

Toutes les techniques yogiques consistent à prendre conscience de ce moi divin qui brille au‑dessus de notre moi humain, comme le soleil surplombant la Terre. Alors on s’aperçoit que le temps, l’espace, la causalité passent comme des bulles d’illusion autour de notre être éternel. Mais l’illusion universelle a une sorte de réalité inférieure, sans quoi elle ne serait pas perçue par notre conscience.

Maya n’est pas un pur néant, elle est la création de l’esprit dans les cadres de l’espace‑temps, cadres eux‑mêmes créés par l’esprit. Ce que l’esprit a créé, il peut le détruire. Dans la plupart des cas, de nombreuses existences, des transmigrations et des transmutations, seront nécessaires à ce travail immense. Dans certains cas, il se fera dans une seule existence, par l’illumination spirituelle, non pas un éclair d’extase, mais la force et la joie et l’amour et la sagesse permanents. État suprême atteint par Krishna, Bouddha, le Christ, pour ne citer que les plus grands. Il consiste à remplacer notre moi humain par notre Surmoi divin. Il ne s’agit pas de répéter sur le plan intellectuel (avec un doute informulé) : « Je suis Lui », Soham ! Il s’agit d’obtenir sentimentalement, intuitivement, dans les moindres fibres matérielles, astrales, mentales de notre personne cette transfiguration. Alors, et alors seulement, nous serons délivrés du poids des réincarnations qui nous promènent de monde en monde. Citons les magnifiques paroles de la Bhagavad Gîta :

Tu portes en toi‑même un ami sublime que tu ne connais pas. Car Dieu réside dans l’intérieur de tout homme, mais peu savent le trouver. L’homme qui fait le sacrifice de ses désirs et de ses œuvres à l’Être d’où procèdent les principes de toute chose et par qui l’univers a été formé, obtient par ce sacrifice la perfection. Car celui qui trouve en lui‑même son bonheur, sa joie, et en lui‑même aussi, sa lumière, est un avec Dieu. Or, sache‑le, l’âme qui a trouvé Dieu est délivrée de la renaissance et de la mort, de la vieillesse et de la douleur, et boit l’eau de l’immortalité.

François Brousse

« L’illusions de l’illusion », Dans la lumière ésotérique, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1999, p. 41-42

Le Soi, immuable, éternel, plane dans l’absolu, au‑delà de toute réincarnation.

Le moi, éphémère, vagabonde de planète en planète. Quand le moi rentrera dans le Soi, quand le rayon reviendra dans le Soleil, quand l’homme obtiendra la conscience universelle, l’illusion des mondes s’effacera.

François Brousse

Revue BMP N°122, mai 1994

L’illusion essentielle pivote sur la croyance en la réalité de la matière. Cette croyance absurde nous fait confondre notre moi et notre corps. Les formes matérielles participent du cercle de l’illusoire, elles s’effacent en un instant. La seule réalité s’établit dans l’âme indestructible, aux devenirs infinis.

Il faut comprendre que nous sommes, dans la profondeur de notre être, d’éternelles divinités. Nous devons nous affranchir du temps, de l’espace, de la causalité, de la souffrance. En scrutant le temps, nous prouvons notre intemporalité. En regardant l’espace, nous affirmons notre infinitude. En disséquant la causalité, nous réalisons notre vouloir libre. En examinant la souffrance, nous découvrons notre joie. Montons plus haut que les étoiles, car nous sommes les rois de l’éternité !

François Brousse
L’Arbre de vie et d’éternité, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1992, p. 55

Si vous voulez essayer de comprendre, il faut se raccrocher à l’immatérialisme du grand philosophe Berkeley qui semble avoir démontré l’inexistence de la matière.

L’univers tout entier ne serait pas matériel. Il serait purement et simplement la création de l’esprit d’un double mental, universel, celui que l’on appelle Dieu, et humain, le nôtre. Le choc entre ces deux esprits produit la vision, l’illusion, la chimère permanente du cosmos, de l’univers. Et, si précisé­ment, c’est réellement cela le grand secret comme d’ailleurs beaucoup de scientifiques actuels tendent à l’admettre, nous pouvons également supposer que puisque le monde a été créé par l’esprit, ce que l’esprit a fait, l’esprit peut le défaire ou le transformer. Voilà pourquoi, par une certaine concentration mentale, on peut aboutir à commander à tous les éléments ; c’est ainsi que le mage est représenté tenant dans sa main droite le sceptre, et dans sa main gauche la coupe. Avec le sceptre, il commande aux éléments et dans la coupe, il reçoit l’inspiration et le nectar divin.

François Brousse
L’Évangile de Philippe de Lyon, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1994, p. 115-116

En réalité, nous sommes sur le plan de l’illusion du temps, de l’espace et de la causalité.

Quand nous aurons arraché le voile du temps, nous saurons qu’il n’y a pas de temps, mais qu’il y a l’Éternité ; quand nous aurons arraché le voile de l’espace, nous saurons qu’il n’y a pas d’espace, mais qu’il y a l’Infini ; quand nous aurons arraché le voile de la causalité, nous saurons qu’il n’y a pas de causalité, mais une liberté illimitée. À ce moment-là nous serons sauvés. On peut atteindre cet état immédiatement ou bien attendre des milliers d’années. Après tout, si vous êtes nonchalants et curieux, vous pouvez traverser des millions d’existences ; je crois que vous finirez par comprendre. Mais enfin, la compréhension, comme le disait Krishna, peut venir au bout d’un million d’incarnations ou tout de suite.

François Brousse
Cénacle du 28 juin 1990 paru dans Revue BMP N°245-246, juin-juillet 2005

Ramakrishna

1836-1886, Calcutta (Inde)

Ramakrishna nous a apporté l’idée que par l’illumination intérieure, par l’amour et par l’adoration, nous arriverons à l’éternité.

Il a reçu d’ailleurs, lui aussi, une initiation, l’initiation de deux êtres : Totapuri, un moine venu du fond des Himalaya, et Bhairavi aux voiles d’or, qui, lui, a apporté une autre illumination.

Totapuri vint, il arriva près de Ramakrishna et il lui dit : – Tu es allé très haut. Tu es allé sur le chemin de l’adoration. Tu es allé dans l’âme cosmique. Tu connais Kali, la déesse de l’univers. Mais tu es encore enfermé dans la dualité, dans le dieu avec forme. Or l’absolu n’a aucune forme. Tu dois subir l’immense expérience de l’infini et de l’éternité.

Et il lui dit : – Concentre‑toi entre les deux sourcils

Ce que fit Ramakrishna. Et Totapuri lui dit : – Vois au‑delà de Kali. Vois l’infini et l’éternité.

Ramakrishna lui répondit : – Maître, je ne peux pas. La déesse bien-aimée et merveilleusement belle est devant moi. Elle danse. Elle remplit les cieux.

– Il le faut pourtant, répondit Totapuri.

Et prenant un fragment de verre pointu, il l’enfonça entre les deux sourcils de Ramakrishna en lui disant : – Concentre‑toi sur cette pointe.

Et sous le fouet de la douleur, Ramakrishna se concentra. Par le glaive de la discrimination, il fondit l’image merveilleuse de Kali ; la déesse s’effaça, et, au‑delà, il vit l’infini, l’éternité, l’absolu, un espace sans espace, un temps sans durée où une forme sans forme remplissait le relatif de tout son absolu et c’est à ce moment‑là qu’il eut l’Illumination suprême. Effectivement Ramakrishna apporta au monde l’amour et la sagesse et l’illumination.

François Brousse
« Questions à François Brousse », Prades, 19 févr. 1976

François Brousse
« Pensée divine » dans Revue BMP N°27, sept. 1985

Par la métaphysique transcendantale, certains écartent les tentations du monde. Ils savent pertinemment que l’univers est une illusion, la matière, un rêve, la réalité tangible, une chimère. 

François Brousse

Le Livre des révélations, t. I, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1992, p. 150

Il existe deux plans, celui des êtres passagers qu’on appelait sublunaire, et le plan au‑delà de la Lune, la sphère des idées éternelles, des archétypes, des esprits.

C’est dans cette dimension que nous irons tous. Mais il faut gravir les hauts sommets de l’Initiation majeure pour atteindre à l’illumination permanente. Nous sommes au‑delà du temps, de l’espace et de la causalité, dans le lieu éternel.

Au‑dessous, tournoie l’illusion tangible, l’illusion transitoire du temps, de l’espace et de la causalité dans laquelle nous sommes. Elle est soumise à des lois cycliques. Vanité de croire qu’une religion ou une civilisation restera éternellement. Nous savons que les grandes civilisations atlantes ont disparu sous les flots. Les civilisations lémuriennes ont péri dans les flammes. La grande civilisation égyptienne a dominé pendant des siècles. Et l’on ne peut dire que l’Égypte actuelle, malgré son éclat, soit la résurrection de l’Égypte pharaonique. Le puissant Empire romain a régné sur les peuples, il couvrait pratiquement tout le monde connu. Ce n’est plus qu’un souvenir. Les grands empires s’effondrent les uns après les autres. Nous subissons actuellement trois grandes dominations : l’américaine, la soviétique et la chinoise. Toutes les trois sont en train de gouverner la Terre et toutes les trois disparaîtront. Avant elles d’autres empires ont vécu. Les deux derniers sont l’Empire britannique qui couvrait une partie de la planète, et l’Empire français qui couvrait pratiquement l’autre partie. Tous les deux se sont effacés à partir des années 1954. Ils n’existent plus et, cependant, ils régissaient des peuples innombrables. Toute cette gloire a été balayée. Les empires actuels sentent déjà passer sur eux le vent de l’abîme et s’engloutiront aussi.

Les religions connaissent le même destin. Il n’y a pas de religion éternelle sauf, peut‑être, la théosophie, mais prise dans le sens le plus vaste et le plus idéal. Quant aux religions structurées et organisées, elles disparaîtront, comme ont disparu les religions du passé. La religion égyptienne, avec son armature de prêtres initiés, a duré peut‑être 6 000 ans, mais elle est morte. La religion tyrienne, qui date d’environ 3000 ans av. J.‑C., a complètement sombré. La religion chaldéenne, qui naquit aux mêmes époques, a fini par s’anéantir elle aussi, au moment des invasions germaniques. Prenons maintenant la religion chrétienne, elle est en train d’agoniser lentement. Sa dernière grande crise, c’est l’essai de rénovation du Pape Jean XXIII qui, malgré ses efforts, ne l’a pas ressuscitée intégralement puisque, de tous côtés, elle meurt par manque d’effectifs. Elle perd inexorablement son sang. Il n’y a plus suffisamment de prêtres pour continuer la mission catholique universelle de l’Église. Il semble que le catholicisme s’éliminera. Une autre religion va disparaître également, c’est l’islam, avec ses 600 millions de croyants. Il n’existe pas de religion éternelle et il n’existe pas non plus d’empire éternel. La seule chose éternelle qui soit, c’est le monde des archétypes, le monde idéal, le monde des dieux, dans lequel nous irons tous.

François Brousse
Le Livre des révélations, t. I, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1992, p. 27-28

 

Le temps, que nous croyons être une force illimitée entraînant d’un mouvement irrésistible atomes et soleils, reflète sa véritable nature : une création de l’esprit.

Est‑ce une matière ? Non. Le temps ne possède aucune dimension spatiale, ni lon­gueur, ni largeur, ni profondeur. Il échappe aux mailles de la sensation.

Est‑il énergie pure ? Extrêmement douteux : l’énergie s’exprime par ondes, le temps s’écoule dans l’in­corporel. Ni matière, ni énergie, mais quel est ce mystère ? Qui examine le temps, sinon la pensée ? Qui sonde la fuite des choses, sinon l’esprit ? Qui veut comprendre l’efface­ment de l’être sinon l’intelligence ?

La pensée engendre le temps, car elle quitte ses chaînes, le survole pour en scruter les secrètes racines.

Si la pensée a créé le temps, elle peut le détruire. Et derrière ce nuage brille l’azur de l’éternel. Illusion de la pensée, la durée s’abolit quand elle prend conscience d’el­le‑même. La méditation du temps le dévore. Il se compose d’un passé qui n’est plus, d’un avenir qui n’est pas encore, et d’un présent toujours présent. Le passé n’existe que par le souvenir présent, l’avenir par une anticipation présente. Nous ne pouvons sortir du présent éternel. Il forme l’axe inébranlable de notre être. Hier se confond avec un mira­ge. Demain flotte dans l’irréel, seul Aujourd’hui subsiste éternellement.

Je ne suis jamais né : ce n’est qu’un souvenir enfanté par le Présent, je ne mourrai jamais : ce n’est qu’une antici­pation formulée par le Présent. Comme dit le grand maître Jésus : « Avant qu’Abraham fut, je Suis ! » Non le rappel d’une réincarnation d’autrefois, mais la super conscience méta­physique de l’éternité.

La réflexion nous amène d’abord au seuil du Vrai, puis l’intuition l’illumine, puis l’identité le réalise : auguste ouverture des cieux sans frontières ! On atteint alors l’inex­primable et l’ineffable. Vivre éternellement dans l’éternel Présent, c’est la libération.

François Brousse
La Trinosophie de l’étoile Polaire, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1990, p. 63-64

 

L’Initié doit se consacrer au culte des idées, elles proclament les noms de Celui qui n’a pas de nom.

Il faut d’abord rechercher la vérité en soi‑même, comme une perle précieuse au fond de la mer, écarter les préjugés fournis par l’éducation, la famille, la nation, la race, le parti, la religion, l’orgueil personnel. La vérité résistera, granit inébranlable, au choc furieux des questions. L’erreur s’effacera comme une écume perverse, mais l’impartialité sereine, l’intrépide recherche forment l’épée nécessaire de ce grand duel. C’est surtout dans notre moi profond que doit descendre la torche illuminatrice. Nous avons sur nous‑mêmes des opinions préconçues, extrêmement flatteuses, chamarrures de l’illusion. Par exemple, le partisan de la peine de mort se croit transporté par la justice, alors que la peur et la cruauté se ramassent dans les ténèbres. Peut‑être simplement le feu follet de l’erreur hallucine ses yeux. Qu’il s’examine avec la froide objectivité du juge.

Il faut prendre conscience de notre conditionnement social et corporel. Prendre conscience aussi des monstres tapis dans l’inconscient comme un nœud de vipères. Travail d’Hercule, mais qui ne doit connaître ni répulsion, ni attraction. Pour les fantasmes intérieurs, le néophyte tend à ignorer l’amour et la haine. Point d’exaltation outrecuidante, point de fureur autodestructrice ! La contemplation impassible du vrai devient une lampe sublime et consolante.

Par le soupirail des rêves, on pénètre plus facilement jusqu’à la cave de notre être insondé. Que de trésors sombres et lumineux ! Par Freud, nous connaissons le sourire fatal de l’érotisme, par Nietzsche la volonté de puissance, par le grand Platon les ailes de l’élan de la perfection, qui monte au‑delà des étoiles. Ces trois talismans, habituellement, superposent leurs glyphes. Le rêve nocturne et la rêverie diurne s’expliquent à leur triple choc. On arrive, par un questionnement perpétuel, à la source de vie.

Quant à la Beauté, ses dômes géants et ses temples secrets se déroulent dans l’ampleur du cosmos. L’Initié communique avec la splendeur et la tendresse universelle. Dieu est le suprême poète, dont la lyre laisse échapper, en notes colossales, le tourbillon des soleils. Par l’admiration, le magiste étreint le monde, et quand il a étreint le monde, il devient Dieu.

La beauté s’exprime non seulement par les poèmes, les tableaux, les symphonies, les architectures et les danses de l’abîme, mais aussi par les chefs-d’œuvre du génie humain. Hugo, Rembrandt, Michel‑Ange, Beethoven, se dressent aussi haut que Bouddha, Krishna, Jésus, Pythagore, plus haut que Moïse ou Mahomet, car le glaive de l’esprit a plus de pureté que le glaive de la terre.

La contemplation des grandes écritures de l’Être ineffable, à travers le monde et à travers le génie, ces deux parchemins de l’absolu, nous ouvre le chemin de la réalisation.

Par le rêve et la rêverie, nous connaissons la télépathie, la clairvoyance, la prémonition.

Par la contemplation esthétique, nous savourons le nectar du ravissement.

Dieu, ce barde, frappe sur le tambourin des étoiles pour la jubilation des âmes à la conquête de l’infini. Celui qui n’est pas sensible à la beauté devra revenir sur les planètes, jusqu’au jour béni où il en comprendra le secret resplendissant.

Communication avec le soleil, amour tantrique, approfondissement de son être sous le rayonnement des idées, tels sont les joyaux du Feu.

François Brousse
L’Arbre de vie et d’éternité, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1992, p. 41-42

Le véritable froment de l’âme, ce n’est pas la douleur, c’est la vérité. Toutes les vérités que nous avons acquises dans une incarnation, les gardons‑nous dans l’incarnation suivante ? Je voudrais bien le croire ! Mais l’expérience semble démontrer que des êtres peuvent très bien, après avoir trouvé la vérité, l’abandonner et ceci dans une vie.

Ils le font à la suite de certains traumatismes, à la suite de certaines illu­sions ou de certaines désillusions. Par exemple, on peut croire qu’il suffit d’approcher le maître pour être à l’abri de certaines mésaventures. Alors, s’il nous arrive quelque contretemps, nous risquons de nous révolter contre l’Initiateur et de rejeter son enseignement. Cela survient fréquemment. J’ajoute que nous avons connu des êtres qui étaient des théosophes et qui, ensuite, sont devenus des nazis purs et simples. En conclusion, on peut facilement, hélas, perdre des vérités si elles nous paraissent trop difficiles à supporter dans notre évolution et si elles nous gênent un peu trop. Après avoir cru pendant une dizaine ou une vingtaine d’années avec âpreté à des idées divines, on peut très bien les abandonner parce que notre égoïsme est beau­coup plus fort que notre intuition.

Ce qui est vrai pour une vie qui dure 75 à 80 ans est vrai à plus forte raison pour des vies successives. Nous pouvons rencontrer des âmes qui, après être allées très haut, sont tombées extrêmement bas. Cette chute est malheureusement un fait avéré à travers les siècles. On le voit dans la Bible elle‑même, où il est dit :

Pourquoi, comment, es‑tu tombé du ciel, Lucifer, brillante étoile du Matin ? Tu marchais parmi les mon­tagnes de Dieu, au milieu des pierres étincelantes et tu es tombé par orgueil. (Isaïe, XIV, 12)

Il arrive que des êtres montés très haut sur la voie de la connaissance s’effondrent tout à coup. C’est vrai pour cette vie et c’est vrai pour toutes les vies. Nous devons, hélas, faire terriblement attention et ne pas croire que, parce que nous avons acquis cer­taines vérités, nous serons capables de les conserver.

François Brousse
L’Évangile de Philippe de Lyon, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1994, p. 243-244

Le péché originel, c’est de croire à l’existence de la matière et du mal. Nos pensées négatives s’extériorisent, tissant une immense toile d’araignée où nous nous débattons absurdement.

L’homme rêve ce cauchemar du tangible, de la souffrance, de l’échec. Illusion fatale. Les Délivrés sont les âmes intrépides qui refusent le joug ténébreux du songe et ouvrent les yeux dans la lumière de l’esprit. Sans doute, on peut encore subir la douleur et la défaite. Qu’est‑ce que cela prouve ? Que notre pensée n’a pas encore suffisamment de force pour résister aux milliards de pensées inférieures dont la ronde l’assaille de toutes parts.

C’est une lutte entre nous qui pensons vrai et le reste de l’humanité qui pense faux. Nous devons nous hausser à la taille des héros légendaires qui, seuls, mettent en déroute des armées.

Comment procéder quand nous sommes au centre d’un péril, d’un incendie, de fauves, d’inondations, de tortionnaires, d’accidents ? Par la négation triomphatrice. Rien de tout cela n’est arrivé. Aucun mal n’existe dans le royaume de Dieu. L’essentiel est d’en être si convaincu que le monde, dompté, ne peut qu’obéir.

Mary Baker Eddy [1821-1910] a eu raison de voir dans ce puissant secret la clé des miracles du Christ.

François Brousse
Revue BMP N°122, mai 1994

Illusoire

Mes plus beaux rêves sont en loques

Mes espérances écroulées…

Sous la grande robe étoilée,

Mes plus beaux rêves sont en loques.

 

L’océan, avec son œil glauque,

Voit s’enfuir ces stryges ailées.

La foudre absurde le provoque

Ta sombre aventure équivoque

Aux cendres des morts est mêlée.

Le vrai saphir orne ma toque,

Les plus beaux rêves sont en loques

Mais l’illusion s’est envolée

20 décembre 1989

François Brousse
La Rosée des constellations, Clamart, Éd. la Licorne Ailée, 1991, p.185

Le mal, la matière, la souffrance, la maladie, la vieilles­se, la mort ne sont que des conceptions de l’esprit.

L’homme, enfant de Dieu parfait, est parfait lui‑même. S’il arrive à donner un ordre à son inconscient, il détruira toute maladie. La faiblesse du corps n’est qu’un reflet de la faiblesse de l’esprit. Par la vigueur de la volonté, on niera le mal et le mal s’évanouira. Dieu étant le Bien absolu, le mal ne forme qu’illusion. Par l’amour vous vaincrez la mort, par la volonté vous vaincrez la douleur, par la méditation vous vaincrez l’ignorance.

François Brousse
La Trinosophie de l’étoile Polaire, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1990, p. 119

Le secret de l’hindouisme

Le secret de l’hindouisme peut se transmettre en une phrase : l’essence humaine et l’essence divine sont identiques, atman égale brahman, Lui et moi nous sommes Un. Il faut découvrir au centre embrasé de notre être l’Infini, l’Éternel, l’Absolu, le Parfait, le Soi véritable. Méditons sur l’illusion universelle, espace, temps, relatif, imperfection, et nous retrouverons notre Dieu inté­rieur, qui est aussi le Dieu cosmique.

François Brousse
La Trinosophie de l’étoile Polaire, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1990, p. 140 

Entretien avec François Brousse sur l’illusion

Q. :  Puisque l’âme est en perpétuel devenir (donc jamais identique à elle‑même), peut‑on dire qu’elle est une illusion créée par Dieu ?

F.B. : Tout en étant en perpétuel devenir, on peut rester identique à soi‑même. Le réel est justement l’unité de l’un et le multiple. L’âme est un germe divin qui contient d’infinies métamorphoses. Elle part à sa propre découverte, on peut la comparer à un axe inébranlable, autour duquel montent des serpents enlacés. Elle est donc une illusion créée par Dieu, mais en tant qu’illusion, elle a sa réalité propre, Deux êtres subsistent réellement, l’Être suprême et son reflet, l’âme. La République Française avait raison de proclamer une double affirmation : l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme.

Q. :  Pouvez‑vous commenter cette phrase de la minute d’éternité : « Je suis l’illusion qui trouble l’univers » ?

F.B. : Dieu, ayant émané de lui l’âme immortelle, donc la pensée, a remodelé l’Univers. L’Être infini contient obligatoirement l’illusion universelle. Si elle trouble la perception des choses, c’est que derrière l’illusion, existe la Réalité divine. On revient à Emmanuel Kant, avec sa distinction du noumène, en dehors du temps, de l’espace et des catégories de l’entendement, et du phénomène plongé dans ce torrent de formateur.

Q. :  Est-ce qu’une illusion peut prendre conscience d’elle‑même ?

F.B. : La super conscience étant le propre de la Divinité, la conscience est le propre de l’âme séparée de Dieu. C’est le reflet du visage éternel. Par conséquent, de même qu’un reflet dans un miroir peut être réfléchi par un autre miroir, l’illusion peut prendre conscience de sa réalité illusoire. L’illusion n’est pas le non‑être. Elle est un reflet vivant de l’être. Elle participe donc de manière superficielle de l’être en soi ou de « l’êtreté ».

François Brousse

« Entretien avec François Brousse sur l’illusion » dans Revue BMP N°63, déc. 1988-janv. 1989

Lorsqu’un prophète vient sur la Terre, c’est pour détruire les illusions et pour apporter des révélations entièrement nouvelles.

[…] Les espoirs trop fallacieux à propos d’un monde merveilleux qui va naître immédiatement sous le souffle du Nouvel Hénoch, ou sous les pas créateurs des extraterrestres, doivent être rejetés.

En réalité, le sauveur c’est nous, nous sommes infinis, nous sommes nos propres maîtres et nos propres illuminateurs. Il est évident que nous avons besoin de médiateurs. Les messies viennent et sont les médiateurs entre la terre et le ciel, entre l’homme et Dieu, entre l’éphémère et l’Éternel, mais c’est â l’homme de travailler. Ce n’est pas au prophète ou à l’extraterrestre ou à l’Avatar de tout faire pour eux.

Il ne doit rien faire du tout, en principe, il doit être simplement l’index lumineux qui montre le chemin.

François Brousse

Revue BMP N°33, mars 1986

PYRAMIDES

Tu ne t’égares pas dans les perfides sentiers des illusions et des raisons,

Victorieux, sur le sommet des pyramides et des sagesses, tu montes !

Là, point de tigres cachés sous le hérissement des branches hypocrites.

Point de vipère à tête plate, au cœur triangulaire, au dard de glace verte.

Contemple, du haut de la tour illuminée, le cintre tissé par des arcs‑en‑ciel…

Monde et rêve, matière et songe, voie lactée et mirage, s’effacent peu à peu dans la brume indéfinie.

Tu te brandis, comme un phare d’orgueil, vers le zénith si beau que les oiseaux s’immobilisent d’extase quand ils en touchent l’ineffable courbure.

Et l’ombre de la pyramide, suivant la danse du soleil, ouvre autour de ton vol immuable, tous les pétales de la ténèbre unique…

 

François Brousse

De l’autre cygne à l’un, dans Œuvres poétiques, t. II, Clamart, Éd. La Licorne Ailée,  1988, p. 233

MÉTHODE DES QUATRE VOILES DÉCHIRÉS

Maintenant j’aborde le rivage des méthodes purifica­trices qui constituent le Yoga du grand Soleil central, coeur de la galaxie. Il convient premièrement et avant toute chose de prendre conscience de notre Moi divin. Connaissons notre grandeur !

Nous sommes l’être infini, éternel, tout‑puissant et heu­reux.

Pratiquez la technique des quatre voiles déchirés. Imaginez un grand Visage composé de ces qualités divines : infinité, éternité, toute‑puissance, bonheur. Ce visage, c’est votre Moi spirituel. Quatre voiles cachent sa merveilleuse splendeur, et ces voiles se nomment ESPACE, TEMPS, DÉTERMINISME, SOUFFRANCE. Supprimez‑les par la lucidité radieuse.

Que me veut l’es­pace ? La pensée me transporte aux confins de l’univers. L’étendue est illusion. Écartons le voile.

Le temps. Dans les replis du rêve, il varie suivant les tendances et les désirs. Je contemple des millénaires dans un point temporel. Le temps est illusion. Écartons le second voile.

Le Déterminisme. Il se fonde sur l’affirmation que les mêmes causes produisent les mêmes effets dans les mêmes conditions. Mais la cause s’avère créatrice, et non répétitri­ce. L’effet est un résultat positif parmi d’autres possibles. Et ils viendront, eux aussi, à la manifestation tangible. Liberté, voilà le fond de l’être ! Le Déterminisme est illusion. Écartons le troisième voile.

La souffrance ? Elle porte sur le corps, sur l’âme et sur l’esprit. La souffrance du corps s’exprime par la douleur physique. Les respirations et la concentration yoghiques l’effacent. La souffrance morale suppose la frustration. Mais le détachement spirituel, allié à l’amour envers les humains et les animaux, atténue les vives couleurs de la souffrance passionnelle. La souffrance du mental porte le nom redou­table de doute. Mais la méditation quotidienne, sur les thèmes métaphysiques finit par le chasser intégralement. La souffrance est illusion. Écartons le quatrième voile.

Nous voici devant le Grand Visage. Nous aspirons sa quadruple puissance par un rythme respiratoire trinaire :

Aspir. J’aspire l’in­fini. (narines ouvertes et bouche fermée)

Rétention. Je concentre l’infini dans la glande de l’in­tuition, le centre pinéal.

Expir. Je suis l’Infini. (toujours par les narines et bouche close).

Recommençons pour l’Éternité, encore dans la glande pinéale. Puis pour la Liberté‑Puissance, où la concentration rétentive se pratique sur un point au‑dessus de la tête. Enfin pour le bonheur, polarisé sur le lotus du coeur cha­kra « Anahata », situé au centre de la poitrine (1).

 

(1) – Éveiller l’Anahata constitue une expérience dangereuse. Sans trahir le Comte Immortel on pourrait concentrer la plénitude du bonheur dans le Brahmarandra.

François Brousse

Les Visiteurs des millénaires – Le Comte de Saint-Germain, Clamart, Éd. La Licorne Ailée,  1990, p. 21-22

Question : L’illusion embrasse‑t‑elle aussi bien l’état de rêve que l’état de veille ?

F.B. : Dans l’état de rêve comme dans l’état de veille, notre subconscient projette des illusions à la manière d’un dragon cracheur de flammes. Dans l’état de veille les illusions sont au nombre de trois : le temps, l’espace, et la causalité.

S’y ajoutent les préjugés montés du fond de nos abîmes.

Dans le rêve, le temps, l’espace et la causalité ont beaucoup moins de fixité. Mais nos préjugés ont beaucoup plus de force car ils ne se heurtent pas au monde objectif. Donc si l’illusion dans le rêve perd une part de son énergie, elle la récupère d’un autre côté.

On peut donc renvoyer dos à dos les deux adversaires sous la blafarde lune de l’illusion.

François Brousse
« Les rêves – Questions de Jean‑Pierre Wenger » dans Revue BMP N°50 – octobre 1987

 

Où commencent la fatalité et la providence ? Où s’arrête le karma ?

F.B. : La fatalité commence au moment où l’on croit que le mal triomphe du bien, où l’on croit que le néant existe, où l’on croit que l’enfer éternel existe, c’est cela la fatalité. Mais, lorsque l’on s’aperçoit que tout ceci n’est qu’illusion et qu’au-delà de la fatalité, existe la providence, qu’au-delà de l’erreur existe la vérité, qu’au-delà du mensonge, existe l’éternité, à ce moment-là, on est délivré et le fil qui nous lie au karma se brise. Il se brise définitivement. J’ajoute quand même que ce n’est pas absolument vrai, car si cela l’était, vous seriez transformés en souffles impalpables et vous n’existeriez plus. Mais, comme vous devez encore exister sur la Terre, il faut qu’il y ait des choses inférieures qui vous ramènent dans ce monde. Il faut que vous ayez un côté inférieur sinon vous n’existeriez plus. Le fil se briserait, vous vous envoleriez directement dans l’absolu et, comme vous n’avez pas terminé votre karma, cela ne peut pas se faire. Il faut donc rester là, vous êtes dans une prison, mais, cette prison, il faut l’embellir le plus possible. Impossible de la briser pour l’instant.

François Brousse
Revue BMP N°196, févr. 2001

Je suis l’illusion du temps et de l’espace

Mes pensers sont un vol de nocturnes rapaces

Je médite dans l’ineffable, dans le rien

Je ne distingue plus le tien d’avec le mien

Je suis la flamme noire où s’allument les astres

La lune vient sourire à travers les pinastres

Les météores sautent comme des criquets

Le bois se réjouit du chant des perroquets

Ils imitent tous les instruments de musique

On entend moduler des voix hyperphysiques

Je suis la flamme noire où les astres s’allument

J’épouse la sibylle épouvantée de Cumes.

Fuyez dans l’infini mes cris immatériels

Je porte en mes deux mains Caliban et Ariel.

Tous les poisons de Belzébuth forment le baume.

Je suis Ève, je suis Adam, je suis la pomme­

Je suis l’esclave fier et le terrible roi

Je suis toutes les puissances à la fois.

Reposons-nous enfin dans la nuit vénérable.

Je suis les chênes forts et les tendres érables

Ô murmure infini des brasiers secourables.

François Brousse
Les Transfigurations, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1992, p. 7

L’ILLUSION UNIVERSELLE

Comme un nuage qui se disperse dans le vent,

Comme un flot se brisant en larmes éphémères,

Ce monde que les dieux resplendissants formèrent

Engouffre dans la nuit ses tourbillons vivants.

 

Regarde l’agonie somptueuse des roses ;

Les roses sont les sœurs des femmes adorées

Par la griffe des pluies les monts sont déchirés ;

Inexorablement tout se métamorphose.

 

L’eau mange les rochers, l’air mange l’océan,

L’ombre dresse partout son cadavre géant

De l’étoile sublime à l’araignée immonde

 

Le cheval de la mort éternelle hennit

Et rien ne comblera, pas même l’infini,

L’abîme épouvantable où s’écroulent les mondes.

François Brousse

Revue BMP N°11, mai 1984

Ce monde est le domaine de l’illusion et de la mort.

Les empires disparaissent, les montagnes s’effacent, les étoiles même s’éteignent dans l’espace, et de malheureux naïfs croient à l’éternité du catholicisme !

François Brousse

Revue BMP N°68, juin 1989

PÈLERINS

Ceux qui annoncent le retour

Imminent des joies éternelles

Habitent la trompeuse tour

Où nul ange n’ouvre ses ailes.

 

Ces prédictions ont l’erreur

Comme huile pour leur morne lampe

Une espérance aveugle rampe

Dans le sépulcre plein d’horreur.

 

L’intempérance de prédire

Dérègle la corde des lyres

Le Verbe seul connaît Sion.

 

Pas de croyance idolâtrique

Le réel frappe de sa trique

Les pèlerins de l’illusion.

 

1er juin 1992

François Brousse
Le Baiser de l’archange, Clamart, Éd. la Licorne Ailée, 1993, p. 203


Quand le méchant meurt, son espoir périt

Et l’espérance des violents est anéantie

                                               Proverbes (Salomon) (XI, 7)

 

[…] Les méchants peuvent avoir des illusions innombrables. Ils peuvent par exemple croire qu’ils sont les élus de Dieu et, très satisfaits de cela, ils feront comme les inquisiteurs, ils bruleront les hérétiques d’un cœur joyeux, ou bien, comme certains peuples actuels, ils tueront leurs ennemis en déclarant qu’ils vont en enfer, et eux, seront persuadés d’aller tout droit au ciel. Cet espoir est le propre des méchants fanatiques, il y en a sur toute la terre. Cet espoir est aussi le propre de certains réformateurs politiques qui s’imaginent détruire l’erreur et la violence en employant la violence et la destruction, ceux-là aussi se retrouveront après leur mort avec leurs espoirs entièrement déçus ; ils seront la proie d’une multitude de larves et d’âmes qui les environneront en les menaçant, et ce ne sera pas gai pour eux. Ceux par exemple qui s’imaginent, en tuant leurs frères, qu’ils travaillent pour la gloire de Dieu, ils se retrouveront après leur mort environnés des fantômes de tous ceux qu’ils ont massacrés, et cela peut-être inquiétant. Pour eux par conséquent, le chemin ne sera pas aplani : ils tomberont dans leur propre méchanceté.

François Brousse
Commentaires sur les Proverbes de Salomon,  t. 2, Clamart, Éd. La Licorne Ailée,  2015, p. 26

Toute hiérarchie doit être abolie, comme l’affirme la lettre E, l’Égalité, c’est‑à‑dire l’égalité des Enfants de Dieu dans l’éternité. Rien ne nous distingue hiérarchiquement les uns des autres, sinon un corps apparent et un Karma, une non‑réalité, un brouillard qu’il faudra dissiper.

François Brousse

La Trinosophie de l’étoile Polaire, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1990, p. 38

 

LE MONDE DES RADIATIONS PSYCHIQUES

Sur les ruines de cet édifice, tâchons de construire un temple harmonieux. Je propose tranquillement, cyniquement, une hypothèse qui va me faire traiter de fou par la clique innombrable des gens sérieux et pondérés.

Le rêve n’est pas autre chose qu’un phénomène de perception dans un monde subtil qui, de toutes parts, interpénètre le nôtre.

L’univers matériel, que nous supposons l’unique, s’épanouit comme une fleur vivante aux éclatantes tentacules parmi un mystérieux univers sous-marin, fluidique, traversé de rayons étranges. C’est la corolle étincelante des mers, les ondes immenses respirent autour d’elles. Comme la lumière solaire baigne le verre, le monde transcendant baigne le monde cubique. Nous en sommes transpercés, sursaturés. Dans le rêve, nous touchons le seuil de ces transparentes demeures.

Les constatations les plus positives de la science aboutissent à un idéalisme merveilleux. Nous vivons dans un système prodigieusement complexe de vibrations qui impressionnent nos sens. Mais la forme que ces vibrations prennent dans notre conscience ne correspond nullement à la réalité. Ce granit qui peut nous briser la tête, ce feu qui peut nous brûler les mains, ce fer qui peut nous percer la poitrine, ces réalités terribles sont des illusions. Tout n’est qu’une fantasmagorie imaginée par nos sens. Nous nous croyons devant un bouquet formé de fleurs élégantes, multicolores et parfumées ; nous sommes devant un mouvement incolore, inodore, un simple frisson d’énergie inconnue.

Donnez-nous d’autres sens, et un autre monde s’offrira. Si par exemple nous étions des êtres électriques, l’atmosphère si souple, si malléable nous semblerait un bloc impénétrable ; en revanche nous circulerions dans une montagne de fer aussi facilement qu’un oiseau dans l’azur. L’univers n’est qu’une chatoyante illusion. Profondeurs de la terre et puissances des cieux, croulez, mensonges ! Le soleil n’existe que parce que nous le voyons. Ce voile éblouissant déchiré, que reste-t-il derrière ? Les tourbillons à jamais insondables de l’éther.

Alors une seule chose nous semble inébranlable, c’est la zone intérieure. Les mouvements de notre âme sont l’unique réalité dont nous puissions être sûrs. À quoi reconnaissons-nous l’existence de l’univers ? À ce qu’il s’offre perpétuellement à notre conscience et à ce qu’il s’impose d’évidence. Cherchez, vous ne trouverez pas d’autre raison.

Pardon, objecteront les philosophes. Il y a autre chose, il y a un aspect de la question qui vous terrasse. Sans doute, le monde tel que nous le voyons est un voile brodé de figures fabuleuses, mais il recouvre une vérité. Là, nous distinguons un rocher. Ce rocher n’existe pas, soit, mais il symbolise un centre d’énergie réelle. Un être doué de sens différents percevrait une autre forme au même point de l’espace, mais il percevrait une forme. Derrière l’apparence changeante, se dresse la solide vérité. Tous les vivants en possession des mêmes sens percevront, devant un même tourbillon de forces, la même configuration. Il ne peut pas en  » être ainsi dans les rêves. Deux hommes qui rêvent ne perçoivent pas des illusions identiques. On rêve individuellement tandis que l’on perçoit collectivement. Par suite le rêve n’est qu’une fantasmagorie particulière et non l’ouverture d’un nouvel univers. Les images du rêve flottent sur le vide, tandis que les perceptions normales revêtent d’illusion une indéniable réalité. […]

François Brousse
Par le soupirail du rêve, Clamart, Éd. La Licorne Ailée,  1996, p. 20-22

Le rêve de Brahma

L’univers est-il le rêve de Brahma ?

F.B. : Imagine Dieu en train de rêver, et son rêve, c’est l’univers.

Et l’univers n’est que le rêve de Dieu. Il n’a pas plus de consistance qu’un rêve, et la matière est une illusion de même que les sensations que nous avons dans nos rêves. D’après la citation de Steiner : « Les pensées des hommes sont des images. Les pensées de Dieu sont des vivants. »

Quand il pense à l’animal, l’animal existe. Nous ne sommes que la condensation d’une idée, comme la différence entre la vapeur et la glace. La vapeur d’eau, première forme, se condense et devient l’eau, et l’eau sous l’influence du froid devient glace.

D’abord l’idée, puis l’image astrale, et enfin la réalisation physique.

François Brousse
« Propos de table – F. Brousse répond aux questions de ses amis » dans Revue BMP N°103, septembre 1992

La Sagesse consiste à devenir l’infini divin, à être à la fois Dieu et soi.

L’erreur consiste à dissoudre son individualité dans une masse inférieure : église, classe, race.

Prendre un pape, un tribun ou un chef pour l’unique chemin du salut, voilà l’épouvantable gouffre qui aspire les âmes.

La liberté, flambeau de Dieu, s’y éteint lugubrement.

François Brousse
Commentaires sur l’Apocalypse de saint Jean t. 1, Clamart,Éd. La Licorne Ailée,  2001, p.138

Nous avons l’illusion d’exister d’une manière séparée

Nous sommes en réalité la vérité infinie, unique, nous ne formons qu’un seul être. Si nous arrivons, ne fusse que par un éclair de quelques secondes par jour, à avoir la sensation de l’être éternel, absolu et infini qui est le nôtre, tous les voiles de notre personnalité tombent et plus rien n’existe.

En réalité, nous sommes les rêves d’un être gigantesque qui s’appelle le cosmos ou Dieu. En dormant il rêve, et il a une multitude de fantasmes qui sont en train de passer dans son cerveau réel. Nous sommes ces fantasmes et nous avons l’illusion d’exister d’une manière séparée. De même, lorsque nous dormons, les fantômes sortis de notre brillante imagination croient eux aussi exister personnellement. En réalité, ils n’existent pas personnellement, ils n’existent que comme le reflet de notre être immense. Et nous, nous n’existons pas non plus, nous ne sommes que le reflet de l’Être infini.

La conscience cosmique ou la quatrième dimension de l’esprit consiste à prendre conscience de cette réalité fondamentale. Nous ne sommes pas un corps périssable, une âme limitée, ni une intelligence trompeuse, nous sommes l’Être infini, éternel et parfait. 

François Brousse
Commentaires sur l’Apocalypse de saint Jean, t. 1, Clamart, Éd La Licorne. Ailée, 2001, p. 293

 

La grande identification

Il s’agit de rentrer en contact avec le moi éternel et par­fait qui est au fond de nous‑mêmes.

Tu portes en toi un ami sublime que tu ne connais pas – Dieu habite dans le cœur de l’homme – l’humanité est le temple de la divinité. Comment découvrir le Dieu caché au visage éblouissant ?

Préparation
S’allonger sur un divan – la position hori­zontale est la meilleure pour rencontrer l’être qui est dissi­mulé sous les apparences. Envoyer une bénédiction bouddhique aux neuf maîtres de l’Himalaya : Hermès – Krishna – Orphée – Lao‑Tseu – Zoroastre – Pythagore – Bouddha – Jésus – Victor Hugo ;

Trois bénédictions pour chacun de ces êtres divins et leur demander trois fois de vous aider dans cette aventure pri­mordiale.

 

Réalisation. Dire mentalement :
Je ne suis pas ce corps, ce corps est éphémère, je suis l’être éternel ;
Je ne suis pas cette âme, cette âme est imparfaite et je suis l’être parfait, bonté infinie, sagesse infi­nie, puissance infinie, bonheur infini, infinie splendeur.
Je ne suis pas ce mental il est limité et faillible, je suis illimité et infaillible, je suis la perfection et l’absolu.
Je ne suis pas ce nom, il est une émanation de la Maya, je suis tous les noms de la Terre et du ciel et tous les êtres qui portent ces noms depuis l’atome jusqu’à la galaxie, depuis le crapaud jusqu’à l’archange. Je suis l’âme univer­selle aux multiples formes.

Couronnement. Répéter :      

Je suis l’être éternel, je suis l’être parfait, infiniment bon, infiniment sage, infi­niment puissant, infiniment heureux, infiniment beau. Je suis tous les noms de la Terre et du ciel et tous les êtres qui portent ces noms. Je suis l’Âme universelle aux multiples formes. Je suis la voie, je suis la vérité, je suis la vie.

Je médite sur la splendeur de l’Être suprême qui, d’un souffle, a créé l’infinité des mondes. Que son rayon illumi­ne la fine pointe de mon âme, qu’il m’amène des ténèbres à la lumière, de l’ignorance à la connaissance, et de la mort à l’immortalité. Qu’il en soit ainsi pour tous les êtres, de l’atome à la galaxie. AUM.

François Brousse

LA MINUTE D’ÉTERNITÉ

Je suis l’Ancien. Je suis le mâle et la femelle,  

L’océan d’où tout sort, où tout rentre et se mêle ;

Je suis le dieu sans nom aux visages divers ;

Je suis l’illusion qui trouble l’univers.

Mon âme illimitée est le palais des êtres,

Je suis l’antique aïeul qui n’a pas eu d’ancêtres.

Dans mon rêve éternel flottent sans fin les cieux.

Je vois naître sans cesse et mourir tous les dieux.

C’est mon sang qui coula dans la première aurore,

Les cieux et les matins n’existaient pas encore

Que j’étais là planant sur cet abîme obscur.

Mon âme est le passé, le présent, le futur.

Je suis l’antique, vaste et profonde substance

Où tout revient et tombe, où tout reprend naissance,

Le grand corps éternel d’où viennent tous les corps,

Je suis tous les vivants et je suis tous les morts.

Les mondes infinis que mon rêve a fait naître,

Néant prenant pour vous l’apparence de l’être,

Sont, lueur éphémère et qui s’évanouit,

La fulguration dont s’éclaire ma nuit

Et d’où rejaillira l’éternelle lumière.

Je suis le dernier souffle et la splendeur première.

François Brousse
Revue BMP N°79-80, juin-juill. 1990