Victor Hugo
Besançon, 26 février 1802-Paris, 22 mai 1885
Hugo apporta au monde tout un étendard sacré scintillant de vérités divines.
Il propagea le culte du Dieu absolu, débarbouillé de toutes les superstitions théologiques, et la religion des grands hommes : poètes, artistes, philosophes, métaphysiciens, prophètes. Il en rejeta les guerriers et les conquérants.
Il répandit sur la Terre une longue fontaine de chefs-d’œuvre, où il suffit de plonger les lèvres de son âme pour se sentir rénové.
Il prêcha également l’amour universel, la concorde entre les humains et les nations.
Enfin, prouvant sa qualité de mage divinateur, il annonça les grandes guerres du XXe siècle et les fusées interplanétaires.
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François Brousse
« Les mystères de saint Paul » dans Revue BMP N°88-89, avril-mai 1991
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L’Ancêtre universel
Dans les contes de la Table Ronde, le chevalier arrive devant un manoir gigantesque, monstrueux, démesuré, aux murailles de fer et aux fossés d’abîme. Le château est aussi grand que la montagne. Leur ombre va jeter l’épouvante, quand le soleil se couche, dans la tribu des nains de la plaine qui préfèrent leurs terriers au milieu des thyms.
Si le chevalier ose franchir le pont-levis, il pénètre dans une série de salles où étincellent des amas de bijoux, coupes, colliers, épées, armures, bracelets, bagues, tout un ruissellement de merveilles ciselées par la fée des nuages. Le manoir à l’écrasante majesté renferme dans le secret de son être d’infinis trésors. Ce géant qui effraie contient les plus délicates caresses.
Tel est Hugo. La masse de son œuvre et la puissance de son génie répandent la terreur, mais il renferme aussi les talismans de la poésie pure. On ne connaît que son visage de poète populaire et de poète épique. Je ne les dédaigne certes pas. Seuls, les géants peuvent remuer les entrailles de Démos. Quant aux poètes épiques, ils sont quelques-uns dans la suite des siècles, Valmiki, Homère, Lucrèce, Dante, Shakespeare, Goethe et Hugo à former une constellation de soleils où se rassemblent toutes les énergies du génie humain. Notre époque actuelle – que marque la double désintégration de la matière et de l’esprit – a perdu le sens de la grandeur. C’est pourquoi elle n’a pas la force d’admirer les colosses. Ses yeux, inévitablement, s’ouvriront et elle contemplera de nouveau, les soleils suprêmes. […]
François Brousse
Les Secrets kabbalistiques de Victor Hugo, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1985, p. 25-26
Hugo est parfaitement connu. Il est l’un des plus étonnants poètes de tous les temps,
il est également l’un des plus grands dramaturges,
il est aussi l’un des plus étonnants historiens,
il est encore l’un des plus fabuleux métaphysiciens.Â
François Brousse
Conf., Perpignan, 4 mai 1985, « Victor Hugo »
Le cri du prophète
« Quand je ne serai plus, on verra qui j’étais (1). » (Victor Hugo)
Alexandrin curieux, gonflé d’orgueil surhumain, d’un orgueil de prophète qui tient sous sa large serre le chamois de l’avenir. Mais Hugo, le rapace des cimes, a parfois des zigzags bizarres, des cabrioles déconcertantes. Dans sa barbe de Moïse, il aime dissimuler le rire de Rabelais. On discerne par intervalles dans les yeux fulgurants du mage, l’éclair malicieux de l’humoriste.
Personnalité prodigieuse, centaure de l’infini, Janus de l’incroyable, sirène de l’océan des cieux, sphinx tétramorphe couché au bord des gouffres, tel apparaît ce maître indéchiffré où tous les fleuves de l’inspiration font confluer leurs flots aux tumultes de gloire et de ravissement.
Il convient d’abord de déterminer qu’il se croyait prophète, et qu’il l’était réellement dans toute l’ampleur du terme. L’alexandrin solitaire, cité plus haut, s’explique de façon grandiose et naturelle. Hugo savait que les prophéties majeures de son œuvre ne s’accompliraient, dans la fermentation humaine, qu’après sa mort. Il sollicitait les intelligences futures de comparer le cri et l’écho, le flambeau et le reflet, la prédiction et sa cristallisation dans le clair alambic de l’histoire.
Je me contenterai de deux textes, pour montrer la certitude du poète, immensément conscient de sa vision surnaturelle des avenirs planétaires. Le premier texte sera pris dans les Odes et Ballades, le recueil de l’enfant sublime, où le colibri géant ouvre déjà des ailes capables d’ombrager les siècles, et fait en chantant frissonner l’irisation féérique de son plumage. Le deuxième texte sortira du recueil posthume intitulé Océan, vastitude inouïe où se tordent comètes et constellations, spirale d’ombre et de flamme qui menace de trouer l’infini.
L’Ode Quatorzième du cinquième livre (peut-être, ces nombres ont-ils dans la pensée de Hugo une signification transcendante) nous présente des « Actions de grâces » dont la suavité tragique évoque l’auteur de l’Apocalypse :
L’œil tourné vers le ciel, je marchais dans l’abîme ;
Mon esprit de Pathmos connut le saint délire,
Textes aux profondes résonances, où se mêlent l’aspiration en flammes montantes, l’inspiration en langues de feu descendant des sphères métaphysiques, le délire prophétique de saint Jean, qui a traversé le jeune Hugo comme l’ouragan d’Afrique berce un platane méditerranéen. La nuit de l’inconscient, ou plutôt du surconscient, enveloppe la lyre prédestinée…
Hugo, vers la fin de sa vie, croyait être l’incarnation de l’évangéliste que le Christ aimait entre tous les humains. Dès le commencement de sa vie, le poète avait pressenti ce magnifique accomplissement. Toutefois, il est quelque chose de plus vaste que la résurrection de saint Jean, il est l’homme-orchestre, l’homme-soleil, l’homme-cosmos, Victor Hugo.
S’analysant lui-même, et, par contre-coup analysant l’humanité, le mage déclara dans « Post-Scriptum de ma vie » :
Comme l’antique Jupiter d’Egine à trois yeux, le poète a un triple regard : l’observation, l’imagination, l’intuition.
L’observation s’applique plus spécialement à l’humanité, l’imagination à la nature, l’intuition au surnaturalisme.
Par l’observation, le poète est philosophe et peut-être législateur, par l’imagination il est mage et créateur, par l’intuition, il est prêtre, et peut-être révélateur.
Révélateur de faits, il est prophète ; révélateur d’idées, il est apôtre. Dans le premier cas, Isaïe, dans le second cas, saint Paul.
De l’enfance à la vieillesse, la conviction intime d’être prophète colora la pensée de Hugo d’une surnaturelle lumière. Maître du temps, il savait qu’après sa mort, ses prédictions survoleraient la Terre et l’histoire. Mais il avait compté sans l’aveuglement naïf des fanatismes. Les bigots de l’Église catholique admettent tout au plus les prophéties de l’Ancien et du Nouveau Testament. Les grandes haleines divinatrices en dehors de ces murailles emplissent les croyants vulgaires d’une stupéfaction horrifiée.
Quoi ! Comment ! un anticlérical, un poète en révolte, a osé prédire et ses prédictions se sont matérialisées dans le musée vivant des siècles ! Quel scandale ! C’est impossible, ou démoniaque ! Faisons silence sur ce phénomène monstrueux !
Les autres, les prêtres froids de la science athée, ne daignent même pas tourner la tête. Le monde obéit à un déterminisme rigoureusement absolu. Par l’observation et la raison, ces deux mains glacées de l’intelligence, nous saisissons le réel. L’intuition, l’imagination, facultés folles, louves errantes qu’il faut à tout prix enchaîner ! Elles conduisent à l’erreur, à l’illusion, à la chimère. Elles n’arrivent jamais, sinon par hasard, à lever le voile de l’avenir…
Les pontifes de la matière et les papes de la tradition sont d’accord contre l’esprit de prophétie aux chevelures de flammes. Ils ferment énergiquement les yeux pour ne pas voir passer la comète, vagabonde de l’infini.
Enfin, troisième groupe, les négateurs à la page. Ils n’ignorent pas la force universelle du prophétisme. Ils savent que les divinations abondent à l’intérieur et à l’extérieur des religions, comme les oiseaux qui vivent dans les montagnes et hors des montagnes. L’existence du corbeau ne supprime pas celle du cormoran. Mais justement le troisième groupe rejette les prophéties de Hugo. Comment admettre que cet enthousiaste socialiste, ce démagogue ingénu, ait gravi l’échelle intérieure de Jacob, les degrés du haut desquels on contemple l’immense plaine du futur ? […]
François Brousse
Les Secrets kabbalistiques de Victor Hugo, Éd. La Licorne Ailée, Clamart, 1985, p. 6-10
Celui qui connaîtrait dans ses dernières profondeurs l’œuvre d’un grand Inspiré, Homère, Dante, Shakespeare, Hugo,
connaîtrait la Science universelle.
François Brousse
Revue BMP N°24, juin 1985
« C’est ici le combat du jour et de la nuit. » (V. Hugo)
Effectivement, le monde actuel est la lutte permanente du bien contre le mal, le triomphe de la dualité. À quel moment cessera cette lutte ? Eh bien, Hugo l’a déclaré, à un moment donné où le Bien l’emportera définitivement sur le mal, il l’emportera à travers des millénaires peut-être, dans quelques milliers ou quelques millions d’années, mais le temps ne fait rien à l’affaire.
Les hindous admettent justement qu’après la vie dans laquelle nous sommes plongés et qu’après l’ère où nous nous débattons obscurément il y aura une ère nouvelle. Nous retrouvons la même théorie dans la Quatrième Églogue de Virgile où il est dit que le siècle de fer doit mourir pour laisser naissance au siècle d’or. Virgile semble annoncer Hugo, puisque il déclare qu’Apollon règne sur la Terre en même temps que Lucine, c’est-à -dire la Lune, et que le grand ordre des siècles va recommencer avec la naissance d’un fils de Jupiter. Il semble que ce soit le propre de la théorie pythagoricienne d’admettre qu’à chaque ère nouvelle survienne un nouveau Pythagore, et l’on peut considérer le nouveau Pythagore comme Hugo lui-même. « C’est ici le combat du jour et de la nuit », c’est donc la connaissance très claire de la dualité mondiale.
François Brousse
Allocution François Brousse, Paris, 22 mai 1985, « Hommage à Victor Hugo »
Hugo n’est pas simplement un poète,
il est également un visionnaire, je dirai même un avatar – pour reprendre la grande tradition de l’Inde et du druidisme –,
il est exactement un des révélateurs de l’Être éternel, un représentant de Dieu sur la Terre.
François Brousse
Allocution François Brousse, Paris, 22 mai 1985, « Hommage à Victor Hugo »
Victor Hugo au moment de mourir
Les ultimes paroles de Victor Hugo se rejoignent comme un bracelet précieux et composent une profession de foi kabbalistique, hindouiste, de métaphysique grandeur : le message zénithal d’un prophète.
C’est ici le combat du jour et de la nuit.
Nous sommes aux franges du monde dualiste. Le bien, le mal, la vérité, l’erreur, l’amour, la haine règnent dans la zone universelle des contraires. Ormuz et Arihmane se livrent un dernier combat avant de rentrer dans l’Unité primordiale où se fondent lumière et ténèbres en une incompréhensible synthèse.
Je vois de la lumière noire.
C’est le cri final de l’homme qui devient Dieu, du grand Libéré, de celui qui revient au point infini, éternel et parfait. Le sourire de l’illusion cosmique s’éteint. Et l’on contemple l’insondable regard de l’Absolu.
Seuls les mages ayant atteint la supraconscience peuvent prononcer des adieux aussi culminants. Le contemplateur se trouve sur la plus haute cime de l’esprit, sur l’Himalaya de l’Inconcevable.
François Brousse
Revue BMP N°265-268, avril-juill. 2007
À tous les âges d’horreur, lorsque les puissants marchent dans les nations comme des éléphants dans les roseaux, on entend retentir de grandes voix.
Les prophètes se dressent et défient les tyrans. Les rois de la solitude bravent les rois du glaive. Les maîtres de l’esprit menacent les maîtres de la guerre. L’ordre des cieux intervient dans le chaos du monde. […] On a vu les prophètes hébreux se lever contre les chefs militaires, les sages de l’Inde anéantir des radjahs, des poètes grecs attaquer les despotes d’Asie. Ces hommes lumineux forment une chaîne d’or terrible qui part de l’antique Manou et aboutit actuellement au mage Olympio.
Olympio est ce penseur vaste et orageux que la littérature connaît sous le nom de Victor Hugo. Ses livres sont pleins de prophéties fulgurantes désignant avec une implacable clarté les tyrans de l’Europe actuelle. Et ces prophéties ne se contentent pas de les désigner. Elles annoncent leur écroulement inévitable.
François Brousse, « Les tours de la nuit », Revue L’Astrosophie, N°5, mai 1939
Article republié dans L’Avenir des peuples, 1945
Le prophétisme hugolien
Victor Hugo est, non seulement un poète divin, mais encore un prophète transcendant.
Le futur du monde se trouve inclu dans la beauté multiforme de son verbe. Ce mage communiquait directement avec la sphère éternelle, où le passé et l’avenir se fondent en un présent immuable.
 Victor Hugo a toujours affirmé son rang de prophète. Et, durant sa vie, il a fait une multitude effarante de prédictions. Il a prévu la fin des royautés européennes, l’écroulement du second Empire, la chute du pouvoir temporel des Papes, l’unité de l’Italie. Tout cela s’est réalisé durant sa vie même. Mais ses contemporains ne pouvaient pas mesurer toute sa hauteur.
De nos jours, nous pouvons le faire. Le maître est mort. Sa présence vivante ne gêne personne. Mais ses prophéties immortelles se déroulent implacablement. Par delà sa tombe, elles prennent leur envol mystérieux.
Il avait prédit la Grande Guerre, la révolution russe, le fascisme, Hitler, la guerre mondiale, l’écroulement de 1940, la conquête de l’Italie par l’Amérique, la résurrection de la France, la chute des dictateurs, les États‑Unis d’Europe. D’autres choses encore.Â
Charles Amazan (Pseudonyme de François Brousse)
L’Avenir des peuples, Imprimerie SINTHE & Co, Perpignan, Achevé d’imprimer le 25 janvier 1945
Certains cachent, comme Nostradamus, leurs prophéties sous des ruses, des habiletés, des énigmes et des rébus perpétuels.
D’autres, comme Jean de l’Apocalypse, cachent leurs prophéties sous des images grandioses, des visions terrifiantes.
Hugo, lui, a choisi autre chose. Il a choisi la beauté.
Il parle avec un Verbe tellement brillant, tellement extraordinaire, avec des métaphores tellement resplendissantes qu’on est ébloui par cet éclat. Et on ne voit pas derrière ce voile de splendeur le visage de l’éternelle sagesse.
Or, Hugo prend place parmi les plus grands prophètes de tous les temps.
François Brousse
Conf., Mont-Saint-Aignan, 15 mars 1986, « Victor Hugo, le grand prophète du Verseau »
Le Marabout prophète
Dans le « Marabout prophète[1] » il a prévu de façon très nette l’arrivée des Allemands :
Fuyez au mont inabordable !
Fuyez dans le creux du vallon !
Une nation formidable
Vient du côté de l’aquilon.
Or « du côté de l’aquilon », c’est le nord, et c’est l’arrivée des Allemands en 1940.
Ils auront de bons capitaines,
Ils auront de bons matelots,
Ils viendront à travers les plaines,
Ils viendront à travers les flots.
Tout ceci s’est réalisé, les flots de la Meuse, les flots du Rhin, etc.
Comme crie une aigle échappée,
Ils crieront : Nous venons enfin !
Meurent les hommes par l’épée !
Meurent les femmes par la faim !
« L’aigle », c’est le symbole, l’emblème de l’Allemagne hitlérienne. « Nous venons enfin », c’est la revanche sur la guerre de 14-18. « Meurent les hommes par l’épée », c’est bien la destruction physique par les guerres. « Meurent les femmes par la faim », cela traduit une période de famine qui a duré pendant toute l’occupation allemande.
Ils sembleront avoir des ailes,
Ils voleront dans le ciel noir
Plus nombreux que les étincelles
D’un chaume qui brûle le soir.
C’est tout de même assez extraordinaire, il annonce la guerre aérienne : « Ils sembleront avoir des ailes / Ils voleront dans le ciel noir » ; et « les « étincelles / D’un chaume qui brûle le soir », ce sont les vastes incendies allumés par les avions allemands.
Car dans nos campagnes antiques
On n’entend plus que les clairons,
Et l’on n’y voit plus que les piques,
Que les piques des escadrons !
C’est l’occupation entière de la France, et il déclare :
Oh ! ne sortez pas dans les plaines !
Oh ! n’allez pas dans les chemins !Â
Ce sont les razzias qui ont été faites sur les jeunes Français qu’on envoyait travailler en Allemagne. Et ceci se termine ainsi :
Mais que Dieu, sous qui le ciel tremble,
Montre sa face dans ce bruit,
Ils disparaîtront tous ensemble
Comme une vision de nuit.
La découverte fantastique qui fait que, brusquement, la Terre va trembler et que tout sera détruit, eh bien nous la retrouvons dans la bombe atomique.
[1] HUGO Victor, Toute la Lyre, « Le Marabout Prophète » (5 août 1846)
François Brousse
Conf., Paris, 10 juin 1985, « Signes kabbalistiques de Victor Hugo »
Carte d’Europe
Le propre des prophètes, c’est de faire des prophéties, si j’ose m’exprimer ainsi, et d’annoncer ce qui arrivera par la suite.
Prenons par exemple le poème « Carte d’Europe » [1], qui se trouve dans Les Châtiments. Lamartine a dit des Châtiments : « Quatre mille vers de haine, c’est trop ! » En réalité, il y a la haine mais aussi l’espérance, surtout la haine du mal et l’espérance du bien. On y trouve aussi toute une série de prophéties. Or, à quoi reconnaît-on un authentique messie ? Au fait qu’il profère des prophéties qui se réaliseront. Dans « Carte d’Europe », Hugo nous fait un portrait de toutes les tyrannies qui règnent sur la Terre. Ces tyrannies, nous allons les passer en revue, et cela se termine par une terrible strophe :
Avenir ! avenir ! voici que tout s’écroule !
Les pâles rois ont fui, la mer vient, le flot roule,
Peuples ! le clairon sonne aux quatre coins du ciel ;
Quelle fuite effrayante et sombre ! Les armées
S’en vont dans la tempête en cendres enflammées,
L’épouvante se lève. – Allons, dit l’Éternel !
Considérons à la lettre ces vers gonflés d’un lyrisme prodigieux. « La mer vient, le flot roule », c’est incontestablement un déluge. « Peuples ! le clairon sonne aux quatre coins du ciel ; / Quelle fuite effrayante et sombre ! Les armées / S’en vont dans la tempête en cendres enflammées, » eh bien, seule une guerre atomique et des fusées thermonucléaires peuvent transformer une armée en cendres emportées par un vent délirant. Cette prophétie semble précise, elle annonce la destruction de l’humanité et de toutes les armées de tous les peuples dans une troisième guerre atomique, troisième guerre mondiale qui sera la première et la dernière guerre atomique. En même temps, il nous déclare sous un angle inférieur que les tyrannies qu’il voit s’épanouir devant ses yeux – c’est écrit en 1853 – vont toutes s’écrouler. Nous allons voir lesquelles :
 Peuple russe, tremblant et morne, tu chemines,
Serf à Saint-Pétersbourg, ou forçat dans les mines.
Le pôle est pour ton maître un cachot vaste et noir ;
Russie et Sibérie, ô czar ! tyran ! vampire !
Ce sont les deux moitiés de ton funèbre empire ;
L’une est l’oppression, l’autre est le Désespoir.
C’est clair ! Parmi les tyrannies qui doivent s’écrouler, le tsarisme s’effondrera. Il s’est effondré en 1917, sous l’influence de Lénine. Hugo a écrit dans ses notes intitulées Tas de pierres :
Venue inévitable d’un Spartacus russe[3].
Or, Spartacus s’est dressé contre l’effroyable tyrannie de la bourgeoisie romaine. De la même façon, un nouveau Spartacus surviendra. Ce Spartacus est peut-être la réincarnation de l’ancien. Il s’appelle Lénine. La prophétie est très claire.
Les supplices d’Ancône emplissent les murailles.
Le pape Mastaï fusille ses ouailles ;
Il pose là l’hostie et commande le feu.
Simoncelli périt le premier ; tous les autres
Le suivent sans pâlir, tribuns, soldats, apôtres ;
Ils meurent, et s’en vont parler du prêtre à Dieu[3].Â
Il s’agit du pouvoir temporel du pape. Vous vous rappelez, dans vos livres d’histoire, qu’en 1849 le peuple romain s’est soulevé contre le pape qui a été obligé de prendre la fuite. Ce peuple romain a institué une trilogie républicaine dans laquelle brillaient surtout Garibaldi et Mazzini. Malheureusement, le chef, le président de la Seconde République, c’est-à -dire Louis-Napoléon Bonaparte, a envoyé une expédition à Rome, et ce fut la guerre de la République française contre la République romaine. À la suite de quoi, le pape rentra. Il faut avouer néanmoins que le président et l’Assemblée avaient demandé au pape une amnistie, et qu’il ne l’a jamais faite. Au contraire, il y a eu une multitude de morts et de gens jetés en prison. Le pouvoir temporel du pape sera finalement supprimé en 1870 et restitué que très partiellement en 1929. Donc, la chute du pouvoir temporel du pape est nettement marquée.
Saint-Père, sur tes mains laisse tomber tes manches !
Saint-Père, on voit du sang à tes sandales blanches !
Borgia te sourit, le pape empoisonneur.
Combien sont morts ? combien mourront ? qui sait le nombre ?
Ce qui mène aujourd’hui votre troupeau dans l’ombre,
Ce n’est pas le berger, c’est le boucher, Seigneur !Â
C’est précisément à l’époque de Pie IX, en 1870, après la chute du Second Empire, que les Italiens ont pénétré dans Rome et ont supprimé purement et simplement le pouvoir temporel des papes.
Italie ! Allemagne ! ô Sicile ! ô Hongrie !
Europe, aïeule en pleurs, de misère amaigrie,
Vos meilleurs fils sont morts ; l’honneur sombre est absent.
Au midi l’échafaud, au nord un ossuaire.
La lune chaque nuit se lève en un suaire,
Le soleil chaque soir se couche dans du sang.Â
Il y a la Hongrie, l’Italie, la Sicile. Eh bien, qu’est-il arrivé ? La Hongrie s’est libérée des chaînes de l’Autriche en 1848. Or, la strophe ci-dessus annonce qu’elle sera battue, ce qui est le cas en 1853. En 1867, elle formera malheureusement une véritable tyrannie partagée avec l’Autriche, lors de la naissance de l’empire Austro-Hongrois. Il n’en reste pas moins vrai que dans cet empire, elle a acquis une réelle indépendance.
Quant à l’Italie, elle s’est soulevée et a chassé la tyrannie autrichienne, avec l’appui de la France. C’est la France de Napoléon III qui a eu ce geste de venir en aide à l’Italie ; grâce aux batailles de Magenta et de Solferino, et par la paix de Villafranca, elle a réussi à aider l’Italie à devenir absolument indépendante. Ce grand mouvement a commencé par l’arrivée de Garibaldi en Sicile, où il a libéré toute la Sicile, à la tête de mille volontaires. Hugo avait été exalté par cette épopée, et il avait célébré la grandeur du nouveau révolutionnaire italien. Une série de prophéties se sont donc pleinement réalisées.
Sur les français vaincus un saint-office pèse.
Un brigand les égorge, et dit : – Je les apaise.
Paris lave à genoux le sang qui l’inonda ;
La France garrottée assiste à l’hécatombe.
Par les pleurs, par les cris, réveillés dans la tombe,
– Bien ! dit Laubardemont ; – Va ! dit Torquemada.
Là , il s’attaque directement au Second Empire. On a prétendu que Napoléon III était beaucoup moins mauvais que ne l’avait dit Hugo. Évidemment, tout être humain est un mélange de bien et de mal, et, dans le pire des criminels, vous avez quelques lueurs de bien. À la décharge de Napoléon III, on peut parler de son expédition en Italie. Il n’en reste pas moins vrai qu’en 1851 il y a eu des massacres invraisemblables. Il ne faut pas oublier que le 4 décembre, l’armée a tiré sur une foule parisienne, plutôt hostile, mais parfaitement désarmée, et qu’il y eut des centaines et des centaines de victimes. Cela, Hugo n’a jamais pu l’accepter.
De plus, le résultat de l’Empire formé par Napoléon III a été la guerre de 1870. Dans cette guerre perdue contre la Prusse, il y eut la perte de l’Alsace et de la Lorraine, ce qui a causé la rénovation patriotique de la France, et qui est l’une des causes de la guerre de 14-18. Plus tard, après l’effondrement momentané de l’Allemagne, vint une autre revanche, celle de 1939-1940, du côté des Allemands cette fois-ci. La guerre perdue de 1870-1871 est le germe d’une série de désastres, non seulement pour la France, mais encore pour l’humanité entière. Alors, quand Hugo attaque avec véhémence Napoléon III, en sa qualité de prophète il sait très bien ce qui arrivera.
Batthyani, Sandor, Poërio, victimes !
Pour le peuple et le droit en vain nous combattîmes.
Baudin tombe, agitant son écharpe en lambeau.
Pleurez dans les forêts, pleurez sur les montagnes !
Où Dieu mit des édens les rois mettent des bagnes
Venise est une chiourme et Naple est un tombeau.Â
Venise, qui en effet été dominée par les Autrichiens, s’est libérée. Elle s’est libérée avec Manin, devenu  plus tard un remarquable dictateur. Naples a été tyrannisée par une série de « tyranneaux », qui ont été chassés énergiquement à la suite de l’aventure de Garibaldi. Tout est en quelque sorte précisé.
Le gibet sur Arad ! le gibet sur Palerme !
La corde à ces héros qui levaient d’un bras ferme
Leur drapeau libre et fier devant les rois tremblants !
Tandis qu’on va sacrer l’empereur Schinderhannes,
Martyrs, la pluie à flots ruisselle sur vos crânes,
Et le bec des corbeaux fouille vos yeux sanglants.
Il ne faut pas oublier qu’à cette époque Napoléon III n’était pas encore sacré. Et immédiatement, le sacre a eu lieu, comme l’avait annoncé Hugo.
[1] Les Châtiments (1853), Livre premier – La société est sauvée, XII, « Carte d’Europe » (Jersey, 5 novembre 1852)
[2] Pierres, Genève, Éd. Milieu du Monde, 1951, p. 205 (Textes rassemblés et présentés par Henri Guillemin).
[3] Les Châtiments (1853), Livre premier – La société est sauvée, XII, « Carte d’Europe » (Jersey, 5 novembre 1852)
François Brousse
Conf., Mont-Saint-Aignan, 15 mars 1986, « Victor Hugo, le grand prophète du Verseau »
Hugo savait très bien que la destinée de l’homme est d’arriver à l’unité de tous les peuples, à l’unité de toutes les religions, à l’unité de toutes les philosophies. Il avait fondé un chêne qu’il appelait le Chêne des États-Unis d’Europe[1], laquelle viendra certainement tôt ou tard dans sa splendeur infinie. Il y aurait dans la vision de Hugo, non seulement l’union de tous les peuples de toutes les religions, mais également la suppression du mal d’une manière définitive et l’entrée dans la lumière éternelle.
[1] C’est le Chêne des États-Unis d’Europe que Victor Hugo planta le 14 juillet 1870, quelques jours avant la déclaration de guerre de la France à la Prusse.
François Brousse
Allocution François Brousse, Paris, 22 mai 1985, « Hommage à Victor Hugo »
Réflexions
Hugo avait raison en affirmant que la Révolution française est aussi importante que la naissance du christianisme.
Par la trinité nouvelle – Liberté, Égalité, Fraternité –, la révolution résumait tout l’essor de la Grèce chassant les tyrannies persanes, tout l’effort de Rome voulant que tous les citoyens fussent égaux devant la loi, et l’immense aspiration du genre humain vers la fraternité universelle, depuis Krishna et même Hermès.
Deux cents ans après la proclamation des nouvelles Tables de la Loi, les Chinois, les Russes et les Polonais prennent conscience du formidable rayonnement de la Révolution française.
D’ailleurs, l’aspiration à la liberté est aussi nécessaire à l’homme que sa propre respiration. Le libre arbitre humain est le reflet de la toute-Âpuissance divine, il permet à l’homme impartial de rencontrer Dieu.
L’égalité possède aussi une racine profondément métaphysique : les hommes ne sont égaux ni en intelligence ni en qualités, mais ils conservent tous au fond de leur cœur le germe du dieu qu’ils seront un jour. C’est ce germe, ce feu caché, qui permet d’affirmer l’égalité de l’homme. Ils ont tous les mêmes droits : vivre, aimer, penser, vouloir. De plus comme ils seront tous sauvés, on doit respecter dans l’ordinaire actuel – bourgeois, capitaliste, ouvrier, paysan, peu importe ! – le transfiguré de l’avenir.
François Brousse
Revue BMP N°69, juill. 1989
Le surhomme
Après le règne humain, viendra le règne surhumain, comme l’ont proclamé solÂennellement le sombre Nietzsche et le resplendissant Hugo.
Nietzsche fait du surhomme une peinture mutilée et terrible ; il aura cet ultime fruit des forces : la volonté, le courage, l’intelligence, le sens esthétique et, malÂheureusement, l’absence d’amour, la cruauté implacable. Vision absurde !
Hugo, bien avant Nietzsche, en avait donné une esquisse bien plus conforme aux lois divines. Le surhomme possédera la puissance, la sagesse, la création poétique et artistique, l’amour, l’esprit de prophétie et l’union avec l’âme du monde. Le talisman de la bonté couronne le Mage.
Ces exemplaires de surÂhumanité existent déjà sur la Terre ; ce sont les grands poètes, les grands philosophes et les grands scientifiques, triple cohorte dont le génie illuÂmine l’histoire. Ils forment les germes de la race future.
François Brousse
« La vérité sur les maîtres de l’Aggartha »
dans revue BMP N°6, nov. 1983
Les génies
Je ne crois pas à la petitesse des hommes de génie. Quand on s’approche de ces volcans, Dante, Goethe ou Hugo, le cœur s’échauffe à leur brasier de tendresse et de sublimité. Ils laissent le fiel aux critiques pygmées.
Les fils de l’Éternité vivent dans le grandiose.
François Brousse
Revue BMP N°51, nov. 1987
Les Mages
Ce que Hugo a apporté au monde est quelque chose d’un peu nouveau. C’est vieux, tellement vieux qu’on l’avait oublié : l’arrivée des grands maîtres. Parmi ces grands maîtres, jusqu’alors, même les meilleurs esprits comme Auguste Comte flanquaient pêle-mêle les artistes, les poètes, les philosophes et les conquérants. C’est le propre de Hugo d’avoir chassé définitivement, si j’ose dire, les conquérants de la liste des mages. […] Dans « Les Mages* », on ne trouve guère que les philosophes, les métaphysiciens, les poètes, les artistes et les savants.
*Les Contemplations, Livre sixième – Au bord de l’infini, XXIII, « Les Mages » (Janvier 1856)
François Brousse
Entretien, [Paris ?], [26 juillet 1986 ?], « Victor Hugo »
Le comte de Saint-Germain traverse les âges et il donne trois grandes initiations à chaque siècle.
Il a ainsi donné trois grandes initiations au XIXe siècle. Vers 1843 à Paris, il a donné une initiation à Victor Hugo, laquelle a été assez étonnante. Il lui a, en quelque sorte, donné l’initiation de l’éternité. Hugo s’est souvenu de ses vies antérieures et, en même temps, du sacre magique qu’il avait reçu avant de naître sur la Terre en traversant la planète Saturne.
François Brousse
Conf., « La nuit du Wesak 1982 – Le Baptême du duc de Bordeaux », Prades, 17 mai 1982
Hugo a reçu – et là , c’est encore quelque chose de secret si j’ose dire –, il a reçu en 1844 une initiation, l’initiation du comte de Saint-Germain. […]
On peut considérer que l’initiation donnée à Victor Hugo a réussi parce que Hugo a eu son troisième œil entièrement ouvert et il a pu contempler tranquillement les abîmes du ciel et de la Terre, du passé, du présent et de l’avenir. Il a retrouvé ce que les druides appelaient « la mémoire primordiale », c’est-à -dire le souvenir de ses incarnations, et ce que l’on peut appeler aussi le sens de l’immortalité. […] Il a donc reçu du comte de Saint-Germain une initiation vertigineuse, elle se retrouve dans un poème extrêmement curieux des Contemplations intitulé « À madame D. G. de G. » : c’est Delphine Gay de Girardin, une amie de Victor Hugo, ayant pour lui énormément d’admiration. Elle était la femme d’Émile de Girardin, un des principaux directeurs de journaux de l’époque. Elle est venue voir Hugo pendant son exil pour lui apporter le mystère des Tables tournantes. Parmi les premières personnes [défuntes] qui sont venues aux Tables tournantes de Jersey, figurait Léopoldine, la fille aînée de Victor Hugo, qui s’était noyée à Villequier. Vrai ou faux, tout le monde [présent] était persuadé que c’était vrai. Il est cependant curieux de voir écrit dans ce poème des Contemplations :
Viens me chercher ! Archange ! être mystérieux !
Fais pour moi transparents et la terre et les cieux !
Révèle-moi, d’un mot de ta bouche profonde,
La grande énigme humaine et le secret du monde ! […]
Car ta lyre invisible a de sublimes chants (1) !
(1) HUGO Victor, Les Contemplations, Livre premier, Aurore, X, « À Madame D. G. de G. » (Paris, 1840 – Jersey, 1855)
François Brousse
Conf. « La lumière inconnue de Victor Hugo », PAris, 22 mai 1985
Extrait de WENGER Jean-Pierre , Le Comte de Saint-Germain et les Maîtres de l’Aggartha dans l’œuvre de François Brousse, Canada, Éd. Saint-Germain-Morya inc, 2012, p. 223-224
Olympien se rattache d’un côté à l’ésotérisme hellénique et de l’autre à un mage transcendant. L’Olympe, la montagne sacrée où brillaient les douze immortels, représente le cercle spirituel, perpétuellement recommencé, des douze sauveurs qui président à la grande année platonicienne. L’Olympe représente encore les douze grands prophètes qui dominent les religions actuellement existantes. Elle possède de multiples autres significations, sous l’influx du zodiaque universel.
Par ailleurs, le terme Olympien se rattache au mage Olympio, plus connu en littérature sous le nom de Victor Hugo. Ce poète‑roi fut un des princes suprêmes de l’esprit. La méditation de ses œuvres peut conduire à l’illumination et à la délivrance. Ses livres, comme tous les messages inspirés, contiennent trois sens : le littéral, le prophétique et le métaphysique. Il appartient aux sages de lever ce triple voile pour contempler la face éblouissante de la vérité.
François Brousse
Revue BMP N°232 – avril 2004
Le monde des messies et des avatars
Hugo se trouve actuellement dans la sphère la plus haute, où rayonnent les messies et les avatars.
Platon l’appelait le monde des Idées éternelles et parfaites. C’est aussi le monde des dieux, où vivent les hommes qui ont réalisé l’unité totale entre leur mental et leur supramental. Ils sont devenus par là ‑même les dispensateurs de la Vie universelle.
Dans une vision, j’ai contemplé le visage d’Olympio, à la fois dans le Soleil qui nous éclaire, dans le Grand Soleil central de la galaxie et dans le Soleil des soleils.
L’âme de Hugo est devenue identique à l’âme du cosmos. Il est de la même taille, dans le même lieu, que Jésus le Nazoréen, que Krishna, que Bouddha et Orphée.Â
François Brousse
« Interview », mars 1984, dans Revue BMP, N°24, juin 1985
Victor Hugo, prophète du Verseau
Date prodigieuse, Quatre‑vingt‑treize éclate en plein ciel comme une fusée de sang.
Victor Hugo, toujours hanté par cette date, y voit le nÅ“ud des siècles, le renouvellement de l’univers. […] Le visionnaire considérait Quatre‑vingt‑treize comme le commencement de l’ère du Verseau ! […] Victor Hugo, suivant l’habitude des initiés, a voilé plutôt que proclamé la date du Verseau, mais sous le voile bariolé des métaphores perce le flamboiement de la doctrine […] :
Oui, l’on sentit, ainsi qu’à tous les avatars,
Le tressaillement sourd du flanc des destinées,
Quand, montant lentement son escalier d’années,
Le dix‑huitième siècle atteignit quatre‑vingt.
Encor treize, le nombre étrange, et le jour vint (1) !
Donc quatre‑vingt‑treize serait le jour des avatars et des destinées. N’oubliez pas que le mot « avatar » signifie, dans l’Inde, manifestation divine. Hugo attire notre attention sur le seuil du Verseau..
(1) HUGO Victor, Le Verso de la page (Écrit en 1857-1858)
François Brousse
Dans la Lumière ésotérique, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1999, p. 309-311
Nous entrons dans une nouvelle ère, prédite par les philosophes de la mystique Antiquité. Le poète Victor Hugo consacre à l’ouverture des temps quelques alexandrins remarquables :
Et c’est ainsi que l’ère annoncée est venue,
Cette ère qu’à travers les temps, épaisse nue,
Thalès apercevait au loin devant ses yeux,
Et Platon, lorsque, ému, des sphères dans les cieux
Il écoutait les chants et contemplait les danses (1).
(1) HUGO Victor, La Légende des siècles, « XXe siècle – Plein ciel »
François Brousse
Dans la Lumière ésotérique, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1999, p. 266-267
Celui qui connaîtrait dans ses dernières profondeurs l’œuvre d’un grand Inspiré, Homère, Dante, Shakespeare, Hugo,
connaîtrait la Science universelle.
François Brousse
Revue BMP N°24, juin 1985
SONNETS D’AMOUR À VICTOR HUGOÂ
I
Cœur plus brûlant que les entrailles de la Terre,
Homme-soleil, maître des gouffres enchantés,
Dont la torche, effarant la rouge obscurité,
Force les noirs démons aboyeurs à se taire.
Ton sourire, où l’archange ardent se désaltère,
Autour de ton grand front que Dieu fit palpiter,
Resplendit, et dans l’aube énorme la Beauté
Cisèle la rosace inouïe du Mystère.
Tribun aux prophétiques yeux ! Calme martyr !
Colonne rayonnante en marche devant l’Homme !
Volcan d’amour qui gronde au-dessus de Sodome !
Si les mondes reconnaissants voulaient t’offrir
Un temple d’escarboucle égal à ton génie
Il obstruerait les cieux de sa masse infinie !
Depuis cent ans, la fauve et lamentable histoire,
Dans le flot convulsif de ses rébellions,
Roulait des conquérants ainsi que des lions
Aux doigts palmés, rongeant les mers expiatoires.
Leurs clameurs effaraient les hautains promontoires,
Les crins mêlés aux flots, ils s’écriaient : « Lions
Dans nos colères l’Homme et ses fiers galions ! »
Et leurs grappes montaient à l’assaut des victoires.
Alors, le souverain des flambeaux palpitants,
Pensa parmi l’essaim innombrable des mondes,
« Envoyons une flamme à la Terre, il est temps. »
Le front de Dieu s’ouvrit comme un volcan qui gronde
Et – colonne de lave immortelle et profonde –
Hugo, tu te levas dans l’abîme éclatant.
Comme un vol de phénix au poitrail rayonnant,
Aux couronnes tordues en nacres convulsives,
Tes poèmes quittant nos éphémères rives,
S’élancent vers l’Indestructible Continent.
LÃ , le merveilleux chant des sylphes et des dives,
De l’aube pacifique au belliqueux ponant,
Rythme ces rois des cieux dont les serres rétives
Portent de la lumière et des soleils tonnants.
Mêlant l’hymne des dieux au cri de l’animal,
Ton vers d’airain s’allonge en clairon triomphal
Où gronde l’hosanna géant des créatures.
Lorsque la cathédrale étoilée croulera,
L’âme de tes chefs-d’œuvre immenses restera
Pour proclamer ta gloire aux aurores futures.
François Brousse
Voltiges et Vertiges, dans Œuvres poétiques, tome II, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, p. 137-139
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