Le Mahatma Gandhi

Porbandar, 2 octobre 1869 – Delhi, 30 janvier 1948

 

Gandhi est l’un des plus grands réformateurs religieux que le monde ait connus : il a prêché la non-violence et il a réussi à la faire admettre à un peuple de quatre cents millions d’hommes, ce qui est déjà une belle performance.

Il a donné des méthodes, par exemple, le jeûne, pour aboutir à l’harmonie du corps et de l’esprit. Comme le disait fort bien Mountbatten [1900-1979], le dernier vice-roi de l’Inde, c’est un prophète à placer à côté de Bouddha et de Jésus.

Ce prophète est également un philosophe, un réformateur religieux et un artiste. Sa philosophie rejoint les grandes philosophies : il existe un Être infini, éternel et parfait, de qui jaillissent des formes intermédiaires et par ces formes intermédiaires, la puissance divine se répand dans le cosmos tout entier ; ce qui fait que tous les êtres sont sacrés et doivent être respectés.

François Brousse
Poésie langage de l’âme, Vitrolles, Éd. de la Neuvième Licorne, 2008, p. 68

 

Ce petit avocat, dans lequel vit l’âme éternelle et mystique de l’Inde, écrase de sa douceur tous les conquérants hystériques qui ravagent le monde. Gandhi, comme Bouddha, Jésus et François d’Assise, prêche la loi d’amour. Son sourire tranquille répond aux meurtrières fureurs. Il est doux comme une colombe et simple comme un enfant. Aussi la royale Angleterre tremble‑t‑elle de crainte devant lui. On peut terrasser les lions, les tigres, tous les fauves dictateurs. Mais comment tuer un rayon ? […] Toute l’Inde vénère en Gandhi un envoyé de l’Esprit suprême. […].

Le précurseur de Gandhi, le farouche Tilak [Inde, 1856-1920], préconisait une révolution sanglante contre l’Angleterre. Cette méthode aboutissait à des bombes terroristes, jetées par ci par là. Mais elle n’obtint aucun avantage pour les Indes.

Gandhi, lui, prêche la doctrine de la désobéissance héroïque, la douceur intrépide et révoltée. Il réussira. Ce frêle anachorète brisera les chaînes pesantes qui écrasent les membres augustes de l’Inde.

 François Brousse
 Nostradamus ressuscité, t. 1, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1996, p. 111

Gandhi était un maître prodigieux. Il faisait partie […] de la cohorte des titans qui descendent des paradis sublimes, pour apporter aux hommes le feu de la lumière et de la charité.

 

Porbandar, la cité blanche

Je sais bien que ces images, pour lui, sembleraient trop brillantes. Car il avait en son cœur une sorte de modestie qui, parfois, semblait excessive, et le faisait proche du langage ordinaire, bien qu’il ait eu pour ami l’extraordinaire Rabindranath Tagore [1861-1941], un des poètes les plus harmonieux et les plus éclatants, non seulement de l’Inde, mais de la Terre entière.

Cet homme, sous le signe de la providence, est venu à un moment prédestiné. Il est né le 2 octobre [1869], sous la constellation de la Balance, dans la ville de Porbandar, dont le nom signifie la cité blanche. À travers le monde, brille toute une série de symboles. Comme l’a dit un Maître de la pensée cosmique, je veux parler du grand poète Victor Hugo : « Sous l’Être Universel, vois l’éternel symbole. »

Chaque fois qu’un événement ébranle le cosmos, se dresse un phénomène éclatant. C’est à nous de le voir. Dans la vie de Gandhi, les signes abondent, et cela, dès sa naissance. Je vous ai dit qu’il est né à Porbandar, la ville blanche ! La couleur blanche représente le Soleil, l’union des sept couleurs brillantes de l’arc‑en‑ciel et le corps astral, éblouissant, du sage. Elle a toujours combattu à travers l’histoire, depuis Rama qui arborait le blanc, jusqu’à Gandhi qui était entièrement vêtu de blanc, sans oublier Jésus qui, lui-même, s’habillait d’une robe blanche. Le blanc incarne la lumière éclatante, la lumière triomphante, la splendeur, la douceur et l’amour. […]

L’Avatar

Quel était son message ? Avant de vous en parler, je vais remonter rapidement le long des âges. Il existe une grande théorie, non seulement dans l’Inde, bien que l’Inde lui ait donné sa forme parfaite et définitive mais aussi dans l’Hellénie et dans l’Iran. Cette théorie est la suivante : chaque fois que le monde est sur le point de tomber dans le chaos, dans l’épouvante, dans l’horreur et dans la violence, une forme de Dieu s’incarne pour apporter aux hommes le flambeau de la lumière éternelle. Ceci est vrai pour les hindous, pour les Iraniens, pour les bouddhistes, pour les pythagoriciens, pour toutes les grandes philosophies de la Terre.

Platon annonçait lui‑même l’arrivée d’un maître futur, législateur des peuples. On retrouve la même idée à travers Virgile, poète pythagoricien par excellence qui, dans une œuvre de marbre et d’or, la tendre et sibylline « Églogue à Pollion », annonce l’arrivée des Enfants divins, les grands maîtres fils de la Vierge. Il y a, en effet, une incarnation de Pythagore dans chacun des quatre âges du monde. Il s’incarne, quand ce n’est pas lui, c’est un nouveau messager, car il est le fils d’Apollon, le fils de la lumière. Par conséquent, il prend forme à chacune des quatre grandes saisons de l’humanité, le printemps, l’été, l’automne et l’hiver. Comme nous étions, avec Virgile, à l’hiver du monde, il a prédit l’arrivée d’un nouveau fils d’Apollon dans lequel les chrétiens ont cru reconnaître Jésus. Jésus était, sous cet angle, un nouveau Pythagore. Nous pouvons également annoncer, pour la fin du XXe siècle, l’arrivée d’au moins un rédempteur qui doit apporter l’amour, la sagesse et la vérité. Il est venu et nous pouvons considérer que Gandhi fait partie de l’archétype en même temps que de l’architecture des rédempteurs.

Cette idée, nous la retrouvons dans l’Inde. Il existe des terres prédestinées, des continents et même des civilisations. La civilisation hindoue, la plus antique, a été, à son époque, la plus haute. À travers tous les siècles, depuis que nous la connaissons, elle n’a cessé de produire des hommes exceptionnels, le dernier en date étant Krishnamurti. Gandhi est venu à son heure, Krishnamurti est venu à la sienne et, entre les deux, resplendit un penseur prodigieux, Aurobindo Ghose, qui est également un prophète.

L’Inde est une montagne, une série de montagnes étincelantes, avec des sommets, tous plus hauts les uns que les autres. Elle annonce qu’il doit y avoir vingt‑deux grands avatars. Le mot « avatar » est un mot extrêmement important. Il signifie, dans la langue française qui est une des langues kabbalistiques les plus riches de la Terre, à la fois l’arrivée d’un maître, d’un dieu, d’un prophète, d’un rédempteur et, aussi, d’une catastrophe aux ampleurs infinies. Car, chaque fois qu’un avatar se manifeste, la première chose qu’il fait – et il ne le fait pas exprès –, c’est de bousculer toutes les croyances admises jusqu’à ce jour. Si vous voyez un homme dans la lignée classique des dogmes habituels, vous pouvez être certain qu’il ne s’agit que d’une semblance, et non d’un avatar véritable tel que Gandhi ou Krishnamurti.

 François Brousse
Le Livre des révélations – Tome 2, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1992, p. 17

 

Le message de Gandhi

Le non-machinisme

Gandhi, on ne l’attendait pas, du moins sous cet angle. Qu’a‑t‑il apporté ? À une époque où le machinisme attirait l’adoration des humains, il apportait quelque chose d’inquiétant, à l’encontre de toute notre technologie : l’horreur des créations mécaniques de l’industrie humaine. Il déclarait que la technologie humaine était de la nature du tigre et il disait à ses amis les hindous :

« Si vous chassez les Anglais tout en gardant le machinisme, c’est comme si vous chassiez le tigre en conservant dans votre cœur la nature du tigre. »

Cette conception gandhienne a été grandement critiquée. J’ajoute que son ami, Rabindranath Tagore, la lui a reprochée. Rabindranath Tagore déclarait que la technologie pouvait faire de l’homme le maître du cosmos. Il suffisait de la placer au service de l’amour. Mais l’homme actuel, loin d’être le serviteur de l’amour, semble plutôt le serviteur de la haine, de la violence et de l’ignorance. Livrer à ses mains la technologie moderne, c’est courir tout droit à la destruction de l’humanité. Nous ne le savions pas encore, mais Gandhi, avec son génie et son intuition, le savait. C’était un des éléments fondamentaux de son message.

L’amour et la non-violence

Un autre élément fondamental, c’est la non‑violence. Elle a ceci de particulier qu’elle se montre à la fois active et passive. Il ne s’agit pas de s’incliner en bêlant comme un agneau qu’on va sacrifier. Il s’agit de s’opposer au mal, c’est là le curieux de la non‑violence, avec d’autres armes que le mal. L’arme la plus puissante se nomme l’amour. Comme il l’a dit maintes et maintes fois :

– Si la haine résiste à votre amour, c’est que la flamme de l’amour n’est pas assez brûlante pour brûler le côté coriace de la haine.

 

Et il déclarait qu’il fallait augmenter son amour jusqu’à l’infini. Il affirmait que l’on doit donner sa vie, non pas même pour le salut du monde, mais pour celui de quelques idées et de quelques humains. Dans le dilemme être tué ou être tueur, Gandhi préfère être tué. Dans le dilemme être crucifié ou être crucifieur, il préfère être crucifié. Voilà en quoi consiste la non‑violence que l’on a taxé de lâcheté. Or, loin d’être une lâcheté, c’est, au contraire, le suprême courage. Lorsque vous êtes attaqués, rien n’est plus simple que de répondre. N’importe qui garde au fond de lui‑même un instinct de conservation et, tôt ou tard, il répond à l’agression extérieure. Il est beaucoup plus difficile de dominer cette puissance, ce dynamisme agressif en nous, et de répondre à la haine par l’amour. Il y faut une maîtrise de soi absolument exceptionnelle. Nous pouvons voir, dans Gandhi, ce courage.

Il disait d’ailleurs lui‑même que, s’il avait à choisir entre la passivité et le combat armé contre l’injustice, il choisirait le combat armé. Mais il pensait que la lutte marque l’animal et que la nature essentielle de l’homme, c’est l’amour et la non‑violence.

Le jeûne et l’Indépendance de l’Inde (1947)

Il en a montré la puissance dans plusieurs exemples de sa vie. Je vous citerai le dernier. En 1947, au moment de l’indépendance de l’Inde, l’Hindoustan et le Pakistan ont brisé l’immense pays qui avait gardé son unité sous la domination anglaise. D’un côté, les musulmans, de l’autre côté, les hindous, et des haines qui hurlaient depuis Tamerlan se sont immédiatement déchaînées. Des centaines de milliers de morts s’entassèrent : les hindous massacraient les musulmans, les musulmans massacraient les hindous. Alors, que fit Gandhi ? Il proclama que, puisque ses frères étaient saisis par le néant et la tuerie, lui, il allait jeûner jusqu’à ce que mort s’en suive. Il a donc commencé un jeûne absolu, déclarant que tant que les armes ne seraient pas tombées des mains sanglantes des combattants, il continuerait son jeûne. Et l’on ne pouvait pas mettre en doute sa parole. Alors, on assista à un spectacle unique dans l’histoire du monde, et aucune légende dorée ne relate pareil miracle. Les chefs hindous et les chefs musulmans se réconcilièrent et ils vinrent autour du lit de Gandhi, le suppliant avec pleurs d’arrêter son jeûne avant que la mort ne le prenne dans sa griffe.

C’est peut‑être le prodige le plus extraordinaire qui soit. Multiplier des pains n’est rien à côté de cela. Je pourrai même dire, ressusciter des morts n’est rien à côté de cela ; car il a rénové l’âme de toute une nation et arrêté les monstres belliqueux de la destruction et de la violence. Je n’avais donc pas tort de mettre Gandhi sur le même plan que Jésus, Krishna et Bouddha.

Un autre phénomène marqua puissamment sa vie. Gandhi avait une formidable emprise sur le peuple hindou, ce peuple qui n’est pas, comme on vous l’a dit, composé d’êtres apathiques et sans force mais, au contraire, d’âmes bouillonnantes de courage. À un moment donné, comme il avait ordonné un soulèvement général, mouvement pacifique de non coopération, voici que certains hindous, emportés par les flammes de la vengeance, se mettent à tuer quelques occupants anglais. Que fait Gandhi ? Une chose que je qualifie également d’unique. Il déclara que, puisque le peuple hindou n’était pas encore prêt pour la miséricorde, il annulait son ordre de non coopération avec l’Angleterre. Contradiction inouïe ! De quoi détruire sa popularité ! Or, le peuple le suivit. Quelque temps après, voyant que les temps étaient mûrs pour la non coopération et pour l’amour, il déclencha un nouveau mouvement, sans incident meurtrier. Phénomène exceptionnel dans l’histoire des révolutions ! On ne voit ni Robespierre, ni Danton, ni aucun meneur, arrêter brusquement un mouvement révolutionnaire à cause de quelques crimes. Ils diront : « Bon ! On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs ! »

À quoi nous répondrons, avec Roland Dorgelès, que les œufs, c’est nous et que nous avons la faiblesse de tenir à notre fragile coquille !

Il existe une réalité qu’il faut vénérer par-dessus tout, c’est la vie et la dignité humaine.

 

Toute vie est sacrée

Un troisième élément de Gandhi, extrêmement curieux, ce fut son passage dans une grande forêt du Dekkan. Elle était peuplée essentiellement de gibiers et de chasseurs. Or, la caste des chasseurs ne pouvait vivre qu’en tuant des animaux. Mais l’hindouisme, auquel ils étaient rattachés, déclare que la vie est sacrée et que l’on ne doit jamais tuer sans raison, ni maltraiter un animal. La vie universelle part de la plante, s’épanouit dans la bête, atteint son milieu dans l’homme, pour aller d’ailleurs, au‑delà de l’homme, dans les zones mystérieuses et invisibles et continuer de former des êtres que les hindous appellent dévas ou dieux, que les catholiques appellent anges, archanges, séraphins, et que d’autres peuvent appeler habitants des mondes parallèles. Les chasseurs hindous le savaient fort bien et ils sentaient que leur moyen d’existence n’était pas conforme aux grands préceptes de la religion hindouiste. Gandhi passait par là. Ils n’ignoraient pas que Gandhi était un maître, un envoyé de Brahma l’ineffable et ils allèrent l’interroger. Ils lui demandèrent :– Est‑ce que ce que nous faisons est bien et devons­-nous continuer ? Gandhi leur répondit, à la manière d’un oracle chaldéen : – Laissez la forêt tranquille. Cette parole aurait pu être ambiguë et je ne doute pas qu’elle puisse concorder avec la dialectique admirable d’une multitude de penseurs. On aurait facilement retourné cette maxime et prouvé par A + B que Gandhi approuvait la chasse et les meurtres d’animaux. Mais dans l’Inde, on suivait le précepte de Gandhi, c’est‑à‑dire la lucidité, le manque de mensonge. Les chasseurs comprirent fort bien cette condamnation formelle et ils arrêtèrent leur massacre d’animaux. Le point important est qu’il ne s’agissait pas d’un plaisir, ou d’un sport plus ou moins sanguinaire. La chasse constituait leur gagne‑pain. Ils n’avaient pas d’autres moyens de survivre. Ils cherchèrent une nouvelle voie et, du jour au lendemain, il n’y eut plus de chasseurs dans cette forêt.

 

Ces trois anecdotes ne manquent ni de naïveté, ni de grandeur et elles composent de Gandhi, un personnage extraordinaire. J’ajoute que, lorsqu’il a été tué, il a eu le temps de dire, en désignant son meurtrier : « Qu’on ne lui fasse aucun mal ! »

Malgré ses dernières paroles, le meurtrier de Gandhi a été condamné à mort et exécuté, ce qui allait à l’encontre précisément de la pensée gandhienne.

La vérité

À côté de la non‑violence et du refus du machinisme, Gandhi avait apporté une autre méthode, également magnifique : la sincérité. Ne jamais mentir, ne jamais prononcer une parole qui ne soit conforme à la vérité, mais aussi ne jamais se mentir à soi‑même. Il faut aboutir à une pleine et totale lucidité. Lorsque nous voulons agir, lorsque nous parlons, grouillent en nous une multitude de motivations. Il faut les examiner et voir si elles sont dominées avec la grande loi éthique, la loi de la vérité.

Il allait jusqu’à dire : « Dieu, c’est la Vérité. » Puis, quelques années après, il a retourné le problème et il a dit : « La Vérité, c’est Dieu. »

Ne jamais se mentir à soi, c’est extrêmement difficile, parce que nous hébergeons deux complexes aussi puissants l’un que l’autre, bien que magnifiquement contradictoires. C’est l’attitude de supériorité et le complexe d’infériorité. Par exemple, nous conservons, au fond de nous‑mêmes, une opinion extrêmement flatteuse de nous, ce qui fait que la plupart de nos actes ou de nos paroles sont considérés par nous comme excellents. Nous affirmons que nous avons toujours raison et nous ne démordons pas de cet égoïsme fondamental qui est, en même temps, une espèce d’illusion et de chimère permanentes. Être capable de se considérer soi­-même comme un étranger, devenir, en quelque sorte, le témoin impartial de soi, cela fait partie du message de Gandhi.

Un autre aspect, non moins inquiétant, se révèle, c’est le complexe d’infériorité. Au lieu de nous voir tel que nous sommes, nous voulons nous voir, au contraire, par excès de modestie, pires, plus dangereux, plus criminels et nous cherchons, au fond de notre être inconscient, des racines ignobles à nos gestes les plus nobles. Sigmund Freud nous a ouvert cette voie à la fois exaltante et dangereuse. Gandhi nous avait déjà mis en garde contre cela. Nous ne devons pas nous considérer comme des criminels ni comme des saints infaillibles, mais comme des hommes à la recherche de la vérité qui est la nature même de Dieu. Nous devons donc savoir très exactement ce qui se passe en nous et nous regarder, sans amour et sans haine, avec une impartialité absolue et totale.

Vous retrouvez le même message, mais peut‑être plus clair, plus subtil, dans Krishnamurti dont j’ai évoqué l’ombre tout à l’heure. Scrutons l’attitude vis‑à‑vis des autres. Ne jamais mentir, c’est extrêmement simple. Ne jamais dire quelque chose qui ne soit pas conforme à la vérité, c’est terriblement difficile. Si nous arrivons à le faire, il se produit quelque chose sur le plan que j’appellerai purement kabbalistique. Les forces qui sont autour de nous, à la fois conscientes et inconscientes, ont l’habitude de nous entendre et, lorsqu’elles sentent que nos paroles traduisent la vérité, nous pouvons dire n’importe quoi, l’univers nous obéira. Point de vue inattendu ! Il faut pour atteindre ce beau résultat, environ douze ans. Et Gandhi a vécu plus de douze ans de sincérité parfaite !

Alors, que va‑t‑il se produire si nous sommes en face d’humains qui font le mal ? Nous les avertissons sans avoir la moindre haine contre eux. Nous leur expliquons notre désaccord et nous tâchons de réveiller en eux le dieu endormi qui n’est jamais complètement mort dans le cœur des humains. La vérité comme la non‑violence s’entraident mutuellement. Le résultat, le voici : vous voyez un être qui fait le mal. Vous l’avertissez tranquillement. S’il persiste dans sa conduite, nous n’allons pas, pour lui faire plaisir, dissimuler que ce qu’il fait est immoral. Nous lui disons nettement. S’il refuse de prendre conscience de son manque de vérité et d’amour, le message de Gandhi revêt une figure nouvelle : nous devons nous châtier à sa place pour lui montrer le véritable chemin de l’Illumination. Et comment se châtier ? D’une manière très simple, par un excellent moyen qui, malheureusement, a été galvaudé : le jeûne. Un de vos amis accomplit une injustice – qu’il ne faut pas confondre avec d’autres attitudes d’un moralisme lénifiant –, et une injustice grave. Si vous le voyez en train de la commettre, vous jeûnez jusqu’à ce qu’il ait compris la gravité de son geste. C’est une méthode périlleuse et féconde.

Vérité absolue, rejet du machinisme, non‑violence totale !

La chasteté

À cette trilogie s’ajoute un nouvel élément bien plus contestable que les trois autres. Ces derniers s’avèrent prodigieux, car, pour les réaliser, il faudrait être un surhomme. Tel n’est pas du tout l’avis de Gandhi qui déclare que, pour les manifester, il suffit simplement d’être un homme. L’homme est, en quelque sorte, le sanctuaire où Dieu parle. Saint Paul l’avait déjà dit : – Savez‑vous que vous êtes le temple du Seigneur et que l’Éternel Dieu habite dans vos cœurs ?

Gandhi a proclamé cette sentence, comme d’ailleurs tous les grands maîtres de toutes les époques, à travers toutes les humanités.

Que faut‑il faire ? Ce quatrième élément se réalise par la chasteté absolue. Nous ne sommes peut‑être pas obligés d’admettre une telle rigueur. Il prétend que l’homme doit aboutir à maîtriser complètement son appétit sensuel et il affirme que les membres d’un couple ne doivent s’approcher que dans un but très précis : la procréation. Cette théorie peut nous paraître singulièrement primaire, singulièrement réactionnaire et, si elle est valable pour les hindous ou, d’une manière générale, pour les orientaux, elle ne semble guère capable de séduire le monde occidental. Je vous donne quand même le message de Gandhi dans toute sa pureté. Lui‑même, dans son adolescence, avait été terriblement attiré par les délices de la chair. Il a su s’en détacher et il est devenu d’une chasteté farouche. On peut considérer cette éthique comme nettement exagérée.

Sous un angle astrologique, il existe sept chemins qui correspondent aux sept planètes fondamentales. La chasteté est un des chemins que nous pourrions mettre sous le signe de Saturne, mais qui n’empêche pas six autres chemins d’exister indépendamment. Au point de vue kabbalistique, nous discernons les contours d’une certaine vérité. L’être voué à la chasteté conserve une série de forces. Il faut qu’il arrive à les discipliner et la chasteté n’est pas le seul moyen, mais c’en est un. Je ne prêche pas pour la méthode de Gandhi, mais nous essayons de comprendre.

D’après le yoga hindou il s’agit de transformer les forces sexuelles en forces spirituelles. La Kundalini, ou serpent de feu, est une série d’énergies qui montent le long de la colonne vertébrale. Lorsque vous vous dépensez en expériences sexuelles, vous perdez une partie de vos forces subtiles. Si vous les conservez, il se produit une montée lente du serpent de vie et de feu le long de votre épine dorsale et l’éveil d’une multitude de sens nouveaux, jusqu’au moment où le courant, parvenu au sommet de la tête (le Sahasrara), vous projette en pleine conscience cosmique. Ce moyen, s’il est employé seul, risque d’être dangereux. Il faut qu’il s’accompagne d’amour universel et de sagesse, sinon on peut tomber plus ou moins dans le fanatisme. Le plus sanguinaire des révolutionnaires après Marat [1743-1793] se nomme Robespierre [1758-1794], et il était d’une chasteté inflexible. Le plus sanguinaire des inquisiteurs était Torquemada [1420-1498] et il était d’une chasteté inflexible. Comme peu d’êtres sont capables d’arriver jusqu’à cette hauteur, nous pouvons considérer que le message de Gandhi est beau, vrai, et juste dans ses trois premières parties mais, dans la quatrième, il peut paraître singulièrement dépassé, ou trop oriental et insuffisamment universel. […]

François Brousse

Le Livre des révélations – Tome 2, 1992, p. 17-26


Le Mahatma

Gandhi mérite‑t‑il le titre de Mahatma, grande âme, que lui décernèrent les hindous ? Le Mahatma est le maître transcendant dont la conscience s’unit à l’esprit divin. Son acte de foi, quatre articles mystiques, est connu de tous :

Je crois aux Védas, aux Upanishads, aux Puranas, et à toute l’Écriture sainte hindoue et par conséquent aux Incarnations divines et à la réincarnation.

Je crois à la loi morale fondée sur les quatre castes dans un sens que je considère strictement védiques mats non dans le sens populaire et grossier qu’elle a aujourd’hui.

Je crois à la protection de la vache dans un sens beaucoup plus large que le sens populaire.

J’admets l’adoration des idoles.

État d’esprit oriental, extraterrestre, sans aucune mesure avec notre civilisation pétrie d’avidité et d’arrogance. On peut d’ailleurs ne pas accepter la totalité de ce déconcertant programme.

Incarnations divines

Incarnations divines ? D’accord. L’homme, pour grimper le haut chemin des perfections, a besoin d’un secours céleste. Les Messies viennent, d’âge en âge, lui tendre leurs mains de rayons. Métempsycose ? Mais oui. Une seule vie humaine est insuffisante. La réalisation de l’Idéal réclame des milliers de vies, des millions peut‑être.

Les castes

La loi morale fondée sur les castes ? Gandhi voulait simplement affirmer qu’il existe quatre fonctions sociales (intellectuels, guerriers, commerçants, ouvriers) correspondant au quaternaire du monde et de l’homme. Chaque caste a des devoirs particuliers, une morale différente des morales voisines. Au brahmane, la sagesse ; au guerrier, le courage serviteur de la justice ; au commerçant, la probité ; à l’ouvrier, l’amour du travail bien fait. Évidemment, un cerveau occidental pensera que Gandhi exalte un système archaïque et tyrannique. C’est là une erreur. Le Mahatma rêve à l’harmonie platonicienne, voulue par ses frères, les antiques Rishis de l’Inde, et caricaturée par la sottise des masses.

Le culte de la vache

Le culte de la vache ? Autre scandale pour l’européen. Un peuple entier préfère mourir de faim plutôt que de manger ses vaches et, de façon générale, toute nourriture carnée ! Ce fanatisme paraît au philosophe une merveille de noblesse. Choisir la mort plutôt que de faire saigner la vie universelle ! On peut, sans partager une telle hauteur d’âme, la comprendre et l’admirer.

D’autre part, le respect de la vache, aux yeux de Gandhi, symbolise la compassion pour nos frères inférieurs : les animaux. La forme bovine résume la vie animale tout entière. Il convient de les traiter avec tendresse, avec amour. La morale divine défend de les livrer aux gourmands, aux vivisecteurs, aux brutes. Une étincelle sublime palpite dans l’homme et dans l’animal…

Les idoles

Abordons maintenant le problème des idoles. Enfermer l’infini et l’éternité dans une statue créée par des mains humaines constitue l’aberration suprême. Dieu, l’âme de l’absolu, ne peut s’emprisonner dans le cercle étouffant des limites. Seul le regard d’aigle de la contemplation entrevoit l’Être Inconcevable dans ses immensités.

Gandhi aurait‑il tort ? Non, car deux arguments militent en sa faveur. Pour la faiblesse humaine, la contemplation du sans bornes est une entreprise terrifiante. L’esprit chancelle sous le poids du vide infini. Pour regarder face à face l’incommensurable prodige, il faut des lunettes sombres : les idoles. Une statue, cela se voit ; l’Idée absolue, c’est absolument invisible. Vénérons l’Idée à travers le symbole des idoles. L’esprit se servira de la figure matérielle comme d’une piste d’envol pour s’élancer vers l’illimité.

Le second argument nous fait entrer dans la caverne obscure des magies. À force d’utiliser une statue comme support d’extase et de ravissement, cette statue prend la substance de l’adorateur et s’anime d’une vie singulière. Elle palpite, elle respire, elle devient la demeure d’une mystérieuse entité, âme d’un mort, génie de la nature, habitant de l’impalpable éther…

François Brousse

Nostradamus ressuscité, t. II, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1997, p. 257

 

La mort du Mahatma Gandhi

 À Vinobâ, héritier prédestiné de Gandhi, au nouveau messager de la lumière éternelle.

 

La lumière du monde est éteinte,
L’astre vient de mourir
Le firmament exhale ses plaintes
Du zénith au nadir.

Car l’homme qui brandissait la flamme
La flamme de l’amour,
L’inspiré, l’apôtre, la Grande Ame,
A quitté notre jour…

Il est mort saintement sur les cimes,
Pour l’Inde et l’Univers,
Abattu par la balle du crime
Sous les grands cieux ouverts.

Et les siècles verront sur la Terre
De sang illuminée,
Se dresser, autre Christ solitaire,
Le Juste assassiné.

François Brousse
La Mort du Mahatma Gandhi, Vitrolles, Éd. de la Neuvième Licorne, 2008

Le culte de la vache et la métempsycose

Gandhi a déclaré qu’il croyait pleinement aux voyages de l’âme, réincarnations et même métempsycoses. Il admettait que l’être humain possède en lui un esprit éternel et qu’il passe de corps en corps jusqu’à ce qu’il atteigne la béatitude parfaite. Cette idée de réincarnation est, de nos jours, extrêmement répandue. Un humoriste a même pu dire qu’en 1945, la grande nation victorieuse n’était ni la Russie, ni l’Amérique, mais l’Inde, car elle a essaimé à travers toute la terre l’idée de la réincarnation. On la retrouve, en effet, dans toute l’Europe occidentale où elle est extrêmement répandue. Elle est à peu près aussi connue que la théorie du matérialisme. La seule structure qui ait souffert dans la grande convulsion, ce sont les religions traditionnelles. Notamment, le catholicisme est en train d’agoniser en tout lieu. À leur place, se manifeste un mouvement extraordinairement fort, un spiritualisme à mille visages de teinte hindouiste.

Ce que la plupart des Occidentaux refusent, ce n’est pas la réincarnation, mais la métempsycose. Gandhi, à la suite des sages de l’Inde, admet les deux. Si l’homme se conduit mal sur la Terre, s’il agit, s’il pense, s’il désire comme un animal, il se retrouvera dans le corps d’une bête et il aura perdu une ou plusieurs incarnations. Cela explique, partiellement, le culte des hindous pour la vache. Gandhi admettait fort bien ce culte. Il déclarait que l’on ne doit jamais faire souffrir, ou tuer, un animal. Pour lui, la vache était un poème de pitié et symbolisait l’amour qui doit nous lier à tous les êtres vivants, surtout aux animaux qui sont les ancêtres de l’homme.

Une longue évolution va du protozoaire à l’homme, et détruire sans raison fondamentale un animal, c’est commettre un véritable crime. Ces vérités furent proclamées par certains prophètes antiques, notamment Isaïe qui proclamait : « Un bœuf vaut un homme. »

 

Pourquoi ce culte de la vache ? La vache était le symbole même de la fraternité humaine et animale. L’idée des hindous pouvait s’exprimer ainsi : plutôt que de tuer un animal pleinement formé, un animal individualisé, il vaut mieux se laisser mourir de faim. J’avoue que c’est un message terriblement intransigeant et qui peut nous paraître excessif.

François Brousse
Le Livre des révélations – Tome 2, 1992, p. 26-28

Les castes de l’Inde

Gandhi affirmait aussi qu’il croyait aux avatars et il se prenait sans doute pour une manifestation avatarique. Il a dit qu’il venait sur Terre pour apporter une expérience, celle de l’amour et de la vérité. Il a dit également qu’il souhaitait renaître dans la forme d’un paria, l’être le plus inférieur de l’Inde. Et c’est encore là que Gandhi montre son côté d’avatar. Car, jusqu’à présent, on pouvait trouver son message dans les écrits antérieurs. La réincarnation et la métempsycose ont été admises par tous les hindouistes. La non‑violence était également préconisée. Lui, non seulement la préconise, mais aussi la met en action. La chasteté était, elle, plus ou moins oubliée, mais elle subsistait, sous forme d’ascèse, dans la tradition hindoue. Par le rejet du machinisme, Gandhi impose une forme originale de pensée. Mais il marque aussi son empreinte dans la doctrine de la vérité et à propos de la lutte des classes. Il a déclaré que tous les mortels étaient des éléments divins et que, dans chaque humain, palpitait l’étincelle solaire éternelle. C’est pourquoi tous devaient être protégés, tous devaient être vénérés.

Or, l’Inde se divisait en quatre grandes classes : les brahmanes, les kschatriyas, les vaïshyas et les shûdras. À travers une légende qui remonte aux livres védiques, Brahma, le Dieu créateur, a voulu créer les hommes. Il a sorti de sa tête les brahmanes, les plus élevés, les plus spirituels, c’est‑à‑dire les philosophes et ceux qui recherchent la vérité. La qualité du brahmane est la non‑violence et la recherche du vrai. Il a sorti de sa poitrine les kshatriyas, les guerriers qui doivent mettre leurs forces au service de la justice. Il a sorti de son ventre les vaïshyas, commerçants et cultivateurs, ceux qui doivent produire et répartir les richesses économiques. Leur qualité essentielle se nomme la probité. Enfin, les Shûdras, travailleurs manuels, par une curieuse métaphore, Brahma les a fait sortir de ses pieds. Le propre du travailleur manuel, c’est le travail bien fait. Ils doivent l’exécuter de manière aussi parfaite que possible.

Il y avait, sous ces voiles, toute une métaphysique que je vous expose rapidement et qui ne manquait pas d’allure. On commençait par naître Shûdra, travailleur manuel. Si, dans cette première existence, on pratiquait les vertus du travail bien fait, exécuté avec le plus de zèle possible, c’était tout ce que demandait la loi de justice infinie. Dans la vie suivante, on renaissait dans la peau d’un vaïshya, d’un commerçant‑agriculteur. Pratiquant la vertu de sa caste, la probité, il devait se considérer comme un rouage essentiel de la société et ne pas chercher à s’enrichir indûment sur le dos des autres. Il devait, au contraire, être leur serviteur et vivre, même largement, mais être d’une probité parfaite. On renaissait alors dans la peau d’un kshatriya, c’est‑à‑dire d’un guerrier. Sa faculté était le courage. Il devait se mettre au service de la justice, protéger les faibles contre les forts et les opprimés contre les oppresseurs. Après tout, cette doctrine s’érigeait en puissante pyramide. Les brahmanes avaient deux rôles. Les analystes distinguaient une cinquième classe d’hommes, c’était le shadû, c’est‑à‑dire le sage. Il pouvait naître dans n’importe quelle caste, il était immédiatement délivré. Il recevait directement l’inspiration divine, s’affranchissait de tous les liens karmiques.

Il était donc le mendiant illuminé, le visionnaire en contact avec les dieux, le Maître divin et prédestiné. Celui‑là pouvait naître parmi les parias, au‑dessous des shûdras, ou dans n’importe quelle caste, il était tout de même divinisé et libéré. Malgré ce formidable choc, l’existence de ces sages providentiels, la société hindoue s’était cristallisée de telle manière que les brahmanes étaient devenus des chefs autoritaires et que les kshatriyas, au lieu de mettre leur épée au service de la justice, mettaient leur puissance militaire au service de leur égoïsme. Il y avait donc des classes supérieures, brahmanes et guerriers, puis commerçants et, au‑dessous, les travailleurs manuels et les parias hors classe étaient effroyablement pressurés.

Qu’a fait Gandhi ? Il a admis le principe des quatre grandes castes, tout en précisant que cela ne signifiait pas la dominance d’une caste sur une autre. Il affirmait que les hommes se divisaient en quatre tempéraments différents, prédestinés soit aux travaux manuels, soit au commerce et à l’agriculture, soit aux exploits guerriers, soit aux splendeurs de la sagesse. Il prétendait que tous les quatre s’avéraient nécessaire au fonctionnement de la société, qu’ils devaient être différents mais égaux, chaque caste ayant des devoirs particuliers, et contribuant également à l’harmonie de l’ensemble. C’est pourquoi il a essayé de détruire le mépris dans lequel on tenait les parias et shûdras. Il a commencé par décréter que le travail manuel devait être placé sur le même plan que le travail intellectuel. Il a même déclaré qu’il fallait travailler de ses mains la terre et aussi s’adonner au tissage. Il voulait aboutir à une véritable transformation sociologique du monde, c’est‑à‑dire essayer de rendre le travail manuel saint et sacré, sans rejeter le travail intellectuel considéré aussi comme saint et sacré. Mais il déclarait que tous, ou presque, nous devions travailler de nos mains, pour aboutir à nous libérer de l’emprise d’autrui, tisser nos propres habits, bâtir notre propre maison, semer notre blé, pétrir notre pain. Il tenta d’établir cette discipline dans l’Inde avec énergie et succès. Maintenant, la vapeur est renversée et l’Inde essaie, par tous les moyens, de s’industrialiser. Elle n’a peut‑être pas entièrement tort. […]

Gandhi avait dit ceci : « Les parias sont la honte de l’Inde. »

Qui sont les parias ? Au‑dessous des shûdras, existaient les tchandalas qui n’avaient aucun droit. Au point de vue sociologique, on découvre des aperçus très intéressants. Par exemple, un brahmane ne pouvait manger de viande sans être destitué. Un brahmane ne pouvait pas toucher de l’or sans être souillé. Par contre, le paria pouvait manipuler tout l’or qu’il voulait. Et on assistait à ce résultat inattendu – qui n’existe plus puisque les castes sont pratiquement abolies, mais qui existait encore en 1947 – de voir un paria enrichi dans la manipulation de la puissance pécuniaire, avoir comme cuisinier un brahmane. Car le brahmane a ceci de particulier, tout ce qu’il touche de ses mains est purifié. Cette croyance, partagée par Gandhi, est parfaitement en rapport avec le magnétisme universel. Nous avons tous une sorte de rayonnement jailli de nous‑mêmes, en rapport avec notre état physique, mental et spirituel. Plus un être s’élève dans la hiérarchie des êtres, plus son rayonnement est bénéfique. Ce qui explique, par exemple, que l’on peut très bien être guéri par le seul contact d’un être supérieur. On voyait autour de Gandhi des malades guéris spontanément, parce qu’il était pur et parce que les vibrations les plus nobles de son esprit étaient en rapport avec les vibrations de l’Être universel.

François Brousse
Le Livre des révélations – Tome 2, 1992, p. 28-31

Sous l’impulsion d’un mage blanc comme Gandhi

« L’âme des foules » n’est pas une simple métaphore. Elle n’est pas non plus un esprit immortel. Mais elle se compose de radiations magnétiques, émanées de quelques cerveaux ardents, et propagées par télépathie dans l’aura des spectateurs. Cela forme une grande énergie inconsciente, une sorte d’étincelle psychique qui trouble et enflamme.

Sous la direction d’un sorcier noir comme Hitler, cette étincelle devient braise infernale. Sous l’impulsion d’un mage blanc comme Gandhi, cette étincelle devient auréole céleste.

 

François Brousse
Sub Rosa, dans Revue BMP, N°113-114, juin-juillet 1993, Clamart, Éd. La Licorne Ailée

La non-violence 

Il y a toujours une possibilité de transformer la société, mais il y a cinq chances sur cent, pas plus, ce qui fait que statistiquement on a bien l’impression que tout va se dérouler d’une manière implacable. Cependant, il existe un moyen : ce moyen, c’est la non‑violence physique d’un côté et de l’autre côté, la suppression des pensées de violence. Toutes les pensées de violence, de haine et d’envie que nous jetons dans l’univers, découpent des tourbillons dans le monde astral, puis dans le monde éthérique et cela se traduit sur la Terre par des révolutions sanglantes, des guerres, des tremblements de terre, des épidémies et des cataclysmes naturels. 

François Brousse
Commentaires sur l’Apocalypse de saint Jean, t. 1, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 2001, p. 271

Gandhi

Les grands maîtres divins apportent sur le globe

L’étoile de l’amour comme un clair étendard.

Dans la plainte des mers, la blanche Porbandar,

Te vit naître, ô géant dont le front soutient l’aube

 

Tu portes, dans les plis mystiques de ta robe,

L’horreur du machinisme aux monstrueux hasards,

La chasteté, pareille à l’œil du léopard

Dont l’éclair sidéral dans la nuit se dérobe.

 

Comme Sakya‑Mouni qui murmurait : « Aimons » !

Comme Jésus tué sur les hauteurs des monts,

Par la Non‑Violence, intrépide guerrière,

 

Tu délivres ton peuple, et, soleil exalté,

Tu meurs, assassiné dans l’ombre des prières,

Pour Dieu, pour la lumière et pour l’humanité.

François Brousse
Voltiges et Vertiges, dans Œuvres poétiques, t. II, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1988, p. 144

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