La métempsycose

L’être humain, dans son âme, contient le libre arbitre,

reflet terrestre de la toute‑puis­sance céleste.

Il peut agir, penser et parler comme un humain, et il revient sous la forme humaine, dans la filière des réincarnations ;

Il peut agir, penser et crier comme un animal, et il revient sous la forme animale, par la filière des métempsycoses.

Il peut agir, penser et parler comme un archange, et il rentre dans la sphère des Idées, tel un fils de roi revenant au palais de ses pères.

 François Brousse

« Les trésors du temple de Salomon » dans Revue BMP N°28, oct. 1985

L’enseignement de François Brousse

Un contradicteur m’a récemment reproché de n’apporter rien de nouveau. Mon message serait un simple condensé des révélations divulguées par Helena Petrovna Blavatsky, Annie Besant et Leadbeater.

J’ai beaucoup d’admiration et de sympathie pour ces trois maîtres, mais mon enseignement est entièrement nouveau. Les théosophistes se contentent de préconiser le végétarisme, moi j’en fais un des quatre axes fondamentaux de la conquête de l’illumination. Les trois autres axes étant la sagesse, l’amour et la beauté. En un mot, je prétends qu’il est impossible d’atteindre la libération tant que l’on est carnivore.

Un autre pétale de mon enseignement est la transmigration des âmes, avec comme corollaire la métempsycose.

Pourquoi les uns sont malheureux, les autres heureux. Pourquoi les uns naissent avec un esprit harmonieux, les autres avec des tares physiques ou morales. C’est le retentissement de leurs existences antérieures.

Une telle explication jette une merveilleuse lumière sur la destinée humaine mais n’éclaire nullement la destinée animale. Pourquoi certains animaux naissent‑ils dans des familles humaines qui les entourent d’affection et de tendresse ? Pourquoi certains autres sont‑ils livrés à la faim, à l’angoisse, aux mauvais traitements, à la vivisection ? Si Dieu est la justice absolue, il faut que les malheureuses bêtes aient mérité leur sort tragique.

Mais pour être responsable, il faut être libre. Or, l’homme est le seul être doté de ce talisman redoutable et sacré : la LIBERTÉ ! Donc, les animaux malheureux ont déjà vécu en tant qu’homme sur cette terre ou dans une autre planète de l’espace infini.

Ne dites pas que leurs souffrances sont un passage nécessaire à leur développement intellectuel. Car dans ce cas, le même raisonnement peut être appliqué aux humains. Dieu leur enverrait des épreuves douloureuses pour qu’ils en tirent des bénéfices spirituels. Malheureusement le libre arbitre peut faire aussi bien régresser que progresser. D’ailleurs, il est souverainement injuste d’infliger la souffrance aux innocents. Donc l’argument qui vaut pour les réincarnations humaines, vaut aussi pour les métempsycoses animales. Ni Blavatsky, ni Leadbeater, ni Annie Besant n’ont éclairci ce mystère. Ils se contentent d’invoquer banalement la réincarnation. J’ajoute que tous les maîtres tibétains, tous les maîtres hindous, tous les penseurs pythagoriciens, platoniciens et alexandrins sont de mon côté. Tant mieux pour eux, mais s’ils prétendaient le contraire, cela n’ébranlerait pas ma certitude absolue.

Je suis venu sur terre pour de multiples missions et pour, notamment, rappeler cette vérité éternelle qui choque la vanité des Occidentaux.

Le recul de l’Occident est probablement un legs du christianisme qui ose refuser une âme aux animaux, les livrant ainsi à l’atroce cruauté des êtres humains. Les animaux étant sans âme, ils sont considérés comme de vulgaires objets. Cette abomination provient d’une religion d’amour et qui n’est en vérité qu’une religion de haine et d’ignorance.

Être carnivore, c’est se relier au réseau de cruauté qui torture et détruit les animaux, ces créations de Dieu. Nous pactisons alors avec des forces rétrogrades qui veulent augmenter la souffrance et la dégradation morale de l’univers. Dans cette optique, le végétarisme reste un incomparable moyen de purification. Les carnivores, avec leur lourde charge d’incompréhension et de férocité, sont incapables de boire au breuvage divin de l’illumination.

François Brousse

« Réponse à un contradicteur » dans Revue BMP N°50, oct. 1987

L’enseignement de François Brousse

Un contradicteur m’a récemment reproché de n’apporter rien de nouveau. Mon message serait un simple condensé des révélations divulguées par Helena Petrovna Blavatsky, Annie Besant et Leadbeater.

J’ai beaucoup d’admiration et de sympathie pour ces trois maîtres, mais mon enseignement est entièrement nouveau. Les théosophistes se contentent de préconiser le végétarisme, moi j’en fais un des quatre axes fondamentaux de la conquête de l’illumination. Les trois autres axes étant la sagesse, l’amour et la beauté. En un mot, je prétends qu’il est impossible d’atteindre la libération tant que l’on est carnivore.

Un autre pétale de mon enseignement est la transmigration des âmes, avec comme corollaire la métempsycose.

Pourquoi les uns sont malheureux, les autres heureux. Pourquoi les uns naissent avec un esprit harmonieux, les autres avec des tares physiques ou morales. C’est le retentissement de leurs existences antérieures.

Une telle explication jette une merveilleuse lumière sur la destinée humaine mais n’éclaire nullement la destinée animale. Pourquoi certains animaux naissent‑ils dans des familles humaines qui les entourent d’affection et de tendresse ? Pourquoi certains autres sont‑ils livrés à la faim, à l’angoisse, aux mauvais traitements, à la vivisection ? Si Dieu est la justice absolue, il faut que les malheureuses bêtes aient mérité leur sort tragique.

Mais pour être responsable, il faut être libre. Or, l’homme est le seul être doté de ce talisman redoutable et sacré : la LIBERTÉ ! Donc, les animaux malheureux ont déjà vécu en tant qu’homme sur cette terre ou dans une autre planète de l’espace infini.

Ne dites pas que leurs souffrances sont un passage nécessaire à leur développement intellectuel. Car dans ce cas, le même raisonnement peut être appliqué aux humains. Dieu leur enverrait des épreuves douloureuses pour qu’ils en tirent des bénéfices spirituels. Malheureusement le libre arbitre peut faire aussi bien régresser que progresser. D’ailleurs, il est souverainement injuste d’infliger la souffrance aux innocents. Donc l’argument qui vaut pour les réincarnations humaines, vaut aussi pour les métempsycoses animales. Ni Blavatsky, ni Leadbeater, ni Annie Besant n’ont éclairci ce mystère. Ils se contentent d’invoquer banalement la réincarnation. J’ajoute que tous les maîtres tibétains, tous les maîtres hindous, tous les penseurs pythagoriciens, platoniciens et alexandrins sont de mon côté. Tant mieux pour eux, mais s’ils prétendaient le contraire, cela n’ébranlerait pas ma certitude absolue.

Je suis venu sur terre pour de multiples missions et pour, notamment, rappeler cette vérité éternelle qui choque la vanité des Occidentaux.

Le recul de l’Occident est probablement un legs du christianisme qui ose refuser une âme aux animaux, les livrant ainsi à l’atroce cruauté des êtres humains. Les animaux étant sans âme, ils sont considérés comme de vulgaires objets. Cette abomination provient d’une religion d’amour et qui n’est en vérité qu’une religion de haine et d’ignorance.

Être carnivore, c’est se relier au réseau de cruauté qui torture et détruit les animaux, ces créations de Dieu. Nous pactisons alors avec des forces rétrogrades qui veulent augmenter la souffrance et la dégradation morale de l’univers. Dans cette optique, le végétarisme reste un incomparable moyen de purification. Les carnivores, avec leur lourde charge d’incompréhension et de férocité, sont incapables de boire au breuvage divin de l’illumination.

François Brousse

« Réponse à un contradicteur » dans Revue BMP N°50, oct. 1987

La métempsycose a pour elle une fantastique tradition : hindouistes, bouddhistes, lamaïstes, et même néoplatoniciens. Tous ces rêveurs aux yeux de flamme le proclament de leur voix géante.

Sur le trône d’en face sont assis les spirites d’Allan Kardec, les théosophistes de la Société théosophique et les rosicruciens d’Amorc. Ils affirment avec orgueil que la forme humaine est trop noble pour qu’on puisse, après l’avoir occupée, redescendre dans les formes animales.

François Brousse

« Koot-Houmi et la transmigration des âmes (01-03-1986) » dans Revue BMP N°34, avr. 1986

Certains assurent que l’on ne peut tomber dans le règne animal !

Je regrette beaucoup, mais c’est faux. Cette affirmation vient de l’orgueil humain le plus parfait. On pense avec fatuité que l’être humain est trop élevé pour subir l’éventualité de la rétrogradation. Pourtant, observons certains animaux. En voyant des bourreaux fanatiques, par exemple, nazis, marxistes ou komeynistes, un Hitler ou un Staline, on peut se demander si le chien qui se dévoue pour son maître et qui est capable de se tuer pour lui, ne leur est pas supérieur !

On ne distingue pas une différence absolue entre l’homme et l’animal. Toutefois l’homme est libre et comme il est libre, il est capable de monter plus haut que les archanges et de tomber plus bas que la bête.

C’est en ce sens qu’il est parfaitement possible qu’un être humain retombe au stade animal, pour ensuite redevenir un être humain. Il y a quand même une évolution progressive.

François Brousse
« Propos de table » dans Revue BMP N°91, juill. 1991 »

 Les métamorphoses des hommes en bêtes cachent la doctrine de la métempsycose.

Cette théorie répugne à notre vanité puérile. Avoir l’honneur d’être homme impliquerait l’impossibilité de tout recul. Les modernes réincarnistes consentent à transmigrer l’âme d’un criminel dans un crétin ou un dément, ils refusent de la rejeter dans le puits ténébreux de l’animal. Et pourtant un homme qui nourrit perpétuellement des pulsions passionnelles ou instinctives, un être qui se plaît à faire souffrir ses semblables, un tortionnaire, un sadique, un tyran, n’est plus digne de la race humaine. Il tombe normalement dans l’enfer bestial où se satisferont ses tendances. Seuls, les tigres peuvent accueillir harmonieusement les Néron.

Comme le dit Ovide à propos d’un rapace : « Peut-être croyez-vous que cet oiseau qui vit de rapines et répand la terreur parmi les oiseaux a toujours été revêtu d’un plumage. Il fut homme et conserve encore autant d’audace qu’il eut autrefois d’ardeur dans les combats, de férocité et de penchants à la violence » (Les Métamorphoses – Livre XI, VII).

François Brousse
« Fragments de vérités occultes » dans Revue BMP N°292-294, oct.-déc. 2009

Les vérités éternelles

Le propre du maître, du vrai, c’est de ne pas avoir le moindre doute, tandis que les autres peuvent en avoir. Lui n’en a pas. Si jamais, comme je vous l’ai dit, toutes les universités du monde déclaraient que l’âme n’existe pas ou qu’elle n’est pas éternelle, il hausserait les épaules et il dirait à toutes ces universités : « Retournez à l’école primaire ou en deçà s’il y a encore une école ! » Je n’ai pas le moindre doute quant à moi, je ne suis pas le seul. Il est impossible que le maître puisse douter des vérités fondamentales, c’est à dire :

  • L’existence de Dieu ;
  • L’existence de l’Infini ;
  • L’existence de l’Absolu ;
  • L’existence de la réincarnation et de la métempsycose.

Cela ne peut pas être mis en doute, même si on peut toujours le mettre en doute, mais il est impossible de le supprimer, cela fait partie de la respiration même de Dieu.

François Brousse
Revue BMP, N°186-188, mars-mai 2000

Gandhi

Porbandar, 2 octobre 1869 – Delhi, 30 janvier 1948

Gandhi a déclaré qu’il croyait pleinement aux voyages de l’âme, réincarnations et même métempsycoses.

Il admettait que l’être humain possède en lui un esprit éternel et qu’il passe de corps en corps jusqu’à ce qu’il atteigne la béatitude parfaite. Cette idée de réincarnation est, de nos jours, extrêmement répandue. […] Elle est à peu près aussi connue que la théorie du matérialisme. La seule structure qui ait souffert dans la grande convulsion, ce sont les religions traditionnelles. Notamment, le catholicisme est en train d’agoniser en tout lieu. À leur place, se manifeste un mouvement extraordinairement fort, un spiritualisme à mille visages de teinte hindouiste. Ce que la plupart des Occidentaux refusent, ce n’est pas la réincarnation, mais la métempsycose. Gandhi, à la suite des sages de l’Inde, admet les deux. Si l’homme se conduit mal sur la terre, s’il agit, s’il pense, s’il désire comme un animal, il se retrouvera dans le corps d’une bête et il aura perdu une ou plusieurs incarnations. Cela explique, partiellement, le culte des hindous pour la vache. Gandhi admettait fort bien ce culte. Il déclarait que l’on ne doit jamais faire souffrir, ou tuer, un animal. Pour lui, la vache était un poème de pitié et symbolisait l’amour qui doit nous lier à tous les êtres vivants, surtout aux animaux qui sont les ancêtres de l’homme.

Une longue évolution va du protozoaire à l’homme, et détruire sans raison fondamentale un animal, c’est commettre un véritable crime. Ces vérités furent proclamées par certains prophètes antiques, notamment Isaïe qui proclamait : « Un bœuf vaut un homme. » […]

François Brousse
Le Livre des révélations, t. 2, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1992, p. 26-28

La différence entre la réincarnation et la métempsycose est très nette : dans la réincarnation on se réincarne simplement de corps en corps et dans la métempsycose, on peut se réincarner parmi les espèces animales.

François Brousse
Les Mystères de la mort, Paris, La Licorne Ailée, 2022, p. 114

L’âme individuelle, parcelle de l’âme sans bornes, fran­chit incessamment les cercles des métempsycoses qui s’élargis­sent dans l’incommensurable. Elle abandonne ses impuretés dans le crible de la douleur et se spiritualise et se divinise jusqu’à se fondre en l’immensité de Dieu !

 

François Brousse

Contes du gouffre et de l’infini, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1988, p. 29

Question : Une chose depuis mon enfance m’a toujours préoccupé. C’est la souffrance infinie des animaux. Celle de l’homme, passe encore, on peut l’expliquer par la réincarnation. Mais celle des animaux ? Comment expliquez‑vous cette immense injustice, incompatible avec la justice de Dieu ?

F.B. : Si vous posez la question à un prêtre catholique ou à un pasteur protestant, ils ne savent que répondre. La souffrance des animaux est pour le christianisme un mystère impénétrable. Par cet effrayant aveu d’ignorance, les religions occidentales montrent qu’elles ont perdu la clef de la science transcendante.

Les matérialistes ont plus de rigueur logique. Leur doctrine, bien que désespérante, dresse une façade rationnelle. Le monde est gouverné par des forces aveugles qui s’agitent au hasard dans l’immensité de l’abîme où se forment et meurent les galaxies. Sur la terre, la longue suite des vivants est le fruit de cette agitation désordonnée sans justice, sans conscience, sans finalité. Un chaos monstrueux emplit le vide impassible. Les animaux ont acquis fortuitement la sensibilité qui tantôt s’épanouit en joie, tantôt se condense en douleur. L’homme a créé les valeurs de l’amour, de la charité, de la justice. Elles sont la torche qui l’éclaire. Mais torche de fabrication humaine. Ces valeurs n’existent que pour l’esprit humain. Il se dore à cette lueur illusoire et nécessaire. Mais la matière aveugle répand avec indifférence dans les sillons de l’espace les semailles de la souffrance. Les plus faibles sont écrasés par les plus forts. Le loup mange l’agneau, l’homme tue le loup, ce qui ne l’empêche pas de manger l’agneau. La douleur existe au niveau de toutes les espèces. C’est la loi. Une loi absurde et universelle.

Le matérialisme repose pourtant sur deux piliers extrêmement faibles. D’abord, l’existence de la matière, entité contradictoire que personne n’a jamais pu définir. Ensuite, l’absurdité du monde, qui semble opposée à la rigueur mathématique des lois, comme d’ailleurs au surgissement de la raison humaine.

Si l’évolution cosmique a fait naître dans l’homme, son dernier‑né, les idéaux de justice et de charité, c’est qu’ils correspondent au sentiment profond du cosmos. D’après ces idéaux, on peut porter la lumière au cœur du ténébreux problème.

Vous dites que la transmigration des âmes explique les souffrances de l’homme. Elle explique aussi bien les souffrances de l’animal. Mais il faut admettre dans cette perspective que la bête est un homme puni. La métempsycose peut se faire dans les trois sens : le maintien humain, la décroissance bestiale et le progrès angélique. Les Occidentaux dans l’ensemble ont trop de vanité pour croire que l’homme, cette forme parfaite, puisse redescendre au niveau de la bête. Les Orientaux ont moins d’orgueil et plus de lucidité. Ils savent que l’homme, assez vil pour torturer d’autres humains, retombe dans la sphère des animaux féroces. Là, tous ses instincts sanguinaires s’épanouissent librement. Ensuite, après avoir massacré les animaux pacifiques, le féroce deviendra l’un d’entre eux. Le loup se retrouvera sous la toison d’une brebis, le tigre sous le pelage d’une gazelle. Puis d’échelon en échelon l’âme coupable remontera l’immense hiérarchie des formes vivantes jusqu’au règne humain. Là, purifiée, une nouvelle chance lui sera donnée de s’avancer vers les portes de la grande délivrance.

Donc, les animaux féroces sont la métempsycose d’hommes dégénérés, en proie à la cruauté et à la violence. Les animaux paisibles sont la réincarnation des bêtes carnassières. Ainsi l’humanité, ayant perdu le sens divin de l’amour, s’engloutit dans les pièges de la matière. Ainsi la justice universelle, sous son sceptre de diamant, courbe les races humaines et animales. Ainsi la souffrance de nos frères inférieurs s’explique logiquement.

Une objection surgit toutefois. Les animaux qui souffrent occupent un nombre beaucoup plus grand que celui des êtres humains. En admettant même la chute animale de tous les hommes (hypothèse extrême et possible), cela ne suffirait pas à rendre compte des multitudes animales. Il y a toujours eu sur la terre plus de bêtes que d’humains. D’autre part, avant l’apparition de l’humanité, l’innombrable animalité grouillait sur le globe. D’où provenait‑elle, puisque les hommes n’existaient pas encore ?

Ces deux objections, redoutables en apparence, peuvent être écartées facilement, si nous plongeons dans les immensités grandioses du cosmos. Il ne faut pas considérer la Terre comme un monde isolé dans un vide infranchissable. La Terre communique avec les autres planètes du système solaire, avec les autres planètes des milliards de soleils qui roulent dans les abîmes de la galaxie, avec les autres planètes en nombre infini qui gravitent dans le nombre infini des nébuleuses. La Terre, comme d’ailleurs tous les globes inférieurs où gémissent des douleurs animales, recueille les âmes punies venues des mondes proches et lointains. Elle est la geôle des univers, la prison des profondeurs. Dans les océans de l’illimité, il existe suffisamment d’hommes perdus pour peupler de leur semence psychique les formes bestiales de notre planète.

Avant que l’homme n’apparaisse sur la Terre, des humanités vivaient et s’épanouissaient sur d’autres globes. Les âmes déchues tombèrent dans les animaux terrestres et brûlèrent dans l’enfer des souffrances leurs fautes passées. 

François Brousse
« Questions – Réponses (suite & fin) » (> 1963) dans Revue BMP N°232, avr. 2004

 

Le Phénix

L’oiseau Phénix, qui brille sur les sombres murs des catacombes, se rattache à la sagesse de la terre des Dieux, la vénérable Égypte. Il ressuscitait périodiquement, toutes les cinq cents années, après une flamboyante mort sur le bûcher d’aromates qu’allumait le dernier rayon du soleil couchant. Puis l’oiseau divin portait à Héliopolis, dans un œuf de myrrhe, les cendres du bûcher d’où sa renaissance venait de jaillir.

Pour les Égyptiens, l’âme avait la forme d’un oiseau. Le Phénix représente donc l’âme humaine et ses réincarnations cycliques, ses cendres, rythmées par une vie céleste de cinq siècles. Ainsi la doctrine des existences successives étincelait dans les ténèbres du christianisme primitif.

Hypothèse hardie ? Oui, mais conforme à la tradition éternelle dont les fontaines de sagesse abreuvent toutes les croyances.

Dans La Clé, livre attribué à Hermès Trismégiste, nous lisons ces quelques lignes sur le destin des âmes qui attirent les prestiges du globe :

L’âme impie reste dans son essence propre et se punit elle­-même en cherchant pour y entrer un corps terrestre, un corps humain, car un autre corps ne peut recevoir une âme humaine, elle ne saurait tomber dans le corps d’un animal sans raison : une loi divine préserve l’âme humaine d’une telle injure.

Remarquons le fossé qui sépare Pythagore d’Hermès. Pour le sage de Samos, l’âme peut redescendre dans le corps d’un animal. Pour le Trismégiste, elle doit poursuivre son évolution dans des formes strictement humaines. Réincarnation contre métempsycose. Hermès, cependant, semble hésiter sur ce problème fondamental. Dans le même livre La Clé, il admet, pour l’âme mauvaise, une chute possible en forme de serpent :

Mais quand l’âme, après être entrée dans le corps humain, reste mauvaise, elle ne goûte pas l’immortalité et ne participe pas au bien. Elle retourne en arrière et redescend vers les reptiles. Telle est la punition de l’âme mauvaise, et le mal de l’âme, c’est l’ignorance.

En somme, Hermès rouvre la porte de la métempsycose, si violemment fermée tout à l’heure. Les initiés, suivant leur élan propre, marchaient dans l’une ou dans l’autre de ces solutions, dans la route large ou le chemin forestier. Ils admettaient à leur gré les renaissances humaines ou les transmigrations animales, ou les deux. De toute façon, ils progressaient dans le sens du cosmos, tout pénétré de spirales. Ils étaient les fils de l’Intelligence divine. […]

François Brousse
Dans la Lumière ésotérique, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1999, p. 237-238

 

D’après les spirites notamment, on ne peut jamais rétrograder et lorsqu’une âme est arrivée à la dignité d’âme humaine, elle ne peut plus revenir sous une forme animale.

La même théorie est exprimée, avec beaucoup plus de nuances d’ailleurs, par certains théosophes, et il semble qu’elle ne soit pas plus juste que les autres car, si nous remontons au point de vue historique, à travers toutes les croyances sur la réincarnation, elles sont presque toujours mêlées de métempsycose. Dans les Lois de Manou, on parle de la rétrogradation fréquente des âmes humaines qui retombent dans le stade animal. […] Il semblerait qu’il y ait dans la plupart des croyances antiques l’affirmation de la métempsycose. Cette affirmation est illogique ?

Si nous regardons les êtres humains tels qu’ils sont sur la Terre, nous rencontrons des êtres d’une méchanceté, d’une violence et d’une cruauté extraordinaires. Qu’allons-nous faire d’eux ? Est-ce qu’on doit les réincarner parmi les êtres humains ? Ils n’ont pratiquement plus la moindre qualité humaine. Ils dédaignent la recherche de la beauté, ils dédaignent l’amour et l’ont remplacé par la haine, ils dédaignent la recherche de la vérité ; qu’est-ce que nous pouvons réellement en faire ? Le mieux, c’est de les envoyer parmi les animaux dont ils possèdent les instincts primitifs et singulièrement inhumains.

[…] Nous pouvons ajouter que les recherches archéologiques nous ont révélé l’existence d’une multitude de formes intermédiaires entre l’animal et l’homme, ce qui prouve bien qu’entre les deux il existe une parenté extrêmement forte.

[…] Je citerai l’Homo habilis, je citerai aussi le zinjanthrope, et d’autres encore que l’on a découverts et qui paraissent nettement intermédiaires entre l’homme et l’animal. Il n’y a pas, semble-t-il, de telles différences au point de vue biologique. Les seules différences nettes sont au point de vue psychologique. L’homme possède le libre arbitre alors que l’animal semble voué à la violence de ses instincts. Mais s’il possède le libre arbitre, comme le prétendaient les philosophes alexandrins à la suite de Plotin, s’il agit et pense comme un animal il retombe dans le monde animal, s’il agit et pense comme un homme il continue à pérégriner dans le cercle humain, et s’il agit et pense comme un dieu il quitte la prison, la geôle des planètes lourdes et s’envole dans le monde idéal. Cette théorie nous paraît parfaitement valable et jusqu’à preuve du contraire, nous nous y accrochons, je dirai, d’une manière absolue.

François Brousse
Les Mystères de la mort, Paris, La Licorne Ailée, 2022, p. 92-95

La souffrance animale

La grande théorie du spiritisme, et même de la théosophie et aussi de la plupart des rosicrucianismes, refuse de croire que l’homme, cette merveille de l’univers, puisse se réincarner en espèce animale. Franchement, je trouve admirable leur optimisme car si nous regardons certains hommes, nous les voyons plus violents, plus sauvages, plus ignorants, plus mauvais que les animaux. Qu’allons-nous faire d’eux ? Allons-nous les détruire ? Ce serait injuste. On ne peut pas écarter toute chance de salut. Avec la réincarnation et la métempsycose au contraire, ces chances de salut se multiplient. Allons-nous les anéantir ? C’est absurde, comme je vous l’ai dit ! Allons-nous les condamner à l’enfer éternel ? C’est encore plus absurde ! Car même si un homme n’avait commis que des crimes depuis le moment de sa naissance jusqu’au moment de sa mort – fût-il vieux comme Mathusalem ! –, il n’a jamais commis que des crimes passagers et éphémères. Et lui donner un châtiment éternel serait la plus haute et la plus effroyable de toutes les injustices. Ce serait faire de Dieu un bourreau monstrueux, et à ce moment-là on serait tout de suite du parti de Satan. Ce serait en quelque sorte un épouvantable blasphème que l’on jetterait sur la divinité. Mais comme ce blasphème n’est pas conscient, nous pouvons dire comme Jésus : « Pardonnez-leur mon père, car ils ne savent ce qu’ils font ! »

Quoi qu’il en soit, il est impossible de condamner un criminel à l’anéantissement ni à l’enfer éternel. Reste le fait qu’il renaîtrait parmi les hommes dans une situation effroyable. Mais franchement, des tortionnaires comme certains bourreaux nazis ou totalitaires, des êtres comme Hitler ou Staline, où peut-on les nicher ? Dans quelle espèce humaine ? Ils ne sont plus dignes d’être des hommes. Alors on les renvoie très tranquillement dans les existences animales. Un nouveau jour se fait alors sur le mystère du monde, car il est très bien de parler de réincarnation pour les hommes – d’accord ! –, nous naissons avec des tares parce que dans une vie humaine antérieure nous avons commis des erreurs et peut-être des crimes. Mais pour les animaux, il y a des animaux qui ont une destinée effroyable. Ils sont torturés, ils sont frappés, ils sont vivisectés ! Tandis que d’autres vivent une destinée heureuse avec des maîtres compréhensifs, des dieux protecteurs qui les suivent jusqu’à leur mort et leur préparent une vie particulièrement paradisiaque. Pourquoi cette différence ? S’il est un Dieu et s’il est la justice absolue, il faut que les malheureux animaux aient commis des erreurs avant leur naissance, et où pourraient-ils commettre des erreurs de manière à ce que ces erreurs leur soient imputées ? Dans une race qui possède le libre arbitre, donc une race humaine. S’ils sont libres ils sont responsables, et s’ils sont responsables il leur arrivera, soit du bien, soit du mal dans leurs vies successives.

Donc si nous voulons comprendre la souffrance des animaux comme nous comprenons la souffrance des hommes, il est, je crois, absolument nécessaire de faire intervenir le point de vue de la métempsycose.

François Brousse
Les Mystères de la mort, Paris, La Licorne Ailée, 2022, p. 180-182

Végétarisme et non-violence

Vous allez vous réincarner. Mais dans quel monde ? Et dans quelles conditions ? Pour être réincarné chez un être humain – là, je sais que je vais heurter beaucoup de croyances –, il faut le mériter. Vous n’êtes pas, par le seul fait que vous êtes un être humain, au-delà de la chute dans un animal. La théorie de la métempsycose est plus ancienne que la théorie même de la réincarnation et elle explique une multitude de choses. Pourquoi trouvez-vous par exemple des animaux tristes, malheureux, battus, vivisectés et à côté de cela d’autres animaux dans la douceur, dans l’amour de leur maître, dans l’abondance ? Pourquoi ? C’est injuste, et si cette injustice existe, si elle n’a aucune raison, ce serait une des preuves de la non-existence de Dieu. Mais elle a une raison ! Tous les animaux malheureux le sont parce qu’ils ont été des hommes ayant commis des fautes très graves.

Par exemple – je sais que cela va faire bondir pas mal de gens – la vivisection. Nous n’avons jamais le droit de torturer effroyablement des animaux sous un vain prétexte de science. Que va-t-il arriver aux vivisecteurs ? C’est très simple : s’il existe une justice dans l’univers – et elle existe –, ils seront vivisectés à leur tour dans la peau d’un animal mais en se souvenant de ce qu’ils ont fait. L’homme a ceci de particulier qu’il oublie ses vies antérieures. Mais l’animal, lui, n’oublie pas. Vous pouvez d’ailleurs le constater fréquemment. Il vous arrive parfois de rencontrer un animal qui bondit sur vous avec des expressions de joie, qui a l’air absolument de vous reconnaître et vous ne le voyez pourtant que pour la première fois. En réalité, il vous a déjà connu dans des vies antérieures. Il faut donc purifier le corps, l’âme et l’esprit, pour obtenir une bonne incarnation.

Prenons un individu qui n’est ni bon, ni méchant mais qui, tous les jours, mange de la viande. Mon opinion est dure là-dessus – et peut-être exagérée, mais je ne le crois pas. Je pense que cet homme tranquille, paisible, bon fils, bon père, tout ce que l’on voudra, et qui mange de la viande tous les jours, va se retrouver dans un animal. Inévitablement ! Il faut qu’il comprenne. La réincarnation ne se comprend, pour l’animal, que si elle est mêlée de métempsycose. Cette théorie était admise – il ne faut pas l’oublier – par tous les sages de l’Inde. Il n’existe pas un seul hindouiste véritable qui ne croit pas à la métempsycose. Cette théorie est également admise par tous les tibétains. Tous ! Sans exception ! Et on ne peut pas me citer un seul texte tibétain où la métempsycose soit rejetée. Elle est admise aussi par les anciens Celtes, c’est-à-dire les druides qui croyaient eux aussi à la métempsycose.

Alors, si vous voulez ne pas tomber dans l’espèce animale, c’est extrêmement simple : soyez végétariens. C’est la première chose. On va m’objecter de suite – et j’espère qu’on le fera – l’exemple d’Hitler : il était végétarien, d’accord ! Et cependant, d’une cruauté forcenée. Oui ! Mais il ne faut pas oublier qu’à côté du végétarisme, la non-violence est toujours admise. Si vous n’admettez pas la non-violence, à ce moment-là, tout le bien que le végétarisme peut vous apporter est immédiatement détruit. 

François Brousse
Les Mystères de la mort, Paris, La Licorne Ailée, 2022, p. 360-362

Quel est le sort des méchants?

D’après Hérodote, ils sont livrés à de nombreuses réincarnations animales. Cela expliquerait les métamorphoses que le Livre des morts attribue aux âmes.

C’est aussi la théorie d’Akhenaton. La mangeuse de l’Ouest, la dévoreuse des méchants, tantôt crocodile, tantôt hippopotame, tantôt lion buffle, symbolise les métempsycoses, le passage dans les formes animales.

Mais l’âme après le cycle des expiations, reprendra un corps humain, avec la possibilité de divinisation. Cette possibilité prend le visage d’une nécessité providentielle.

François Brousse
« Akh-en-Aton, le prophète calomnié (terminé le 18-07-1987) » dans Revue BMP N°49, sept. 1987

L’Âne d’Or d’Apulée

Si vous voulez passer quelques heures agréables, lisez le livre d’Apulée intitulé L’Âne d’Or dans lequel il décrit les aventures de Psyché. Apulée était un grand écrivain vivant aux environs de 150 après J.C. ; il a écrit un livre admirable tantôt appelé L’Âne d’Or tantôt appelé Les Métamorphoses dans lequel il expose toutes ses théories qui sont d’abord fondées sur la réincarnation et aussi sur la métempsycose, puis sur l’idée que l’on ne peut arriver à devenir immortel qu’à travers l’initiation. Son initiation est l’initiation de la rose ; son héros est envoûté par une méchante sorcière ; il prend la forme d’un âne qui est vendu, frappé, assujetti à de durs travaux jusqu’au moment où il a l’idée de suivre le cortège d’Isis, un magnifique cortège à la tête duquel se trouvait le grand prêtre d’Isis qui tenait dans sa main un bouquet de roses. L’âne se précipite sur les roses et les broute ; et par miracle, l’âne redevient un homme. Évidemment, cela veut dire que tant que nous n’avons pas connu les grandes doctrines secrètes de l’ésotérisme universel, nous sommes enfermés dans un corps animal et nous risquons d’ailleurs de nous réincarner parmi les animaux.

François Brousse
Philosophies, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 2011, p. 257-258

Ishtar et Circé

À travers la mythologie babylonienne, Ishtar change en bête ses amants, comme plus tard le fera la magicienne Circé. Interprétation secrète : les âmes livrées aux passions d’Ishtar, la sexualité farouche et la violence, renaissent normalement dans des formes animales. En soi, la sexualité n’est pas mauvaise, mais si elle se mêle de haine, elle ramène l’humain à l’animal. Quand la Bible parle de transformations en formes bestiales, elle sous‑entend la métempsycose, la transmigration des âmes.

François Brousse
« Rapides feux sur le livre d’Esther » dans Revue BMP N°60, sept. 1988

 

Lamaïstes et Égyptiens

Les lamaïstes vont encore plus loin, ils vont jusqu’à dire – et en ce cas je crois qu’ils exagèrent – que le roulement animal est habituel à l’âme et que c’est par hasard que l’âme se réincarne dans un corps humain. Là, elle a une chance ; il faut qu’elle arrive à retrouver, primo, un pays dans lequel on parle des doctrines éternelles – réincarnation, transmigration des âmes et nirvana –, qu’elle rencontre dans ce pays l’enseignement d’un Boddhisattva, et si, malgré cela, elle n’arrive pas à l’illumination, à la connaissance, elle retombera dans le tourbillon insensé des vies animales, pour quelques centaines ou quelques milliers d’années. Ce point de vue sur la réincarnation nous paraît terriblement brutal et j’ajouterai, excessif.

Les Égyptiens, dans leurs sociétés secrètes, disaient – si nous en croyons Hérodote – que l’âme est un principe qui met trois mille ans pour passer des corps des animaux jusqu’à l’être humain. Après quoi, en principe, si elle n’arrive pas à se diviniser, à devenir un Osiris, elle retombe dans le tourbillon dangereux et lourd des vies animales. Nous pensons que ces théories sont beaucoup trop dures et que, d’une manière générale, l’homme et l’animal conservent leur évolution parallèle.

François Brousse
Les Mystères de la mort, Paris, La Licorne Ailée, 2022, p. 126-127

L’âme se compose de trois parties, deux mortelles (l’instinct et la passion), une immortelle : l’intelligence qui contemple l’éternité. C’est par l’élan vers la vérité, la justice et la beauté, que l’humain s’arrache au cercle de fer des incarnations ou des métempsycoses pour entrer dans la sphère idéale où vivent les Dieux.

François Brousse

La Trinosophie de l’étoile Polaire, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1990, p. 181

Orientaux et occidentaux

Vous dites que la transmigration des âmes explique les souffrances de l’homme. Elle explique aussi bien les souffrances de l’animal. Mais il faut admettre dans cette perspective que la bête est un homme puni.

La métempsycose peut se faire dans les trois sens : le maintien humain, la décroissance bestiale et le progrès angélique. Les Occidentaux dans l’ensemble ont trop de vanité pour croire que l’homme, cette forme parfaite, puisse redescendre au niveau de la bête. Les Orientaux ont moins d’orgueil et plus de lucidité.

François Brousse

« Questions – Réponses (suite & fin) » (> 1963) dans Revue BMP N°232, avr. 2004

L’ÎLE DE CIRCÉ

Circé, fille d’Apollon, habitait l’île inconnue d’Aa, dans les mers occidentales. Sa magie multiple domptait les éléments. Par des breuvages terrifiants, elle métamorphosait en animaux les malheureux mortels que la tempête jetait sur ses rivages.

Je vois dans l’île de Circé, l’île de Sein, sur la côte de la Bretagne. Jadis, une assemblée de druidesses s’y tenait continuellement. Elles étudiaient les arts magiques et avaient la réputation de courber le monde sous leurs impérieuses volontés. Elles adoraient Bélénus, le Soleil. Quant à la métamorphose des hommes en animaux, elle me paraît viser la théorie occulte des druidesses qui croyaient à la métempsycose.

Les Irlandais avaient vaguement compris l’identité druidique de Circé. Ils disent, dans leurs vieilles légendes, que l’île d’Irlande fut habitée, immédiatement après le déluge, par la reine magicienne Cessair.

François Brousse
Les Mystères d’Apollon, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1992, p. 29

L’initiation de la Terre est très simple ; il suffit de savoir, et d’une manière absolue, que la vérité existe et qu’on la voit directement. Cette vérité est composée de cinq ou six éléments, je vous l’ai déjà dit : d’un côté l’existence de Dieu, de l’autre côté l’indestructibilité de l’âme, la loi du karma, la loi des réincarnations et des métempsycoses et l’existence des Frères aînés ; la nécessité de l’amour, de la sagesse et de la beauté. Une fois que vous avez ceci, vous connaissez la vérité, et vos racines s’enfoncent dans les hauteurs du ciel.

François Brousse
Commentaires sur les Proverbes de Salomon – t. II, Clamart, éd. La Licorne Ailée, 2015, p. 62

ASCENSION

 

Vous raillez les métempsycoses

Qui mènent l’homme à l’animal,

Cela n’empêche pas les causes

D’emplir votre subliminal.

 

Le chercheur parfois se fatigue

Il voudrait être un chimpanzé

Qui mange la fraîcheur des figues

Et qui refuse de creuser.

 

Mais peu importe ta révolte

L’être écrit sur les parchemins

Il créa la sainte récolte

Qui monte vers le surhumain.

 

Penche‑toi sur le sans limite

Méfie‑toi des viles actions

Tu sentiras, briseur de rites,

L’irrésistible ascension.

 

15 juin 1992

François Brousse

Le Baiser de l’archange, Clamart, Éd. la Licorne Ailée, 1993, p. 246

DIDACTISME

 Quand je regarde autour de moi,

Le flot mystérieux des êtres

Avec des visages d’effroi

Déferle près de mes fenêtres.

 

Voici la trahison des prêtres

Voici les bourreaux de la loi

Les adorateurs de l’ancêtre,

Les criminels de bonne foi.

 

Ils osent parler d’Évangile,

Ils s’imaginent que l’argile

Efface la splendeur de l’or

À travers les métempsycoses

 

Ils connaîtront plus tard les causes

De la souffrance et de la mort

Leur âme prendra son essor.

11 juillet 1991

François Brousse
Les Transfigurations, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1992, p. 109


La pince qui rougit dans le brasier hideux
Est faite du duc d’Albe et de Philippe Deux.

 Victor Hugo
« Ce que dit la bouche d’ombre », Au bord de l’infini dans Les Contemplations, t. II, Livre sixième, XXVI

Le duc d’Albe a commis d’effroyables massacres chez les Hollandais et Philippe II est un prince d’un terrorisme et d’une sorte de fanatisme absolument invraisemblables. Là, quelque chose de nouveau apparaît. Hugo nous déclare que nous pouvons tomber non seulement parmi les animaux mais encore parmi les végétaux, et même au-delà, à l’intérieur des pierres et même au-delà ; ce qui est un élément nouveau de Hugo, de sa révélation, c’est que tous les objets manufacturés, tous les objets fabriqués par l’homme contiennent des âmes.

Au point de vue scientifique – entre guillemets – tous les objets sont composés d’atomes. On peut dire que l’atome lui-même est un être vivant, qu’il possède une conscience, une mémoire, une volonté, une intelligence, ce qui fait que n’importe quel objet est chargé d’âme, de pensée et d’intelligence.

Les hindous affirment qu’à Brindaban, tous les objets sont remplis d’âmes et que, par exemple, ce chien que vous voyez en train de veiller soigneusement sur la tombe d’un sage est un disciple de celui-ci. Il est venu pour se purifier et pour atteindre à la connaissance. Tout ceci me paraît assez vrai. Ils vont même jusqu’à dire que ce qui se trouve dans les arbres représente également des sages qui, par le rayonnement même de la présence d’un grand Maître – par exemple Krishna –, peuvent aboutir à l’illumination. La théorie de Hugo est beaucoup plus grave qu’on ne l’imagine parce qu’il admet que tout est plein d’âmes. « Tout vit. Tout est plein d’âmes. » Et il va essayer de l’expliquer dans un texte des Contemplations.

Et tout, bête, arbre et roche, étant vivant sur terre,
Tout est monstre, excepté l’homme, esprit solitaire.

L’âme que sa noirceur chasse du firmament
Descend dans les degrés divers du châtiment
Selon que plus ou moins d’obscurité la gagne.
L’homme en est la prison, la bête en est le bagne,
L’arbre en est le cachot, la pierre en est l’enfer.
Le ciel d’en haut, le seul qui soit splendide et clair,
La suit des yeux dans l’ombre, et, lui jetant l’aurore,
Tâche, en la regardant, de l’attirer encore.
Ô chute ! dans la bête, à travers les barreaux
De l’instinct, obstruant de pâles soupiraux,
Ayant encor la voix, l’essor et la prunelle,
L’âme entrevoit de loin la lueur éternelle ;
Dans l’arbre elle frissonne, et, sans jour et sans yeux,
Sent encor dans le vent quelque chose des cieux ;
Dans la pierre elle rampe, immobile, muette,
Ne voyant même plus l’obscure silhouette
Du monde qui s’éclipse et qui s’évanouit,
Et face à face avec son crime dans la nuit.
L’âme en ces trois cachots traîne sa faute noire.
Comme elle en a la forme, elle en a la mémoire ;
Elle sait ce qu’elle est ; et, tombant sans appuis,
Voit la clarté décroître à la paroi du puits ;
Elle assiste à sa chute ; et, dur caillou qui roule,
Pense : Je suis Octave ; et, vil chardon qu’on foule,
Crie au talon : Je suis Attila le géant ;
Et, ver de terre au fond du charnier, et rongeant
Un crâne infect et noir, dit : Je suis Cléopâtre.
Et, hibou, malgré l’aube, ours, en bravant le pâtre,
Elle accomplit la loi qui l’enchaîne d’en haut ;
Pierre, elle écrase ; épine, elle pique ; il le faut.
Le monstre est enfermé dans son horreur vivante.
Il aurait beau vouloir dépouiller l’épouvante ;
Il faut qu’il reste horrible et reste châtié ;
Ô mystère ! Le tigre a peut-être pitié ! […]

Poème de Victor Hugo
« Ce que dit la bouche d’ombre », Au bord de l’infini dans Les Contemplations, t. II, Livre sixième, XXVI

François Brousse
Les Mystères de la mort, Paris, La Licorne Ailée, 2022, p. 368-370

Pythagore, qui était un des plus grands sages de son époque et probablement de tous les temps, reconnaissait, dans un vieux lion aveugle qui suivait un forain ambulant, très exactement un roi qu’il avait connu il y avait environ vingt ans. Or Pythagore n’était pas un être à dédaigner. C’est non seulement l’inventeur des mathématiques mais aussi de toute la philosophie occidentale et nous pouvons reconnaître en lui un maître, un clairvoyant et un sage du plus haut degré. 

François Brousse
Les Mystères de la mort, Paris, La Licorne Ailée, 2022, p. 182

 

LA MÉTEMPSYCOSE

Lorsque les vivants, après d’indicibles épreuves, ont atteint le stade humain, il ne leur reste plus qu’à suivre les lois morales – identiques dans toutes les religions – pour se libérer du cycle des réincarnations. Mais des obstacles terribles se dressent devant l’esprit.

Le courant noir du monde, que les hommes ont appelé tour à tour Apophis, Arihman, Cernurmos, Loki, Satan, Yblis, lui tend des embûches fascinantes. Il arbore tous les prestiges de l’orgueil et de la puissance. La pitié lui semble une duperie, la générosité une faiblesse, l’humanité une imbécillité. Il se drape dans le culte de la force cruelle, génératrice de grandeur. Il a une sorte de beauté sombre, dont beaucoup d’âmes sont empoisonnées. Il inspire des messagers démoniaques, propagateurs de son évangile de destruction. […] Néron, Caligula, Héliogabale, Attila, Timûr, Gengis Khân, paraissent avoir été, dans l’histoire des hommes, des messagers de ténèbres, des Christs sataniques. L’histoire moderne et surtout celle de la Teutonie, pullule en exemples analogues.

Or les malheureux aveugles qui suivent ces apôtres de la mort abdiquent, par cela même, leur dignité humaine. Ils tombent au niveau mental des animaux, dont la loi est précisément la lutte pour la vie. Ils renoncent sans trembler à leur figure d’homme et le trépas ne fait que rétablir l’équilibre rompu en jetant des volontés sauvages dans le corps matériel des bêtes. Là, ils se purifient dans les souffrances pour revenir, encore au stade humain, où la grande épreuve recommencera.

La métempsycose, affirmée solennellement par les brahmes, les mages, les pythagoriciens et les druides, n’est pas une croyance barbare née dans le sang et le chaos, elle est le destin terrible mais purificateur qui attend les adorateurs d’Arihman. Platon, cette lumière, cette colonne, cette cime de la philosophie, ne rougissait pas de croire à la métempsycose. Empédocle d’Agrigente, que les citoyens de sa ville vénérè­rent comme un dieu, professait cette foi avant Platon. Et tous les sages de l’Inde y croyaient avant Empédocle d’Agrigente. La métempsycose brille, souveraine vérité, dans la profondeur des cryptes occultes.

François Brousse
La Coupe d’Ogmios, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1993, p. 71

La religion des mages

Hugo déclare que les esprits solaires s’incarnent sur les planètes pour apporter la beauté, la vérité, l’amour. Ce sont les Mages. Ils comprennent les grands fondateurs de religion, les grands poètes, les grands artistes, les grands penseurs, les grands savants. Sous leur impulsion, les humanités avancent lentement sur l’âpre route du divin. La clef du mystère des mondes est la métempsycose. En effet, l’homme, doué de libre arbitre, se trouve placé entre la sphère des anges, qui s’épanouit jusqu’à Dieu, et la sphère des êtres inférieurs : animaux, végétaux, minéraux qui plonge dans la fatalité. L’homme peut développer en son âme les aspirations sublimes qui le porteront, après la mort, dans le monde angélique, ou les aspirations terrestres qui le feront se réincarner à nouveau dans un corps humain ; ou les aspirations inférieures qui peuvent l’emprisonner dans un corps animal, végétal, ou minéral. Cette dernière éventualité parait assez rare, mais elle existe, en vertu d’un pouvoir créateur du désir. Toutefois, malgré ces chutes, les êtres sont promis à une transfiguration finale, car l’âme humaine est le reflet imperdable de l’âme divine. Une morale très pure couronne cette grandiose doctrine, la morale de l’amour universel qui s’étend, non seulement à l’humanité comme dans le christianisme, mais à tous les êtres vivants.

François Brousse
Revue BMP N°303-305, oct.-déc. 2010

Hommes et dieux

Ressemblance entre les incarnations divines et les métempsycoses. Dans les deux cas, on pénètre dans les plans inférieurs où gémit la souffrance. Mais les âmes humaines tombées dans l’animal y sont jetées par les mains inévitables du karma. Au contraire, c’est volontairement que les dieux s’incarnent parmi les hommes. Les dieux savent qu’ils souffriront horriblement ; ils sont comme des oiseaux obligés de vivre dans des caves. Un mystère de douleur inouïe emplit leur vie entière. La crucifixion de Jésus commence dès sa naissance.

François Brousse
Revue BMP N°88-89, avr.-mai 1991

Les penseurs occidentaux

Les orgueilleux penseurs occidentaux sont scandalisés de rencontrer dans la vieille sagesse orientale la croyance en la métempsycose. Quoi ! L’homme, ce roi de la Création, redevenir grenouille ou mouche ! Quelle indignité ! Pourtant, que les humains se regardent, sans indulgence, au miroir de la Vérité. Les uns, ne sont‑ils pas comme des tigres, les autres, bêtes comme des oies, malicieux comme des singes, matériels comme des porcs ? La loi de la métempsycose, après leur mort, ne ferait que rendre tangible la forme de leur âme.

Il faut cependant avoir atteint un degré extraordinaire d’abjection pour retomber dans le gouffre animal. La loi qui joue, dans la plupart des cas, est celle de la réincarnation. Mais les mauvais et les rétrogrades sont rejetés dans les degrés inférieurs.

François Brousse
Revue BMP N°158-159, oct.-nov. 1997

METEMPSYCOSE

Ceux qui croient à l’enfer éternel

Insultent la splendeur du ciel

La loi suprême leur impose

De cruelles métempsycoses.

 

Baudets entêtés ou boas

Une mémoire irrémédiable

Dans les étables, dans les bois

Remplacera le vol des diables.

 

Une différence pourtant,

Ces épouvantables dangers

Sous le monarque des printemps

Ne sont qu’ouragans passagers.

 

Quand ils comprendront le Noumène

Et la clémence de Sion

Ils reprendront la forme humaine

Dans la haute adoration.

18 septembre 1992

François Brousse
Le Frisson de l’aurore, Clamart, Éd. la Licorne Ailée, 1993, p. 150

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