La pensée
Immenses sont les roues ailées qui tournent dans la crinière étoilée des lions cosmiques.
Plus immenses encore sont les pensées, les terribles pensées qui tournent sans arrêt dans le ciel de mon cœur.
François Brousse
Revue BMP, N°85, janv. 1991
Certains réformateurs en ébullition imposent à leurs disciples une action sociale. Or, nombre d’êtres humains sont impropres à la vie en groupe. Il est donc inutile d’ajouter à leur complexe d’instabilité un complexe de culpabilité.
On doit comprendre que la pensée possède autant de force, sinon plus, que les actes. Par la Bénédiction bouddhique (souhaitons que tous les êtres soient heureux), par le filtrage des pensées (écartons sereinement toute impulsion de haine et d’envie), nous transformons alchimiquement l’atmosphère mentale des hommes.
Un penseur bienveillant vaut mieux qu’un téméraire acteur.
François Brousse
Revue BMP, N°53, janv. 1988
Vous envoyez des pensées d’amour à Dieu. Il n’en a pas besoin, Il est l’Être parfait. Il se sert de toutes ces pensées d’amour pour les enfermer dans une sorte de Graal précieux et, ensuite, Il les répand sur le monde. Il se sert de vous comme d’une espèce d’abondance permanente, de source inépuisable.
Plus vous lui envoyez des pensées d’amour, plus vous contribuez à l’élévation du genre humain et à la lente montée de l’espèce humaine vers la lumière éternelle.
François Brousse
Entretien, 27 août 1991
Il y a des pensées qui viennent vers nous que nous repoussons, alors elles ne nous appartiennent pas. D’autres viennent vers nous et nous les acceptons, alors elles nous appartiennent. C’est uniquement l’acceptation, la clairvoyance et la volonté de l’homme.
[…] Il y a aussi nos pensées propres. Nous sommes baignés dans un océan de pensée, mais cet océan de pensée est produit par les pensées conscientes des êtres humains qui nous entourent. C’est à nous de savoir si nous les acceptons ou si nous ne les acceptons pas. Et, en même temps, nous jetons des pensées d’amour, volontairement et consciemment, dans le monde, qui pénètrent les pensées inférieures et qui risquent de les transformer. Nous nageons dans un océan de psychisme.
François Brousse
Entretien, 18 mars 1992
Le point sans dimension, inventé par les géomètres, existe. C’est l’atome de temps, l’instant. Il file à la vitesse de la lumière et nous entraîne, gênantes pesanteurs, avec lui. Mais la pensée va plus vite encore.
François Brousse
Revue BMP, N°3, août 1983
Que des millions d’esclaves se prosternent devant un sauveur quelconque, c’est leur affaire. Mais le penseur incorruptible demeure debout comme un cèdre, tandis que le vent courbe les brins d’herbe autour de lui. Nécessité d’être lucide pour libérer son âme.
François Brousse
Revue BMP, N° 77, avr. 1990
TE SOUVIENT-IL ?
Te souvient-il, mon Âme,
De la pensée de Dieu ?
Te souvient-il des flammes
Qui dansaient au saint lieu ?
Te souvient-il des cèdres
Aux célestes jardins,
Et des monts tétraèdres
Hantés de séraphins ?
La tiare de gloire
Sur le front des Sauveurs
Jette-t-elle sa moire
Aux miroirs de ton coeur ?
Anges, délires, ondes,
Ô tourbillons vermeils !
Montons vers l’Hypermonde
Où s’aiment les soleils !
François Brousse
L’Angélus des rêves, Paris, Éd. Saint-Germain-des-Prés, 1978, p. 24
Peut‑on admettre que la moindre pensée d’un poète-mage a plus de retentissement que les grands actes politiques.
François Brousse
Revue BMP, N°84, déc. 1990
Les âmes sont des pensées de Dieu
Voilà pourquoi elles sont toutes éternelles,
Voilà pourquoi elles sont toutes infinies.
Voilà pourquoi elles sont toutes différentes,
Voilà pourquoi elles sont toutes semblables.
Statues diverses taillées dans le même marbre de lumière.
François Brousse
Le Graal d’or aux mille soleils, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 89
SOUPIRS CÉLESTES
Devant les plaines d’or d’azur éclaboussées
Je t’apporte la tulipe de mes pensées.
Nous nous envolerons aux cieux incarnadins
Où les grands soleils se cabrent comme des daims.
L’aurore de la grâce illumine nos âmes.
Nous sommes les brasiers dont les cieux sont les flammes.
Entends‑tu soupirer les célestes jardins ?
Mai 1989
François Brousse
Le Graal d’or aux mille soleils, Clamart, Éd. La Licorne Ailée, 1989, p. 121
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