Les mystères de la mort

La marque des philosophies profondes est le talisman de la joie. Nous nous sentons immortels et nous savons que la vie s’élève inévitablement vers la Perfection. Tous les êtres viennent de Dieu et retournent à Dieu. Mort, matière, mal, douleur, ce n’est qu’un jeu d’apparences, une écume sur la face des mers.

 

François Brousse

Revue BMP, N°153, avr. 1997

Les morts enfermés dans le corps astral continuent, quelque temps, à jouer les scènes de la Terre, suivant la vigueur de leurs passions.

Des généraux se réunissent sous des tentes de lumière pour discuter gravement la stratégie des guerres invisibles.

Mais les plus heureux sont les savants et les poètes, les premiers habitant des bibliothèques fantastiques où sont enclos tous les secrets de l’univers ; les seconds créant, sur les fils azuréens de leur lyre, des poèmes de couleurs, de formes, de parfums, de goûts exquis, de touchers merveilleux qui, pareils à des planètes, tourbillonnent dans le frisson des abîmes étonnés.

François Brousse
Revue BMP, N°126-127, oct.-nov. 1994

Les morts sont partout dans l’espace infini. Parfois, ils entourent les humains de leurs invisibles tourbillons. Parfois, les animaux sentent le toucher de leurs doigts fluides. Parfois, ils explorent l’émeraude abyssale des mers ou l’insondable rubis des volcans.

Ils s’élancent aussi dans les zones interplanétaires, interstellaires, intergalactiques. Ils murmurent, comme un essaim d’abeilles indomptables, dans les épaisses ramures du cosmos. Ils voyagent sur les comètes, les rayons, les influx inconnus. Ils peuvent même, par la force du mental, participer à la formation des mondes qui apparaissent comme des œufs de flamme parmi le nid ténébreux des abîmes. Ils peuvent encore pénétrer d’effluves vitaux les étoiles décrépites et les ramener à une flamboyante résurrection.

François Brousse
Revue BMP, N°157, sept. 1997

L’hindou a devant la mort plus de sérénité que le chrétien.

Ce dernier garde toujours au fond du cœur l’effrayante appréhension du châtiment éternel.

L’hindou, éclairé par la haute sagesse orientale, sait que, de toute façon, les châtiments sont passagers. Il sait aussi que son âme éternelle retrouvera, tôt ou tard, le Bonheur infini. Un espoir invincible brille en son être, comme les perles dans les profondeurs de la mer.

François Brousse
Revue BMP, N°158-159, oct.-nov. 1997

Après la mort, l’homme meurt, mais le dieu intérieur subsiste.

François Brousse

Revue BMP, N°184-185, janv.-févr. 2000

C’est lorsque l’on est mort que l’on est réellement vivant. C’est lorsque l’on est vidé de l’homme que l’on est rempli de Dieu.

François Brousse
Revue BMP, N°184-185, janv.-févr. 2000

LIBRE

 

La mort n’est plus qu’une ample extase,

Je suis libéré de mon corps.

J’écoute les divins accords

La mort n’est plus qu’une ample extase.

 

Le fronton épouse les bases

Quand l’être et l’âme sont d’accord.

L’univers tout entier s’embrase

L’éternité sonne du cor.

La mort n’est plus qu’une ample extase

Où l’abîme ignore les corps.

 

François Brousse

La Rosée des constellations, Clamart, Éd. la Licorne Ailée,  1991, p. 88

Certaines femmes supérieures, après leur mort, choisissent d’être les inspiratrices invisibles des grands poètes. Elles quittent les mondes divins pour se consacrer à leur haute mission.

Au‑dessus des fronts rêveurs l’œil et l’esprit voient se pencher une lumineuse forme souriante.

François Brousse

Revue BMP N°123-124, juin-juillet 1994

LES MORTS

Ne vivent pas en nous, ils vivent en dehors.

Ils sont autour de nous l’invisible cohorte

Leurs doigts mystérieux frappent à notre porte

Leur haleine se mêle à nos halètements.

Levez les yeux : ils emplissent le firmament.

À part les inspirés, les poètes, les sages,

Les vivants sont pareils à de pâles nuages.

Le temps impitoyable élimine leurs noms.

L’église et son clocher, l’armée et ses canons

S’effacent sous les yeux farouches des fantômes.

Mais au‑dessus de leurs irrémissibles dômes

Dieu, l’inconnu suprême, ouvre ses grandes ailes.

Rêvons dans le silence aux idées éternelles

Je sens éclore en moi des millions de prunelles

L’infini nous attend, en bas, là‑haut, partout.

L’Homme est Dieu, Dieu est l’Homme, ils sont l’immense Tout.

Ô constellations, ouvrez vos citadelles !

4 juin 1989

 

François Brousse

La Rosée des constellations, Clamart, Éd. la Licorne Ailée, 1991, p. 41

Tous les hommes sont immortels, mais il existe deux espèces d’immortalité : la consciente et l’inconsciente.

L’immortel conscient, qui durant sa vie terrestre a développé les centres spirituels, pénétrera dans la mort comme on entre dans un palais de lumière. Il verra, entendra, sentira, goûtera, touchera les choses de l’Au‑delà avec les sens de son âme. Et, s’il doit revenir sur la Terre pour éteindre les derniers germes du désir, il conservera de sa vie antérieure, jusque dans son corps de chair, un souvenir vaste et confus, comme une nébuleuse concentrant les clartés du passé et les éblouissements de l’avenir. Un tel homme possédera dans son cœur l’absolue certitude de son immortalité.

Par contre, l’immortalité inconsciente habite la plupart des humains. Ils n’attribuent de réalité qu’aux apparences éphémères du corps. Ils n’aspirent qu’aux plaisirs vains de la matière. Et les centres spirituels ne fonctionnant plus s’endorment.

Alors les humains sentent grandir en eux le doute de l’immortalité, et même, pour les totalement aveugles, la certitude de l’anéantissement. À l’heure de la mort, que deviennent ces derniers ? Leur âme plonge dans une léthargie profonde, sans rêves. C’est l’immortalité inconsciente.

Quand les grandes lois rappellent ces âmes dans des corps humains, elles n’ont aucun souvenir du ciel, aucune espérance. Il faudra que le dur carillon des douleurs éveille leurs centres spirituels.

Entre l’immortel conscient et l’immortel inconscient, flottent les immortels pleins de doute. Suivant la force de ce doute, l’âme restera plus ou moins longtemps endormie dans les zones astrales. Mais, fatalement, en elle s’éveillera la conscience immortelle.

Tous les hommes sont immortels et deviendront conscients de leur immortalité.

François Brousse

« Entretien avec François Brousse (Perpignan, 1984-1986) »
Revue BMP, N°126-127, oct.-nov. 1994

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