Ils demandaient la vie éternelle à genoux.
Et le bonze, attentif au hurlement des loups,
Contemplait un troupeau de démons, yeux de braises,
Dans l’espace où les grands ouragans sont à l’aise
Le don des langues vole en farouches visions.
Blog François Brousse
L’Inconnu
Je suis le dieu du bien, je suis le dieu du mal
J’erre, étranger masqué, dans la cohue humaine.
Sous un double rayon d’archange et d’animal,
Un caprice inconnu vers les hauteurs me mène.
Aspiration
Par ta torche céleste, ô Dieu, tu m’as brûlé.
Mon esprit, dans le feu, goûta l’intelligence.
Ton mystère de gloire éternelle s’élance
Comme un griffon géant dans le gouffre étoilé.
L’Idée de Dieu
Le matin déployait sur les montagnes roses
Ses ailes d’écarlate aux frissons éclatants,
Et les gouffres environnaient l’aigle titan
De votre orgue effrayant, ô forêts grandioses !
À malin, malin et demi
Si Lucifer est le malin
Le grand Être l’est plus que lui
Le bond fantasque du félin
Dans les commencements reluit.
Éveil
Tu songes loin de moi, je rêve loin de toi,
Nous vivons solitaires.
Quand viendra le soleil, éblouissant les toits,
Émerveillant la Terre ?
L’Arrivée
Les oracles venus
Des mondes inconnus
Portent dans nos poitrines
Des danses purpurines
Le Principe sans Cause
Avec les anges cause
La Sonde
J’ai traversé le drap des morts
Et la plainte insensée des mondes
Les cités de naguère et les rondes
M’ont dévoilé tous leurs essors.
Une aube
Une rose, un baiser, caressant ses flots lents,
Illuminent la mer interminable et sombre
Et des tisons de pourpre aux chocs étincelants
Commencent à rouler sur sa crinière d’ombre.
Les astres alanguis meurent dans la pénombre…
L’Ami
L’humain qui s’unit à lui-même
Peut résoudre tous les problèmes
Les pontifes s’effaceront
Devant la flûte d’Obéron !
Lettres
Une lettre hébraïque est pleine de mystère
Une lettre française est pleine d’infini.
Elles dominent les lions et les panthères
Une lettre hébraïque est pleine de mystère.
Pensée divine
L’homme cherche toujours Dieu en dehors de l’homme, c’est là l’erreur initiale :
l’homme et Dieu sont identiques.
Quel est le rôle du conte au sein de la poésie ?
Réponse
F.B. : Le conte est rempli de rêves, d’illuminations, d’étrangetés, d’extases, d’effacements et d’évasions. Toute la poésie n’est qu’un conte. Un conte merveilleux qui nous raconte une multitude d’histoires merveilleuses de façon à ce que nous oublions tout ce que la Terre a pour nous de lourd, de terrible et de pénible. Le conte est donc essentiel. Il n’existe peut être pas un seul grand poème dans lequel il n’y ait un conte, histoire merveilleuse faite pour des enfants. Si nous ne conservons pas jusqu’à la fin de notre vie l’innocence et la pureté des enfants, nous n’arriverons jamais à l’Illumination.
François Brousse, l’anarchiste idéaliste – 9 novembre 1986
Pour le joindre, pas une adresse, mais plusieurs : rue de la Lanterne d’abord où ses fidèles se rassemblent tous les soirs de 18 à 19 heures. Mais vous pouvez aussi le « choper » en fréquentant le salon de thé de la Rive droite, le café de la Loge et autres lieux publics où il tient son auditoire sous le charme de la conversation. Mais n’allez pas croire que cet admirable orateur à la mémoire phénoménale se contente d’être un conteur d’histoires.
Non ! François Brousse est avant tout un philosophe. Par profession d’abord !